Auteur Sujet: Roman - Poudrière  (Lu 1328 fois)

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Roman - Poudrière
« le: 14 juillet 2024 à 13:48:44 »
CHRONIQUES DES ROYAUMES D’ACIER

ACTES DE GUERRE I

POUDRIÈRE

AERYN RUDEL

PARTIE I

PARTIE II

PARTIE III
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

Si vous constatez des fautes d'orthographe et/ou de conjugaison, des phrases à remanier pour une meilleur compréhension.
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Roman - Poudrière
« Réponse #1 le: 14 juillet 2024 à 14:04:03 »
PARTIE I

- 1-
Cinq-Doigts, Ord, 1er Trineus, 611 AR


LE LIEUTENANT LONAN DUFF DESCENDAIT la passerelle de la frégate ordique HMS Colère de la Jouvencelle tout en respirant le désagréable parfum de Cinq-Doigts. Même si l’arôme mélangé de la fumée de charbon, des marmites et de la sueur rance des humain, n’était pas agréable, c’est ce que l’odeur représentait qui le dérangeait le plus. C’était l’odeur du rivage, là où il était le plus vulnérable.

Il était le dernier à quitter le navire ; le reste de l’équipage était parti depuis longtemps pour quelques jours de permission et les réjouissance que cela impliquait. Bientôt, ils se dirigeraient vers Zu, la mystérieuse terre située loin au sud, servant d’escorte à deux frégates de la Maison Mateu transportant des fournitures et des hommes jusqu’à leur avant-poste sur cette terre exotique.

Il faudrait deux jours pour acquérir toutes les fournitures nécessaires, et le Capitaine Vanus de la Colère de la Jouvencelle avait ordonné à son équipage de se reposer et de s’amuser. Ils resteraient en mer pendant trois mois après avoir quitté Cinq-Doigts et n’auraient pas beaucoup d’occasions de  suite.

Lonan avait fait pression sur le capitaine pour qu’il soit autorisé à rester à bord, mais Vanus n’avait rien voulu savoir. Le capitaine pensait que la réticence de Lonan à descendre à terre n’était due qu’à sa maladresse sociale et à son sens du devoir. Il ne pouvait pas avouer au capitaine le véritable raison ; que son nom n’était pas Lonan Duff, mais le Prince Lyan di la Martyn, peut-être le seul héritier vivant du trône de Llael, un pays maintenant occupé par l’Empire Khadoréen. Il ne pouvait pas dire à son capitaine que son père, le Roi Rynard di la Martyn, était mort dans de mystérieuses circonstances, que le pouvoir du roi était assumé par un gouvernement corrompu et que presque tous ceux qui prétendaient au trôné avaient été tués ou forcés de se cacher. Non, il ne pouvait dire cela à personne, alors il avait quitté la cabine du capitaine, pris son pistolet et son coutelas, et s’était forcé à descendre la passerelle vers une ville remplie de voleurs et d’assassins, une ville où des agents de l’ennemi pouvaient être embusqués dans chaque recoin sombre.

Lonan s’avança sur le quoi bruyant et animé. La ville se profilait à l’horizon, une collection apparemment infinie de bâtiments qui s’estompaient tel un tapis gris sur l’Île du Capitaine, l’une des nombreuses îles sur lesquelles Cinq-Doigts s’était répandue comme une infection. La Colère de la Jouvencelle était amarrée dans le quartier Rivergrav District, l’un des plus fréquentés de la ville. Des hommes et des laborjacks – des automates massifs animés par la vapeur – envahissaient la jetée, déplaçant des marchandises vers et depuis les nombreux navires et bateaux fluviaux qui y étaient ancrés.

Il avait appris à se perdre dans la foule et se laissa entraîner par le flot de gens qui descendaient la jetée. Le quai était un lieu de mouvement constant, les gens allaient ou sortaient, et il y avait peu de destinations à part une poignée de tavernes ou l’un des nombreux navires amarrés.

Il baissa son chapeau et remonta le col de sa veste, dissimulant ainsi son visage. Son long manteau était trop chaud pour le climat, mais il cachait la chemise en cotte de mailles qu’il portait en dessous. De nous jours, il ne quittait jamais le navire sans une forme de gilet pare-balles. Il n’avait aucune destination en tête, mais errer pouvait être dangereux. Plus il était visible longtemps, plus il était probable qu’il soit vu par quelqu’un connaissant sa véritable identité.

D’habitude, il n’était pas aussi prudent ni aussi effrayé. Après que la guerre en Llael eut atteint son paroxysme, la recherche des héritiers du Roi Rynnard n’avait guère été une préoccupation urgente. Lonan se cachait en Ord depuis la mort de son père, et la guerre avait facilité ses déplacements. Il s’était engagé dans la marine ordique sous un nom d’emprunt il y a presque dix ans, travaillant dur mais n’atteignant délibérément que le grade de sous-lieutenant. Ce grade intermédiaire cachait ses véritables capacités et son intelligence sous un manteau de maladresse feinte et d’indifférence professionnelle et lui offrait un certain anonymat tout en lui accordant suffisamment d’autorités pour éviter occasionnellement les situations dangereuses.

Il conservait encore quelques contacts en Llael, mais ils étaient restés silencieux durant des années. Il supposait qu’ils avaient été tués lors des combats ou qu’ils avaient fui le pays comme lui. Il avait donc été choqué de recevoir une missive de l’un d’entre eux lors de sa dernière escale, une lettre suggérant que la recherche des héritiers ru roi avait repris, mais pas par des agents de ce qui restait du gouvernement llaelais ni même de la Résistance qui luttait contre les envahisseurs khadoréens. La notre comportait une unique ligne, et elle l’avait glacé jusqu’à l’os. Elle disait : Khador recherche les héritiers survivants.

Les khadoréens contrôlaient des pans entiers de l’ouest de l’Immoren, dont la capitale Merywyn, et ils n’avaient aucun intérêt à voir revenir un roi llaelais. La Résistance le souhaitait peut-être, car un héritier légitime pourrait galvaniser la population, mais personne ne l’avait jamais contacté, le croyant probablement mort. Les khadoréens ne pouvaient le rechercher que pour une seule raison : l’éliminer et supprimer la possibilité qu’un fils de Rynnard s’assoie un jour sur le trône de Llael.

Il n’y avait aucun signe d’assassins dans les différents ports qu’il avait visité au cours du mois dernier, bien que sa peur augmentait à chaque fois que son navire accostait. Sa récente affectation sur la Colère de la Jouvencelle avait été une aubaine, et son voyage vers la nouvelle frontière de Zu le mènerait en haute mer pendant des moi, bien au-delà de la portée du Khador. Il devait juste survivre aux deux prochains jours à Cinq-Doigts.

Il connaissait intimement la ville, où il avait été stationné pendant près de sept ans au sein de la Marine Royale. C’était un endroit où il pouvait se cacher et se perdre dans la foule grouillante de la tentaculaire ville, un havre connu pour les pirates et les contrebandiers, mais maintenant, il semblait que c’était l’endroit idéal pour que les assassins frappent. Le seul endroit  sûr pour lui était la forteresse navale. Il pouvait y trouver une relative sécurité parmi les marins stationnés dans la garnisons de la Marine Royale.

Le seul problème était que la garnison se trouvait sur l’Île Belliqueuse, ce qui signifiait qu’il devrait traverser une bonne partie de la ville, en passant par l’Île du Poursuivant et l’Île Doleth, pour l’atteindre. Il jeta un coup d’oeil à la foule affairée sur le quai. Des centaines de marins et d’ouvriers vaquaient à leurs occupations tout autour de lui. La plupart étaient des humains, mais il y avait quelques trollkin et i pouvait apercevoir de temps en temps un imposant ogrun parmi eux.

Personne ne faisait attention à lui et il se fondait dans la foule. Lonan accéléra le pas, se déplaçant avec le flot des gens. Il lui faudrait traverser l’un des nombreux ponts reliant les îles de Cinq-Doigts pour atteindre sa destination, et le premier n’était pas très loin.

Il resta près des nombreux entrepôts qui bordaient la jetée, évitant ainsi le gros de la foule. Par la suite, il progressa bien, s’éloignant de l’immense marina pour se diriger vers la partie plus commerciale des quais. Ici, les poissonniers et autres marchands vendaient leurs marchandises, et la foule passait de marins et des matelots à un mélange plus cosmopolite. Lonan n’aimait pas ça ; son uniforme naval le distinguait.

Il se dépêcha de traverser le marché, ignorant les cris des marchands et les bruits sourds de la foule. Le pont vers l’Île du Poursuivant n’était pas très loin. Il quitta le Rivergrav pour se rendre dans l’autre partie de l’Île du Capitaine, moins peuplée. Il s’agissait du District de l’Esprit d’Outre-Tombe, le centre industriel de l’île, où de gigantesques usines crachant de la fumée dans le ciel et d’innombrables entrepôts où étaient stockés les marchandises dominaient l’horizon.

Il était plus vulnérable ici. Il n’était pas seul, mais la foule était clairsemée, et il y avait de nombreuses allées sombres et étroites entre les bâtiments pouvait facilement abriter un assassin. Il se faufila entre les personnes se trouvant sur son chemin, les observant au passage, à la recherche d’un indice lui permettant de penser qu’ils étaient autre chose que de simple visages sans la foule. Il pouvait voir le pont maintenant, une chose massive de pierre et d’acier s’élevant au-dessus du canal entre l’Île du Capitaine et celle du Poursuivant. Ce fut un soulagement. L’Île du Poursuivant était avant tout un marché, et la garde y était donc plus importante.

Il n’en resta pas moins prudent à l’approche du pont. Il y avait des gens qui allaient et venaient sur le pont, mais devant celui-ci se tenaient deux hommes vêtus de longs manteaux gris, sous lesquels on pouvait voir le renflement révélateur d’épées ou de pistolets. Ils n’avaient pas l’air à leur place, ni parce qu’ils étaient armés, ni à cause de leur tenue vestimentaire. C’est la façon dont ils observaient la foule qui le terrifia. Leurs yeux s’attardaient sur tous ceux qui passaient devant eux, un regard pénétrant et scrutateur.

Lonan s’arrêta, son coeur battant dans sa poitrine. Il était possible que les hommes ne le cherchaient pas. Ils pourraient être employés par l’un des infâmes Hauts Capitaines, de puissants criminel qui étaient le véritable pouvoir de Cinq-Doigts, et celui qui n’avait rien à voir avec un prince de Llael exilé. Il se frotta la bouche et regarda derrière lui. La voie était libre et il y avait un autre pont, moins utilisé, menant à l’Île du Poursuivant en passant par le Rivergrav. Il pouvait faire demi-tour et repartir par où il était venu.

Il jeta à nouveau un coup d’oeil vers le pont. Les deux hommes le fixaient directement. L’un d’eux fit signe de tête à l’autre et ils commencèrent à se diriger vers lui.

Il envisagea de dégainer son pistolet et d’abattre l’un deux immédiatement. Il rameuterait probablement la garde, ce qui lui assurerait une certaine sécurité, mais il repoussa rapidement l’idée. La garde était aussi corruptible que tout le reste à Cinq-Doigts. Il commença à se déplacer dans l’autre direction. Il ne courait pas. Pas encore. Il se déplaçait à contre-courant des gens sur les quais, les dépassant. Il jeta un coup d’oeil par-dessus son épaule. Les deux hommes étaient toujours derrière lui, marchant rapidement.

Lonan se rendit compte qu’il les avait vus trop facilement, comme s’ils s’étaient placés là pour le forcer à se déplacer dans l’autre sens. L’effrayer vers-

Il se cogna contre une muraille de muscles, une muraille avec une mâchoire carrée, des yeux sombres et un manteau gris. La muraille lui enfonça également une courte lame dans les côtes.

La lame traversa le manteau de Lonan, mais la cotte de maille en dessous l’empêcha de pénétrer dans sa chair. Pourtant, la force derrière la lame était immense et Lonan sursauta de douleur lorsqu’une de ses côtes se fendit. Il trébucha en arrière, et les yeux de son agresseur s’écarquillèrent de surprise – il ne s’attendait pas à une armure – et s’avancèrent vers lui. Cette fois, Lonan sortit son pistolet, un pistolet lourd à répétition pour lequel il avait dépensé près d’un mois de salaire. Il tira à bout portant, deux fois : à la poitrine, à la tête. Le sang gicla et l’homme tomba. Des cris d’alarme s’élevèrent de la foule sur les quais et les gens s’éparpillèrent. Devant lui, Lonan pouvait voir d’autres silhouettes grises se diriger vers lui. Il voulait leur tirer dessus, mais il y avait trop de monde entre lui et ses cibles. Paniqué comme il l’était, il ne voulait pas risquer de gaspiller ses balles sur des cibles inutiles.

Il regarda par-dessus son épaule. Les deux hommes derrière lui se rapprochaient. Il était en infériorité numérique et probablement moins armé. À sa gauche se trouvait l’entrée d’un immense entrepôt, et il pouvait voir des laborjacks se déplacer à l’intérieur tandis que des ouvriers se tenaient debout et le regardaient. Certains d’entre eux étaient armés. La plupart des citoyens de Cinq-Doigts avaient une bonne connaissance de la violence.
Il se retourna et couru dans l’entrepôt, dépassant deux ouvriers dont l’un lui cria quelque chose. L’intérieur de l’entrepôt était un labyrinthe de caisses et de boîtes, et il essayait de maintenir sa direction, espérant trouver une sortie de l’autre côté.

Les imposants murs de boîtes l’empêchait de voir si ses agresseurs l’avaient suivi. Qui étaient-ils ? Son contact avait déclaré que des agents khadoréens le recherchaient, mais ces hommes n’étaient pas des soldats, du moins pas dans le sens normal du terme.

Il poursuivit son chemin, transférant son pistolet dans sa main gauche et dégainant son coutelas avec sa droite. Les caisses et les cartons s’amenuisaient, et il avait des raisons d’espérer lorsque l’autre côté de l’entrepôt présentait un espace dégagé et un ensemble de grandes portes doubles menant à une large allée.

Il voulu s’élancer vers la sortie, mais il eut à nouveau le désagréable sentiment d’être suivi par un troupeau sur un chemin choisi pour lui. La perspective d’une échappatoire était trop tentante, cependant, et il se précipita vers la porte ouverte.

En sortant dans la rue, la première chose qu’il remarqua fut à quel point la rue était vide ; la suivante était le grand bâtiment en pierre juste en face de lui. Il n’eut même pas le temps de lever les yeux avant que le premier coup de feu retentisse.

Quelque chose frappa son épaule gauche et le fit tourner sur lui même. Son pistolet s’échappa de sa main et une profonde douleur brûlante lui transperça l’épaule. Il retourna en trébuchant dans l’épaule, je jetant vers la gauche alors qu’un autre projectile ricochet sur le sol en béton. Lonan courut vers la première rangée de caisse à sa gauche, les hautes piles créant un chemin  étroit semblable à une ruelle. Le sang coulait le long de son bras gauche et essayer de bouger le membre blessé ne faisait jamais qu’intensifier sa douleur jusqu’à une agonie brûlante. La balle avait traversé sa cotte de mailles sans ralentir et avait probablement enfoncé certains maillons dans sa blessure.

Il écoutait tout en bougeant, mais l’entrepôt était devenu silencieux. Seul le grondement lointain des chaudières des laborjacks perçait le silence. Il approchait de la fin de la rangée, qui s’ouvrait sur une autre rangée s’étendant de gauche à droite en forme de T. Il ne fut guère surpris lorsqu’un autre des assassins vêtus de gris apparut dans l’intersection, un long sabre courbé à la main.

Il jeta un coup d’oeil en arrière. Un autre assassin se dirigeait vers lui. Un étrange sentiment de calme s’installa en lui. Son mort était imminente ; ces hommes étaient bien assez nombreux pour l’assassiner. Il se rassura en si disant que cela mettrait fin à la fuite et à la dissimulation. Il n’avait jamais été très pieux, mais il y avait probablement une place pour lui sur Urcaen, une place qui lui offrirait un semblant de paix.

Mais il n’irait pas docilement à la mort.

« Je suis Lyan di la Martyn », cria-t-il, donnant de la voix à un nom qu’il n’avait plus prononcé depuis plus d’une décennie. « Lequel d’entre vous, bâtards, mourra le premier ? »

Il fonça vers l’assassin armé du sabre. L’homme se déplaça et se mit en garde, le bras droit tendu, la lame pointée vers le sol.

Lyan se précipita en avant puis esquiva tout en effectuant un large revers. Il avait été formé au maniement de l’épée à la cour de son père, avec les meilleurs instructeurs, et il n’avait pas perdu ses compétences au cours des dix années qui s’étaient écoulées depuis. Il était plus rapide et plus habile que son adversaire, malgré sa blessure. Sa lame heurta celle de son adversaire, et son arme était plus lourde, et son arme plus lourde écarta le sabre le temps d’un battement de coeur, assez longtemps pour qu’il puisse riposter et transformer son premier coup en une puissance entaille. Sa lame s’enfonça dans le cou de l’assassin, traversant la chair et se logeant contre la colonne vertébrale de l’homme. Le sang jaillit et Lyan libéra son arme alors que l’homme s’effondrait au sol.

Il se retourna pour faire face à l’attaquant suivant, qui ne se précipitait pas sur lui – il avait attendu calmement que Lyan en finisse avec son compatriote. La main du tueur était tendue et un anneau de runes encerclait son poing de particules d’un bleu arctique.

Il n’eut pas le temps d’éviter ce qui arrivait. Lyan leva ses bras sur son visage. Une explosion d’un froid à craquer les os suivit alors qu’il était enveloppé par le sort de l’ensorceleur khadoréen. Ses muscles se contractèrent, sa respiration se figea dans ses poumons et ce fut comme si chaque centimètre carré de sa peau exposée était assailli par une douleur engourdissante. Sa cotte de mailles n’offrait aucune protection contre cette attaque, et les anneaux d’acier fusionnèrent en une feuille de métal glacé.

Le froid surnaturel arracha la force de ses membres et Lyan tomba à genoux. Il avait tenu son épée et l’avait brandie à l’approche de l’homme. Son assassin était grand, avec des traits nets et des cheveux noirs et clairsemés. Ses yeux étaient bleus, froid et impitoyables, et ses lèvres dessinaient un sourire crispé. Dans une main, il tenait une lourde hache de guerre, dont la lame était ornée de runes brillantes.

Lyan tenta un coup maladroit sur l’arcaniste, qui s’écarta avec désinvolture, puis frappa d’un pied botté et arracha la lame de la main de Lyan.

« Vous êtes courageux, Prince Lyan », dit l’homme. Son accent khadoréen n’était pas prononcé, mais il était indubitable. « Je ne m’attendais pas à ce que vous soyez… si fougueux ».

Lyan ouvrit la bouche pour s’exprimer, mais son corps tremblait si violemment à cause du froid qu’il eut du mal à prononcer quoi que se soit. « Fais-le », dit-il. « J’en ai assez de faire semblant… de cacher qui je suis ».

L’homme acquiesça, son visage se tordant en un simulacre de sympathie. « Oui, ces jours sont révolus pour vous », dit-il, et à la surprise de Lyan, il laissa tomber la hache à côté de lui et passa sa main sous son manteau. Il en sortit une longue dague droite à la pointe méchamment aiguisée. « Mais je ne vous abattrai pas comme un vulgaire chien. Vous méritez une meilleurs mort que celle-là. Une mort noble. Pouvez-vous vous tenir debout, Prince ? Pouvez-vous mourir debout ? »

Lyan se rendit compte qu’il avait la force de se lever et qu’il ne voulait pas mourir à genoux. Il se releva, haletant, la douleur lui traversant le corps. Le froid surnaturel avait gravement endommagé ses organes internes. Sa vision se brouilla.

« Fais-le », murmura-t-il.

« Avec plaisir ». L’homme posa une main sur l’épaule de Lyan et plaça la pointe de sa dague sur son coeur. « Au revoir, Prince Lyan. Je vous promets que votre mort marquera le début d’une nouvelle ère de grandeur pour votre nation ».

Il poussa Lyan en avant, enfonçant la lame à travers sa maille et dans son coeur.

Le choc de la lame pénétrant dans son corps céda la place à une chaleur se répandant, et Lyan di la Martyn accueillit favorablement les ténèbres s’élevant pour l’engloutir.
« Modifié: 01 septembre 2024 à 20:59:25 par elric »
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« Réponse #2 le: 14 juillet 2024 à 14:14:10 »
- 2-
Nord de Corvis


LE SEIGNEUR GÉNÉRAL COLEMAN STRYKER marchait en tête d’un long cortège de Chevaliers-Tempête. Son visage buriné était plissé d’inquiétude, le faisant paraître plus âgé que ses trente-cinq ans. Il passa une main dans sa mèche de cheveux rouge et regarda derrière lui. Il dirigeait une force plus réduite qu’il ne l’aurait souhaité, mais il ne seraient exposés que pour un court moment.

Ils étaient en route pour Merywyn, la capitale du Llael déchirée par la guerre, où les plus féroces ennemis du Cygnar les attendaient, mais il n’y allaient pas pour poursuivre leur conflit qui durait depuis des décennies, mais pour inaugurer une nouvelle ère de paix. Il avait combattu les khadoréens pendant des années et, d’après son expérience, la paix n’était pas un concept que la nation septentrionale de Khador considérait avec beaucoup d’enthousiasme.

 Il avait quitté Corvis il y a un jour et avaient suivi le Fleuve Noir vers le nord à bord d’une petite flotte de navires remplis de soldats et de dignitaires cygnaréens, mais ils avaient maintenant une partie du fleuve connu pour être en proie aux attaques des hommes-gator venant du Marais Bloodsmeath voisin. Les sauvages humanoïdes reptiliens avaient la mauvaise habitude de couler les navires passant sur leur territoire. Ainsi, il avait été décidé que pendant que le reste du convoi cygnaréen poursuivait sa route par bateau, Stryker et une petite force de Chevaliers-Tempête escorteraient le roi par voie terrestre. Il leur suffirait de marcher seize kilomètres sur la Grande route Commerciale du Nord pour atteindre le point où la flotte cygnaréenne es récupérerait, mais cela signifiait de passer près du Bois Scintillant, une forêt située à proximité des énigmatiques iosiens, des elfes xénophobes qui voyaient d’un très mauvais œil tout humain pénétrer sur leur territoire.

« Je n’aime pas ça. Nous sommes trop exposés, et trop peu nombreux », dit Stryker au Chevalier-Tempête musclé qui marchait à ses côtés. Le Capitaine Garvin Tews avait retiré son casque, dévoilant ses traits et sa mâchoire carrée. Il approchait la cinquantaine, mais était toujours en excellente condition de combat, et le poids de sa lourde armure de Lame-Tempête et du grand glaive-tempête voltaïque qu’il portait ne semblait pas le déranger du tout.

« Vous savez que notre roi pense qu’une plus petite force sera moins visible », déclara Tews.

« Et qu’en penses-tu, capitaine ? » demanda Stryker avec un sourire las.

« Je vous demande pardon, monsieur, mais je pense que le Roi Julius devrait laisser les questions de stratégie, en particulier lorsqu’elles concernent sa propre sécurité, à ceux qui ont plus… d’expérience » dit Tews en se mordillant la lèvre.

Le sourire de Stryker s’élargit. Tews était militaire depuis près de trente ans. C’était un chevaliers, comme tous les membres des Lames-Tempête, mais il était aussi un soldat, un fantassin dans l’âme.

« Les éclaireurs sont en retard », déclara Stryker. Il avait envoyé une escouade de rangers pour voir si la route présentait de potentiels dangers.

« Pas de beaucoup », répondit Tews en haussant les épaules. « Qu’est-ce qui vous inquiète, Seigneur Général ? »

« Probablement rien, mais nous approchons du Bois Scintillant, et il est proche de la route. Nous serions coincés entre elle et le fleuve à l’ouest ».

« Avez-vous peur d’une embuscade ? » demanda Tews.

« C’est que je la tendrais », déclara Stryker.

Tews se frotta le menton. « Maintenant, vous m’inquiétiez », dit-il. « Mais par qui, Iosiens ? »
« Il a pire que les elfes au sein de cette forêt », déclara Stryker. Il avait pris sa décision. Il leva un poing armuré. « Compagnie, halte », dit-il et le cliquetis des armures et des armes résonnant derrière lui lui apprit qu’une centaine de chevaliers avaient immédiatement suivi son ordre. Il regarda les rangs des chevaliers jusqu’à ce que deux imposants Cuirassés se dressent au-dessus des humains. L’un deux était son warjack personnel, Vî Arsouye. L’autre Cuirassé était contrôlé par un autre warcaster, le Capitaine Kara Sloan, qui, avec huit membres de la garde royale, protégeait le roi. Julius montait à cheval à proximité, dominant ses chevaliers. Stryker tendit son esprit vers Arsouye, et le cerveau mékanique du warjack devint un bourdonnement sourd à l’arrière de son crâne. Arsouye était irrité, anxieux. Il voulait se battre, mais il n’y avait rien à faire. Stryker maîtrisa les émotions du ‘jack et le calma.

« Lieutenant Archer », dit Stryker à un Chevalier-Tempête se trouvant à proximité. « Informez le roi que je pense qu’il est préférable que lui et le Capitaine Sloan retent là où ils sont pendant que la moitié de notre force part en éclaireur. Dites-lui que cela nous retardera d’environ trois heures ».

« Oui, monsieur », répondit le Lieutenant Archer en se précipitant vers le centre de leur courte colonne.

« À quoi penses-tu, Coleman ? » demanda Tews en s’approchant. Stryker connaissait le capitaine Lame-Tempête depuis quinze ans ; ils avaient combattu et saigné ensemble sur d’innombrables champs de bataille. Le fait qu’il utilise le prénom de Stryker ne dérangeait pas le seigneur général le moins du monde. Ils étaient plus que des frères d’armes, ils étaient des amis.

« Je n’arrive pas à mettre le doigt dessus », répondit Stryker, « mais il y a quelque chose qui cloche ».

« Tu penses pas que les khadoréens nous attaqueraient à la veille de notre traité de paix, n’est-ce pas ? »

Stryker secoua la tête. « Non, ce serait stupide, et il y a une chose que l’Impératrice Vanar n’est pas, c’est être stupide ».

« Et bien, tes intentions signifient généralement que la violence se profile à l’horizon ». Tews posa son casque sur sa tête et leva son lourd glaive-tempête, une épée à deux mains à large lame alimentée en énergie galvanique. Dans les mains d’un homme comme Tews, une telle arme pouvait facilement trancher un homme en armure en deux. « Cela fait longtemps que nous n’avons pas eu une bonne bagarre. Et le roi n’est pas mauvais avec une lame. J’espère néanmoins qu’il ne fera rien d’irréfléchi s’il s’agit de sang ».

Stryker grimaça. « Désolé, capitaine, mais le roi ne me confie pas son humeur, ses désirs et ses projets en général. Je n’ai pas sa confiance comme j’avais celle de Leto »

Deux ans s’était écoulés depuis la coûteuse guerre civile qui avait vu Julius, le fils de l’infâme tyran Vinter Raelthorne IV, monter sur le trône de Cygnar. L’oncle de Julius, Leto, avait abdiqué pour éviter une nouvelle effusion de sang, et une nouvelle ère avait commencé en Cygnar, une ère fans laquelle Stryker était de plus en plus éloigné de son nouveau roi.

Le Lieutenant Archer revint peu de temps après. « Monsieur », dit-elle, le visage plissé d’inquiétude.

« Crache le morceau », dit Tews. « Le seigneur général n’est pas du genre à tirer sur le messager ».

« Le roi va continuer à avancer derrière vous, mais gardera une bonne distance », déclara-t-elle. « Il pense qu’un retard de trois heures ne serait pas politiquement prudent ».

« Difficile de protéger un homme qui ne vous écoute pas », déclara Stryker, « mais il est le roi. Archer, peux-tu commander un warjack ? »

Elle acquiesça. « J’ai reçu une formation de base ».

« Bien. Amène les deux Sentinelle sous le commandement du Capitaine Sloan », déclara-t-il, désignant un type de warjack léger armée d’un solide bouclier et d’une mitrailleuse à grande vitesse. « Je les veux près du roi. Arsouye va m’accompagner ».

« Oui, monsieur », répondit-elle et elle se dépêcha d’exécuter ses ordres.

Il tendit son esprit vers Arsouye et exhorta le gros warjack à le rejoindre en tête de colonne. Le cuirassé l’atteignit rapidement, laissant échapper un souffle de vapeur strident en guise de salutation. Arsouye tenait son gigantesque marteau sismique dans un poing métallique et ouvrait et fermait l’autre. Le warjack sentit l’anxiété de Stryker à travers leur connexion.

« Très bien », prononça Stryker en se tournant vers la cinquantaine de Chevaliers-Tempête formant la tête de la colonne. « Je veux que les glaives-tempête soient activés, et je veux des yeux sur la lisière des arbres. Compris ? » Un choeur de « oui, monsieur » répondit. Il sortit sa propre arme, la grande épée mékanique Vif-Argent, des fermoirs magnétiques situés à l’arrière de son armure et la balança sur une épaule. « Alors, on bouge ».
* * *
LE BOIS SCINTILLANT ÉTAIT UN ÉPAIS enchevêtrement de chênes et d’ormes noueux, s’étendant loin à l’est. C’était un endroit sauvage entre les nations de Llael et Cygnar et les étendues arides des Marches Sanglantes à l’est. Des tribus de trollkin vivaient encore dans ces bois et cette fière race guerrière avait eu une histoire apre avec le Cygnar ,mais Stryker ne s’attendait pas à une attaque de leur part. On racontait que d’autres créatures plus sauvages vivant au sein du Bois Scintillant, mais les forces de Stryker étaient trop nombreuses pour constituer une cible tentante pour une bande de tharn. Qu’est-ce qui le rendait si inquiet ? Alors qu’il s’approchait de la lisière de la forêt, il ne pouvait se défaire de l’impression que quelque chose lui échappait.

Le roi et la moitié des Chevaliers-Tempête avaient allongé la distance entre eux et la partie de la colonne de Stryker, même s’ils étaient encore trop proches au goût de stryker. S’il y avait une attaque, il voulait prendre le plus gros avant l’arrivée du reste de ses hommes. Il jeta un coup d’oeil derrière lui. Le roi se tenait au milieu d’une groupe serré de Chevaliers-Tempête. Julius portait une armure similaire, et sa couleur bleue le rendait difficile à repérer parmi ses chevaliers par un ennemi. La poignée de l’épée du père de Julius, Régicide, dépassait de l’épaule du jeune homme – il était un épéiste doué, bien que loin d’être aussi impitoyable et sauvage que son père, qui fut singulièrement terrifiant avec une lame.

La route qu’ils suivaient, en terre battue offrant une assise stable aux soldats et aux warjacks, longeait le Fleuve Noir. Elle se rétrécissait considérablement face l’envahissant présence du Bois Scintillant, comme si l’antique forêt essayait de dévorer la route.

Bientôt, ils seraient contraints de former une colonne étroite, à moins de dix mètres entre le fleuve et la lisière de la forêt. Tous les yeux étaient rivés sur la pénombre parmi les arbres, à la recherche d’un mouvement. Stryker laissa ses sens dériver vers Vî Arsouye, se donnant ainsi un meilleur point de vue à trois mètres du sol.

Il n’y avait rien… puis un éclair blanc, et les muscles de Stryker se tendirent rapidement. Le suite ne fut pas une surprise, et il invoqua rapidement sa magie pour créer un champ d’énergie protecteur autour de lui et des Chevaliers-Tempête les plus proches. La vue des runes qui se formaient autour de son corps suffit amplement à alerter ses homme de l’imminence de la bataille, mais il cria malgré tout l’ordre « Chevaliers-Tempête, formez les rangs ! »

Il y avait cinquante Chevaliers-Tempête à l’avant de la colonne et cinquante autre plus loin, protégeant le roi. Les hommes autour de lui formèrent rapidement une ligne, leurs glaives-tempête pointés vers les arbres, une haie mortelle d’énergie voltaïque. Stryker était au centre avec Arsouye à côté de lui, le gros warjack frappant son marteau dans son poing ouvert, presque tremblant d’excitation à l’idée de ce qui allait se passer.

« Stable ! » cria Tews, près de Stryker.

Soudainement la forêt s’anima d’ombres blanches et du claquement révélateur de cordes d’arbalètes frappant leur aiguillons, puis une grêle de carreaux jaillit des arbres.

Stryker s’était attendu à ce que les Chevaliers-Tempête les plus proches de lui soient protégés par son sort, mais les éclairs ne furent ni ralentis ni déviés par la magie.

Du coin de l’oeil, il vit un de ses Chevaliers-Tempête chuter. Un carreau d’arbalète avait fait mouche. Celui qui les attaquait était assez habile pour trouver les ponts faibles de l’armure d’une Lame-Tempête.

« Feu ! » cria Stryker. Ses Chevaliers-Tempête actionnèrent le bouton de tir sur les poignées de leurs glaives-tempête, et des éclairs électriques s’élancèrent vers les arbres. Ils tiraient à l’aveugle, mais Stryker entendit des cris de douleur dans la forêt.

La zone boisée, ensuite, dégorgea de dizaine de guerriers en armure blanche brandissant de larges épées tranchantes et des boucliers portant l’icône en forme de boucle et de croix du Menofix, le symbole sacré du dieu Menoth. C’étaient des chevaliers du Protectorat, la nation théocratique à l’est de Cygnar, qui s’était récemment étendue au nord de Llael. Stryker n’eut pas le temps de réfléchir à leur présence ici qu’ils percutaient sa ligne de Chevaliers-Tempête dans un fracas d’acier contre acier.

La rage est le dégoût bouillonnaient en lui. Il avait combattu ces fanatiques à de nombreuses reprises, et leur adhésion aveugle et violente à leur religion avait coûté de nombreuses vies.

Avec Vif-Argent, un rencontra un chevalier chargeant, repoussant le coupé d’épée du guerrier du Protectorat avec sa bien plus lourde arme, puis ripostant et abattant Vif-Argent en un puissant arc tranchant. La lourde lame déchira le plastron du chevalier ennemi, le fendant jusqu’au sternum. Le chevalier fut mort debout, et Stryker repoussa le corps.

Il tendit son esprit vers Arsouye et envoya le warjack charger au milieu de l’ennemi, balançant son marteau sismique en décrivant de large arcs. Il n’était pas possible de parer un tel coup, et les chevaliers du Protectorat furent écrasés, leurs armures pulvérisée, leurs corps brisés.
Stryker jeta un coup d’oeil à sa gauche et à sa droite ; ses Chevaliers-Tempête ne s’en sortaient pas bien. Les guerriers du Protectorat était habiles et leurs lames légères et rapides trouvaient les lacunes de l’armure Lame-Tempête.
Tews criait et frappait avec son glaive-tempête. Il abattit un chevalier du Protectorat puis en tua un autre en la chargeant avec avec une décharge d’électricité.
Arsouye subissait des dégâts, mais pour l’instant ils étaient légers, et les cadavres en armures s’accumulaient autour des pieds du grand warjack.
Stryker s’apprêtait à rejoindre la position de Tews lorsque deux minces panaches de fumée apparurent au-dessus de la ligne des arbres. Cela signifiait qu’une chose : des warjacks. Les ‘jacks du Protectorat surgirent de la forêt à une trentaine de verges de la position de Stryker. Ils étaient plus petits qu’Arsouye, leur blindage était peinte en blanc et rouge, et les Menofixes étaient bien visibles sur leur coque. Les deux warjacks brandissaient de longues lames tranchantes dans chaque poing et se déplaçaient rapidement et gracieusement. Pire encore, ils n’étaient pas seuls.
L’homme qui émergeait de la forêt, derrière les warjacks, portait peu d’armure, et son massif torse était nu, exposant des muscles et du tissus cicatriciels. Son visage était couvert par un masque doré et il brandissait un lourd fléau dans une main, la majeure partie de son chaîne étant enroulée autour de son bras. Stryker le connaissait : il s’appelait Amon Ad-Raza, un warcaster tout comme lui et l’un des combattants les plus meurtriers du Protectorat.
La raison de l’attaque était on ne peut plus claire. La paix entre le Cygnar et le Khador signifiait que l’une ou l’autre des nations, ou les deux, pourraient tourner leur attention vers un ennemi commun : le Protectorat de Menoth. Cela menacerait les possessions du Protectorat en Llael. Le Cygnar avait envisagé que le Protectorat réponde au traité d’une manière ou d’une autre, mais une attaque sur la route, si près de la frontière de Cygnar et contre le roi en personne, avait été la moins probable.
Stryker avait écouté son instinct, l’ayant conduit en toute sécurité à travers plus de dangers qu’il ne pouvait s’en souvenir. Julius n’était pas dans la partie avant de la colonne là ou Amon Ad-Raza avait probablement considéré qu’il se trouverait. Le warcaster avait levé la main trop tôt ce qui avait donné une chance à Stryker.

Il regarda en direction de l’endroit où était positionné le roi, à environ cinquante verges de la position de Stryker ; la garde du roi avaient formé une cercle protecteur autour de lui, un mur mortel formé de glaives-tempête. Une vague de panique traversa Stryker lorsque Julius s’éloigna de la Protection de ses gardes pour engager deux chevaliers du Protectorat ayant réussi à atteindre sa position. Pourtant, Stryker n’avait pas à s’inquiéter. La lame du roi était un être vivant, un serpent d’acier et de sang, et il maniait Régicide avec une telle vitesse qu’elle ne semblait rien peser. Julius bloqua un coup d’épée du premier chevalier, puis faucha l’ennemi d’une riposte si rapide que Stryker ne la vit pas. Le Chevalier du Protectorat était debout, l’instant d’après, il gisait en deux morceaux aux pieds du roi. Julius tua le chevalier restant d’un coup sec, faisant passer Régicide à travers le plastron de l’homme, son corps, puis son dos armuré. Julius dégagea sa lame et retourna calmement sous la protection de ses chevaliers.

Stryker concentra à nouveau son attention sur son environnement immédiat, abattit un autre chevalier ennemi chargeant sur lui et appela Arsouye à sa position. Il aurait besoin du gros Cuirassé pour s’occuper des warjacks ennemis. Il ressentit l’empressement d’Arsouye, puis les pas tonitruants du warjacks fonçant vers Stryker.

Amon Ad-Raza avait engagé les Chevaliers-Tempête les plus proches, et ses warjacks les transperçaient dans un déluge d’acier et de sang. Stryker fonça, sans se soucier des ennemis, les abattant lorsqu’ils se trouvaient sur son chemin ou laissait Arsouye les écraser.

Amon regarda dans sa direction alors que Stryker s’approchait, et des runes jaune vif se formèrent autour du poing lourd du guerrier du Protectorat. Une torride chaleur entoura Stryker lorsque le sort prit effet, et son champ d’énergie s’enflamma alors qu’il tentait de compenser. Son armure de warcaster finit par encaisser le plus gros, et l’acier chauffé  brûla la peau de ses bras et de ses jambes. Il serra les dents contre la douleur et courut, invoquant un sort de son cru. Un éclair jaillit de sa main tendue, un éventail d’énergie bleu-blanc se dirigea vers son ennemi. Amon n’était pas encombré par une armure, et son entraînement au sein de l’Ordre monastique du Poing l’avait rendu incroyablement agile. Il esquiva la foudre en bondissant, évitant les éclairs avec une facilité qui sembla enfantine.

Les Chevaliers-Tempête derrière Stryker combattaient toujours les chevaliers du Protectorat, et ceux qui les précédaient essayaient toujours de repousser les warjacks d’Amon Ad-Raza. Stryker ordonna à Arsouye de s’attaquer aux warjacks ennemis pendant qu’il poursuivait Amon. La sensation excitante du premier coup porté par le Cuirassé à l’aide de son marteau sismique fut transmise par leur lien, suivie de la satisfaction d’Arsouye lorsque la coque du premier warjacks s’écrasa.

Stryker jeta un coup d’oeil vers le reste des forces cygnaréennes et le roi. Des silhouettes en armure bleue se déplaçaient maintenant dans sa direction. Le roi était parmi eux ; il se jetterait sans doute dans la bataille aux côtés de ses hommes. Stryker ne pouvait pas permettre cela, ne pouvait pas permettre à Amon Ad-Raza de se rapprocher à ce point de Julius.

Stryker se trouvait à six mètres de son ennemi quand Amon lança son fléau en avant, la lourde balle à l’extrémité arrivant sur Stryker comme un grand météore doré. Il se tourna sur le côté et l’arme le manqua de peu. Amon ramena son bras en arrière. L’arme revint vers lui.

Stryker était maintenant assez proche pour frapper avec Vif-Argent. Il était rapide et habile, et il avait canalisé sa volonté dans le coup, mais Amon s’enfuit en dansant. Vif-Argent frappa dans le vide.

À nouveau, le fléau d’Amon se dirigea vers lui. Cette fois, Stryker tenta de le dévier avec son arme. Il y parvint – partiellement. Il écrasa la tête du fléau, mais celui-ci le frappa quand même d’un coup sec et le projeta en arrière, son plastron enfoncé au-dessus de son abdomen.

Amon observa l’endroit où le reste des forces cygnaréennes avançait sur la route. Il réalisa clairement que sa cible n’était pas là où il l’avait initialement pensé. Stryker tenta de se rapprocher à nouveau, et Amon envoya son fléau en arc de cercle dans sa direction. Cette fois, Stryker tint bon et plaça Vif-Argent devant lui. Il fit un pas de côté alors que la tête du fléau se dirigeait vers lui et il frappa la chaîne le reliant à Amon. L’acier consacré était trop solide que pour être coupé, mais le coup changea la direction de la tête du fléau qui s’enroula autour de Vif-Argent. La force du coup faillit arracher l’arme des mains de Stryker. Mais le fléau d’Amon était coincé, et le warcaster du Protectorat allait l’arracher d’une seconde à l’autre. Stryker pressa la gâchette situé à la base de la poignée de Vif-Argent, déclenchant l’explosion voltaïque. Des éclairs s’élevèrent dans les cieux et le long de la chaîne du fléau, dont le manche métallique était tenu dans la main droite d’Amon.

Le corps d’Amon se figea sous l’effet de l’énergie galvanique le traversant. L’effet ne serait pas suffisant pour tuer le warcaster ou même lui causer des dommages durables, mais cela offrit à Stryker l’ouverture dont il avait besoin. Il se dégagea du fléau d’Amon et fonça en direction de son ennemi en lui assénant un large coup de taille. Amon avait suffisamment récupéré, mais ses réactions étaient ralenties. Il essaya de s’éloigner de la lame de Stryker une fraction de seconde trop tard. La pointe de Vif-Argent mordit le flanc d’Amon. Bien qu’Amon ne portait aucune armure, le coup de Stryker rencontra comme s’il en portait une. Les étranges méthodes de l’Ordre du Poing protégeaient leurs corps des blessures. Pourtant, la lame était entrée en contact, trancha la chair et les côtes se brisèrent sous l’impact.

Amon s’éloigna en trébuchant, tirant son fléau derrière lui. Du sang coulait de son flanc, mais Stryker ne pouvait dire l’étendue de la blessure. Il prit un moment pour surveiller Arsouye. À travers les yeux du warjack, il que vit que les deux warjacks du Protectorat étaient à terre, détruits par Arsouye et les attaques concentrées des Chevaliers-Tempête restants.

Stryker se retourna vers Amon, prêt à lancer une nouvelle attaque, mais le warcaster du Protectorat inclina la tête dans sa direction.

« Ne pensez pas que c’est fini, Seigneur Général », dit-il, sa voix grave mais toujours lointaine derrière son masque. « Vous ne pouvez endiguer le flot de ceux qui suivent la Vraie Loi, quelles que soient les alliances que vous concluez ».

Avant que Stryker ne puisse répondre, Amon se retourna et courut vers le Bois Scintillant, une main serrée sur son flanc blessé. En quelques secondes, il disparut dans les ténèbre de la forêt. Amon avait confirmé la raison de l’attaque, comme Stryker l’avait soupçonné. Pourtant, il ne pouvait rien faire de plus avec ces informations, et ce qui restait des chevaliers du Protectorat reculait. Il entendit Tews ordonner de les laisser partir.

Stryker inspira profondément et laissa son corps se détendre, laissant l’adrénaline refluer. Tews le rejoignit.

« C’est grave ? » demanda Stryker au capitaine des Lames-Tempête.

Tews secoua la tête. « Difficile à dire pour l’instant. Au moins cinq morts, dix autres blessés. Je suppose que les éclaireurs que nous avons envoyés en avant son morts aussi ».

« Bon sang », prononça Stryker dans un souffle. C’était le prix du commandement. Même la victoire avait un coût.

Le reste des forces cygnaréennes les avait rejoints, avec à leur tête le Capitaine Kara Sloan. La warcaster était grande et fine, avec des cheveux blonds courts et des taches de rousseur sur le nez. Elle tenait à deux mains un fusil à canon long mékanique. Stryker avait souvent combattu aux côtés de Kara, et il savait qu’on pouvait compter sur elle pour faire des ravages avec son arme.

« Seigneur Général », dit Kara, « Le roi est en sécurité. Je lui ai conseillé de rester en arrière ».

« Merci, Capitaine Sloan », répondit-il. « Je pense que nous en avons fini ici. Amenez davantage d’hommes pour s’occuper des morts et des blessés.

« C’était Amon Ad-Raza ? » demanda-t-elle, les yeux écarquillés.

Stryker acquiesça. « Je suis aussi surpris que vous ».

« Par Morrow, que faisait-il ici ? »

Stryker lui offrit un sourire fatigué. « Échouer à tuer notre roi ».
« Modifié: 21 juillet 2024 à 16:26:54 par elric »
Citation de: Maître Yoda
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« Réponse #3 le: 21 juillet 2024 à 16:32:15 »
- 3-
Merywyn, Llael Occupé par le Khador


STRYKER MARCHAIT À NOUVEAU en tête d’un cortège de Chevaliers-Tempête, Tews à ses côtés, son large visage sombre.

« Par Morrow, je me sens pas à ma place », dit Tews.

Stryker ne dit rien, mais il ne pouvait guère contester cette affirmation. Il menait ses Chevaliers-Tempête non pas au combat, mais à travers l’immense cour vers l’un des plus grands bâtiments de tous les Royaumes d’Acier. La Grande Cathédrale de l’Ascendant Rowan à Merywyn surpassait à peu près toutes les autres structures morrowéennes dans le monde, à l’exception de la Cathédrale de l’Archicour de Caspia, le siège du pouvoir morrowéen.

Devant la puissante cathédrale et le long la voie de pierre banche menant à son entrée, deux régiments complets de soldats étaient alignés : l’un cygnaréen, l’autre khadoréen. C’était un choquant contraste de rouge et de bleu devant le blanc immaculé de la chapelle. Chevaliers-Tempête, chevaliers de l’épée et trois warcasters se tenaient au garde-à-vous du côté cygnaréen. Le Capitaine Sloan avait voyagé avec Stryker, le troisième warcaster, le Capitaine Jeremiah Kraye, et un contingent de chevaliers de l’épée étaient venus de Port Bourne pour les rejoindre à Merywyn. Stryker ne pouvait s’empêcher de penser que si Kraye avait été avec eux sur la route, ils auraient peut-être perdu moins d’hommes dans l’embuscade du Protectorat De plus, quatre warjacks – deux Cuirassés et deux Sentinelles – se tenaient devant l’ensemble des troupes cygnaréennes. Les cortexes des warjacks formaient une présence bourdonnante à l’arrière du crâne de Stryker, l’un plus fort que tous les autres. Il sourit alors que Vî Arsouye tournait la tête vers lui. Le warjack de confiance et marqué par les combats, laissa échapper de la vapeur dans un sifflement strident en guise de salut, ce qui sursauter le contrôleur à côté du Cuirassé.

Calme-toi, mon vieil ami, pensa Stryker en regardant le warjack. L’agressivité d’Arsouye et son instinct à chercher la bataille étaient renforcés par les problèmes qu’ils avaient rencontrés sur le chemin de Merywyn. Stryker ne pouvait pas blâmer le warjack.

En face des cygnaréens, les khadoréens avaient rassemblés leur propre démonstration de force martiale. Des rangées de Man-O-War Troupes de choc, robustes soldats enfermés dans d’énormes armures à vapeur, se tenaient à côtés de rangées de Crocs de Fer à l’armure plus conventionnelle, leurs larges boucliers reposant sur le sol, les piques plantées, les pointes s’élevant vers les cieux tel un bosquet de pointes. Deux warcasters khadoréens furent reconnus par Stryker parmi les troupes. Le premier était le Kommandeur de Front Sorscha Kratikoff, une guerrière aussi froide et impitoyable sur le champ de bataille que toux ceux qu’il affrontés, grande et glacial comme un glaçon, une forme donnée et une fonction meurtrière. Parmi les khadoréens se trouvait également la Kommandeur Strakhov, à la mâchoire carrée et aux cheveux noirs, un soldat robuste, marqué par les batailles, aimé par sa nation et détesté par ses ennemis. Stryker avait affronté les deux au combat à de nombreuses reprises. Et, bien sûr, il y avait des warjacks khadoréens, des monstruosités d’acier et de fer semblant toujours primitifs à Stryker, mais il les avait affrontés au combat, et leur efficacité était incontestable.

Devant Stryker et Tews marchaient deux hommes, tous deux majestueux et royaux. Le premier était l’ancien roi de Cygnar, Leto Raelthorne, qui avait récemment abdiqué son trône au profit de son neveu et fils de son frère, le tyran Vinter Raelthorne. À dix-neuf ans, Julius Raelthorne ressemblait plus à son père qu’à son oncle. Grand et mince, avec des cheveux noir et des traits carrés et acérés, le jeune roi se déplaçait avec la grâce et l’assurance d’un guerrier. Le jeune roi dégageait une froideur de prédateur faisant frémir Stryker. Tout comme son père.

Stryker se faisait encore à l’idée du fils de Vinter Raelthorne, un tyran qu’il avait aidé à chasser du trône il y plus de quinze ans, une homme qu’il avait contribué à vaincre lors de la récente tentative de Vinter de revenir en Cygnar en tant que roi légitime. Leto avait abdiqué pour éviter une longue guerre civile qui aurait coûté cher au Cygnar, et Stryker pouvait comprendre le raisonnement de son ancien roi. Mais il y avait beaucoup de Vinter dans Julius, et contrairement à sa relation avec Leto, Stryker n’avait pas la confiance du jeune roi.

« Serrez les dents, capitaine », dit Stryker, remarquant enfin le commentaire de Tews. « Ce sera bientôt terminé, et nous pourrons rentrer chez nous ».

« Oui, monsieur ». Tews fixait les troupes khadoréennes à sa gauche, et si Stryker connaissait l’esprit de son ami comme il le pensait, Tews essayait probablement de calculer le nombre de khadoréens qu’il pourrait tuer si les choses tournaient mal.

Il y avait peu de chance que la violence éclate, cependant. Ils étaient ici à l’invitation de l’Impératrice Ayn Vanar en personne pour signer un traité qui mettrait fin aux combats entre leurs deux nations. Après une coûteuse guerre civile et avec un nouveau roi sur le trône, le Cygnar avait besoin de temps pour guérir, et la fin de la guerre de dix ans avec le Khador leur offrirait ce temps.

Sur les grandes marches de la cathédrale attendait leur hôte, l’Impératrice Ayn Vanar, une femme majestueuse aux cheveux de jais, à la peau ivoire et aux yeux sombres. Elle paraissait petite, voire fragile, mais elle avait de l’acier dans le sang, et elle dirigeait le Khador d’une main de fer depuis plus d’une décennie. À ses côtés se trouvait un homme que Stryker reconnut immédiatement. D’une beauté sombre et vêtu d’une armure cramoisie baroque, le Grand Prince Vladimir Tzepesci était un noble puissant régnant sur une vaste étendue du Khador et dont la lignée pouvait remonter jusqu’à l’antiquité ; comme Stryker, c’était un warcaster. C’était aussi un impitoyable et brillant chef militaire. Stryker avait croisé le fer avec Vlad à plusieurs reprises, et le khadoréen était à la fois habile et sournois. Sa présence ici en contribuait guère à apaiser les doutes de Stryker.

« Impératrice Ayn Vanar », prononça Julius lorsque le petit cortège de cygnaréens s’arrêta au pieds des escaliers. Il inclina la tête mais ne s’inclina pas ; après tout, il parlait à un égal. « Merci d’avoir accepté de nous rencontrer ici à la Cathédrale. C’est un magnifique bâtiment, en quelque sorte épargnée par tous les… conflits que cette ville a connus ces derniers temps ».

L’impératrice sourit, mais son sourire n’atteignit pas ses yeux. « Bien sûr, Roi Julius. Il est normal que nous nous rencontrions dans un endroit où vous seriez plus à l’aise, puisque vous avez gracieusement fait le long voyage jusqu’à notre ville ».

« Leur ville, » murmura Tews.

Stryker lança un regard de reproche au capitaine, mais il eut la même réaction à la déclaration de l’impératrice. Les khadoréens s’étaient emparés de Merywyn lorsqu’ils avaient envahis le Llael, et ils occupaient désormais une grande partie de cette nation. Le Cygnar était allié au Llael et avait aidé la Résistance Llaelaise à combattre les envahisseurs. Tout cela était désormais terminé, du moins en ce qui concerne la participation du Cygnar, même s’il était peu probable que la Résistance reconnaisse le traité que son roi s’apprêtait à signer.

« Votre Majesté, je vous présente le Grand Prince Vladimir Tzepsci », dit l’Impératrice Vanar en posant légèrement sa main sur l’épaule armurée de Vlad.

Julius inclina la tête en direction du warcaster. « Prince Tzepesci, j’ai beaucoup entendu parler de vous », dit-il. « Vous êtes un puissant ennemi pour le Cygnar, et je me réjouis de vous compter parmi nos alliés ».

« Vous m’honorez, Votre Majesté », répondit Vlad en s’inclinant. « Je suis moi aussi impatient de vous compter parmi mes amis et alliés ». Son accent était plus perceptible que celui de la reine, les consonnes plus aiguës, certains mots plus prononcés.

Stryker avait assisté à de nombreuses négociations officielles, et il connaissait assez bien le ballet des plaisanteries feintes, mais celui lui déplaisait toujours entendre le roi s’exprimer si gentiment à un homme ayant probablement massacré des centaines, voire des milliers de soldats cygnaréens.

« Je remarque que le Général Stryker vous accompagne, Votre Majesté », dit Vlad en regardant par-dessus l’épaule de Julius.

Julius jeta un coup d’œil à Stryker et à sa garde d’honneur composée de Lames-Tempête. « Bien sûr, le seigneur général est un membre apprécié de mon conseil ».

« Je n’en doute pas », répondit Vlad. « Il est bon de vous revoir, Seigneur Général, dans des circonstances… plus agréables ».

« Stryker hocha la tête. « Et vous, Prince Tzepzsci. Notre dernière rencontre fut bien moins… agréable que celui-ci ».

La tension était palpable. Des hommes qui, autrefois, s’étaient qualifiés d’ennemis acharnés ne pouvaient pas mettre leurs différends de côté aussi facilement, et ils recouraient aux armes à leur disposition : dans ce cas, des paroles acerbes et des plaisanteries forcées.

« J’ai cru comprendre que vous aviez rencontré des problèmes sur la route », dit Vlad.

« Nous avons été attaqué, oui. Une tentative d’assassinat contre notre roi par le Protectorat de Menoth ». Stryker fut surpris que Vlad soit déjà au courant de l’attaque.

« Ils craignent la force que nous tirerons tous deux de notre alliance », répondit la reine. La colère traversa son visage. « Mais attaquer un souverain de cette manière est impensable et indigne des zélotes du Protectorat ». Sryker fut impressionné par les talents d’actrice de l’impératrice. Sa sincérité en aurait trompé plus d’un, mais pas Stryker. Il se demandait à quel point elle serait en colère si Amon Ad-Raza avait réussi. Elle-même avait récemment tenté de tuer Leto. Bien sûr, tout cela avait été pardonné au nom de l’opportunisme politique.

« J’étais bien protégé, Votre Majesté », dit Julius. Le roi avait avait peu parlé de l’attaque et ne semblait guère troublé par celle-ci. « Les assassins n’étaient pas à la hauteur de Seigneur Général Stryker et de ses Chevaliers-Tempête ».

« Bien sûr », dit Vlad. « Les prouesses au combat du seigneur général sont bien connues ». La tension revint , et avant que Stryker ne puisse répondre à Vlad, le Haut Chancelier Leto l’interrompit net.

« Votre Majesté », prononça l’ancien roi, « nous avons beaucoup à faire. Peut-être devrions-nous débuter ».

Julius regarda son oncle et sourit. Quelque chose traversa son visage, une infime crispation des lèvres, un plissement à peine perceptible des sourcils. De l’irritation ? Se demanda Stryker. Puis cela passa et le jeune roi dit : « Bien sûr, mon oncle. C’est une occasion capitale et j’ai hâte de commencer ».

« S’il vous plaît, suivez-moi, Votre Majesté », déclara l’Impératrice Vanar. Les grandes portes de la cathédrale s’ouvrirent derrière elle, révélant un vestibule aux murs de pierre blanche, chaque mur portant le symbole de Morrow gravé en or dans la pierre. Au-delà se trouvait la chapelle proprement dite.

L’impératrice et Vlad pénétrèrent dans la cathédrale, suivis de Julius et Leto.

« Garde d’honneur, entrez », dit Stryker en faisant signe à la douzaine de Lames-Tempête qui constituait la garde d’honneur du roi de le suivre. L’intérieur de la cathédrale était à couper le souffle, sa majesté étant un hommage approprié à Morrow et à l’ascendant à qui elle était dédiée, l’un des onze mortels élevé par Morrow pour le servir personnellement.

La propre garde d’honneur de l’impératrice attendait dans la nef, une douzaine de Crocs d’Acier en armure rouge ciselée d’or se tenant devant le grand autel. Un piédestal en marbre avait été placé au centre de la nef et une seule feuille de parchemin était posée dessus. C’était le traité que Julius et l’impératrice signerait.

La nef était remplie de gens, pour la plupart des nobles issus des deux nations, et Stryker reconnut des hommes et des femmes de l’Assemblée Royale Cygnaréenne ainsi que des personnalités plus éminentes, telles que le Duc Kielon Ebonhart, l’un des premiers à soutenir Julius Raelthorne lorsqu’il monta sur le trône. Le calme régnait dans la cathédrale, ce silence fécond précédant souvent de grands événements.

Bien sûr, tous les détails du traité avaient été réglés depuis des semaines par les conseils internes des deux dirigeants. La signature était simplement un spectacle pour les masses, une façon pour Julius de souligner le début de son règne et de trouver la faveur de ses sujets pour mettre fin à la guerre. Stryker n’avait pas grand-chose à voir avec les termes du traité ; le nouveau roi faisait rarement appel à lui, et le présence de Stryker au conseil intérieur n’était que symbolique. L’idée de ce revirement monumental, l’un des nombreux qu’il avait subis au cours des trois dernières années, le plongeait dans le doute. Il avait été le seigneur général du Roi Leto et faisait partie intégrante de l’effort de guerre cygnaréen. L’ancien roi lui avait souvent demandé son avis et ses conseils, mais il semblait désormais qu’il n’était plus guère qu’une figure de proue.

Il avait été informé des termes du traité. La paix entre les deux nations reposait en grande partie sur le reconnaissance par le Cygnar des revendications du Khador sur les parties de Llael dont il s’était emparé, puis par le rétablissement de lignes commerciales lucratives pour soulager l’économie tendue du Khador et sur la promesse de futurs échanges commerciaux, font un passage sans encombre vers la terre exotique de Zu. Julius avait plaidé et réussi à insérer une clause restrictive dans le contrat qui stipulait que si un véritable héritier du trône de Llael se présentait, la prétention du Khador serait annulée et ils retiraient leurs troupes. Bien entendu, il y avait peu de danger à cela. Aucun des descendants du dernier monarque de Llael, le Roi Rynnard, n’avait été vu depuis plus d’une décennie, et tous étaient présumés morts. L’addendum de Julius au traité visait simplement à montrer au peuple llaelais – les alliées de Cygnar - qu’il n’avait pas été complètement abandonné. Stryker avait du mal à comprendre comment les habitants de Llael ne pouvaient pas se sentir trahis par le nouveau monarque de Cygnar.

Les autres dispositions du traité prévoyaient le retrait des troupes  du Khador des terres cygnaréennes saisies au combat, telles que le forêt du Bois d’Épines, et le rétablissement de précieuses routes commerciales sur le Fleuve Noir, une voie navigable majeure traversant le Cygnar et pénétrait dans le Llael occupé par le Khador.

Tout cela semblait trop facile à Stryker. Bien sûr, ils souhaitaient tous la fin de la guerre. Le Khador et le Cygnar s’affrontaient depuis des années, et certaines des batailles les plus sanglantes s’étaient déroulées dans la nation voisine, le Llael, depuis l’invasion du Khador. Stryker avait personnellement dirigé des milliers d’hommes et fait couler plus de sang, qu’il pouvait s’en souvenir en Llael, pour repousser les khadoréens. Il avait également été témoin de la brutale soumissions des llaelais. Alors, les laisser simplement garder leur butin de guerre l’horripilait. Le retour d’une forêt  actuellement remplie d’horreurs cryxiennes et de quelques accords commerciaux lucratifs ne semblait pas être un échange équitable.

Il avait fait part de ses inquiétudes au roi, mais avait été critiqué par d’autres membres du conseil intérieur, dont beaucoup possédaient des terres ancestrales dans les régions du Bois d’Épines saisies par le Khador. Que cela ait joué un rôle dans leurs décisions n’avait pas d’importance ; ils avaient bien plus d’influence sur Julius Raelthorne que Stryker.

Il chassa ces pensées de son esprit alors qu’ils s’approchaient du piédestal. Il leva la main, et les Chevaliers-Tempête derrière lui se déployèrent, s’alignant sur les positions de leurs homologues Crocs d’Acier.

L’impératrice attendait à la table, Vlad un pas derrière elle. Julius s’approcha, et Leto se mit en retrait, correspondant à la position de Vlad. Il y avait un cérémonial dans ces procédures, une partie de spectacle, et tout cela paraissait incroyablement creux à Stryker.

Les dirigeants des deux nations les plus puissantes des Royaumes d’Acier se regardèrent. Le sort de millions de personnes reposait sur le traits de leur plume.

Deux encriers d’argents se trouvaient à côté du traité, ainsi que deux plumes blanches. Julius prit sa plume le premier et attendit que l’impératrice fasse de même.

L’impératrice prit sa plume et les deux souverains les trempèrent dans les encriers.

« À la paix, à l’amitié et à une alliance durable », prononça Julius en griffonnant son nom au bas du traité. Stryker n’ignorait pas que l’impératrice avait attendu que le jeune roi signe en premier.

« Que Cygnar et Khador soient frères à partir de ce jour », dit l’impératrice en apposant son nom en-dessous de celui de Julius.

La cathédrale éclata sous une salve d’applaudissements et quelques acclamations éparses. Stryker n’ajouta pas sa voix au vacarme montant ; il ne pouvait s’empêcher de se demander si les désastres étaient plus souvent annoncé par des applaudissements volontaire que par les cris de douleurs des opprimés.
« Modifié: 21 juillet 2024 à 16:43:25 par elric »
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« Réponse #4 le: 21 juillet 2024 à 16:42:05 »
- 4-
Cinq-Doigts, Ord


ASHET MAGNUS S’ASSIT À UNE TABLE BASSE, posant la lourde masse de sa prothèse de bras mékanique sur celle-ci. Autour de lui, dans cette pièce sordide mais spacieuse au bord du fleuve, se trouvait un groupe d’hommes à l’allure patibulaire, tous des mercenaires, armés et prêts à se battre et à tuer sur son ordre. Le pire de ces hommes – ou le meilleur, selon le point de vue – attendaient dans une petite pièce adjacente, en face de la table de Magnus.

« Qu’est-ce qui lui prend tant de temps ? » demanda Xavius Marlowe, un ordique décharné et ressemblant à un oiseau, qui se tenait près de l’unique fenêtre de la pièce, probablement pour échapper à la puanteur de l’armure de warcaster de Magnus. Magnus avait réglé la chaudière au minimum, mais le filet de fumée qui s’en échappait de la cheminée dans son dos emplissait la pièce d’une brume enfumée. Magnus sourit ; l’odeur de la rue du quai en contrebas ne pouvait pas être bien meilleure.

« Harrow connaît son affaire », déclara Magnus. « Laisse-le travailler ». Les lèvres de Xavius se retroussèrent d’irritation et il se retourna vers la fenêtre. Il était un ancien membre de l’Ordre du Creuset d’Or, un groupe d’alchimistes et d’arcanistes très respecté. Mais il avait fui son ordre, en grande partie à cause de son obsessions pour les poisons et les explosifs et de sa volonté de les tester sur les habitants de la ville ordique de Corbhen. Il était irritant, erratique et très, très compétent, aussi Magnus le tolérait il. En fait, la plupart des hommes dans cette pièce étaient profondément imparfaits et dangereux, le genre d’hommes qui suivaient la force et n’avaient aucune place pour la compassion ni même pour une véritable loyauté.

La porte face à Magnus s’ouvrit et Sebastian Harrow émergea. Les autres mercenaires présents dans la pièce étaient dangereux, mais Harrow était le seul véritable tueur parmi eux. Il était maigre et laid, son visage était un réseau de cicatrices d’où brillaient deux yeux bleu glacés. Il portait un pistolet lourd fixé à une hanche et un sabre à l’autre. Il essuyait ses mains avec un bout de tissu, qui en ressortit taché de cramoisi.

« Je reconnais que ces bâtards de la Section Trois sont des durs à cuire », dit-il.

« Qu’est-ce qu’il a craché ? » demanda Magnus.

Harrow sourit, montrant une bouche pleine de dents blanches et droites, une gueule de prédateur. « Le prince est mort et ils ont jeté son corps dans une forge ».

Magnus grimaça. Julius avait espéré trouver l’héritier llealais vivant et le garder ainsi, s’il était favorable au plans du jeune roi. « Sait-il pour la fille ? »

Harrow haussa les épaules. « Je n’ai pas plu lui soutirer cette information. Et crois-moi, j’ai essayé ».

L’homme le plus proche de Harrow, une ancien Tête d’Acier nommé Silus, frémit. Ils avaient tous vu Harrow interroger un prisonnier, et ses méthodes étaient brutalement efficaces.

« Penses-tu que le prince savait pour elle ? » demanda Silus. « C’était sa cousine, non ? »

« Difficile à dire », répondit Magnus. « La famille royale a été tellement fracturée. Quoi qu’il en soit, il la croyait probablement morte, ainsi que le reste de sa famille ».

« Alors je dis que nous partons de l’hypothèse qu’il savait et qu’il l’a dit aux khadoréens avant qu’ils ne le tuent », répondit Harrow.

Magnus réfléchit un instant. C’était logique. Le chef cygnaréen du SRC, le Commandant en Chef des Éclaireurs, Bolden Rebald, lui avait assuré que personne au sein du gouvernement khadoréen n’était pas au courant de l’existence de la princesse. Ce qu’il ne savait pas et ne pouvait pas savoir, c’était si quelqu’un en dehors des services de renseignement du Khador – quelqu’un ne cherchant pas un héritier llaelais – était au courant. La personne la plus susceptible de le savoir était un membre de sa famille : son cousin Lyan di la Martyn, récemment tué par des agents khadoréens. Puisque Magnus ne pouvait pas s’adresser à Lyan, il devait être d’accord avec Harrow et supposer que le mort avait donné aux khadoréens des informations sur la princesse Kaetlyn di la Martyn, qui semblait maintenant être l’unique héritière vivante du trône de Llael.

Magnus jeta un coup d’oeil dans la pièce. « Nous devons supposer que les khadoréens savent pour Kaetlyn, mais nous devons nous assurer que cette information ne quitte pas cette ville ». Ils avaient encore un problème, cependant, réalisa-t-il. Rebald avait dit qu’il y avait six agents de la Section Trois. Ils en avaient capturé un, mais où étaient les autres.

« J’ai de bonnes nouvelles », dit Harrow. « Il m’a dit où les autres se cachaient. Ils ont eu peur quand nous avons attrapé Ivan ici ». Il leva le pouce vers la pièce sombre d’où il venait de sortir. « Ils recherchent  probablement un navire pour les faire sortir ».

« Alors nous n’avons pas de temps à perdre », déclara Magnus. Il laissa sa conscience dérivers sans l’entrepôt vide en dessous d’eux, jusqu’au warjack léger qu’ils avaient amené avec eux. C’était l’un des modèles conçus par Magnus, assemblés à partir de morceaux d’autres warjacks, mais il n’en était pas moins mortel pour sa construction composite. Il pouvait sentir une petite étincelle dans l’obscurité froide de son esprit, une étincelle qu’il allait bientôt attiser en une flamme rugissante.

« S’agit-il d’une mission de capture ou de mise à mort ? » demanda Silus. Il n’avait pas l’air d’être gêné par l’une ou l’autre.

« Nous réglons les derniers détails », répondit Magnus en sortant le court fusil à mitraille de son étui au niveau de sa hanche. Il vérifia la charge et le rangea. Il plissa les yeux en direction de Silus. « Alors, qu’en penses-tu ? »

« Une mission d’anéantissement, alors », dit Harrow. « Tu n’auras à te plaindre de moi Plus simple ainsi. Et notre invité ? »

Magnus jeta un coup d’oeil par-dessus l’épaule du mercenaire vers la pièce derrière lui. Un léger gémissement ou peut-être un souffle s’échappa de l’obscurité.

« Dernier détail », dit-il.

Harrow sourit.

« Fais vite, Harrow », répondit Magnus, puis il ajouta « et sans douleur ».

Harrow dégaina son sabre. La lame émit un sifflement menaçant en raclant la gorge métallique du fourreau. « Il ne sentira rien ».

Le mercenaire entra dans la pièce derrière lui. Après un moment de silence sinistre, Magnus entendit un soudain éclat de voix khadoréen vacillant et terrifié. Il comprit la langue : l’homme plaidait pour sa vie.

Le doux bourdonnement d’une lame tranchant l’air coupa court à la supplication du khadoréen. Magnus entendit un bruit sourd, comme si quelqu’un avait laisser tomber quelque chose de lourd sur le sol. Quelques secondes plus tard, Harrow réapparut, cette fois essuyant le sang de son sabre.

« J’ai fait un joli nœud », dit-il.


* * *

LE NAVIRE S’APPELAIT Le Corbeau des Mers, et c’était un vieux navire marchand reposant au ras de l’eau. Il était amarré dans le District de la Proue du Capitaine de l’Île du Capitaine, acueillant les navires marchands. Magnus était heureux de voir que c’était le seul navire à son poste d’amarrage – ils bénéficieraient l’isolement dont ils avaient besoin. Cela ne voulait pas dire qu’ils étaient seuls ; on n’est jamais seul à Cinq-Doigts. Même en pleine nuit, sur une jetée au bout de l’Île du Capitaine, il y avait des gens vaquant à leurs occupations. Bien sûr, ces affaires, comme celle de Magnus étaient de toute façon celles qu’ils étaient préférables de mener dans le noir. Aucune des rares personnes qu’ils croiseraient ne laissa son regard s’attarder sur les quatre hommes en armure et la forme imposante du Renégat, dont la moitié supérieure était recouverte d’une toile de jute pour cacher qu’il ne s’agissait pas d’un simple laborjack. Sa scie tronçonneuse dépassait de dessus le linceul, et elle s’animait de temps en temps au fur et à mesure que l’impatience du warjack grandissait. Il voulait se battre. Magnus réprima ces pulsions;cela n’aiderait pas leur mission si le Renégat sciait un passant en deux.

« Pourquoi ce navire ? » demanda Xavius alors qu’ils s’approchaient du Corbeau des Mers. L’ancien alchimiste portait deux grenades alchimiques autour de sa poitrine, et tout le monde l’évitait à cause de cela.

« C’est un petit navire marchand », déclara Magnus. « Ce n’est pas le genre de chose que l’on recherche ».

Il arrivaient entre deux grands entrepôts, à l’abri des guetteurs – probablement des mercenaires – que les espions khadoréens avaient engagés. Ce n’était comme s’ils pouvaient simplement faire appel à un soutien militaire ; ils étaient une escouade de tueurs, intentionnellement coupé de tout soutien militaire pour défendre le déni plausible. Ils étaient acculés, et cela ne ferait que les rendre plus dangereux.

Les marins du Le Corbeau des Mers s’apprêtaient à appareiller. Il est probable que les agents restants de la Section Trois aient décidé que leur membre égaré ne reviendrait pas et qu’il était temps de fuir sans lui.

Ils étaient encore à trente verges du navire lorsqu’ils s’arrêtèrent dans l’ombre entre les bâtiments. « Je pense qu’ils doivent être dans la soute », dit Harrow. « Allons-nous frayer un chemin à travers tous ces hommes pour y arriver ? »

Magnus sourit. « Non, nous prenons une route plus directe ». Il se tourna vers Silus, qui portait un fusil à canon long, caché sous une lourde cape. « Je veux que toi et Harrow occupiez les hommes sur le pont pendant que Xavius et moi perçons un trou ».

Les yeux d’Harrow s’écarquillèrent, puis il sourit. Il avait une idée de ce que Magnus avait prévu. « Cela va faire beaucoup de bruit, et la garde, même à Cinq-Doigts, risque de le remarquer ».

« Alors, nous allons faire vite », dit Magnus.

Harrow acquiesça. « Tu es prêt, Silus ? »

L’ancien Tête d’Acier mit son fusil sur son épaule. « Il y a deux personnes sur le pont qui son manifestement des tireurs », dit-il. « Tu les vois ? »

« J’en ai un », répondit Harrow en dégainant son pistolet lourd à répétition. « Je prends celui se trouvant près du gaillard avant. Tu prends celui près du plat-bord bâbord ».

« Xavius, tu es avec moi ? » demanda Magnus en invoquant sa magie. Il se détourna du navire pour que son corps protège le cercle lumineux de runes se formant autour de sa main gauche. Les runes s’éteignirent et le Renégat devint irréel, ses contours se brouillant. Cela, l’obscurité et les capacités naturelles de Magnus et Xavius à se cacher les rendraient difficiles à repérer ou à abattre.

« Allons-y », dit Magnus, et Xavius et lui s’élancèrent d’entre les bâtiments. Magnus exhorta le Renégat à le suivre, et celui-ci jeta sa bâche et suivit avec empressement.

Ils étaient à mi-chemin du navire lorsqu’ils furent repérés, et des cris retentirent sur le pont du Le Corbeau des Mers, suivis de deux de coups de feu tirés derrière Magnus. Deux des hommes qui se trouvaient au-dessus du Renégat, tous deux armés de fusils, tressaillirent et s’effondrèrent sur le pont.

Magnus et Xavius coururent vers la jetée, parcourant la distante restante en quelques secondes. D’autres coups de feu retentirent, mais Magnus ne put dire s’ils provenaient du navire ou de ses propres hommes. Ils atteignirent le flanc du Le Corbeau des Mers, un mur de lattes de bois, et Magnus exhorta le Renégat à se rapprocher. Une balle ricocha sur sa coque et frappa le champ d’énergie généré par l’armure de warcaster de Magnus. Le mur invisible d’énergie s’embrasa en ralentissant la balle, rendant inoffensif son impact contre son plastron.

« Xavius, accroupis-toi », dit Magnus, accroupi sur la jetée, la tête baissée. L’ordique fit de même, et Magnus ordonna au Renégat d’utiliser son arme la plus puissante, la roquette oblitérateur attachée à son bras droit. Une bouffée de joie revint à travers son lien avec la machine, et il entendit le gémissement profond du lance-roquettes qui s’amorçait. Une balle frappa le champ d’énergie de Magnus, projetant des étincelles, et la balle rebondi sans danger sur la plaque de fer recouvrant son dos, privée de son énergie cinétique.
La fusée oblitérateur était prête et Magnus regarda à travers les yeux du Renégat, choisissant l’emplacement sur la coque du Le Corbeau des Mers.

Feu.

La fusée explosa avec un tonitruant rugissement et un éclair jaune vif. Une rafale d’énergie chauffée à blanc frappa Le Corbeau des Mers et fit un trou de près d’un mètre quatre-vingt de diamètre dans son flanc.

Magnus se leva d’un bond, entraînant Xavius à ses côtés. « Grenades ! »

L’alchimiste parut abasourdi, mais sa stupeur s’estompa rapidement. Il sortit deux cylindres métalliques de la bandoulière sur sa poitrine, appuya sur leurs gâchettes mécaniques et les jeta dans le trou que le Renégat avec fait.

Magnus capta un mouvement dans le ventre du vaisseau juste au moment où les deux grenades explosèrent, doubles explosions de bruit et de lumière. D’autres coups de feu retentirent derrière lui et au-dessus de lui. Magnus les ignora. Il sauta de la jetée et pénétra dans le trou pratiqué dans le flanc du navire.

Il atterrit dans un abattoir. Des corps et des morceaux de corps étaient éparpillés dans la cale et les murs avaient été peints d’un cramoisi criard. Il remarqua immédiatement deux des agents de la Section Trois, ou ce qu’il en restait.

Deux de plus.

La cale était basse de plafond, mesurant environ six mètres de large et neuf mètres de long. Les escaliers menant au pont se trouvaient à l’extrémité. C’était sombre et enfumé, mais un mouvement près des escaliers attira son attention.

Magnus dégaina son épée, la lame mékanique qu’il avait baptisé Pourfendeur, et la plaque runique qui lui conférait son pouvoir arcanique emplit la cale d’une étrange lueur bleue. Les silhouettes près des escaliers devinrent plus claires : trois hommes vêtus des vêtements sombres. Tous étaient encore sous le choc du souffle des grenades. Il ne pouvait pas leur laisser le temps de récupérer. Magnus s’éloigna du trou sur le flanc du Le Corbeau des Mers et convoqua le Renégat. Le saut du quai dans le navire était dangereux ; si le Renégat ratait son coup et tombait dans la baie, sa chaudière serait éteinte et il coulerait directement par le fond.

Le Renégat sauta, guidé par la volonté de Magnus, et atterrit à l’intérieur de la cale du navire, suffisamment fort pour faire tanguer le navire. Sa scie se mit à vrombir, un cri métallique frénétique annonciateur de destruction.

Des coups de feu éclatèrent de l’autre côté de la cale, et des projectiles frappèrent la coque du Renégat, déclenchant une vague de rage en son sein. Puis la cale s’illumina d’une lueur bleue, signe révélateur de la magie, et des runes se formèrent autour de la main tendue de l’un des hommes, qui s’était placé derrière ses compatriotes. Magnus pouvait désormais clairement voir le lanceurs de sorts : grand, aux traits marqués, avec des cheveux noirs clairsemés. Il tenait dans une main une hache de guerre lourde à un seul tranchant. Mais cet homme n’était pas simplement un agent de la Section Trois. Il était bien plus dangereux que son simple titre : c’était aussi un Seigneur Gris, l’un des tristement célèbres sorciers des glaces khadoréens et chercheurs de magie ancienne.

Le sort se déclencha avant que Magnus ne puisse s’écarter, et un souffle de givre glacial traversa la cale. La majeure partie de ce souffle frappa le Renégat, et Magnus sentit les dommages causés à certains de ses systèmes internes qui se grippèrent sous l’effet du sort de froid.

Son champ d’énergie et son armure le protégèrent du pire, mais il serra les dents de douleur quand le froid envoya ce qui ressemblait à des poignards de glace dans sa chair exposée.

« En avant », dit Magnus en serrant les dents, ordonnant au Renégat endommagé d’avancer. Il traversa la cale en trombe, sa scie hurlant dans l’obscurité. Magnus sortit son tromblon et visa l’un des hommes tentant de monter les escaliers menant au pont supérieur. Il pressa la gâchette et déversa sa volonté et sa magie dans les tirs, guidant les trajectoires des lourds projectiles. L’homme, probablement l’un des agents de la Section Trois, reçu les projectiles dans le dos et tomba à la renverse.

Le Renégat avait atteint l’autre côté de la cale. Sa scie s’humecta, déchirant le ventre et le ds d’un des hommes, aspergeant les murs de sang frais. Le Seigneur Gris recula et un autre sort se forma autour de sa main droite tandis que le Renégat dégagea son arme et se tournât vers lui.

De la glace et du givre apparurent soudainement sur la coque et les membres du Renégat, et celui-ci cessa de bouger, maintenu immobile dans une fine cage de glace.

Magnus chargea, jetant son tromblon et saisissant Pourfendeur à deux mains. Le Seigneur Gris leva sa hache. Des runes bleues apparurent sur la lame de l’arme tandis que Magnus abattait Pourfendeur d’un puissant coup.

Le Seigneur Gris était un combattant expérimenté. Il réussit à détourner l’épée de Magnus, mais la force du coup le projeta contre le mur de la cale. Il récupéra instantanément et se lança en avant, balançant la hache dans une large frappe de taille.

Il était plus rapide que Magnus l’avait prévu – il ne parvint pas à placer Pourfendeur à temps pour intercepter le coup. Dans une pluie d’étincelles, la hache, enchantée par de puissantes runes, traversa le champ d’énergie de Magnus et s’enfonça dans son plastron et la chair s’y trouvant. Il sursauta lorsque le métal glacé coupa sa peau, mais la hache s’était logée dans son armure. C’est alors que le Seigneurs Gris commit une erreur cruciale.

Il tenta de la dégager.

La fraction de seconde d’effort le laissa sans défense, et Magnus balaya le cou du Seigneur Gris avec Pourfendeur. Sa tête se détacha de son corps dans une giclée de sang, et son cadavre rejoignit les autres en basculant en arrière.

Magnus arracha la hache de son corps et un flot de sang coula le long de son armure. Il grimaça, non pas à cause de la douleur de sa blessure, mais parce que Bolden Rebald, le Commandant en chef des Éclaireurs de Cygnar, ne l’avait pas avertit que les agents de la Section Trois travaillaient avec un Seigneur Gris. Peut-être qu’il ne le savait pas – mais peut-être qu’il le savait.

Xavius était passé par le trou. L’ordique n’était pas d’une grande utilité dans un combat debout. Il tenait une liasse de papiers dans une main et regardait tour à tour les cadavres au sol. Rebald leur avait fourni des croquis des visages des agents de la Section Trois afin qu’ils puissent être facilement identifiés.

« Bon sang, celui-là n’a plus de visage », déclara-t-il. « Je pense que c’est l’un des salauds de rouges. Celui-ci, définitivement ». Il désigna un cadavre auquel il manquait les deux bras et une jambe, mais dont le visage était parfaitement intact.

« Viens ici et regarde ces deux-là », dit Magnus. « Vite ». Il reporta son attention sur le Renégat tandis que Xavius le rejoignait. Il canalisa une plus grande partie de sa magie à travers le cortex de la machine, brisant ainsi le sort qui la bloquait. La colère, chaude et féroce, reflua à travers sa connexion avec le warjack. On l’avait trompé en le privant d’une mort.

« Oui, ce sont les deux autres », déclara Xavius. « Qui est celui-ci ? » Il désigna le Seigneur Gris décapité.

« Une complication », répondit Magnus en grognant de douleur. La blessure était peut-être un peu plus profonde qu’il ne le pensait. Des coups de feu résonnaient toujours à l’extérieur de la cale. « Nous avons fini ici. Allons-y avant que Harrow ne tue ce foutu équipage ».
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« Réponse #5 le: 21 juillet 2024 à 16:47:16 »
- 5-
Caspia, Cygnar


LA CHAMBRE DU CONSEIL INTÉRIEUR de Julius Raelthorne, premier du nom, convenait au jeune roi. Son père, Vinter Raelthorne, avait rarement utilisé cette pièce, préférant tenir les réunions du conseil dans la salle du trône du Château Raelthorne. Stryker avait assisté à plusieurs d’entre elles en tant que membre de la garde royale, il y a près de quinze ans. Le fils de Vinter, quant à lui, préférait un lieu de réunion moins grandiose. La chambre se trouvait derrière la salle du trône et était autrefois réservée aux réunions privées avec d’importants dignitaires. Elle était petite et la table en forme de U en bois de fer poli occupait la majeure partie de l’espace. Les murs étaient peints en bleu royal du Cygnar et décorés de portraits des différents rois ayant régné sur la nation. Stryker nota que le portrait de Vinter avait récemment été remis à sa place sur le mur.

La table était suffisamment grande pour accueillir tous les membres du conseil, dont Stryker était membre. Bien que son inclusion par le roi ait été autorisée, au mieux, à contrecœur. La plupart des hommes qui constituaient les plus proches conseillers de Julius s’étaient engagés à soutenir le jeune roi lors de la récente guerre civile ou, dans le cas d’Orin Midwinter, étaient des criminels exilés, autre fois loyaux envers son père, qu’il avait graciés. Stryker grimaça en regardant où Midwinter était assis – Midwinter était à la droite du Haut Chancelier Leto, qui à son tour était le plus proche de Julius au centre de l’U. Autrefois inquisiteur en chef sous Vinter Raelthorne, Midwinter avait été forcé de faire profil très bas lorsque son ancien suzerain avait été chassé du trône. Il avait soutenu Vinter puis Julius en exil, et le jeune roi l’avait gracié lorsqu’il était monté sur le trône, accordant à Midwinter le titre de Conseiller aux Arcanes. L’homme était un magicien accompli, mais leurs rumeurs sur ses activités pendant et après le règne de Vinter étaient pour le moins inquiétantes.

À la gauche du roi se trouvait le Commandant en chef des Éclaireurs Bolden Rebald, un maître espion et responsable du Service de Reconnaissance Cygnaréen. L’homme suivant était à la table était le Général Maître de Guerre Kielon Ebonhart, un puissant duc que Stryker connaissait bien. Stryker s’était entraîné sous les ordres du Duc Ebonhart il y a plus de dix ans, lorsque celui-ci était à la tête des Lames-Tempête. Ebonhart avait été l’un des nobles les plus importants à soutenir Julius au cours de la guerre civile.

Les deux autre hommes du conseil assis au bras du U, étaient le Navarch Galten Sparholm III, à la tête de la marine, et Lassiter Polk, maître mékanicien et chef de l’Armurerie Cygnaréenne. Stryker avait peu fréquenté ces deux hommes, mais il les connaissait par leur réputation et ils étaient tous deux capables.

Enfin, il y avait Stryker lui-même, assis aussi loin que possible du roi. Il était Seigneur Général de l’Armée Cygnaréenne, son rang n’étant surpassé que par celui du Maître de Guerre Kielon Ebonhart. Il assistait à toutes les réunions du conseil, mais le roi faisait rarement appel à lui pour obtenir des conseils. Julius écoutant principalement son oncle Leto pour les questions d’état, son maître de guerre pour les questions militaires, et Orin Midwinter pour presque tout le reste. Depuis la bataille de Fharin, Julius semblait accorder une grande confiance à l’ancien inquisiteur. Peut-être était-ce le lien avec son père qui avait attiré Julius vers Orin. Stryker ne comprenait pas pourquoi le roi accordait autant confiance à quelqu’un qui avait fait partie d’une organisation si universellement décriée.

Stryker était un marginal, un marginal dont l’opinion n’était ni recherchée ni appréciée. Sa véritable place était sur le champ de bataille, à la tête des soldats et des warjacks. Qu’il soit membre du conseil était probablement dû à Leto. L’ancien roi et lui avaient été proches, et Stryker souffrait de voir quelqu’un d’autre sur le trône, aussi légitime que soit la prétention du jeune homme.

« Votre Majesté », dit Leto, sa voix ramenant Stryker dans la conversation, « nous avons reçu une copie du traité signé par les envoyés de Khador, et il a été officiellement enregistré ». L’ancien roi sourit. « Nous sommes en paix ».

« Bravo, bravo ! » s’écria le Maître de Guerre Ebonhart, et les applaudissements emplirent la salle. Stryker y ajouta à contrecœur.

« Mais il y a de nombreuses questions qui nécessitent encore votre attention, bien sûr, Votre Majesté », déclara Midwinter après que les applaudissements se soient calmés.

« Sans aucun doute, Midwinter », répondit Julius. « Mais il y a un sujet urgent dont nous devons d’abord discuter. Une chose que je vous ai cachée pendant un certain temps par nécessité, et vous comprendrez bientôt pourquoi. Le Commandant en chef des Éclaireurs Rebald vous informera des détails ». Le roi fit un signe de tête au commandant en chef des éclaireurs.

Rebald s’éclaircit la gorge et se redressa sur sa chaise. Une étrange expression traversa le visage du maître espion. Il avait l’air nerveux. Stryker avait travaillé en étroite collaboration avec cet homme durant des années, et il n’avait jamais vu le commandant en chef des éclaireurs aussi agité. C’était étrange de la part d’un homme ayant tiré les ficelles d’un vaste réseau d’espions et d’assassins pendant des années.

« Oui, Votre Majesté », dit Rebald en se levant. « Je ne vais pas vous faire languir. Un héritier du trône de Llael a été trouvé ».

Un silence stupéfait.

Stryker observa les visages de chaque membre du conseil. Il y avait des yeux écarquillés et des visages cendrés. Lui aussi était choqué. Un héritier du trône de Llael avait des répercussions majeures. Tout d’abord, cela annulait les prétentions de Khador sur le pays, conformément au traité qu’ils venaient de signer – en supposant que le Khador accepte cette prétention.
Stryker retrouva sa voix en premier. « Qui est cette personne ? »

« Son nom est Kaetlyn di la Martyn », déclara Rebald. « Sa mère tait l’une des maîtresses du Roi Rynnard, une femme de petite noblesse ».

« Depuis combien de temps es-tu au courant, Rebald ? » demanda Leto. Le visage de l’ancien roi était pincé par l’irritation.

Rebald jeta un coup d’oeil à Julius, le regard fuyant, tendu. Encore une fois, Stryker fut frappé par le manque de sang-froid de l’homme. Cela ne lui ressemblait absolument pas.

« Le commandant en chef des éclaireurs a localisé la jeune fille peu de temps après mon accession au trône », déclara Julius.

Deux ans ! Pensa Stryker. Cela faisait deux ans qu’ils étaient assis sur ce secret monumental, et ils avaient manoeuvré le Khador pour qu’il signe un traité qui annulerait leurs prétentions sur le Llael. C’était sournois et brillant… et incroyablement dangereux. L’impératrice est trop intelligente pour ne pas sentir l’odeur nauséabonde des manœuvres politiques, et sa réaction une fois l’héritière révélée pourrait replonger les deux nations dans la guerre.

« Rebald a découvert l’héritière en Ord », poursuivit Julius, « et il m’a immédiatement informé de sa découverte, voyant la potentielle influence qu’elle pourrait nous accorder un jour ».

« Julius, c’est un jeu dangereux et insensé auquel tu as joué », déclara Leto, Le haut chancelier avait visiblement été tenu dans l’ignorance, tout comme le reste du conseil.

Les yeux de Julius se plissèrent et la colère apparut sur son visage. Stryker vit la colère de Vinter derrière les yeux de son fils. « Mon oncle, tu t’oublies », dit Julius. « Tu ne parles plus avec la voix d’un roi ».

Leto détourna le regard. « Mes excuses, Votre Majesté », dit-il d’une voix lente et mesurée. « Mais en tant que haut chancelier, je ne peux pas vous servir correctement si vous me cachez de telles choses ».

Julius acquiesça. « Je suis d’accord, mon oncle, et je te promets qu’il s’agit d’un incident isolé ».

« Alors, nous allons asseoir cette fille sur le trône de Llael ? » demanda Stryker. « Le Khador ne reconnaîtra pas la légitimité de sa revendication ».

Leto se tourna vers Stryker. « Seigneur Général », dit-il, « le traité qu’ils ont signé est légitime, tout comme la prétention de la jeune fille au trône. Ils seront obligés de l’honorer ou de violer le traité ».

« Vous allez donc les inviter à la guerre ? » dit le Duc Ebonhart, posant la question suivante de Stryker. « Mes excuses, Votre Majesté, mais nous venons de retrouver la paix. Pourquoi la gâcher ? »

« Je comprends votre réticence, Maître de Guerre Ebonhart », dit Julius. « Et je ne m’engagerais pas dans cette voie si elle ne servait pas à rendre le Cygnar plus fort ».

« Comment une autre guerre rendra-t-elle le Cygnar plus fort, Votre Majesté ? » demanda Stryker. Cela semblait ridicule, mais si Rebald et Midwinter étaient impliqués, il y avait là un angle d’attaque, un avantage à tirer. Julius se tourna délibérément vers Stryker, le fixant de son regard sombre. Pour un homme si jeune et si peu habitué à gouverner, le roi dégageait une force indéniable. C’était le même acier que celui de son père. Stryker espérait que, pour le bien de Cygnar, il serait mieux tempéré.

« Je vais l’épouser », déclara Julius.

« Et ajoutez les prétentions de Cygnar à celles de l’héritière », reprit Rebald. « Julius et ses fils et filles dirigeront les deux nations ».

C’était une démarche agressive, que l’oncle du roi n’aurait ni acceptée ni approuvée, mais si elle réussissait, elle augmenterait considérablement la taille du royaume de Julius et ajouterait au Cygnar ce qu’il restait de la puissance militaire de Llael. Ils deviendrait la plus grande nation des Royaumes d’Acier, contrôlant plus de terres arables et de ressources que toute autre.

« Et la Résistance ? » demanda Leto. « Il peuvent avoir leurs propres idées sur ce qu’il faut faire de cette héritière ».

« S’ils souhaitent continuer à bénéficier du soutien militaire du Cygnar contre le Khador, ils nous suivront ». S’esclaffa Julius. « Je ne m’attends guère à ce qu’ils demandent l’aide des khadoréens ». C’était une attitude froide à l’égard de la Résistance assiégée et ses dirigeants. Stryker avait combattu à plusieurs reprises aux côtés des troupes et des warcasters llaelais contre les khadoréens. Leur chef militaire, Ashlynn d’Elyse, une noble et warcaster llaelaise, était une femme passionnée mais raisonnable, et son opinion pouvait influencer les autres. « Si vous parvenez à convaincre Ashlynn d’Elyse de reconnaître l’héritière, vous pourriez obtenir le soutien de la Résistance », dit Stryker. « Mais nous devons la prévenir immédiatement. Elle n’apprécierait pas d’être tenue dans l’ignorance à ce sujet ».

« Merci pour votre conseil », répondit Julius, « mais ma future femme n’a pas besoin du soutien ou de l’approbation d’Ashlynn d’Elyse. Elle exige sa loyauté, tout comme moi ».

« De plus, la Résistance a oeuvré avec le Protectorat de Menoth », dit Rebald, nommant la nation de fanatiques religieux à l’est ayant revendiqué certaines parties de Llael. « Nous devrions les considérer comme compromis ».

« Quel choix avaient-ils ? » demanda Stryker. « Ils ne peuvent pas combattre à la fois le Khador et le Protectorat ».

« Assez », dit Julius. Il n’éleva pas la voix, mais son ton fut tranchant. « Je n’ai pas réuni mon conseil intérieur pour discuter de la Résistance Llaelaise ».

Stryker se faisait gronder comme un enfant dévoyé, réduit au silence par un roi qui n’était rien d’autre qu’un bâtard en exil il y a à peine trois ans. La voix de Stryker avait toujours été entendue à la cours de Leto. Son conseil était sollicité, on se fiait à son expérience. « Comme vous le souhaitez, Votre Majesté » répondit-il, réprimant sa colère et le ressentiment qui remontaient dans sa gorge telle une marée de vomi.

Il croisa le regard de Leto, et l’expression de l’ancien roi le blessa plus que la réprimande de son neveu. Il avait souvent fait naître la fierté, la joie et même la colère sur le noble visage de Leto à de nombreuses reprises, mais jamais la pitié. C’était subtile à présent, mais elle était présente.

Stryker s’assit dans son fauteuil et laissa les autres membres du conseil détailler les plans du roi. Il écouta, mais ne reprit pas la parole. Il était clair qu’il était un marginal, et sa voix n’avait pas plus de poids qu’un cri dans un ouragan.
« Modifié: 01 septembre 2024 à 21:07:01 par elric »
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« Réponse #6 le: 28 juillet 2024 à 19:30:06 »
- 6-

LA PRINCESSE KAETLYN DI LA MARTYN, héritière du trône de Llael, était une grande fille de dix-sept ans au plus, d’après Stryker. Elle avait de long cheveux noirs, des pommettes hautes, des lèvres minces et des yeux d’un bleu éclatant, son trait le plus marquant. Sa longue robe fluide était ornée de perles dorées et violettes, une chose qui ne faisait que rehausser son apparence royale.

Elle marchait au centre d’un tapis bleu et violet vif bordé d’or, mêlant les couleurs de Cygnar et de Llael, en direction du trône de Julius Raelthorne. Le roi se tenait devant son siège de pouvoir, vêtu de son uniforme militaire ; l’épée de son père, Régicide, était rengainée à son côté. À sa gauche se tenait son oncle Leto Raelthorne, et à sa droite, Orin Midwinter. Le reste du conseil intérieur, y compris Stryker, se tenait à droite et à gauche du trône. Il n’y avait personne d’autre dans la salle, à l’exception des membres de la Garde Royale. Le nouvelle de la découverte de l’héritière n’avait pas été transmise à l’Assemblée Royale, car il était vital de garder son existence secrète jusqu’au moment opportun.

La Princesse di la Martyn était suivie par deux hommes que Stryker ne connaissait pas, sa garde personnelle. Tous deux étaient des hommes à l’allure dangereuse, vêtus de redingotes et de hautes bottes noires. Chacun portait un double pistolet cinémantique à la hanche, et une épingle violette en forme de rose était apposée au revers de chaque homme, le désignant comme un ancien mage balisticien de l’Ordre Loyal de la Rose Améthyste . Certains de ces hommes et femmes avaient juré de protéger les membres de la famille royale de Llael, à l’instar de la Garde Royale de Cygnar. Leur ordre avait été en grande partie dissous après la mort du Roi Rynnard, mais ils en restaient quelques-uns et apparemment ces deux-là avaient protégé l’héritière pendant la majeure partie de sa vie.

La princesse s’arrêta à dis pas de Julius et s’inclina. Ses gardes se tirent silencieusement derrière elle. « Roi Julius », dit-elle. « Je suis ravie de vous rencontrer enfin. Votre commandant en chef des éclaireurs (elle jeta un coup d’oeil à Rebald) m’a beaucoup parlé de vous ».

Julius sourit, montrant ses dents blanches et droites. C’était un vrai sourire. Il s’avança et s’empara doucement de la main de la princesse. Il se pencha, porta sa main fine à ses lèvres et l’embrassa doucement. « Pas plus ravie que moi, Votre Altesse », répondit-il. « J’attendais ce jour avec impatience depuis que j’ai appris votre sort en Ord. Vivre en exil est une difficile, que je connais bien ».

« Vous êtes gentil, Votre Majesté », dit-elle. « Je vous suis reconnaissante de votre soutien, tout comme le peuple de Llael, j’en suis sûre ».

Julius sourit à nouveau et fixa la princesse un instant.

Stryker réprima un sourire. Son roi montrait rarement sa jeunesse, mais c’était un jeune homme, et la princesse était une belle jeune femme. Stryker se demanda si le roi avait craint que sa future épouse soit ordinaire. Peut-être était-il soulagé. Peut-être était-il épris.

« Laissez-moi vous présenter les membres de mon conseil intérieur », dit Julius. « Voici le Haut Chancelier Leto Raelthorne, mon oncle ».

Leto fit une petite révérence. « Votre Majesté ».

« Mon Conseil aux Arcanes, Orin Midwinter ».

Orin s’inclina également, montrant le haut de sa tête. Une légère grimace traversa le visage de la princesse, mais son sourire la recouvrit rapidement. Peut-être peut-elle sentir l’homme pour ce qu’il est, pensa Stryker, espérant.

Julius présenta ensuite le Duc Ebonhart, le Navarch Galten Sparholm III et Lassiter Polk. Puis il arriva à Stryker. « Et voici le Seigneur Général Stryker », dit Julius. « L’un de nos chefs militaires les plus courageux et les plus expérimentés ».

« Votre Majesté », prononça Stryker en inclinant la tête. Il s’attendait à ce qu’elle se retourne vers le roi, mais son regard s’attarda sur lui.

« On m’a dit que vous aviez personnellement combattu en Llael, aux côtés de nos braves soldats, contre le Khador », déclara le princesse.

« Oui, j’ai eu ce privilège. Les llaelais sont un peuple fort et courageux, et ils méritent d'être libérés de la tyrannie », répondit-il, touché par la reconnaissance de la princesse.

« Je vous remercie sincèrement, Seigneur Général, et je suis heureux d’avoir un allié aussi noble ».

« Votre Altesse », prononça encore Stryker, quelque peu embarrassé.

La princesse se tourna vers le roi et Julius ouvrit la bouche pour dire quelque chose, mais on frappa bruyamment aux portes de la grande salle du trône. Julius fronça les sourcils et secoua la tête. Il jeta un coup d’oeil par-dessus son épaule vers l’un des gardes royaux se tenant debout et dit : « S’il vous plaît, allez voir pourquoi nous sommes dérangés en une occasion aussi importante ».

Le garde se précipita vers les portes. Il les ouvrit, révélant un autre membre de la garde royale se tenant à l’extérieur. L’homme portait une épaulière de capitaine, ce qui signifiait que la raison pour laquelle il dérangeait son suzerain était importante.

Une brève conversation à voix basse s’engagea entre les deux gardes, puis le premier ferma la porte et se dirigea d’un pas vif vers Rebald. Il plaça une enveloppe scellée à la cire dans la main du commandant en chef des éclaireurs, puis retourna à son poste derrière le trône.

« Votre Majesté », dit Rebald, « cette lettre provient de l’un de nos principaux espions en Khador ».

« Ouvrez-là alors », répondit Julius.

Rebald jeta un coup d’oeil à la princesse et à sa garde et pinça les lèvres. « Peut-être un peu d’intimité, Votre Majesté ».

Julius agita la main avec irritation. « Elle sera un jour ma reine », déclara-t-il. « Je ne vois pas pourquoi elle devrait être exclue des affaires d’état ».

La princesse garda son sang-froid à la brutale annonce de Julius de leurs futures noces. Elle devait être consciente des intentions du roi, mais les entendre si clairement exprimées lors de leur première rencontre devait être choquant.

Rebald ouvrit l’enveloppe et parcourut rapidement la lettre qu’elle contenait. Il ne dit rien, et son expression ne laissait rien deviner de la lettre. Il la tendit à Leto, qui la lut rapidement. Les yeux de l’ancien roi se lissèrent et il inspira profondément lorsqu’il eut fini.

« Dis-moi », ordonna Julius.

« Il semble pendant que nous faisions des projets de mariage, l’impératrice faisait les siens », dit Leto. « Elle est maintenant fiancée à Vladimir Tzepesci, ce qui fera bientôt de lui le prince régent de Khador et liera sa maison et toute l’influence qu’il exerce à la sienne ».

Stryker comprenait bien les raisons pour lesquelles l’impératrice épousait Vlad. Il était le souverain de l’Ancienne Umbrie, le chef d’une famille ancienne et puissante dont les racines remontaient à la fondation de leur nation. Il représentait les antiques méthodes, la tradition et, plus important encore, le peuple le plus indépendant de l’est de Khador. Nombres de Khadoréens pensaient qu’il représentait une menace pour sa souveraineté, mais elle avait désormais écarté cette menace et ajouté son pouvoir et son influence aux siens.

« Un développement inattendu, mais pas vraiment une grave menace », déclara Julius.

« Je ne suis pas d’accord » répondit Leto. « Elle consolide son pouvoir, et désormais les prétentions de Vlad sur le Llael auront tout le poids de l’impératrice derrière elles ».

« Il semble que nous ayons sous-estimé l’impératrice, et nous ayons été pris au dépourvu, Votre Majesté », dit Midwinter.

« Attendez », dit Ebonhart. « Je suis d’accord avec le haut chancelier sur le fait que le mariae de l’impératrice et du Seigneur Tzepesci renforce sa position, mais cela ne signifie pas nécessairement qu’il se préparent à al guerre ».

« Nous avons déjà vu le Khador rompre des traités », dit Midwinter en se tournant vers le roi. « Votre Majesté, ceci est un signe précurseur à une trahison khadoréenne ».

« La guerre est inévitable », déclara Julius. « Le khador n’acceptera jamais que la princesse soit l’héritière légitime de Llael ». Stryker soudainement réalisa que c’était probablement le plan de Julius le début – le sien et celui de Rebald, et peut-être celui de Midwinter. Julis avait simplement besoin d’une excuse pour partir en guerre, et la princesse venait de lui offrir une situation où le Khador devait refuser les termes du traité, surtout maintenant que l’impératrice avait consolidé ses prétentions sur le Llael.

« Et vous le saviez depuis le début », dit Leto, exprimant ce que Stryker pensait. « C’est pourquoi vous avez gardé la princesse secrète ».

« C’était la meilleur chose à faire, mon oncle », répondit Julius. Stryker nota qu’il ne niait pas l’accusation de Leto.

« Nous devrions annoncer la naissance de l’héritière », dit Rebald. « même si c’est plus tôt que nous l’aurions souhaité ».

Leto prononça : « Votre Majesté, je suis d’accord, mais nous devons attendre la réaction de l’impératrice. Nous ne pouvons pas être considérés comme des agresseurs par le peuple cygnarén ou par l’Assemblée Royale ».

« Attendez », dit une douce voix féminine. Tout le monde se tourna vers la princesse. Son visage était un masque de colère, ses yeux bleus brillaient telle des poignards glacés. « Je ne t’épouserai pas ».

« Votre Altesse ? » dit Julius. C’était la première fois qu’il avait l’air surpris au cours des événements de la journée. « Vous devez certainement comprendre que notre mariage est de la plus haute importance si nous voulons renforcer nos nations contre l’agression khaodréenne qui ne manquera pas de se produire ».

« Non, Votre Majesté, ce que je vois, c’est que mon peuple va subir une nouvelle ruine à cause de Khador pendant que vous et votre conseil attendez que l’impératrice agisse ».
Stryker réprima un rire. Le plan bien conçu de Julius et de Rebald était sur le point de s’effondrer au gré d’une jeune fille de dix-sept ans. Elle était une reine, cela était désormais évident. L’acier de son ton n’admettait aucune discussions, et ses réprimandes au roi étaient précises et ciblées.

« Votre Altesse, soyez raisonnable », dit Rebald en s’avançant vers Kaetlyn. « C’est la meilleur chose à faire ».

« Ce n’est pas le cas, Commandant en chef des Éclaireurs », répondit-elle. « Le meilleur plan d’action consiste à libérer immédiatement le peuple llaelais ». Elle tourna son regard vers Julius. « Si tu veux m’épouser, si tu veux obtenir tout ce que cela implique, alors tu élimine immédiatement le fléau khadoréen de mon pays ».

« Votre Altesse », dit doucement Julius en s’avançant vers elle. Il s’approcha d’elle et prit sa main dans la sienne. Elle tressaillit, mais ne l’arrêta pas. Il y eut un moment de silence tendu, et les hommes présents dans la salle du trône ayant juré de protéger leur dirigeants se raidirent. « Je te le promets, je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour libérer le Llael du contrôle khadoréen et te placer sur le trône. Mais je suis d’accord avec mon oncle : nous devrions laisser le Khador montrer au monde qu’il n’honore pas ses traités que la parole de l’impératrice ne vaut rien de plus que le souffle qui la créer. L’impératrice ne va pas tarder à nier ton droit au trône, et ensuite, je te le jure, j’amènerai toute la puissance de Cygnar en Llael pour écraser les envahisseurs ».

La passion dans la voix du jeune roi était émouvante, et il y avait ici quelque chose qui ne ressemblait pas à son père. Il avait déjà appris qu’il existait d’autres moyens de motiver les gens que par la peur ou le tranchant d’une épée. Un roi qui s’exprimait franchement et avec passion à ses sujets pouvait rassembler une nation derrière lui aussi facilement qu’un tyran qui exigeait leur soutien.

Les paroles de Julius eurent l’effet escompté, peut-être plus que ce que le roi ou tout autre personne présente dans la pièce pouvait deviner. La princesse se pencha en avant. Elle embrassa doucement Julius sur la joue, puis s’éloigna. « Merci, Votre Majesté ».
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Roman - Poudrière
« Réponse #7 le: 28 juillet 2024 à 19:37:09 »
- 7-

« ELLE A NIÉ LA RÉCLAMATION », dit Julius en posant la lettre de l’impératrice de Khador sur la table. Il venait de finir la lettre à voix haute, et n’avait pas l’air en colère ; en fait, il avait l’air satisfait. Il avait fallu un peu plus de deux semaines à Ayn Vanar pour rejeter les prétentions de Kaetlyn di la Martyn au trône de Llael.

Ils étaient de retour dans la salle du conseil intérieur, en présence de tous les membres. De plus, la Princesse di la Martyn était présente, assise à côté du roi. Elle était devenue une habituée des réunions. Elle s’exprimait rarement, mais elle écoutait, et il était de plus en plus clair chaque jour qu’elle avait l’oreille du roi. Stryker l’approuvait d’ailleurs. Malgré sa jeunesse et son inexpérience, Kaetlyn avait une connaissance fine des affaires d’état, et elle était honnête et franche. Elle pourrait peut-être contrecarrer l’influence de créatures telle Orin Midwinter sur le roi.

« Elle sait très bien qu’elle viole le traité », déclara Leto. « Et les conséquences de cela ».

« Parfaitement », ajouta le Maître de Guerre Ebonhart. « Elle ne nous laisse d’autres choix que de faire valoir les prétentions de la princesse ». Il y eut des hochements de tête et des accords autour de la table du conseil.

« Mon oncle, rédige immédiatement une déclaration de guerre », prononça Julius. « Je veux qu’il soit présenté à l’Assemblée Royale dans la semaine ».

Leto hocha gravement la tête. « Oui, Votre Majesté ». Stryker ne pouvait imaginer ce que ressentait son ancien roi. Son propre avait été marqué par des guerres et des conflits presque constants, et il avait fait  de son mieux pour faire ce qui était juste pour son peuple. Il vu la paix s’installer sur le Cygnar durant un bref instant, pour ensuite à nouveau la voir consummée par les flammes de la guerre.

« Maître de Guerre Ebonhart, Navarch Sparholm, Seigneur Général Stryker, vous allez commencer à planifier l’invasion de Llael immédiatement », prononça Julius.

Le mot invasion ne plaisait guère à Stryker. Au cour de toutes ses années au sein de l’armée cygnaréenne, il s’était battu pour défendre le Cygnar ou le Llael, en réction à l’agression des nations ennemies. Désormais, le Cygnar deviendrait l’agresseur et commencerait le combat au lieu de le subir.

« Reblad », poursuivit Julius, « quand Asheth Magnus arrivera-t-il de Cinq-Doigts ? »

Ce fut comme si quelqu’un avait porté un coup de pied dans l’estomac de Stryker. Ses yeux s’écarquillèrent et il ouvrit la bouche pour exprimer l’indignation bouillant en lui, pour crier contre la pure folie des paroles du roi. Mais il se contrôla. « Votre Majesté, vous ne pouvez pas être sérieux », finit-il par prononcer.

La salle du conseil devint silencieuse, et les yeux de Julius se rétrécirent. « Seigneur Général, je suis bien conscient de votre histoire avec Asheth Magnus, mais il a été et est toujours l’un des meilleurs esprits militaires des Royaumes d’Acier. De plus, je ne serais pas assis sur ce trône sans Ashet Magnus. J’ai une dette envers cet homme ».

« C’est un criminel de guerre », répondit Stryker en serrant les poings. Asheth Magnus avait servi le père de Julius et avait été l’un de ses serviteurs les plus impitoyables. Il avait également éét été le mentor de Stryker, développant ses talents de warcaster et lui attribuant une place dans la Garde Royale. Lorsqu’il devint évident à quel point le Roi Vinter était dangereux et que Magnus le suivait aveuglément, Stryker s’était joint aux côtés de Leto Raelthorne pour renverser Vinter lors d’une brève et sanglante appelée le Coup d’État du Lion. Magnus avait été gravement blessé au cours du combat, mais s’était échappé. Il avait ensuite passé les quinze années suivantes à travailler au rétablissement de Vinter sur le trône. Il avait également servi de mentor à Julius pendant que le garçon était en exil. Certes, au cours des derniers instants de la guerre civile, Magnus tua Vinter, portant le coup fatal alors que l’ancien roi combattait Leto et Stryker. Mais Vinter avait également tenté de tuer Julius, et le nouveau roi avait gracié Magnus lors de son accession au trône.

Tous les regards se tournèrent vers Stryker, et il put voir qu’il n’était pas le seul à avoir une opinion sur Magnus. Leto, Reblad et Ebonhart semblaient tous préoccupés, voir inquiets, mais aucun d’entre eux ne dit quoi que ce soit.

« Seigneur Général Stryker », dit Julius en soupirant avec exaspération. « Je m’attendais à une réaction de votre part à cette nouvelles, mais je ne m’attendais pas à ce que vous oubliez votre place et insultiez votre roi ».

Encore une fois, la réprimande. Julius ne lui avait pas crié dessus ni même menacé ; au contraire, son ton calme, presque parental, était bien pire, bien plus humiliant.

« Votre Majesté, je vous demande pardon », répondit Stryker en se levant. Il croisa le regard de chaque membre du conseil. « Membres du Conseil, Asheth Magnus est un homme dangereux et fourbe. Vous le savez tous. Vous savez tous combien de morts cygnaréennes peuvent lui être imputées- ». »

« Tenez votre langue, Seigneur Général », dit Julius en se levant d’un bond, renversant sa chaise avec fracas. À côté de lui, la princesse recula visiblement devant son emportement.

Les visions de Vinter Raelthorne se bousculèrent dans l’esprit de Stryker, comme si le tyran était à nouveau sur le trône. Il tremblait de fureur, et son don, la magie faisant de lui un warcaster, se rassemblait à l’arrière de son crâne, un bourdonnement désespéré, une tempête électrique désireuse d’être libérée. La Garde Royale présente dans la pièce se raidit, les mains remontant vers leurs pistolets. Était-il si proche de la violence qu’ils craignaient qu’il n’attaque le roi ?

« Seigneur Général Stryker », dit Leto en se levant également. Sa voix était calme et mesurée. « Vous ne faîtes peut-être pas confiance à Magnus, et sincèrement » - il regarda son nouveau - « j’ai aussi des doutes, mais c’est la volonté de votre roi. Mon neveu a eu une vision du caractère de Magnus qu’aucun de nous ne possède ».

Stryker était déconcerté. Comment Leto pouvait-il même envisager l’idée que Magnus reprenne sa place à la cour cygnaréenne ? Au cours de son règne, Leto s’était acharné à retrouver Magnus et à le traduire en justice. Pire encore, Magnus avait failli tuer Leto après avoir tuer Vinter, et seule la présence et la rapidité d’esprit d’un warcaster nommé Allister Caine l’en avait empêché. À présent, Leto accueillait l’homme dans la capitale, dans la salle du trône, où il pourrait influencer un autre roi cygnaréen. Les yeux du nouveau roi étaient toujours braqués sur lui, pénétrants et froids. Stryker était plus seul qu’il ne l’avait jamais été. L’idée de démissionner lui vint à l’esprit – il ne doutait pas que Julius accepterait une telle démission – mais il y avaient encore des personnes qui dépendaient de lui, des hommes et des femmes qui l’avaient suivi au combat parce qu’ils lui faisaient confiance. Il ne pouvait pas les abandonner à Magnus, qui serait presque certainement promu Seigneur Général une fois Stryker parti.

« Pardonnez-moi, Votre Majesté », répondit-il en baissant la tête. C’était une marque de respect, mais cela cachait aussi la crispation de sa mâchoire.

Le roi ne dit rien pendant un moment, mais il se rassit, lissant sa veste. « Vous êtes pardonné, Seigneur Général », dit-il enfin, rompant le long et inconfortable silence qui s’était installé dans la salle. « Je sais que votre histoire avec Asheth Magnus est difficile et, en vérité, j’ai moi aussi en désaccord certaines de ses .. méthodes par la passé. Mais j’attends de vous que vous mettiez cela de côté pour le bien du Cygnar. En êtes-vous capable ? »

Stryker inspira profondément. « Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour travailler avec … lui ». Il ne pouvait pas se résoudre à prononcer quelque chose d’aussi simple que « oui ». La situation était bien trop complexe et chargée d’émotions pour cela.

« Bien », répondit Julius. « Alors revenons à des question plus importantes. Nous avons une guerre à planifier ».

* * *

STRYKER SE DÉPLAÇAIT DANS LE HALL PRINCIPAL de la résidence royale, une aile du Château Raelthorne abritant le roi et les membres de la famille royale. Il avait assez entendu le roi, assez entendu parler de guerre, et il n’y avait qu’un seul homme qui pouvait les détourner de la voie que Julius avait choisie.

Les gardes royaux à l’extérieur des appartements du Haut Chancelier Leto reconnurent Stryker alors qu’il approchait. L’un deux, un petit homme à la barbe grise nommé Harken, était en service lorsque Stryker était devenu membre de la garde il y a près de vingt ans.

« Sergent Harken », dit Stryker. « Cela fait longtemps ».

Le visage du vieux garde semblait taillé dans la pierre – il avait passé près de trente ans au garde-à-vous, immobile et vigilant – mais un léger sourire plissa ses lèvres. « Tu as un rendez-vous avec le haut chancelier, Seigneur Général ? » demanda-t-il. « Il ne t’attends pas ».

C’était vrai, mais il espérait toujours que Leto lui parlerait. « Non, mais c’est une affaire urgente. Veux-tu informer le haut chancelier que je souhaite m’entretenir avec lui ».

Harken grogna et fronça les sourcils, mais se tourna vers la porte et frappa deux fois.

« Entrez ». La voix de Leto traversa la porte.

Harken ouvrit la porte et pénétra dans la chambre. « Le Seigneur Générall Stryker attend dans le hall, monseigneur. Il demande une audience ». Il fut une époque où Stryker aurait pu simplement passer devant les gardes et exiger une audience, mais il devait garder la tête froide. Il n’était pas sur le champ de bataille et c’était une guerre d’un type très différents.
« Faites-le entrer », dit Leto.

Le vieux garde se tourna vers Stryker. « Le haut chancelier va te recevoir ».

Stryker passa devant le garde et pénétra dans la chambre de Leto. Elle était spacieuse et bien aménagée, mais pas encombrée. Leto était un homme simple, et la chambre reflétait ses goûts. Le haut chancelier était assis à un large bureau près d’une fenêtre, et le soleil déclinant entrait à flots, accrochant le bleu brillant de l’uniforme de Leto. Il avait l’air majestueux, royal.

Leto posa sa plume et empila une liasse de papiers devant lui. L’ancien roi du Cygnar faisait de la paperasse pour son neveu ; c’était indigne de l’homme suivait depuis si longtemps. « J’ai pensé que tu pourrais venir me parler », dit-il en désignant une chaise moelleuse devant le bureau.

« Je souhaitais parler en privé, juste un instant, Votre Altesse », dit Stryker. C’était quand même étrange de ne pas dire Votre Majesté.

Leto croisa les mains devant lui sur le bureau. « Alors exprime toi ».

« Je veux savoir pourquoi vous soutenez les plans du roi d’envahir le Llael pour déclencher une nouvelle guerre avec le Khador ».

La franchise de Stryker ne sembla pas perturber Leto, et il fixa Stryker un moment avant de parler. « Je pense que tu veux poser une question différente », déclara-t-il. « Je ne pense pas que tu veux me demander pourquoi je suis mon neveu si volontiers, aveuglement même ».

« Monseigneur, je n’aurais jamais- » commença Stryker, mais Leto leva la main pour le faire taire.

« T’es-il venu à l’esprit que je suis réellement d’accord avec Julius ? » demanda Leto.

Stryker fut à court de mots. Le haut chancelier avait raison : Stryker pensait que Leto soutenait le roi par obligation, par loyauté, peut-être même par loyauté. Il n’avait pas imaginé que Leto était réellement favorable à une guerre qui pourrait tout leur coûter.

« Je ne comprends pas », répondit Stryker. « Vous – nous – avons combattu le Khador pendant si longtemps, vu tant de vies perdues, et maintenant nous avons la paix, pour la première fois depuis plus d’une décennie. Pourquoi tout gâcher ? »

Leto se leva et se tourna vers la fenêtre. Les épaules de l’ancien roi étaient crispés, comme si les paroles qu’ils allaient prononcer étaient douloureux. « Nous les avons combattus, oui » prononça-t-il. « Nous avons défendu le Cygnar et le Llael là où nous le pouvions, mais nous n’avons pas éliminer le Khador. Nous nous sommes battus, mais nous nous sommes repliés, nous avons perdu des hommes et des terres, puis nous nous sommes contentés de ce traité ». Il se tourna vers Stryker. « Je sais que tu t’es battu courageusement pour le Cygnar, pour moi, et je te serai à jamais reconnaissant de la loyauté : qu’avons-nous gagné pendant toutes ces années ? »

« Qu’avons nous gagné ? » dit Stryker interloqué. « Nous avons protégé le Cygnar. Nous avons assuré la sécurité de notre peuple ».

« Mais notre ennemi demeure, et maintenant, il es plus fort », déclara Leto. Son regard était devenu dur, amer. « Mon neveu a beaucoup de son père en lui. Je sais que cela te dérange, mais mon frère n’a pas toujours été le montre qu’il était devenu. Il avait de la force Son fils à de la force ; peut-être une force que je ne connais pas ».

« Ce n’est pas vrai, mon seigneur », répondit Stryker en se levant. « Vous étiez un bon roi, un homme que j’ai suivi sans hésitation, une homme que j’aurais suivi jusqu’à la mort ».

Leto sourit. « Tu es un homme bon, Coleman, et un bon soldat, mais je n’ai fait que défendre, et ce faisant, nous avons perdu du terrain en tant que nation. Julius a la force de reprendre ce que nous avons perdu, de rendre le Cygnar plus fort qu’il ne l’a jamais été, de combattre nos ennemis. C’est un roi qui mérite d’être suivi ».

Leto était un homme que Stryker avait admiré, qu’il s’était efforcé d’imiter. Il était étrange de l’entendre parler de lui de cette façon. « Monseigneur, les risques sont trop grands. Si nous envahissons le Llael, et que nous sommes repoussés par le Khador, cela pourrait les encourager à envahir le Cygnar. Les pertes que nous avons subies au cours de la guerre contre votre frère n’ont pas été compensées, et de nouvelles pertes nous rendraient vulnérables ».

« Tu as raison, bien sûr », déclara Leto. « C’est un risque, mais un risque que nous devons prendre sinon nous perdrons le Cygnar petit à petit au profit de ses ennemis ». Il traversa la pièce et posa ses mains sur les épaules de Stryker. « Je recommande que tu diriges les force d’invasion. Tu es la meilleure chance de Cygnar, et si tu n’as aimé en tant que roi, offre à Julius la même loyauté, le même courage que tu m’as donné ».

Stryker ne put regarder Leto dans les yeux et tourna la tête. « Et Magnus ? Approuvez-vous cela également ? »

Leto le relâcha et recula. Son visage se durcit. « Je ne lui ferai jamais confiance, mais le roi lui fait confiance, et Magnus lui a été fidèle. Je ne pense pas qu’il saperait délibérément les objectifs de Julius.

« Le monde que je connaissais a disparu », dit Stryker, plus pour lui-même que pour Leto. « Je ne connais pas ma place dans celui-ci ».

« Tu es un Seigneur Général de Cygnar », répondit Leto. « Cygnar existe aujourd’hui grâce à tes actions. Des hommes comme Magnus ne pourront te l’enlever si tu leur permets pas ».

« Vous avez raison, Votre Altesse », dit Stryker. « Je m’excuse si j’ai dépassé les bornes ». Il était bon d’entendre que Leto appréiait encore tout ce qu’il avait fait et sacrifié pour protéger le Cygnar.
« Je suis désolé de vous avoir dérangé », dit-il. « Je vais vous laisser ».

Leto acquiesça tandis que Stryker se dirigeait vers la porte. Il l’ouvrit, mais avant de la franchir, il entendit la voix de Leto. « Tu es un élément important de l’avenir de Cygnar, Coleman. Ne l’oublie pas ».
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Roman - Poudrière
« Réponse #8 le: 28 juillet 2024 à 19:43:47 »
- 8-

LA GARNISON CASPIENNE ABRITAIT près de deux cents membres de l’infanterie Lame-Tempête ainsi qu’un bon nombre de leurs homologues de la cavalerie, les Lances-Tempête. La plupart de ces troupes provenaient de la Division Tempête de Stryker, qui n’avait pas de quartier général fixe et avait été en grande partie retirée de la structure des quatre armées de Cygnar ; par conséquent, ils pourraient théoriquement être déployés n’importe où. La vérité était que la majeure partie de la Division Tempête était en garnison à la frontière entre le Khador et le Cygnar, même si une large partie de ses Chevaliers-Tempête et de ses warjacks seraient rappelés pour l’invasion de Llael.

Lorsqu’elle était beaucoup plus petite, la Division Tempête était autrefois hébergée à Caspia dans le cadre de la garnison générale, et Stryker utilisait l’ancien complexe Lame-Tempête comme QG générale et quartiers personnels.

Sa section préférée de la garnison était le terrain d’entraînement réservé aux éléments de la Division Tempête. Il avait passé de longues heures dans ce genre d’endroit pendant sa jeunesse, s’entraînant avec les Lames-Tempête nouvellement formés et recevant des instructions d’hommes comme Garvin Tews. La cour était petite mais toujours utilisable. Il s’agissait d’un carré de terre battue de cinquante verges de côté, avec des cloches en bois à une extrémité pour l’entraînement au couteau et des bermes en terre à l’autre pour s’entraîner au lancer d’éclair.

Il n’y avait qu’une seule autre personne dans la cour d’entraînement. Stryker sourit en voyant Garvin Tews, ressemblant à un ours, s’attaquer à un pylône de bois à l’aide d’une glaive-tempête émoussé. Tews le regarda approché, planta la pointe de son épée dans le sol et s’appuya dessus.

« Dure journée, Seigneur Général ? » demanda-t-il lorsque Stryker s’approcha.

Stryker grimaça. Que savait déjà Tews ? « On pourrait dire ça, Capitaine ».

« Maudit Magnus », dit Tews en secouant la tête. Donc, il avait entendu. Stryker se demanda de qui il tenait ces informations. Il décida que cela n’avait pas d’importance. « Difficile de croire que ce fils de pute de traite entrera en Caspia en tant qu’homme libre et à la demande du roi en plus ».

Stryker réprima une pointe de colère à la mention de Magnus. « Je ne suis pas ici pour parler de Magnus », dit-il. « Je suis là pour te tabasser comme un gobber unijambiste dans le cercle d’entraînement ». Il fit un large sourire au capitaine Lame-Tempête. « Enfin, si un vieil homme comme toi peut encore soulever un glaive-tempête ».

« Oh, c’est un fait ? » répondit Tews en posant son glaive d’entraînement sur son large épaule. « Peut-être as-tu oublié qui t’as appris à utiliser un glaive-tempête en premier lieu ? »

« Non, je ne l’ai pas oublié », reprit Stryker. Cette partie était vraie, mais un souvenir troublant de Magnus lui apprenant à utiliser la grande épée caspienne le long de la route Ruissepêche à Caspia lui vint instantanément à l’esprit. C’était Magnus qui lui avait montré les bases du maniement de l’épée. Il repoussa le souvenir et se força à sourire. « Je suis juste meilleur que toi maintenant ».

« Tu veux mettre cela à l’épreuve ? » demanda Tews. Il avait laissé tombé les messieurs et les seigneurs généraux. Ils étaient amis et ici, maintenant, leur rang n’avait plus d’importance.

« Quoi, avec Vif-Argent ? » dit Stryker en tapotant le manche de sa lame mékanique toujours fixée au dos de son armure de warcaster. « Tu as peut-être un petit avantage » ; dit Tews en montrant râtelier de glaives d’entraînement à proximité.

« D’accord », répondit Stryker en s’emparant d’une lame sur le support. Il retira Vif-Argent de son dos et la plaça à la place de l’arme d’entraînement.

« Prêt », dit Stryker en se dirigeant vers l’un des cercles d’entraînement situés à proximité. Tews sourit et le rejoignit.

Tews saisit sa lame d’entraînement émoussée à deux mains. Comme tous les glaives-tempête, elle avait une longue poignée et se maniait plus comme une grande épée que comme une arme d’hast. Tews portait une armure de plate usée, son armure d’entraînement, bien cabossée et éraflée par d’innombrables heures d’entraînement.

Cela faisait longtemps que Stryker n’avait pas utilisé de glaive-tempête ; il avait la taille et le poids de Vif-Argent, mais son arme à lui était calquée sur la grande épée caspienne, plus traditionnelle. Stryker portait son armure de warcaster, mais il avait désactivé la turbine arcanique ; le champ d’énergie qu’elle générait lui donnerait un autre injuste avantage.

Elle leva son arme en garde haute, orientant la pointe vers son adversaire. « Prêt ? » demanda-t-il ?

Tews hocha la tête et adopta une position plus défensive, tenant sa propre arme avec la poignée proche du ventre, la lame projetée vers l’extérieur. Ils s’étaient affrontés à de nombreuses reprises et, en vérité, Tews était meilleur épéiste. Stryker était un expert avec la lame, mais sa capacité à canaliser son don de warcaster dans ses frappes, augmentant leur précision, leur vitesse et leur impact, en faisant de lui un adversaire de taille, même pour les meilleurs épéistes dépourvus de ce don, à condition qu’il se batte avec son armement uniquement. Bien sûr, une règle tacite entre lui et Tews voulait qu’il n’emploie pas ces armes et ces dons pour faire pencher la balance en sa faveur. Ce serait antisportif. Cela signifiait généralement qu’il se retrouvait avec une série de bleus douloureux à la fin de leur séance d’entraînement.

« Trois touches ? » demanda Tews.

« Comme toujours », répondit Stryker.

« Viens les chercher ».

Stryker ne perdit pas de temps et se précipita en avant, sa lame s’abattant en une puissance frappe diagonal. Tews leva son arme et se déplaça sur le côté avec une grâce et une rapidité dont la plupart des gens penseraient qu’un homme aussi grand était incapable. Leurs lames se rencontrèrent dans un choc retentissant, et Tews dévia la lame de Stryker, manquant son épaule droite de quelques pouces.

Tews utilisa son mouvement latéral pour lancer une riposte, une frappe rapide vers l’avant autour de la lame de Stryker n’ayant pas la force d’un élan complet, mais avec un épéiste de la taille et de la force considérable de Tews, cela n’avait guère d’importance. Si la turbine arcanique de Stryker avait été activée, le champ d’énergie généré par l’appareil aurait privé l’arme de Tews d’une partie de son énergie cinétique, voire l’aurait arrêtée net. Mais sans cette protection, la pointe de l’arme du Lame-Tempête s’écrasa sur le plastron de Stryker avec un bruit sourd et le fit trébucher en arrière, grimaçant.

« Une », dit Tews en levant un doigt.

« Morrow, tu es trop rapide pour un homme de ta taille », répondit Stryker, sachant qu’il aurait une ecchymose sur la poitrine la semaine prochaine. « Et pour ton âge », ajouta-t-il avec un sourire ironique.

« La vitesse est l’un des nombreux dons, et avec l’âge viennent la sagesse et les compétences », déclara Tews.

Stryker reprit la garde haute et Tews reprit sa lame en garde moyenne. Il se rencontrèrent à nouveau. Cette fois, Stryker lança une feinte à la tête de Tews, qui leva sa lame pour l’intercepter. Stryker dévia sa frappe à la dernière seconde et inversa sa direction pour porter une frappe basse. C’était une technique difficile avec une lame aussi grande mais il n’était pas dépourvus de dons.

La lame frappa la jambière gauche de Tews avec craquement satisfaisant, cabossant l’acier et faisant trébucher le grand Lame-Tempête sur le côté.

Tews rit. « Je ne vois jamais celui-là la première fois que tu le lances », dit-il en secouant sa jambe gauche.

« C’est pourquoi je le lance à chaque fois », répondit Stryker. « Oh, et une pour moi ».

« Égalité, alors », répondit Tews, et il leva son glaive en garde haute, imitant Stryker. Cela signifiait que Tews passait à l’offensive, et Stryker gémit intérieurement. D’autres bleus en perspective.

Ils se battirent encore pendant dix minutes et Tews remporta le match, comme il le faisait habituellement, trois touches à deux. La dernière « touche » avait été une autre riposte à l’un des coups de Stryker, et elle avait été si forte et si rapide qu’il n’avait pas pu la ralentir, ni même la toucher avec sa propre lame. Tews l’avait complètement désarçonné ; à bout de souffle. S’il s’était agi d’un véritable glaive-tempête, Stryker aurait été coupé en deux. Bien sûr, à certains moment, si Stryker avait été en duel avec Vif-Argent, il aurait pu canaliser sa volonté dans ses attaques, utilisant ses dons innés pour ajouter de la vitesse. et de la précision à ses coups. Mais pour cette entraînement, Vif-Argent n’était pas présente. Après tout, lui et Tews avaient un accord.

Tews s’approcha de Stryker qui était assis sur par terre, essayant de faire coopérer ses poumons. Tews sourit d’une oreille à l’autre. « Ça fait trois. Tu veux une autre série ? »

Stryker leva les yeux vers son vieil ami et secoua la tête. Il tendit la main et Tews le releva. Il grimaça alors que le soudain mouvement provoquait une nouvelle douleur dans sa poitrine meurtrie. « Non, Capitaine, j’ai eu mon compte », répondit-il après avoir réussi à faire pénétrer suffisamment d’air dans ses poumons pour cette tâches. « Les combats d’entraînement avec toi donnent à un homme l’envie de choses faciles, comme une invasion et une guerre à grande échelle ».

Tews s’esclaffa. « Nous savons tous les deux que je ne suis pas de taille à t’affronter si tu employais ne serait-ce qu’une infirme partie de tes réelles capacités ».

« Peut-être », répondit Stryker. « Mais Morrow au-dessus, mec, je suis content que tu sois de nôtre côté ».

Le visage de Tews devint sérieux. Je serai toujours à vos côtés, monsieur. Peu importe ce qui arrive ».

Stryker sourit avec lassitude. « Je n’en ai jamais douté », déclara-t-il. « Maintenant, vas-tu me dire comment lancer cette fichue riposte que tu m’as assénée à la fin ? »

« Vous devriez demander au Major Maddox, monsieur », répondit Tews avec un sourire narquois. « C’est elle qui me l’a montré ».

« Me demander quoi ? » prononça une voix derrière eux.

Stryker se retourna et vit une warcaster, apparemment de son âge, traverser la cour d’entraînement vers lui. Elle était grande, mince, avec des cheveux courts couleur paille, des pommettes saillantes et des yeux bleus. Elle se déplaçait comme une guerrière, avec grâce et une certaine économie de mouvement que tous les épéistes habiles semblaient acquérir. Le Majour Elizabeth Maddox portait une armure similaire à celle de Stryker – elle aussi était alimentée par l’énergie galvanique plutôt que par la vapeur – bien qu’un peu plus légère. Elle tenait d’une main une énorme lame mékanique à deux mains. Cette arme ressemblait à un glaive-tempête, mais elle réservait de nombreuses surprises aux ennemis de Cygnar. Stryker avait vu cette arme, Tempête, en action de nombreuses reprises.

« Beth », dit Stryker. Il connaissait depuis plus de quinze ans, et il avaient servi ensemble sur de nombreux champs de bataille, à commencer par le premier conflit en Llael. Elle était membre de l’infanterie Lame-Tempête et un vétéran chevronné lorsque son talent de warcaster avait été découvert, et elle était maintenant l’une des meilleurs warcasters de l’armée cygnaréenne.
Maddox lui offrit un rare sourire, qui effaça momentanément la touche de tristesse qui semblait toujours présente sur son visage, un détachement qui la faisait paraître froide. Maddox avait de bonnes raisons de souffrir, comme le savait Stryker. Elle avait passé trois ans comme prisonnière de guerre au mains du Protectorat de Menoth. Elle avait été libérée il y a des années, mais les tortures qu’elle avait endurées…

« Bonjour, Beth », dit Tews. Il lui sourit, mais il y avait une certaine tristesse dans ses yeux. Ils avaient été ensemble avant qu’elle ne soit capturée par le Protectorat ; cette relation était visiblement terminée.

Elle fit un signe de tête à Tews puis se tourna rapidement vers Stryker, comme si elle ne supportait pas de regarder le grand Lame-Tempête. « J’ai entendu dire que vous vous cachiez ici », dit-elle. Le sourire avait disparu, mais il y avait un ton ironique dans sa voix. Tout comme Tews, elle ne s’embarrassait pas de protocole formel, ils étaient tous amis ici.

« je ne me cachais pas », déclara-t-il. « Je faisais juste un peu d’exercice.

« J’ai vu », répondit Maddox. « Vous en voulez un peu plus ? »

Stryker réfléchit à la proposition. Cela faisait des années qu’il ne s’était pas entraîné avec un autre warcaster. Il avait certes combattu plus d’un warcaster ennemis, mais il avait depuis longtemps dépassé le besoin de s’entraîner avec l’un de ses compagnons doués. Il ne l’avait pas fait avec Maddox depuis l’époque où ils étaient ensemble au sein des Lames-Tempête, bien avant que son talent ne soit rendu public et que le sien ne se manifeste. Il soupçonnait que sa proposition avait une arrière-pensée. Maddox n’avait jamais hésité à partager ses opinions avec ses supérieurs, et Stryker lui accordait plus de latitude que la plupart des autres. Un sermon de sa part allait certainement arriver.

« Prends une lame d’entraînement », dit Stryker. « Tu te souviens encore comment utiliser un glaive-tempête ? »

Elle ricana par-dessus son épaule. « Je crois que je peux m’en sortir ». Elle choisit une lame d’entraînement et posa Tempête sur le support à côté de Vif-Argent.

Elle revint vers Stryker en tenant la lame dans une main. Son armure de warcaster, comme la sienne, accroissait la force de celui qui la portait lorsque la turbine arcanique était mise sous tension.

« Avant de commencer », dit Maddox, « j’aimerais vous dire que vous plein de merde de buffle, monsieur ».

Il savait que sa franchise ne devrait pas le surprendre, mais c’était toujours le cas. Depuis son retour en Cygnar, elle avait assumé un poste de commandement au sein des Lames-Tempête, et Stryker comptait sur elle pour obtenir des conseils - elle était compétente, honnête et n’avait pas peur de dire ce qu’elle pensait, même à un officier supérieur. Cela avait toujours son utilité – si l’officier supérieur n’était pas trop égocentrique pour supporter la critique. Parfois, Stryker se demandait s’il était à la hauteur.

« Eh bien, c’est mon signal que cette conversation est au-dessus de mes compétences », répondit Tews en replaçant sa lame d’entraînement sur le râtelier. « Je vais vous laisser régler ça tous les deux ».

Stryker regarda Tews disparaître dans le bâtiment principal de la garnison, puis prononça, « Les dents de Thamar, Beth. Dis-moi ce que tu penses vraiment ».

« Avec plaisir. Tu dois accepter que Magnus fasse à nouveau partie de ta vie, et plus important encore, de celle du roi ». Elle ne luis laissa pas le temps de répondre et s’élança vers l’avant, sa lame jaillissant dans une frappe basse et ascendante.

Elle l’avait pris au dépourvu, mais il parvint à abaisser sa propre lame pour parer la sienne. L’impact lui fit mal à la tête – elle avait utilisé son talent arcanique pour ajouter de la vitesse et de la puissance à ce coup. Avant qu’il ne puisse riposter, elle recula d’un bond, souple et agile.

Il tourna sur sa gauche. « Bon sang, tu étais là. Tu as vu à quel point il était un monstre, à quel point il était disposé à servir un tyran, à quel point il était disposé à tuer des cygnaréens ».

« Oui, j’étais là, et je me souviens très bien du genre d’homme qu’était Magnus », dit-elle, en le rejoignant pas à pas. « Mais cela n’a pas vraiment d’importance. Nous avons un nouveau roi et ce n’est pas un tyran ».

Cette fois, Stryker passa à l’offensive et attaqua avec son arme. Il retira sa main supérieur de la poignée et la balança avec sa main inférieure tout en s’élançant vers l’avant. Balancer un glaive-tempête à une main n’était pas une tâche facile, même avec une armure de warcaster, mais ce mouvement lui donnait près de trente centimètres d’allonge. Le mouvement surpris Maddox et elle bondit en arrière, mais pas assez rapidement. Son champ d’énergie s’enflamma lorsque la lame de Stryker le percuta, puis le traversa. La pointe de son glaive-tempête l’atteignit au-dessus de la hanche droite. Son champ d’énergie lui avait volé une partie de la force de son coup, mais il fut encore assez puissant pour la faire chanceler sur le côté. Elle récupéra instantanément et repoussa le coup suivant avec le plat de sa lame.

« Cela reste à voir. C’est le fils de son père », dit Stryker en respirant difficilement. « Il y a déjà des influences douteuses au sein de son conseil ».

Maddox secoua la tête. « Il est jeune et il est peut-être un peu téméraire, mais ce n’est pas Vinter Raelthorne. De plus, il y a d’autres membres de son conseil qui peuvent contrecarrer les influences dont tu parles. Son oncle, le Duc Ebonhart, et si tu veux bien te sortir la tête du cul, toi ».

Stryker émit un son dégoûté. « Est-ce que tout le monde sait que tu parles ainsi à un seigneur général ? »

Elle grimaça, mais sa réponse fut une fente soudaine, alors qu’elle utilisait son glaive-tempête comme une grande rapière. Elle était plus rapide que lui, plus rapide que Tews, et la parade de Stryker fut loin d’être à temps. La pointe de l’arme de Maddox s’écrasa sur sa poitrine avec la force d’un train – elle n’y était allé de main morte. Ce coup aussi avait été augmenté et l’avait fait reculer de trois pas, jusqu’à ce qu’il ait un genou à terre. Seul son champ d’énergie lui avait évité d’être totalement assommé.

« Il ne m’écoute pas. L’unique raison pour laquelle je fais partie du conseil intérieur, c’est à cause de Leto », répondit Stryker en se redressant péniblement. Maddox le laissa se relever.

« Coleman, il ne s’agit pas de toi ; il s’agit de ce qui est bon pour le Cygnar », déclara-t-elle. « Allez. Tu vaux mieux que ça. Je le sais. Pourquoi il te faut tant de temps pour que tu le remarque ? »

Stryker sourit malgré la réprimande. « Tu as autant de tact que le poing d’un Cuirassé ».

« Je ne suis pas fait pour la diplomatie, je suppose. Et franchement, si je pensais que cela te ferait entendre raison, je laisserai Arsouye t’en mettre plein la vue. Mais je peux probablement encore le faire moi-même. Elle se lança à nouveau en avant, mais Stryker l’attendait celle fois. Elle avait anticipé en mettant du poids sur sa jambe avant. Il leva sa lame et attrapa la sienne en hauteur, laissant la partie médiane complètement exposée. Il lança un coup de pied frontal dans le ventre armuré de la jeune femme, mettant toute sa magie dans le coup. Il l’attrapa et l’envoya s’écraser trois pas en arrière, puis sur les fesses.

« Je suis devenue rouillée », dit-elle en se levant et en grimaçant. « J’aurais dû le voir venir ».

Il recula et la laisser se relever, comme elle l’avait fait pour lui. « J’entends bien ce que tu dis », dit-il. « Mais je crois que personne ne connaît Magnus comme je le connais. Personne ne sait vraiment à quel point il est dangereux ».

Elle se pencha au niveau de la taille, reprenant son souffle. « C’est peut-être vrai », dit-elle aprus un moment. « C’est une raison de plus pour que tut te taises et que tu reste dans les bonnes grâces du roi ».

Il poussa un long soupir irrégulier. « Pour que je puisse le surveiller. Je sais ».

« Exactement ». Elle brandit son épée. « On en est où, deux touches à une ? »

« Oui, tu veux appeler... » Elle n’annonça pas son attaque suivante. C’était une charge, mais elle venait d’un angle oblique – elle avait fait un saut à gauche et s’était précipitée vers l’avant pratiquement en même temps. C’était un degré d’agilité et de vitesse qu’il ne possédait tout simplement pas.

Il tournoya pour répondre à l’attaque de la jeune femme, qui cumula avec un coup de poing dans le dos au niveau de sa poitrine, et leva sa propre arme pour intercepter la sienne. Trop lent. Son champ d’énergie brilla, puis il se retrouva au sol, ses côtes palpitant de douleur.

Maddox se tenait au-dessus de lui, triomphante, et lui tendit la main. « Cela fait deux pour moi. Appelons cela un match nul ».

« Ça me va », grogna-t-il alors qu’elle le relevait. « Ils auront besoin de moi intact quand j’arriverai sur le champ de bataille ».
« Modifié: 04 août 2024 à 19:15:44 par elric »
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Roman - Poudrière
« Réponse #9 le: 04 août 2024 à 19:20:37 »
- 9-

LE TON DE LA VILLE CHANGEA au cours des semaines suivantes. Une fois la déclaration de guerre rédigée, elle fut rapidement ratifiée par l’Assemblée Royale, et c’est alors que débuta l’inévitable diffusion d’informations au sein de la population. Aucune annonce officielle n’avait été faite au peuple de Cygnar, et les différents nobles avaient juré de garder le silence jusqu’à ce que le roi leur donne l’autorisation d’en parler aux habitants de leurs provinces et de leur domaines. Mais avec plus d’une centaine de nobles dans l’Assemblée Royale, il y avait forcément des bavards.

Stryker entendait des murmures de guerre dans les rues et, en général, partout où il se rendait en Caspia. Sa seule présence était susceptible d’inciter les gens autour de lui à discuter de la probabilité d’une guerre.

Il avait passé les dernières semaines dans la garnison de Caspia, où étaient stationnés les membres de la Division Tempête, à passer du temps avec les amis et les camarades qu’il avait retrouvé au cours des quinze dernières années. Il n’avait pas beaucoup parlé au cours de ces semaines, préférant lutter contre les doutes et les craintes qui obscurcissaient son esprit plutôt que d’en accabler ses subordonnés. Il passait de longues heures dans la cour d’entraînement avec sa lame et son pistolet, répétition mécanique et effort physique servant à vider son esprit, au moins pour un moment.

Aujourd’hui, cependant, il allait devoir faire face à la source de sa consternation. Il avait été informé de l’arrivée de Magnus en ville. Bien que le warcaster  ne l’ait pas encore cherché, Stryker ne pouvait plus l’éviter. Plus exaspérant encore était que Magnus avait reçu un grade officiel au sein de l’armée cygnaréenne : celui de général, rien de moins. Stryker refusait de s’attarder sur ce point ; la présence de Magnus était bien plus pénible que son grade.

Le roi avait convoqué un conseil de guerre pour définir le plan d’invasion, plan auquel il avait contribué lors de réunions privées avec le Maître de Guerre Ebonhart et d’autres membres essentiels de l’Armée Cygnaréenne. Tout ce qu’ils avaient décidé serait probablement contesté ou modifié par Magnus ; Stryker ne doutait pas que l’homme voudrait faire connaître sa présence dès son retour à Caspia.

Stryker quitta la garnison tôt, attendant avec impatience la longue marche vers le palais pour rassembler ses pensées. Maddox l’attendait devant les portes du palais, et il était reconnaissant de la voir. Il serait bon d’avoir un ami à ses côtés pendant cette épreuve qui s’annonçait difficile.

« Major Maddox », prononça-t-il en s’approchant des portes principales.

« Vous êtes prêt, monsieur ? » Dit-elle et s’installa à côté de lui.

Il acquiesça. « Bien sûr », répondit-il. « Je ferai mon devoir. On m’a récemment rappelé, assez douloureusement, que je devais pas me comporter comme un cadet morveux se plaignant de… Comme dirais-tu ? »

« Peut-être ne pas être autorisé à manger à la table des officiers, monsieur », suggéra Maddox.

Il grimaça. « C’est déjà pas mal. Eh bien, quand je mangerai avec les autres officiers, il semble que le Général Magnus se joindra à moi ».

* * *

ASHETH MAGNUS ÉTAIT AUSSI ARRIVÉ TÔT au château, et il se tenait dans la grande antichambre à l’extérieur de la salle du trône. Le conseil de guerre s’y tiendrait au lieu de la plus petite salle de réunion du conseil intérieur. Le voir réveilla une tempête d’émotions de colère, de trahison et, plus que tout, d’une surprenante peur.

Asheth Magnus était plus ou moins tel que Stryker s’en souvenait de lui. Il était grand et avait les cheveux noirs, même si ses cheveux étaient maintenant parsemés d’argent. Son visage était maigre et belliqueuse, ses yeux sombres et pénétrants. Magnus portait une armure de warcaster, mais contrairement à celles fabriquées par l’Armurerie Cygnaréenne que portaient Stryker et Maddox, le kit de Magnus semblait rudimentaire, mais Magnus avait un don pour la mékanique – ma puissante technologie combinant les arcanes avec les machines – et ses créations étaient souvent d’une efficacité mortelle. Ses compétences en ingénierie se reflétaient dans la prothèse mékanique ayant remplacé son bras droit. Le membre avait été écrasé par la chute d’un warjack, un warjack renversé par la magie de Stryker lorsqu’il s’était retourné contre son ancien mentor. Le membre mékanique était une vilaine chose d’acier et de bronze et semblait tout aussi délabré que l’armure de l’homme.

Magnus n’était pas seul. Il était accompagné de deux hommes, et aucun d’eux ne semblait faire partie de l’armée cygnaréenne régulière. En fait, ils avaient l’apparence de mercenaires, probablement servi Magnus pendant son exil. Les rapports indiquaient qu’il avait fréquenté toutes sortes de personnages peu recommandables, y compris certains des criminels les plus infâmes des Royaumes d’Acier.

« Essayer de rester courtois, monsieur », prononça Maddox à Stryker. Le fait qu’elle l’ait appelé monsieur signifiait que le protocole était à nouveau en place – pour eux deux.

Il fit un signe de tête rigide et serra les dents. Même parler à Magnus lui retournait l’estomac, mais les conseils de Maddox pendant leur séance d’entraînement, en particulier son insistance sur le fait qu’il devait rester au conseil pour garder un œil sur Magnus et contrecarrer son influence du mieux qu’il pouvait, étaient la première et la plus importante de ses préoccupations.
Stryker traversa l’antichambre en direction de Magnus, qui se retourna pour l’accueillir, un léger sourire aux lèvres.

« Général Magnus », dit Stryker, son estomac se tordant à prononciation de ces deux mots ensemble.

« Seigneur Général Stryker », répondit Magnus. « tu t’es bien débrouillé. Ce n’est plus tout à fait le garçon que j’ai arraché de Ruissepêche il y a tant d’années.

Magnus avait tiré le premier coup, rappelant à toutes les personnes présentes que c’était lui qui avait amené Stryker à Caspia, lui qui avait autrefois servi de mentor à Stryker. Coup au but, mais Stryker avait de quoi répondre.

« Général Magnus, je sais que vous avez quitté la structure militaire depuis un certain temps, mais, comme vous vous en souvenez certainement, il est approprié d’appeler un officier supérieur, monsieur, lorsque vous vous adresser à lui ».

Le sourire de Magnus s’élargit, peut-être en reconnaissance de la réprimande de Stryker, peut-être juste pour qu’il puisse montrer ses dents tel le prédateur qu’il était. « Bien sûr, monsieur », dit-il. « Comme vous le dîtes, je suis en dehors de tout cadre militaire standard depuis un certain temps. Pendant mon temps, j’ai été forcé de recourir à un système de commandement plus… méritant ».

L’un des hommes qui accompagnait Magnus, un homme brutal au crâne chauve et à la poitrine et aux bras épais, gloussa. Il portait un plastron, cabossé mais peut-être un peu plus brillante pour l’occasion, orné du symbole délavé de l’organisation de mercenaires connue sous le nom de Tête d’Acier. Stryker doutait que cet homme ait servit au sein de cet organisation réputée depuis un certain temps. Il portait également une barre de lieutenant – de lieutenant cygnaréen – sur son épaule droite. Avant que Stryker ne puisse demander pourquoi cet ancien mercenaire avait reçu une commission d’officier dans l’Armée Cygnaréenne, Maddox s’avança devant lui.

« Général Magnus », dit-elle. Elle avait dû ressentir la tension entre eux En fait, toutes les personnes dans l’antichambre, y compris six membres de la Garde Royale au garde-à-vous devant les portes de la salle du trône. « Je suis le Major Elizabeth Maddox ».

Magnus la salua d’un signe de tête, tout en gardant les yeux rivés sur Stryker. « Oui, je me souviens de toi… avant. Tu étais l’une des Lames-Tempête de Leto ». Il jeta un coup d’oeil sur son armure de warcaster. « Je remarque que tu es plus que cela maintenant ».

« Vous avez une bonne mémoire, monsieur », répondit Maddox. « J’ai hâte de travailler avec vous ».

Stryker essaya de ne pas rouler des yeux et n’y parvint que partiellement. Maddox ne faisait que ce qu’il devait faire , c’est-à-dire cacher les griefs du passé et maintenir le décorum professionnel, mais le qu’il qu’elle ait dû appeler cet homme monsieur l’horripilait.

Avant qu’aucun d’eux ne puisse en dire davantage, les portes de la salle du trône s’ouvrirent et le Haut Chancelier Leto sorti de l’antichambre. Lorsqu’il vit Magnus et Stryker debout l’un à côté de l’autre, ses yeux s’écarquillèrent. Stryker ne put lui en vouloir.

« Seigneur Général Stryker, Major Maddox … Général Magnus », dit-il. « Le roi est prêt à commencer dès que les autres membres du conseil de guerre seront arrivés. « Prenez place, s’il vous plaît ».

« Très bien, tout le monde. Allons-y », dit Stryker en se dirigeant vers la salle du trône.

« Oui, monsieur », dit Magnus derrière lui. « J’ai hâte de me remettre au travail ».
« Modifié: 04 août 2024 à 19:25:47 par elric »
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« Réponse #10 le: 04 août 2024 à 19:25:28 »
- 10-

LA SALLE DU TRÔNE AVAIT ÉTÉ MODIFIÉE depuis la dernière fois que Stryker l’avait vue. Trois grandes tables avaient été apportées, leurs surfaces en inox polies. Elles étaient disposées en forme de U avec le trône au milieu. Stryker, Magnus et le Maître de Guerre Ebonhart s’assirent à la table centrale – il était préférable que de s’asseoir en armure de warcaster. D’autres membres du conseil intérieur étaient assis aux autres tables, et ils étaient rejoints par d’autres hommes et femmes importants, qui, bien que ne faisant pas partie du cercle intérieur du Roi Julius, constituaient son conseil consultatif élargi. Cela incluait le Seigneur Trésorier ; les deux dirigeants les plus éminents de la Ligue Mercarienne, le Duc Waldron Gately de Mercir et le Seigneur Ethan Starke, premier échevin ; Arland Calster, dirigeant de la branche caspienne de l’Ordre Fraternel de la Magie et ancien conseiller aux arcanes de Leto ; et le Commandeur Birk Kinbrace, Chancelier de l’Académie Stratégique. Stryker était heureux de voir Kinbrace – il connaissait bien le warcaster vieillissant, et Kinbrace était un homme honnête et direct ayant également contribué au renversement de Vinter Raelthorne.

La seule personne semblant ne pas être à sa place était le Major Maddox, mais sa présence était probablement due à son rôle actuel de pièce maîtresse d’une campagne de propagande destinée à promouvoir le soutien de l’armée et au nouveau roi.

« Je le répète, une attaque contre Merywyn, le siège du pouvoir khadoréen en Llael, est le moyen le plus direct de briser leur pouvoir dans la région », déclara Stryker. Il avait exposé le plan que lui et Ebonhart avaient élaboré, qui prévoyait un siège de l’ancienne capitale de Llael. Sans surprise, Magnus estima que ce n’était pas le bon plan d’action.

« Votre Majesté, vous vous êtes rendu à Merywyn récemment », demanda Magnus en s’adressant à Julius. Le roi s’était peu exprimé. Il s’était assis tranquillement sur son trône, écoutant ses conseillers. Stryker répugnait à l’admettre, mais c’était un autre trait qui différenciait Julius de son père. Vinter avait rarement tenu compte des conseils de quelqu’un d’autre que le sien.

« Vous avez remarquez à quel point elle était puissante », poursuivit Magnus. « Les khadoréens ont consacré beaucoup de temps et d’efforts à la restauration de la cité, et ses murs sont épais et bien défendue. Un siège serait long et son issue incertaine ».

« Je suis d’accord, Votre Majesté », dit le Chancelier Kinbrace, décevant Stryker. Il ne pouvait imaginer que cet homme soit d’accord avec Asheth Magnus concernant quoi que se soit. « Elle est trop bien fortifiée ».

« Pourtant, nous avons des informations fiables selon lesquelles une seule division défend la ville », dit Ebonhart. « Ce n’est pas beaucoup d’hommes, et si nous frappons rapidement et en force, nous pourrions les submerger ».

Magnus secoua la tête. « Il n’y a peut-être qu’une division là-bas pour le moment, mais n’oubliez pas que les khadoréens contrôle la Ligne Ombrienne, qui est directement reliée à Rynyr et Laedry. Ils pourraient envoyer des troupes à Merywyn en quelques heures.

La présence militaire à Laedry et Rynyr est minime », déclara Stryker. « Vous devriez le savoir, Général, si vous aviez étudié les rapports qui vous ont été remis ».

« Seigneur Général », répondit Magnus en se tournant vers Stryker. Le Duc Ebonhart se tenait entre eux, quelque peu éclipsé par les deux warcasters armurés qui le flanquaient. « J’ai lu vos rapports et ceux du Duc Ebonhart, et ils étaient complets … lorsqu’il s’agissait de l’armée khadoréenne ».

« Où veux-tu en venir, Magnus ? «  demanda Ebonhart. Il était manifestement frustré par la remise en cause de son plan, même s’il avait plus de tolérance pour l’homme que Stryker. Ebonhart avait rejoint Julius au début de la guerre civile, il y a trois ans.

« Ce que je veux dire, c’est que le prince régent, Vladimir Tzepesci, a rassemblé ses lieutenants et leurs troupes à Laedry. Il y a dix mille chevaux lourds : des uhlans Croc d’Acier et des drakhun ».

« Comment savez-vous cela ? » demanda Leto. Il se tenait à coté du trône et écoutait l’échange, le front plissé d’inquiétude.

« Votre Majesté », dit Magnus, puis il s’arrêta et sourit. « Mon pardon, Haut Chancelier. J’ai plus l’habitude de vous considérez comme le Roi Leto ».

La rage monta en Stryker. Le lapsus de Magnus n’était pas accidentel. C’étaut un autre subtil coup pour rappeler à ceux qui avaient été ses ennemis, ceux qui l’avaient forcé à l’exil, qu’il avait résisté à leur tempête et que leur pouvoir avait diminué tandis que le sien s’était accru.

Leto garda son sang-froid et balaya le faux pas. « Continuez ».

« J’allais dire que j’ai des hommes loyaux à Laedry depuis un certain temps. Personne ne remarque un mercenaire, et il peuvent pénétrer dans des endroits que même les espions du commandant en chef des éclaireurs ne peuvent atteindre ».

« Rebald », dit Julius, « que vous ont dit vos espions à propos de Laedry ? »

Rebald se racla la gorge et se leva. Il était assis à la table à gauche de Stryker, assis à côté d’Orin Midwinter. Les deux ne semblaient jamais très éloignés l’un de l’autre ces derniers temps. « Votre Majesté, j’ai quelques rapports selon lesquels des hommes de Vlad sont rassemblés à Laedry, mais pas dans les chiffres suggérés par le Général Magnus ».

« Je fais confiance aux hommes que j’ai en place là-bas », dit Magnus. « Et il s’ensuit simplement que le prince régent prendrait des mesures pour faire valoir ses récentes prétentions sur la région ».

Stryker fronça les sourcils. Il était difficile de contester la logique de Magnus. L’homme était vif d’esprit, cela ne faisait aucun doute. Pourtant, il ne pouvait pas laisser Magnus mettre ses plans d’exécution aussi facilement. « Votre Majesté, même s’il y a une certaine logique dans les arguments du Général Magnus, les hommes avec lesquels il s’est associé ces dernières années ne sont ceux que j’appellerais dignes de confiance. Si ce qu’il dit est vrai, Reblad le saurait sûrement ».

Julius regarda Stryker, le visage indéchiffrable. Rien n’indiquait qu’il ne faisait confiance au rapport de Magnus. Stryker s’autorisa à espérer que le jeune roi l’écouterait, lui et Ebonhart. Mais cet effort fut rapidement douché.

« Puis-je vous rappeler, Seigneur Général, que j’ai été l’un des hommes avec lesquels le Général Magnus était associé », déclara Julius. Il regarda Magnus. « Général, si ce que vous dites est vrai, avez-vous un autre plan d’action ? »

Magnus acquiesça. « Bien sur, Votre Majesté ».

« Veuillez en faire part au conseil de guerre ».

Magnus quitta son siège et se dirigea vers le milieu de la pièce, debout devant le trône pour s’adresser au conseil de guerre rassemblé. « Mon plan est simple », commença-t-il. « Nous allons faire marcher notre armée à travers le Llael libre jusqu’à Croix-des-Fleuves ». Il regarda Stryker et Ebonhart. « C’est que vous ferez le siège ».

La ville de Croix-des-Fleuves était située au confluent du Fleuve Noir et de la Grisonnante dans le nord du Llael occupé. C’était une importante cité marchande, mais elle avait pratiquement été détruite par le Khador lors de l’invasion initiale.

« Pourquoi Croix-des-Fleuves ? » demanda Stryker, sincèrement curieux. « C’est un long trajet pour déplacer une importante armée ».

« Oui, mais la muraille de Croix-des-Fleuves a été presque entièrement détruite et n’a pas été reconstruite. De plus, la ville n’a actuellement en garnison que deux bataillon », déclara Magnus. « Si nous nous en emparons, nous avons accès au Fleuve Noir et nous avons la possibilité de rapidement déplacer des troupes vers Merywyn lorsqu’il sera temps d’attaquer la capitale ».

« C’est le Kommandeur Harkevich qui commande là-bas, n’est-ce pas ? » demanda Leto.

Reblad répondit. « C’est exact, Haut Chancelier. C’est un chef compétent et un warcaster, mais ses talents résident davantage dans la prise de villes que dans leur contrôle.

Stryker n’avait jamais affronté Harkevich au combat, mais le khadoréen était connu pour ses talents d’artilleur et utilisait souvent ses warjacks comme emplacements d’armes à feu à grand effet.

« Maître de guerre Ebonhart, Seigneur Général Stryker », dit Julius. « Dites-moi, dans quelle mesure le plan du Général Stryker est-il réalisable ».

Stryker regarda Ebonhart, mais le maître de guerre regardait droit devant lui. Il était le supérieur de Stryker, et il serait inconvenant pour Stryker d s’exprimer en premier. Mais il savait ce qu’Ebonhart allait dire avant même que l’homme prenne la parole, car la logique de Magnus était implacable. Son plan promettait une victoire rapide, vitale pour le moral, puis une position stratégique en Llael occupé pour mener le reste de l’invasion. Indépendamment des pensées personnelles de Stryker à propos de Magnus, l’homme avait un talent pour la stratégie militaire.

« Il … s’agit d’un plan solide », déclara Ebonhart. Sa mâchoire se contractait, comme s’il mâchait quelque chose de particulièrement coriace et de mauvais goût. « Et honnêtement, un meilleur plan que le mien ».

Stryker se demanda s’il aurait été capable de dire cela, même si c’était la vérité.

« J’apprécie votre franchise, Duc Ebonhart », déclara Julius. « Seigneur Général Stryker, êtes-vous d’accord avec le maître de guerre ? »

C’était une question très pointue, un test après son éclat au conseil intérieur. La question n’était pas de savoir s’il était d’accord avec Ebonhart, mais plutôt de savoir s’il pouvait se résoudre à être publiquement d’accord avec Asheth Magnus. Le poids de la question pesait sur lui, et il était parfaitement conscient que toutes les personnes dans la salle du trône le regardait.

Il jeta un coup d’oeil à Maddox. Elle secoua brièvement la tête, une subtile insistance à garder son sang-froid. Il essaya de repousser cet enchevêtrement d’émotions noires qui tournaient autour de ses souvenirs d’Asheth Magnus et de penser comme le Seigneur Général de l’Armée Cygnaréenne, quelqu’un de soucieux de la sécurité et du bien-être de ses hommes et de sa nation.

Il se surprit à réussir.

« Oui, Votre Majesté », répondit Stryker, même si les paroles avaient un goût de vinaigre sur sa langue. « Maintenant que j’ai entendu le plan du Général Magnus expliqué plus en détail, je vois qu’il est solide ».

La tension régnant dans la pièce sembla se dissiper et le roi acquisça. « Bien, mes chefs de guerre les plus expérimentés sont d’accord. Nous exécuterons le plan du Général Magnus, et il servira sous votre commandement, Seigneur Général, lorsque vous dirigerez la force d’invasion de Llael ».

« Bien sûr, Votre Majesté », répondit Stryker. Il jeta un coup d’oeil à Magnus. Le visage du warcaster était passif, inerte. Si la décision du roi le dérangeait, il ne le montrait pas. « J’aimerais que le Major Maddox soit également affecté à la force d’invasion ».

Julius réfléchit, puis demanda : « Duc Ebonhart, avons-nous besoin du Major Maddox en Cygnar ? »

« Elle est devenue très populaire auprès du peuple, Votre Majesté, et son histoire inspire le soutien à l’armée et à la couronne », déclara Ebonhart. « Nous pourrions en avoir besoin plus que jamais dans les jours à venir ».

Stryker se demanda comment Maddox se sentait lorsqu’on parlait de sa carrière de cette façon, comme si elle était une pièce sur un plateau de jeu, déplacée selon les caprices de puissances supérieures à elle. Il savait ce qu’elle en pensait.

« C’est peut-être vrai, Maître de Guerre Ebonhart », dit le Haut Chancelier Leto, « mais je pense que le Major Maddox nous servira bien mieux en Llael. Une autre guerre avec le Khador ne sera pas bien accueillie par le peuple de Cygnar, mais si le Major Maddox fait partie de la force d’invasion, cela pourrait adoucir la réaction du public ».

Julius réfléchit. « Je suis d’accord, mon oncle. J’aime l’idée que le Major Maddox, récemment libérée, aille libérer le peuple opprimé de Llael et hisse le drapeau de la liberté sur Croix-des-Fleuves ».

« Parfait, Votre Majesté », répondit Leto.

Il y avait une certaine logique là-dedans, mais Stryker d’entendre parler de Maddox de cette façon. Elle était plus un objet de propagande, plus qu’un symbole, c’était une warcaster expérimentée. « N’oublions pas que le Major Maddox est un officier expérimenté compétent et une warcaster talentueuse. Je suis d’accord que sa présence sera une source d’inspiration, mais ne vous y tromper pas, ma demande d’inclusion est basée sur ses prouesses martiales ».

« Bien sûr, Seigneur Général », dit Leto, avant de se tourner vers Maddox. « Mes excuses, Commandant, il semble que nous ayons pris à la légère vos accomplissements sur le champ de bataille. Ce n’était pas mon intention ».

« Il n’y a rien à pardonner, Haut Chancelier », déclara Maddox en inclinant la tête. « Je suis heureuse de servir le Cygnar de toutes les manières possibles ».

Elle était bien meilleure diplomate que moi, pensa Stryker.

« Excellent », dit Julius. Son visage rayonnait et sa voix était pleine d’enthousiasme. Il était clair pour toutes les personnes présentent dans la salle : le jeune roi était impatient de laisser sa marque sur le monde. « Alors, discutons des détails de notre libération de Llael ».
« Modifié: 04 août 2024 à 19:34:04 par elric »
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« Réponse #11 le: 04 août 2024 à 19:33:37 »
- 11-

LE CONSEIL DE GUERRE SE POURSUIVIT encore pendant trois heures, tournant autour de la composition de la force d’invasion, de l’allocation des ressources et du ravitaillement, et du déplacement des troupes nécessaires de tout le Cygnar vers la forteresse de Nordgarde, à la frontière de Cygnar et de Llael, le point de rassemblement le plus logique.

La force d’invasion proviendrait en grande partie de la Cinquième Division en garnison à Corvis et comprendrait un grand nombre de pionniers, les bourreaux de travail polyvalents de l’armée cygnaréenne. La 31ème Compagnie de Chevalier-Tempête, commandée par le vieil ami de Maddox et de Stryker, le Capitaine Tews, ajouterait un soutien d’infanterie lourde et de warjack, tout comme la 21ème Compagnie de Chevalier de l’Épée. Il s’agissait d’un formidable rassemblement de quelques-unes des meilleures ressources militaires de Cygnar, même si, à mesure qu’ils peaufinaient les détails, les poids de ce qu’ils faisaient réellement – planifier une invasion – se posa sur Stryker. Cela faisait des semaines qu’ils se débattait avec cette idée, mais elle lui était encore étrangère.

Il fut soulagé lorsque le Roi Julius interrompit finalement les débats, qui devaient reprendre le lendemain. Il était fatigué, physiquement et moralement, et complètement pris au dépourvu par le spectacle qui l’attendait à l’extérieur de la salle du trône.

Il entendit d’abord des voix s’élever, puis un mugissement profond qu’il reconnut. Tews. Il avait ordonné au capitaine Lame-Tempête de le rejoindre ici avec un petit contingent de Lames-Tempête de haut rang afin qu’il puisse commencer à les informer des plans de bataille.

Stryker se précipita vers les portes, suivi de près par Maddox et les autres membres du conseils.

Les portes s’ouvrirent et Stryker remarqua Tews, en armure complète, à quelques centimètres d’un homme que Stryker avait longtemps cru mort. Il s’appelait Sbastian Harrow et avait été un mercenaire au service de Magnus bien avant l’exil du warcaster. Stryker avait eu plus d’un accrochage avec cet homme, le dernier l’ayant incité, jeune et effronté, à prendre la contrôle d’un warjack dans la fonderie de ‘jack de Ruissepêche pour protéger son père. Il avait perdu le contrôle, et les dégâts causés par le warjack avaient presque ruiné Joseph Stryker. Tout cela avait été conçu par Magnus, qui avait utilisé Harrow pour manipuler Stryker.

Harrow était grand et décharné, son visage était un réseau de cicatrices et de laideur. Il portait une longue épée et un pistolet lourd, et Stryker avait pu constater à quel point il était rapide avec son arme. Sa main planait maintenant sur la crosse de son arme. Il portait également ce qui semblait être une armure de pionnier avec des barrettes de capitaine sur son plastron. Il semblait que le Général Magnus avait promu certains de ses mercenaires les plus fiables à des postes au sein de l’armée cygnaréenne, s’entourant ainsi d’homme sur lesquels il pouvait compter.

Trois Lames-Tempête de haut rang se tenaient derrière Tws, tous trois lieutenants. Ils n’avaient pas les mains sur leurs armes, mais leurs visages étaient blêmes par l’incertitude. Ils n’avaient probablement jamais vu Tews dans un tel état. Harrow n’était seul non plus ; les deux mercenaires qui accompagnaient Magnus se tenaient derrière lui. Ils n’avaient pas l’air incertains, ni même inquiets – au contraire, ils avaient l’air impatients.

« Tu vas retiré ça, espèce de clébard mercenaire, ou je t’abats », dit Tews, pratiquement en rugissant.

Harow sourit, sans se laisser impressionner le Lame-Tempête géant. « Je n’ai dit que le vérité, Capitaine. Le Khador vous a chassé de Nordgarde sans trop d’efforts ».

Le visage de Tews était cramoisi. « Des hommes honnêtes sont morts là-bas, espèce de misérable », dit-il. Sa main était sur la poignée de son glaive-tempête, la puissante épée à énergie voltaïque des Lames-Tempête. Stryker avait vu Tews trancher en deux des hommes armures avec cette lame.

La Garde Royale se rassemblait autour des deux hommes, et cela deviendrait moche si Stryker n’intervenait pas, même s’il n’aimerait rien de plus que voir Tews décapiter Harrow.

« Capitaine ! Retirez-vous. Tout de suite.

Tews se tourna vers Stryker, et la rage sembla s’évacuer de lui à la vue de son commandant. Il recula d’un pas, s’éloignant d’Harrow, et laissa sa main s’éloigner de la poignée de son glaive-tempête.

« Capitaine Harrow, que s’est-il passé ici ? » demanda Magnus derrière Stryker. Le vieux warcaster contourna Stryker et s’approcha de son homme. Leto et le Duc Ebonhart les avaient suivis, et Stryker pouvait entendre le reste du conseil s’approcher derrière eux. Il espérait que le roi s’était retiré dans ses appartements, accessibles par l’arrière de la salle du trône.

Harrow recula d’un pas, sans toutefois retirer la main de la crosse de son pistolet. « Juste un amical débat », dit-il en adressant un sourire à Tews. « Il semble que j’aie malencontreusement touché un point sensible ».

Tews jeta un regard meurtrier au mercenaire puis se tourna vers Stryker. « Je suis désolé, monsieur », dit-il. « Il a insulté le 31ème et les hommes qui sont mort à Nordgarde. Il a dit que nous étions des lâches ».

Tews avait perdu des proches là-bas. Stryker aussi, et il comprenait la colère du capitaine, mais tous les regards étaient tournés vers yeux. « Tews, retournez immédiatement au complexe ; nous en discuterons plus en détail ».

« Oui, monsieur », dit Tews et il s’éloigna.

« Mes excuses, Capitaine », lança Harrow au grand Lame-Tempête. « Il semble que je t’ai causé des ennuis avec les gradés ».

La rage bouillait en Stryker, chaude et âcre. Il voulait garder son calme et montrer à Magnus et au reste du conseil qu’il ne se laisserait pas provoquer, mais les dernières heures avaient amoindri ses défenses. « Magnus, si tu ne mets pas un muselière à ce clébard, je le ferai chasser de la ville ».

Magnus dit quelque chose à Harrow que Stryker ne put entendre, et le mercenaire acquiesça avant de s’éloigner. Magnus répondit : « Je vais m’occuper de mon subordonné, Seigneur Général, tout comme vous vous occuperai du vôtre ».

Ce n’était pas suffisant. Stryker avait résisté à la tempête provoquée par Magnus qui l’avait supplanté dans la salle du conseil, mais revoir Harrow avait ravivé de vieilles blessures qu’ils ne pouvait ignorer. « Comment avez-vous pu introduire cet homme dans le palais ? » demanda-t-il. « Harrow est un voyou et un tueur. Vous le savez ».

Magnus haussa les épaule. « Il est loyal et j’ai eu besoin de voyous et d’assassins ces quinze dernières années. Nous pourrions avoir besoin d’eux maintenant ».

« Ce qui se ressemble s’assemble », dit Stryker. « Le fait que vous laissiez de tels hommes vous servir me dit que vous n’êtes pas différents d’eux. Vous ne l’avez jamais été ».

« Oh », dit Magnus. « Je crois que vous avez vous même employé des mercenaires, Seigneur Général. Les avez-vous tous contrôlés pour vous assurer qu’il étaient d’une grande moralité ? »

Stryker s’approcha de Magnus. « Tu es un traître et un menteur », dit-il ? « Tu l’as toujours été. Je ne sais pas quel sort tu as jeté au roi, mais je sais ce que tu es. Ta place n’est pas ici. Ta place est au bout d’une corde ».

« Stryker, cela suffit », déclara le Haut Chancelier Leto.

Stryker se tourna vers l’ancien roi, vous lui, vous, entre tous, SAVEZ ce qu’il est, mais il tint sa langue, se mordant le palais assez fort pour faire couler du sang.

« Ne vous inquiétez pas. Je ne suis pas offensé, Haut Chancelier’, dit Magnus. « Coleman - pardon, Le Seigneur Général Stryker – et moi avons un … passé compliqué. Je suis sûr que nous allons bientôt dépasser cela ».

« Allons-y, monsieur ». Maddox posa sa main sur l’avant-bras de Stryker. « Nous devons briefer les hommes ».

« Écoutez le major, Stryker », prononça le Duc Ebonhart. « C’est un ordre ».

Maddox le tirait maintenant, et il voulait résister, rester et insulter ceux qui accepteraient de réintégrer ce traître parmi eux. C’est peut-être la présence de Maddox qui l’influença. Il prit une profonde inspiration irrégulière et froide, et ravala sa rage.

« Oui, monsieur », dit Stryker. « Mes excuses pour cet accès de colère, Haut Chancelier ». Chaque mot était un acquiescement grinçant. Magnus l’avait fait passer pour un imbécile, et il l’avait fait assez facilement.

Il se tourna et s’éloigna, Maddox à ses côtés. Elle ne dit rien jusqu’à ce qu’ils soient sortis du palais. Une fois qu’ils furent hors de portée de toutes les oreilles, elle se tourna vers lui et dit : « Permission de parler librement, monsieur ? »

Il grimaça. Cela signifiait qu’une chose. Elle voulait le réprimander pour s’être ridiculiser. Il pourrait le refuser. Il avait ce droit en tant qu’officier supérieur. Mais il la respectait trop pour cela. « Vas-y ».

« Merci. Au nom de Morrow, qu’avez-vous fait là-bas ? Dit-elle.

« Vous ne connaissez pas ce mercenaire, Harrow », répondit Stryker. « Le fait qu’il soit ici, avec Magnus, en dit long sur notre nouveau général ».

Maddox soupira. « Le seul qui en disait long sur quoi que ce soit là-bas, c’était vous. Devant le Haut Chancelier et vos officiers supérieurs, pourrais-je ajouter ».

« Je sais, mais j’ai l’impression que tout le monde ferme les yeux sur Magnus, ignorant qui il est vraiment ».

« Ce qu’il est en ce moment, c’est l’un des favoris du roi, un homme en qui Julius a probablement plus confiance que n’importe qui d’autre au conseil. Vous devez savoir que vous ne convaincrez personne en l’affrontant directement ».

Stryker s’arrêta et posa sa main sur les épaules armurées de Maddox. « Vous me croyez ? » demanda-t-il. « Vous pensez que Magnus est dangereux ? »

Elle le regarda sans broncher. Après une longue pause, elle dit. « Je ne sais pas. C’est la vérité. En fait, j’aimerais le savoir. Vous avez une histoire avec cet homme qui vous donne un aperçu de son caractère que personne d’autre n’a, mais cela fait quinze ans. Qui sait ce qu’il est aujourd’hui ».

« Les gens ne changent pas comme ça », déclara Stryker.

« Il a vécu une vie difficile depuis la destitution de Vinter, et je sais que cela peut vous changer. Beaucoup ».

Il ne faisait aucun doute que son séjour en tant que prisonnière du Protectorat l’avait changée, et pas en bien, mais Stryker ne pouvait pas se résoudre à mettre sa misère sur le main plan que ce qui s’était passé pensant l’exil que Magnus s’était imposé. « Ce n’est pas la même chose. Au fond de lui, il est toujours le monstre ambitieux et assoiffé de pouvoir qu’il était avant ».

« Eh bien, disons qu’il l’est », dit Maddox en s’arrêtant. Un groupe de soldats remontant la route vers eux les salua au passage. Stryker et Maddox rendirent le salut, puis se tournèrent dans l’autre sens. « Mon point de vue reste donc valable. Julius est peut-être aveugle, et cela signifie qu’il a plus que jamais besoin de vous, même s’il ne le réalise pas. Vous devez au moins donner l’impression que vous pouvez travailler avec Magnus, ne serait-ce que pour pouvoir le surveiller ».

Elle avait raison, bien sûr, comme souvent, mais Magnus réveillait une telle tempête d’émotions chez Stryker qu’il lui était difficile de penser clairement. Il y était parvenu au conseil de guerre, en partie grâce à ses conseils, mais l’idée de contenir sa colère jour après jour pendant sa marche vers le Llael lui semblait une tâche presque impossible ».

Il inspira profondément et expira lentement. « Tu es un bon officier », dit-il. « J’aimerais parfois avoir ton sang-froid ».

Elle rit. « Eh bien, le fait d’être irréfléchi et tête t’as servi … parfois ».

« Ici et là », dit-il. Il n’était pas un planificateur comme Magnus, mais il avait toujours fait confiance à son instinct, et celui-ci l’avait rarement trompé. Il s’efforçait d’être le genre d’homme que les autres hommes voulaient suivre. Cela avait toujours été son objectif principal.

« Écoute, je n’aime pas ce que Rebald et Ebonhart ont fait de moi », dit-elle, le visage durci. « Je ne suis guère plus qu’une affiche de recrutement ce jours-ci, n’est-ce pas ? Mais je dois suivre les ordres et toi aussi ».

« Ici, il y a plus en jeu que la chaîne de commandement », déclara Stryker.

« Bien sûr que oui », dit-elle, « mais tu dois donner l’exemple au reste des hommes. Tu dois leur montrer que tu peux accepter une situation que tu n’aimes pas, que tu déteste même, si c’est ce qu’il faut pour que le travail soit fait ».

« Je ne nie pas cela. C’est juste que je n’arrive pas à oublier ce qu’il est ».

« Essaye plus fort », dit-elle. Il y avait de l’acier dans sa voix.

« Je le ferai. Je le promets. Mais ne t’y trompe pas, quand Magnus révélera ce que je sais qu’il est, je promets aussi que je serai là ».

Elle acquiesça. « Bien, Assure-toi en ».

Il est clair que Maddox avait fini de parler de Magnus. Ils marchèrent en silence, mais alors qu’il s approchaient de la garnison, elle reprit la parole. « Au fait, merci de m’avoir sorti de là. Je pense que je serai peut-être devenue folle si vous aviez marché jusqu’au Llael sans moi ».

Stryker sourit. « Je pensais tout ce que j’ai dit là-dedans. Tu es l’une des meilleurs warcasters de Cygnar et je veux que tu combattes à mes côtés ».

« Je l’apprécie, monsieur. Alors, qu’allez-vous faire à propos du Capitaine Tews ? »

« Lui dire à peu près ce que tu viens de me dire », déclara Stryker. « Je ne peux pas lui reprocher de vouloir tuer Harrow. Cela fait plus de dix ans que je veux le tuer ».

Elle renifla. « Ça semble juste ».
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« Réponse #12 le: 04 août 2024 à 19:34:54 »
PARTIE II

- 12-
À l’extérieur de Corvis, Cygnar

LE WAGON REBONDISSAIT ET ROULAIT à travers la campagne, et les bousculades, la sensation constante de mouvement apaisaient Stryker. Il avait voyagé dans une voiture de troupes plus confortable avec les autres officiers de Caspia jusqu’à Brainmarché, supervisant le chargement des troupes et du matériels aux arrêts de Vigneroy et Fharin. Lors de la dernière étape de leur voyage vers Corvis, il avait repéré l’une des lourds wagons renforcés transportant les warjacks de l’armée.

Maintenant, il était assis dans le noir, son armure de warcaster bourdonnant, ses relais galvaniques peignant les murs d’une lumière bleue vacillante. Le wagon contenait quatre warjacks lourds – deux Cuirassés et deux Cuirassés-Tempête – tous fixés avec de lourdes chaînes aux parois du wagon. C’étaient des d’imposantes ombres vagues, voûtées et silencieusement menaçantes, telle des gargouilles d’acier broyant du noir. Ils étaient tous éteints, sauf un.

Il avait alimenté Vî Arsouye lors de l’arrêt à Brainmarché, et les yeux du vieux warjack flamboyaient dans le wagon plongé dans l’obscurité. Stryker était connecté au cortex du warjack, le cerveau mékanique d’Arsouye, et il dérivait à travers ses souvenirs. Arsouye était avec lui depuis quinze ans, il lui avait été assigné pendant son circuit de compagnon Avant cela, il avait servi d’autres warcasters pendant trente-cinq ans et avait été l’un des premiers Cuirassés à être assemblés. Le warjack était imprévisible, acariâtre et dévastateur au combat, une combinaison qui le rendit difficile pour tout le monde sauf pour Stryker. Un lien les unissait, et certains suggéraient qu’ils étaient des âmes sœurs, si tant une telle chose pouvait être dite à propos d’un warjack et de son warcaster.

Stryker avait participé à de nombreuses bataille avec Arsouye, et les souvenirs du warjack étaient remplis de sang et de flammes. Stryker ne reculait pas devant ces images - il les embrassait. Elles l’aideraient à affronter le chaos des batailles à venir. Mais il y avait une autre raison pour laquelle Stryker visitait souvent les expériences limitées stockées dans le cortex de Vî Arsouye. Les visages de ses amis et des hommes qu’il avait dirigé remontaient parfois, des hommes qui avaient donné leur vie pour protéger le Cygnar et tout ce qu’il représentait. Avant chaque campagne, il se soumettait aux fantômes de ceux qui étaient tombés au combat, leurs visages falsques et leurs corps déchirés lui rappelant ce qui était en jeu à chaque fois qu’il posait le pied sur un nouveau champ de bataille.

Stryker savait que cela pouvait être sinistre, et qu’il ne pouvait pas nier que revisiter le cimetière éthéré dans le cortex de Vî Arsouye lui faisait du tort, mais cela le galvanisait aussi, lui rappelant son devant en tant que meneur d’hommes. Chaque décision qu’il prenait sur le champ de bataille coûtait des vies, et lui incombait d’atténuer ces pertes du mieux qu’il pouvait.

Les souvenirs étaient généralement colorés par la perception qu’avait Vî Arsouye des événements. Les warjack avaient des personnalités rudimentaires pouvant devenir plus fortes et mieux définies au fur et à mesure qu’ils restaient en service. Et un warjack pouvait développer des émotions simple comme la colère,l’agressivité, voire le chagrin, ce qui le rendait plus difficile à contrôler. Certains warcasters considéraient le développement de la personnalités d’un warjack comme un obstacle à son emploi sur le champ de bataille. Mais Stryker n’était pas d’accord avec cela. Ses warjacks étaient des soldats comme les autres, et les liens qui se développaient entre eux ne faisaient que rendre le warcaster et le warjack plus fort, plus en phase, augmentant ainsi l’efficacité de leur relation symbiotique.

Stryker fut tiré de ses souvenirs par l’arrêt brutal du wagon. Il s’éloigna du cortex d’Arsouye et laissa dériver son esprit dériver vers le cerveau mékanique des autres warjacks dans le wagon. Ils étaient inertes, semblables à un humain endormi mais il sortit chacun d’eux de son sommeil mékanique, lui ordonnant de se mettre sous tension. Bientôt, le wagon fut éclairé par six paires d’yeux lumineux.

La porte du wagon s’ouvrit brusquement, laissant entrer la lumière et le bruit d’un millier d’hommes et de machines. Ce n’était que le premier d’une longue série de trains de troupes, qui se retrouveraient tous au même point de rassemblement, près de Nordgarde. Les soldats mirent en place une lourde rampe, suffisamment large et solide pour supporter le poids de plusieurs tonnes que représentait le déchargement des warjacks.

Stryker fit tourner la turbine arcanique de son armure, injectant plus d’énergie dans la combinaison et se prêtant suffisamment de force pour manipuler facilement son arme, la lame mékanique géante à deux mains Vif-Argent. Elle était inspirée de la grande épée caspienne, une lourde épée à deux mains appréciées par les chevaliers de Cygnar, mais elle était considérablement plus longue et plus lourde. Son augmentation mékanique la rendait plus légère et plus agile, mais elle pesait encore plus de vingt-sept kilogramme et était impossible à manier sans la force supplémentaire offerte par son armure de warcaster.

Stryker plaça Vif-Argent dans son dos, des plaques magnétiques retenant la lame en place, et ordonnant à chaque warjack d’allumer sa chaudière et de commencer à produire la vapeur donnant de l’énergie à ses membres.

« Vous vous êtes bien reposé, monsieur ? » demanda Maddox en remontant la rampe d’accès au wagon. Elle portait son armure de warcaster et sa lame mékanique, Tempête, dans le dos.

« J’avais besoin de passer un peu de temps avec Arsouye », répondit-il. « Il se sent seul pendant les longs voyages ».

En réponse, le grand warjack émit un sifflement strident de vapeur et regarda dans leur direction.

« Oui, c’est de toi qu’on parle », dit Stryker. « Maintenant, lève-toi ».

« Vous êtes sûr que vous n’essayer pas d’éviter quelque chose ou quelqu’un, monsieur ? » Suggéra Maddox en souriant.

« Non, Major, ce n’est pas le cas », dit-il, légèrement irrité. Elle ne connaissait pas son rituel d’avant-bataille avec Vî Arsouye, et il ne voulait pas le partager avec elle, mais son accusation le blessait quand même un peu. « Prenez trois Cuirassés-Tempête et déplacez-les. Je vais prendre Arsouye et les autres Cuirassés ».

« Oui, monsieur », dit-elle et le subtil bourdonnement de la magie remua l’air alors qu’elle se connectait aux warjacks qu’il avait indiqués

Les chaudières des warjacks étaient suffisamment chaudes pour assurer la locomotion, et tous les six se tenaient debout, leurs chaînes d’attaches cliquetant, la fumée s’échappant de leurs cheminées.

Ensemble, Stryker et Maddox conduisirent les grandes machines le long de la rampe et sous le soleil de l’après-midi. La ligne de chemin de fer s’arrêtait à quarante-huit kilomètres de Corvis, et ils devraient marcher le reste du chemin jusqu’à Nordgarde. Il regarda la longue rangée de wagons et les centaines de soldats qui en débarquaient. C’était le chaos en ce moment, mais il faisait confiance à ses officiers, et les hommes seraient bientôt prêts à partir.

Il y avait une petite ville au bout de la voie ferrée, et des centaines de citadins s’étaient rassemblés pour voir l’Armée Cygnaréenne. La nouvelle de l’invasion s’était répandue, et la réaction de la population avait été meilleure que Stryker ne l’avait prévu. Cela avait beaucoup à voir avec une personne en particulier.

« Le Major Maddox ! La Libératrice de Llael ! », entendit-il quelqu’un crier dans la foule des citoyens cygnaréens, un cri se répercutant tout au long du rassemblement. Ils avaient vu Maddox et avaient immédiatement reconnu le nouveau visage de l’Armée Cygnaréenne.

Maddox se força à sourire et se retourna pour saluer la foule. Les applaudissements fusèrent.

« Tu es sacrément célèbre, Beth », dit Stryker en gloussant. Il avait vu des réactions similaires dans les autres villes où ils s’étaient arrêtés. La « Libératrice de Llael », comme on l’avait surnommée, était devenue plus grande que nature, un symbole de justice et de fin de la tyrannie khadoréenne.

« Avec tout le respect que je vous dois : allez-vous faire foutre, monsieur », dit-elle avec un sourire crispé, tout en continuant à faire signe de la main.

Il rejeta la tête en arrière et rit. « Très bien, alors. Si vous en avez fini avec vos fans, faisons bouger cette armée ».

« Morrow au-dessus, s’il vous plaît », dit-elle. « Des chariots en provenance de Corvis devraient nous rejoindre dans les prochaines heures. Ils prendront en charge les warjacks pendant que nous marcherons vers le nord jusqu’au point de rassemblement à l’extérieur de Nordgarde ».

« D’accord. Je sais que je vais je regretter, mais où est Magnus.

Elle se retourna et pointa du doigt.

Le vieux warcaster se déplaçait a milieu des troupes grouillant autour du train. Les pionniers et même les chevaliers de l’épée s’écartèrent de son chemin sans un mot. Il portait la même amure bricolée qu’il avait portée à Caspia, bien qu’il y ait ajouté une couche de peinture bleue et qu’un Cygnus ait été ajouré au plastron. Sa propre épée mékanique, Pourfendeur, était rangée dans son étui dans son dos, à côté d’un fusil à mitraille.

Harrow se déplaçait à côté de Magnus et, au grand dégoût de Stryker, l’homme portait une armure de pionnier, une armure de capitaine, pour être exact. Il avait reçu ce grade peu avant qu’ils ne quittent Caspia. Le reste des officiers de Magnus le suivait, tous d’anciens mercenaires.

Une soudaine poussée de colère envahit l’esprit de Stryker. Vî Arsouye se tenait à proximité, et le warjack réagit au brusque changement des émotions de Stryker en voyant Magnus. Il s’approcha et posa une main sur la coque du warjack, puisant sa force dans sa masse et sa chaleur.

« Seigneur Général », dit Magnus en s’approchant. Il leva les yeux vers l’imposant warjack à côté de Stryker. « C’est bon de voir Arsouye toujours en service ».

Le grand Cuirassé laissa échapper de la vapeur, un hululement sourd et irrité, et fit un pas en direction de Magnus.

« Doucement, Arsouye », dit Stryker en réprimant l’agression du warjack. « C’est un loyal soldat », déclara-t-il à Magnus.

« Sans aucun doute ». Magnus n’avait pas bronché lorsque Arsouye s’était approché de lui, même si le warcaster avait ressenti la poussée d’animosité du warjack. Il reporta son attention su Stryker. « Je suggère que nous réunissions le officiers supérieurs afin de coordonner la marche vers le Llael ».

C’était le prochain mouvement prévu par Stryker, et il détestait que Magnus l’ait suggéré avant qu’il ne puisse en donner l’ordre. Ne voulant pas paraître mesquin, il acquiesça. « D’accord, Général. Maddox, rassemblez les officiers supérieurs. Nous nous retrouverons près de la locomotive ».

« Monsieur », dit Maddox. Son regard s’attarda un instant sur Stryker. Il était évident qu’elle ne voulait pas les laisser seuls, Magnus et lui.

« Maintenant, s’il vous plaît, Major », répondit Stryker. Maddox se retourna et se déplaça le long la voie ferrée.

« Donc, c’est une marche vers Nordgarde puis remonter la Grande Route Commercial du Nord jusqu’en Llael », dit Magnus. « Nous devrions mettre trois semaines pour atteindre Croix-des-Fleuves.

« C’est ce que j’ai calculé, Général », répondit Stryker. La raison pour laquelle Magnus jugeait nécessaire de lui répéter ces détails bien connus était un mystère. « Comment vos hommes s’adaptent-ils au service dans une véritable armée ? » Il jeta un coup d’oeil à Harrow. L’homme affichait le même sourire narquois que Stryker avait vu à l’extérieur de la salle du trône à Caspia : Harrow portait également une armure de pionnier avec des barrettes de capitaines sur l’épaule droite. Stryker ne pouvait pas comprendre. Stryker n’arrivait pas à accepter que Harrow donne des ordres à des soldats cygnaréens, mais le roi avait accédé à la demande de Magnus de permettre à certains de ses hommes de le servir à titre officiel.

« Assez bien », dit Magnus. « Tout comme moi, ils se décrassent un peu ».

« J’en suis sûr ».

« Cela me convient », dit Harrow, son sourire s’élargissant. « J’aime bien donner des ordres à des hommes se battant pour autre chose que de l’argent. Ça donne l’impression d’être un homme convenable ».

Stryker l’ignora. Il ne pouvait se résoudre à s’adresser directement à Harrow. Il fut soulager de voir Maddox revenir avec les officiers supérieurs, parmi lesquels le Capitaine Tews.

Une fois réunis, il donna un bref aperçu de leurs ordres de marche. « Une fois que le transport des warjack arrivera de Corvis, nous nous rendrons au point de rassemblement à l’extérieur de Nordgarde. Nous rejoindrons le Colonel Bartlett et des éléments du 82ème Régiments de Cavalerie Lourde. Ensuite, nous remonterons le Fleuve Noir jusqu’en Llael.

Tout le monde acquiesça. Rien de tout cela n’était nouveau ; c’était la suite.

« Nous marcherons jusqu’à la Tour Gris-vent, où nous rencontrerons le Colonel Stoyan Jarov de la Résistance Llaelaise ». Stryker fit une pause, le temps d’assimiler la nouvelle. Il avait envoyé un message à la Tour Gris-vent peu de temps après leur départ de Caspia. Bien qu’il ait été décidé que la Résistance ne ferait pas officiellement de la partie de la force d’invasion cygnaréenne, il serait stupide d’ignorer la potentielle valeur qu’elle représentait pour cet effort de guerre.

« Je pensais que nous n’impliquions pas la Résistance », déclara le Capitaine Tews, exprimant ce que tout le monde pensait probablement.

« Officiellement, ce n’est pas le cas », répondit Stryker. « Mais le colonel possède des informations vitales sur Croix-des-Fleuves dont nous ne pouvons pas nous passer ».

« Il voudra envoyer des troupes avec nous », dit Magnus. « Jusqu’où vas cette implication officieuse, monsieur ? »

« Je compte utiliser certain de ses éclaireurs, s’il nous le permet, mais pas de troupes de première ligne ».

Magnus ne dit rien de plus pendant que Stryker informait le reste des officiers de ce qui les attendait au cours des semaines à venir. Le temps qu’il les congédie tous, on pouvait voir les chariots de provenant de Corvis travers les plaines du nord en direction de la voie ferrée. Les officiers se hâtèrent de préparer leurs hommes et leur équipement pour la longue marche. Magnus, cependant, s’attarda.

« Tu me surprends, Stryker », dit-il d’un air étrange.

« Comment ça ? » Stryker se doutait qu’il s’agissait d’une sorte d’appât.

« Que tu implique la Résistance me surprend », dit Magnus. « Ne te méprends pas. Je suis d’accord avec toi. La Résistance a probablement des informations vitales qui sont bien plus importantes que les ramifications politiques de leur implication ».

Stryker ne dit rien.

« Tu me surprends parce que c’est exactement ce que j’aurais fait », dit Magnus. Il salua et s’éloigna.

Stryker le regarda partir, détestant la fierté qu’il ressentait face au légers éloges de son ancien mentor.
« Modifié: 01 septembre 2024 à 21:06:19 par elric »
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

Si vous constatez des fautes d'orthographe et/ou de conjugaison, des phrases à remanier pour une meilleur compréhension.
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« Réponse #13 le: 01 septembre 2024 à 21:14:51 »
- 13-
Tour Gris-vent, Llael Libre, 9ème Solesh, 611 AR


LES CRÉNEAUX DE TOUR GRIS-VENT S’ÉLEVAIT au dessus des collines à l’est de Llael, une sinistre sentinelle, altérée et éprouvée par les batailles. La tour mesurait vingt-quatre mètres de haut et était suffisamment grande pour contenir plusieurs centaines de soldats. La Résistance avait effectué des travaux de réparation sur la forteresse tricentenaire en ruine, de sorte que l’antique pierre grise était piquées de roches plus claires extraites des collines voisines.
Une petite ville s’était développée autour de la tour, une ville composée principalement de réfugiés fuyant la tyrannie khadoréenne. La ville était un conglomérat délabrés de tentes, de cabanes et de quelques bâtiments en dur. Les gens ici soutenaient les résistants avec ferveur, fournissant aux soldats de la tour diverses tâches nécessaires : cuisine, réparation d’uniformes, réparation d’armes, tout ce qui pouvait les aider.

La ville semblait vide à mesure qu’ils approchaient. Stryker ne pouvait pas leur en vouloir. Ces gens en étaient venus à se méfier de toute armée qui n’arborait pas le drapeau llaelais, et huit mille soldats cygnaréens, appuyés par des warjacks et des chevaux lourds, les avaient sans doute effrayés.

Stryker avait ordonné au gros de leur armée d’établir un camp à trois kilomètres au sud de la tour, et il avait choisi une petite délégation pour rencontrer le Colonel Jarov. Cette délégation comprenait le Major Maddox, le Capitaine Tews et le Général Asheth Magnus. Il avait voulu laisser Magnus derrière lui, mais il ne pouvait pas l’exclure de réunions aussi importantes sans compromettre la mission.

Ils traversèrent la ville en silence et trouvèrent le Colonel Jarov et deux autres hommes devant les portes de la tour. Des soldats les regardaient depuis les créneaux qui les surplombaient. Jarov était un homme de petite taille, solidement bâti, âgé d’une cinquantaine d’années. Ses traits bruts et son nom de famille suggéraient une descendance khadoréenne, même si sa lignée n’avait pas affecté son ascension au sein de la Résistance. Les deux hommes se tenant à côtés du colonel attirèrent immédiatement l’attention de Stryker. L’homme de droite avait l’air d’avoir une quarantaine d’années, était grand et mince, voire maigre, avec une fine moustaches et des traits marqués. Ses cheveux noirs étaient longs et attachés en catogan. Son manteau noir était rabattu au niveau de la taille, exposant le pistolet cinémantique à double canon sur sa hanche droite et un long sabre mékanique sur sa gauche. L’arme ne laissait aucun doute dans l’esprit de Stryker quant à la profession de l’homme, mais la rose stylisée épinglée sur son revers le confirmait. Il avait clairement été un mage balisticien du défunt Ordre Loyal de la Rose Améthyste, et un vétéran de plus.

L’homme à la gauche de Jarov se heurta à la menace silencieuse du mage balisticien lui faisant face. Le second homme était de taille moyenne, bedonnant, le visage caché par une barbe sombre  et mal entretenue. Stryker aurait pu le pendre pour un réfugié si son armure, qui n’était de fabrication llaelaise. Il s’agissait d’une armure de pionner cygnaréenne, très réparée, et bien que des morceaux avaient été remplacés, elle était toujours reconnaissable pour ce qu’elle était. De nombreux soldats cygnaréens avaient été laissés sur place après le retrait de Merywyn, et certains avaient choisi de continuer à se battre aux côtés de la Résistance. Techniquement, ces hommes et femmes étaient des déserteurs, mais Stryker pouvait comprendre leur position, même s’il était courageux -et un peu téméraire – pour cet homme de s’exposer ainsi.

« Bienvenue, Seigneur Général Stryker », prononça le Colonel Jarov lorsqu’ils s’approchèrent. Il s’avança et lui tendit la main. Stryker n’avait jamais rencontré le colonel, mais Jarov avait la réputation d’être un chef et un tacticien compétent.

Stryker saisit la main de Jarov. « Merci, Colonel. J’apprécie que vous nous rencontriez, surtout à la lumière du refus de mon gouvernement d’impliquer la Résistance dans cette invasion ».

Jarov grimaça et relâcha la main de Stryker. Stryker voulait d’abord en finir avec l’horrible vérité de la situation avant qu’ils ne parlent d’avantage. « Oui, il est regrettable que votre nouveau roi ne nous fasse pas confiance pour libérer notre propre nation ... » Il marqua une pause, puis adressa un sourire fatigué à Stryker. « Mais nous sommes des soldats, n’est-ce pas ? Et nous devons faire ce qu’on nous dit. Au bout du compte nous voulons la même chose – un Llael libre ».

« Quand tout sera terminé, le Llael et le Cygnar seront frères, unis par les liens de la bataille et du mariage », déclara Stryker.

« Nous serons un état vassal de Cygnar, vous voulez dire », déclara le mage balisticien derrière Jarov. « Avec une reine fantoche sur le trône ».
Jarov lança un regard noir à l’homme, puis reporta son attention sur Stryker. « Seigneur Général, voici le Capitaine Vayne di Brascio de l’Ordre Loyal de la Rose Améthyste. C’est un féroce combattant, mais pas un diplomate, j’en ai bien peur.

« Tout va bien », déclara Stryker. « J’admire depuis longtemps l’habilité de votre ordre, Capitaine. Et je suis reconnaissant pour votre aide. Avez-vous rencontré la Princesse Kaetlyn.

Le mage balisticien secoua lentement la tête.

« Alors, faites-moi confiance quand je dis vous dis que cette fille … cette femme, ne sera pas la marionnette d’un homme. Elle une di la Martyn, ne vous y trompez pas ».

« J’ai beaucoup entendu parler de vous, Seigneur Général », dit le Capitaine di Brascio. « Et je sais que vous êtes un ami de Llael. Vous avez vaillamment combattu pour elle, mais votre roi nous insulte, et certains disent qu’il ressemble trop à son père ».

« Cela suffit, Capitaine », dit Jarov. « Ce n’est ni le moment, ni l’endroit pour de telles discussions, si vous le voulez bien ».

Stryker ne répondit pas, mais l’homme était perspicace, et il faisait écho aux craintes de Stryker à propos de Julius.

« Comme vous voulez, monsieur », dit le capitaine.

« Permettez-moi de vous présenter mes officiers supérieurs, Colonel », dit Stryker, « désireux de changer de sujet. « Voici le Commandant Elizabeth Maddox ».

« La Libératrice de Llael », dit Vayne avec un rire amer. Stryker l’ignora, mais Maddox grimaça en réaction.

« Cette brute de la taille d’un warjack est le Capitaine Tews. Il commande mon infanterie Lame-Tempête ». Le grand Lame-Tempête fit un signe de la tête au colonel. Stryker se prépara à la dernière présentation. « Et voici le Général Asheth Magnus, mon second ».

L’homme en armure de pionner, derrière Jarov, inspira brusquement, les yeux écarquillés. « Il s’avança vers le colonel. « Monsieur, cet homme est un traître et un criminel », dit-il. « Nous ne pouvons pas traiter avec lui ».

L’homme était indéniablement un ancien militaire cygnaréen, et son évaluation directe et peu diplomatique de Magnus n’était pas surprenante. Jarov fronça les sourcils. « Mes excuses, Seigneur Général, mais le capitaine Gibbs a raison. Pourquoi Asheth Magnus est-il parmi vous ? »

« J’ai été gracié par le Roi Julius », dit Magnus avant que Stryker ne puisse répondre. « Et je suis à nouveau un fidèle sujet de Cygnar ».

L’estomac de Stryker se noua. Il pouvait comprendre leur méfiance à l’égard de Magnus mais il avait besoin de leurs informations, et il se retrouvait donc dans la position peu enviable de défendre un homme qu’il détestait. « C’est vrai, colonel. Le Roi Julius a la plus grande confiance dans le général, et son expérience militaire nous sera très utile ici. Les paroles lui brûlaient la langue ».

Jarov secoua la tête. « Je vous ai promis de vous donner toutes les informations dont je dispose, et je le ferai ». Il était visiblement perturbé par la présence de Magnus, mais Stryker était soulagé que le colonel soit un homme de parole. « Suivez-moi ».

Les portes de la Tour Gris-vent s’ouvrirent. Des dizaines de soldats étaient déployés dans la cour au-delà. Ils se tenaient au garde-à-vous, le fusil à l’épaule. Qu’il s’agisse d’une subtile menace ou d’une démonstration de discipline llaelaise, Stryker ne pouvait le dire. Il se tourna vers Magnus, dont le visage était impassible et indéchiffrable. « Après vous, monsieur », dit Magnus, et Stryker franchit les portes.

* * *

LE COLONEL JAROV ÉCOUTAIT AVEC INTÉRÊT Magnus lui exposer dans les grandes lignes leur plan d’attaque de Croix-des-Fleuves. Ils étaient assis dans les appartements relativement somptueux du colonel, autour d’un feu de cheminée, un verre d’un bon vin llaelais à la main. Ils allaient passer la nuit à la tour, une dernière chance de dormir dans un lit et manger un repas chaud avant la longue marcher vers Croix-des-Fleuves.

Le Capitaine Vayne di Brascio s’était joint à deux, et l’expression du mage balisticien devenait de plus en plus sombre au fur et à mesure que Magnus exposait sa stratégie. La Capitaine Gibbs n’était pas présent ; peut-être craignait-il de passer trop de temps parmi des hommes qui pourraient le ramener en Cygnar en tant que déserteur, imagina Stryker.

Maddox ajouta de petits détails à l’explication de Magnus, principalement la logistique des troupes et la façon dont elles seraient déployées. Stryker et Tews restaient tous deux silencieux. Stryker se sentait de plus en plus mal à l’aise à l’idée que le Colonel Jarov n’ai rien dit jusqu’à présent.

Lorsque Magnus eut terminé, Jarov se racla a gorge et dit : « Votre plan est solide. En théorie, mais la réalité de la situation est bien différente de ce que vous aviez prévu ».

Magnus fronça les sourcils. « Veuillez expliquer, Colonel ».

« Je vais laisser le Capitaine di Brascio s’expliquer. Il a dirigé plusieurs patrouilles dans cette région et a été témoin de la situation a Croix-des-Fleuves. Capitaine ».

« Vous avez raison, Général, la partie ouest de la ville est toujours affaiblie, et ils s’attendent à ce qu’une attaque vienne de cette direction, c’est pourquoi vous avez choisi d’attaquer la partie occidentale de la ville ».

Stryker dit : « Mais ? »

« La partie orientale de la ville est fortement fortifié », poursuivi di Brascio. « Cette partie de Croix-des-Fleuves est restée en grande partie intacte après l’assaut initial khadoréen, et Harkevich a épuisé presque tous ses hommes et toutes ses ressources pour la reconstruire ».

« Bien sûr, nous nous attendions à ce que le Kommandeur Harkevich ne soit pas complètement préparé à un assaut », déclara Magnus, une pointe d’irritation s’insinuant dans sa voix.

« Il est plus que préparé », répondit di Brascio. « Elle est pratiquement imprenable de ce côté-là. Il a démoli tous les ponts sur le Fleuve Noir, à l’exception d’un seul, la Grande Porte, et c’est le seul moyen de traverser. Il dispose également d’une petite flotte de canonnières patrouillant le fleuve pour décourager quiconque serait assez fou pour tenter un traversée ailleurs ».

« Compris », dit Maddox. « Alors, nous prenons le pont. Quelles sont ses défenses ? »

« Considérable. La Grande Porte est une forteresse en soi, lourdement fortifiée et occupée par un bataillon entier de Man-O-War. Mais c’est pas le pire. Harkevich a récemment pris livraison de deux Conquêtes, et ils montent la garde à l’extrémité du pont ».

C’était un problème. Les conquêtes étaient de gigantesques warjacks, souvent appelés colosses. Ces sont de batteries d’artilleries ambulantes, armées de massifs canons double pouvant tirer des obus explosif jusqu’à mille six cents mètres.

Tews lança un regard noir à Magnus et serra ses énormes poings. « Nous serons embouteillés sur ce pont, ces foutus colosses élimineront nos gens sur le pont, peu importe ce que nos Murs-Tempête feront en retour », déclara Tews, nommant les homologues cygnaréens du Conquête, de gigantesques warjacks galvaniques qui pourraient remplir un champ de bataille de leurs immenses capacités destructrices.

« C’est exact », répondit di Brascio. « Les Conquêtes sont soutenus par des batteries d’artillerie lourde, et croyez-moi, Harkevich sait comment les utiliser ».

Magnus se frotta la bouche et regarda di Brascio. C’était la première fois que Stryker voyait l’homme troublé depuis son retour. Il éprouvait une sombre satisfaction de voir le plan parfait de Magnus s’effondrer, mais l’enjeu était bien plus important que de simplement voir son vieil ennemi humilié.

« Nous pourrions passer plus au sud de Croix-des-Fleuves et attaquer la ville par l’est », dit Stryker.

« Non, ça ne marchera pas non plus », dit le mage balisticien. « Harkevich a détruit tous les ponts suffisamment grands dans un rayon de cent soixante kilomètres autour de la ville. Une fois que vous aurez traversé le territoire occupé, il saura que vous arrivez et vous serez traqué tout au long du chemin. Sans oublier que cela lui donnera le temps d’obtenir des renforts de Rynyr.

« Alors, que recommandez-vous, Capitaine ? » demanda Magnus. Il était évident que celui faisait mal de poser cette question, mais il n’était pas idiot, et di Brascio était désormais leur seule chance.

« Je pense que votre plan est toujours valable », déclara di Brascio. « Attaquer depuis l’ouest vous offre l’élément de surprise. Vous pouvez atteindre la ville sans être inquiété et sans alerter Harkevich. Mais une fois que vous y serez, se sera un casse-tête … à moins que vous ayez une aide à l’intérieur ».

Magnus pencha la tête. « Que voulez-vous dire ? »

« Comme vous le savez sans doute, le Kommandeur Harkevich est le commandant militaire de Croix-des-Fleuves, mais de puissants princes marchands kayazy ont également des intérêts dans la ville ».

Styker n’aimait pas la tournure que prenaient les événements.

« Un homme, le Seigneur Pitor Aleshko, supervise les intérêts commerciaux de la ville ».

« Attendez. Comment cela nous nous aiderait ? » demanda Maddox. « Savez -vous quelque chose d’utile sur cette homme ? »

di Brascio se rassit sur sa chaise et croisa les bras sur sa poitrine. « À vrai dire, je n’en suis pas sûr », admis-t-il. « Ce que nous avons entendu ne sont que des rumeurs, même si elle sont suffisamment intrigantes pour être écoutées. Nous entendons dire qu’il est aussi corrompu que Harkevich est patriote, une homme toujours à la recherche d’un moyen d’accroître sa richesse et son pouvoir. Il a repris toutes les opérations lorsque l’homme qui le précédait a été exécuté par le Protectorat ».

« Magnus ajouta : « De tels hommes sont plus faciles à gérer que des patriotes idéalistes comme Harkevich ». Stryker ne manqua pas le regard en coin que Magnus lui lança.

« Oui, exactement ce que je pense », déclara di Brascio. « Il peut-être approché ».

Stryker réfléchit à ses choix. « Si cet homme est aussi indigne de confiance que vous l’entendez, pourquoi le contacterions-nous ? Il n’est pas assez stupide pour nous ouvrir les portes, peu importe ce qu’on lui versera ».

« Je vous donne cette information uniquement parce que je l’ai et parce que vous ne pouvez pas prendre la Grande Porte par un assaut frontal ».

« Capitaine, j’ai une armée derrière moi et assez de puissance de feu pour raser Croix-des-Fleuves ».

« C’est votre intention, Seigneur Général ? » demanda Jarov. « De nombreux citoyens llaelais fidèles vivent encore sous le joug de l’oppression khadoréenne à Croix-des-Fleuves ».

Une bouffée de chaleur monta au visage de Stryker. « Non, bien sûr que non », dit-il. « Je veux simplement dire que nous pourrions être en mesure de prendre la Grande Porte sans avoir recous au Seigneur Aleshko ».

di Brascio secoua la tête. « Même si vous vous en emparez, vous perdrez beaucoup d’hommes et nous ne pourrez peut-être pas tenir la ville par la suite. Bien sûr, si la Résistance était impliquée ... »

« Mais ce n’est pas le cas », répondit Stryker. Il ne voulait pas s’engager sur cette voie, c’était trop tentant. « Je ne défierai pas mon roi plus que je ne l’ai déjà fait ».

« Alors, que recommandez-vous, Seigneur Général ? » demanda Magnus. La question était tranchante comme un poignard.

« Nous devrions voir le pont et ses défenses par nous-mêmes », déclara Stryker. Il regarda di Brascio. « Je ne doute pas de votre évaluation, mais ce n’est qu’un élément de l’équation. Vous ne comprenez pas les capacités de mes hommes aussi bien que moi ».

« Comme vous le dites », dit di Brascio, « mais je me bats pour le Llael depuis vingt ans. D’près mon expérience, Harkevich vous fera beaucoup de mal si vous l’attaquez de front ».

« J’apprécie votre franchise », répondit Stryker en le pensant. Le mage balisticien lui plaisait de plus en plus. L’homme était manifestement expérimenté, discipliné et bien informé. « Et vous nous avez donné des informations précieuses. Puis-je vous demander une dernière faveur, Colonel ? »

« Demandez », dit Jarov.

« Vos éclaireurs vous ont fournis des bons renseignements sur Croix-des-Fleuves et probablement sur la route entre ici et là. Pourriez-vous me prêter quelques-uns de vos hommes pour nous accompagner jusqu’à la ville ? »

« J’avais anticipé cette demande », dit Jarov. « Le Capitaine di Brascio et une unité de mes meilleurs éclaireurs vous accompagneront ».

« Je ne les mettrai pas en danger si je peux l’éviter », dit Stryker.

di Brascio rit. « Avec tout le respect que je vous dois, Seigneur Général, vous ne pouvez pas éviter cela ».
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

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Hop, -> Mp  ;)