ROYAUMES D’ACIER > Background – Histoire des Royaumes d’Acier
Roman - Fléau des Dragons
elric:
La liche fit une halte à midi. « Cet endroit devant nous. Laissez-moi l’examiner un peu plus en détail ».
« Qu’attendez-vous de nous ? » demanda Grendov.
La liche toucha une feuille, cherchant des signes de corruption. Les enfants de Toruk étaient habiles à se cacher sinon le Père des Dragons se serait occupé d’eux tout seul, il y a très longtemps. Mais aucun dragon ne pouvait s’empêcher de propager la corruption, aussi habile soit-il.
« Grendov, les arbres là-bas. Regarde si de la mousse pousse dessus ». Venethrax ne donna aucun ordre aux Quatre. Ils n’en avaient pas besoin.
Reprenant leurs positions habituelles, ils procédèrent à ce pour quoi ils avaient été refaits. Kankur ne reçut également aucun ordre. Le nécrotech se tenait prêt au cas où un besoin soudain de réparation surviendrait
Les ogrun noirs se déployèrent, certains suivant Grendov, d’autres prenant des positions de sentinelles mobiles se déplaçant au fur et à mesure que la liche se déplaçaient. Comme Kankur, ils n’étaient pas adaptés à cette partie particulière de la chasse. La bataille était leur point fort, pas le pistage.
« Dracia », dit Venethrax. Quand la satyxis s’inclina devant lui, il ordonna : « Trouve une fourmilière ».
« Une fourmilière ? »
« Vas-y ».
Avec un haussement d’épaules, elle poursuivit.
« Talyn, sécurise le périmètre est ».
« Le Faucheur se dirigea vers la partie la plus épaisse de la forêt voisine. Talyn remarqua une branche tellement particulière avant si loin que ses orbes brûlants touchèrent presque le morceau de bois. Puis il passa à la suivante.
Venethrax saisi un moustique qui passait et le retint. Sa magie gardait l’insecte tremblant, piégé au-dessus de sa paume, permettant au seigneur liche au seigneur liche d’inspecter les moindres détails.
Mais la créature n’offrait que la pathétique fragilité de la vie. Venethrax l’écrasa et se concentra sur l’écorce d’un arbre voisin. Il observa les crêtes, notant toutes les décolorations et la santé des créatures sur l’écorce.
Elle n’était pas corrompue. La forêt insistait pour rester intacte.
Venethrax s’accroupit près des racines, remarquant dans quelles directions elles se tordaient avant de s’enfoncer dans le sol. Il prit une poignée de cette terre et l’a tamisa.
Derrière lui, les Quatre réalisaient leurs propres expériences. Venethrax captait des bouffées de diverses odeurs. Des sons aléatoires associés à leur travail attiraient parfois son attention, mais ils n’avaient rien trouvé d’important jusqu’à présent, sinon l’orateur l’aurait signalé.
Enfin, il y eut un bruit aux conséquences possibles : les pas légers, presque silencieux, ne pouvant appartenir qu’à Dracia.
Elle attendit qu’il finisse son étude du dessous d’une feuille. « J’ai trouvé une fourmilière ».
Elle tendit une petite pochette. D’une petite cache dissimulée dans son bras gauche, Venethrax retira une petite pince et un globe violet conçu pour grossir au-delà même de ses capacités. Alors que le globe planait entre son regard et la pochette, la liche utilisa la pince pour retirer l’un des fourmis à l’intérieur.
La fourmi rouge se tortilla avec une force que Venethrax pouvait admirer, intrépide, elle cherchait à mordre ce qui la retenait mais ne pouvait tourner suffisamment la tête pour le faire.
Mettant de côté son intérêt pour les capacités naturelles de la fourmi, la liche commença son inspection.
« Si je peux », prononça Dracia, « quand j’ai rassemblé celle-ci et les autres dans la pochette, elles semblaient se déplacer un peu au hasard. Mais je ne connais rien aux fourmis.
« ‘Au hasard’ ». Venethrax posa la fourmi se débattant sur son bras et la relâcha. Au lieu de courir le long de son armure à la recherche d’une issue, la fourmi marcha en rond, puis le sur le côté, puis un autre cercle. Laissant l’insecte errer à sa guise, la liche en trouva une autre dans la pochette et l’étudia. Une fois de plus, il ne remarqua rien d’extraordinaire. Il posa la seconde fourmi à côté de la première et observa.
Pas une seule fois les deux interagirent. La seconde se déplaçait comme la première, errant clairement ‘au hasard’, comme l’avait dit Dracia.
Il leva les yeux en direction d’où œuvraient les acolytes dévoilés. L’acolyte au visage vide avait l’oreille droite dressée, comme s’il avait entendu quelque chose. Il se déplaça pour que son oreille gauche gagne puissance. L’acolyte fit cela encore et encore d’une manière non conforme à ses habitudes, mais l’orateur ne bougea pas pour alerter son maître.
Étrange, pensa-t-il.
Grendov choisit ce moment-là pour revenir. Adoucissant ses traits, il s’agenouilla devant Venethrax. « J’ai inspecté une cinquantaine d’arbres ».
« Suffisant pour l’instant. Qu’as-tu trouvé ? »
« La mousse pousse sur chacun. Ils ont l’air normaux. Aucun signe de corruption. L’écorce en dessous est saine et solide ».
Alors que Grendov faisait son rapport, Venethrax observait les deux fourmis. Elles continuaient à agir sans réfléchir.
Il regarda dans la pochette et repéra une troisième fourmi. Ignorant les deux sur son bras, le seigneur liche jeta un autre coup d’oeil aux Quatre.
L’acolyte poursuivait son constant mouvement d’oreilles, comme s’il cherchait à entendre quelque chose étant juste au-delà de ses capacités.
« Voulez-vous que j’inspecte plus d’arbres », demanda Grendov.
Venethrax lui fit signe de se taire. Laissant les deux fourmis sur son bras tomber ou continuer à s’accrocher à leur guise, la liche sortit de son armure un petit artefact ressemblant à une oreille pointue, mais en argent et tordue, de sorte que la pointe revenait dans le trou.
Tu as trop bien écouté pour ton propre bien, Marun. Maintenant, sers-moi à nouveau correctement.
Venethrax tendit l’artefact vers la troisième fourmi, qui se débattait comme les autres l’avaient fait.
Le sifflement secoua les personnes entourant le seigneur liche et fit raidir Venethrax.
« Cela vient de cette petite bestiole ? » demanda le satyxis.
Venethrax retourna la fourmi. Le sifflement fut plus prononcé, plus sauvage. Venethrax remarqua que de minuscules gouttelettes de ce qu’il pensait être de l’acide formique s’échappaient de la zone des mandibules. Il aurait ignoré l’acide, que toutes les fourmis possédaient, si quelques gouttes n’avaient pas touché son armure – et brûlé profondément le métal. Si les gouttelettes n’avaient pas été si petites, son armure aurait pu subir de réels dommages.
Il inspecta la fourmi de plus près. En augmentant le grossissement, Venethrax finit par trouver ce qu’il cherchait : une unique tache sur la face inférieur du thorax, blanc verdâtre et en train de suppurer.
Corruption.
Il employa les pinces pour écraser la fourmi, puis reporta son attention sur la paire de fourmis toujours sur son bras. Maintenant la liche remarquait de minuscules taches d’acide.
Énergisant son armure, Venethrax brûla les autres armures. Pour faire bonne figure, ils pris la pochette de Dracia et la détruisit, ainsi que son contenu. Laissant tomber les restes consumés sur le sol, Venethrax se tourna vers la satyxis. « Montre-moi cette fourmilière. Grendov, la colonne se déplace avec nous »
« Oui, mon seigneur ». Grendov se dirigea vers les ogrun.
Inclinant la tête, Dracia conduisit son maître à l’avant. Avec Grendov supervisant le reste de la force de Venethrax, Talyn et les helljacks prirent place derrière le seigneur liche. Bien que le Faucheur ne s’arrêtait à aucun moment, il jetait constamment un coup d’oeil sur les branches et les buissons le long du chemin comme s’il soupçonnait qu’ils étaient des ennemis. Les Léviathans ne faisaient pas preuve d’une telle imagination, se contentant de suivre le sillage de Venethrax tels d’obéissants animaux domestiques.
« Comment avez-vous su pour les fourmis, mon seigneur ? » demanda Dracia.
« Les systèmes complexes d’habitations des insectes communautaires comme les fourmis peuvent s’étendre sur des distances et des profondeurs inimaginables. De cette manière, elles sont souvent les premières créatures à rencontrer la corruption et en être affectées.
« Et la mousse ? »
« Susceptible à l’aura de la corruption qui se répand, elle prend une couleur grise distinctive lorsqu’elle est affectée. Même si ce gris n’est pas encore visible, une inspection de l’écorce des arbres environnants pourrait également révéler la décomposition et la mutation ».
Dracia inclina à nouveau la tête. « Grande est l’intelligence de mon seigneur. Le Père des Dragons n’aurait pas pu choisir un serviteur plus intelligent ».
Venethrax ignora le compliment. « Nous sommes proches ? »
« Juste là ». La satyxis pointa devant elle et à sa gauche. Vous voyez. Cette clairière ».
Au premier coup d’oeil, la zone ne révélait aucun signe de corruption. Les arbres et les autres plantes semblaient en bonne santé Pourtant, Venethrax ralenti prudemment son pas.
« La fourmilière est de ce côté-ci ». Dracia se dirigea vers un imposant chêne se penchant vers le groupe venant en sens inverse.
« Arrête », ordonna la liche. Alors que Dracia obéissait, Venethrax fit quelques pas devant elle, puis mit un genou à terre pour examiner le sol.
Quelques fourmis s’approchèrent de son imposante forme. Venethrax ne leur prêta pas attention, plus intéressé par le sil lui-même. Il écarta les brins d’herbes, étudiant le dessous de chacun.
Et, enfin, il trouva plus de corruption. Seulement à la base de deux brins, mais sans équivoque.
Observant toujours l’herbe corrompue, Venethrax ordonna : « Que Grendov répartisse les autres sur cette zone. Je veux que même les ogrun surveillent la flore. Nous devons découvrir de quelle direction elle se propage ».
« Oui, mon seigneur ».
Talyn et les Léviathans demeurèrent à proximité, gardant le seigneur liche afin qu’il puisse poursuivre son enquête sans souci. Kankur se tenait également à proximité, silencieux et immobile comme une statue. Le reste de ses forces se déployait comme ordonné. En se rapprochant de la fourmilière, la liche ressentit un frisson, une sensation presque vivante. C’était la raison de son existence, le genre de moment pour lequel il servait…
Il arriva au bord de la fourmilière, où comme Dracia l’avait dit, les fourmis se déplaçaient de manière aléatoire, ce qui n’illustrait en rien la détermination naturelle pour laquelle Venethrax les admirait. Il semblait même qu’ils n’avaient trouvé l’entrée du tertre que par accident. Une fourmi tomba alors qu’il observait.
Il arasa la base de la fourmilière. Les fourmis prises dans son action ne semblaient pas vraiment le remarquer. Au moment où elles furent libérées de sa main, elle poursuivirent leur errance sans but au lieu de s’enfuir en courant paniqué.
Il regarda de plus près le sol. Sa main avait révélé d’autres traces de corruption étrangère. Venethrax ne craignait pas la contamination par de si petites quantités ; l’énorme pouvoir qui lui conférait la propre corruption du Père des Dragons le protégeait de celle de tout dragon mineur.
En suivant les zones présentant la corruption la plus avancée, le seigneur liche s’aperçut que, bien que fragmentaire et bien caché, il s’étendait jusqu’au chêne. Il regarda en haut. Dracia et Grendov étaient de retour. Derrière eux traînaient plusieurs ogrun anxieux, le regard furtif, sursautant au moindre bruit.
« Mon seigneur » prononça Dracia. « Certains ogrun ont trouvé des signes visibles de corruption, mais ils ont peur de la toucher.
« J’apporte des rapports similaires de l’autre côté de cette clairière », ajouta Grendov en adoucissant ses traits.
Venethrax les récompensa d’un vague hochement de tête, l’esprit encore occupé par ses propres observations.
Mais au fur et à mesure que les rapports arrivaient, quelque chose lui apparut, une image qu’il aurait dû comprendre depuis longtemps. Le seigneur liche se leva d’un bond, faisant sursauter ses deux lieutenants.
Il tourna en rond. Un sifflement de colère lui échappa alors qu’il comprenait à quel point il avait sous-estimé le danger. Il y avait plus de corruption à proximité, plus de corruption dans toutes les directions.
Il avait été assez stupide pour ne pas réaliser à quel point elle pouvait se répandre sous terre.
« Sonne la retraite. Pour tout le monde- »
Venethrax s’interrompit alors qu’un liquide blanc suintait du sol non loin devant eux. Seulement, alors qu’il se répandait sur le sol, il remarqua que ce n’était pas un liquide, mais plutôt des millions et des millions de fourmis corrompues.
Grendov tenta d’appeler à une retraite ordonnée comme il l’avait ordonné, mais la zone sous l’acolyte céda. Dracia se jeta vers lui, mais le rata, car son pied se déroba.
Venethrax eut le temps de voir des fourmis corrompues plusieurs fois de la taille des premières surgirent à la surface près de ses pieds avant que le reste de la clairière ne s’effondre. Son armure lourde lui servit et agit contre lui. Elle protégea Venethrax alors qu’il chutait au sol, l’armure subissant le gros de l’effondrement alors que des tonnes de roches et de terres lui tombaient dessus, mais la liche coula telle une ancre, grâce à son poids.
Ils chutèrent tous.
Les ténèbres entourèrent Venethrax. S’il avait été une créature vivante, il aurait suffoqué à cause de la poussière remplissant sa bouche.
Mais un autre danger se profilait, alors que Venethrax luttait pour retrouver son équilibre. Les fourmis continuaient d’envahir son champ de vision, rampant sur son armure malgré son champ d’énergie qui aurait dû rendre leurs incursions impossibles. Il semblait qu’elle se déplaçaient maintenant avec intention, cherchant des brèches dans son armure – n’importe quelle brèche, aussi petite soit-elle.
Il parvint à se rétablir. Lorsque le grondement de l’effondrement s’estompa, il fut remplacé par le sifflement des fourmis corrompues.
Des mandibules aussi larges que la main de Venethrax traversa la poussière en direction de son visage. Il leva sa main et réussi à attraper l’énorme fourmi derrière la tête juste avant que les mandibules ne l’atteignent. Venethrax écrasa la fourmi. Ses infects fluides vitaux se répandirent sur lui.
Des sifflements l’assaillirent de toutes parts alors qu’il poussait pour se dégager. De plus petites fourmis continuaient de ramper sur lui, le forçant à les brosser bien que cela ralentisse sa progression. Si les créatures pénétraient dans son armure, elles ou leurs plus grosses cousines deviendraient mortelles pour lui.
Une autre paire d’énorme mandibules se brisa sur son poignet gauche. Venethrax pointa sa paume vers l’insecte, puis se concentra.
Un feu vert éclata autour de la fourmi corrompue. Avec un cri aigu la créature se tordit et se retourna, se recroquevillant finalement en une boule consumée.
Avançant sa main devant l’attaquante morte, Venethrax fini par trouvé l’air libre. Il creusa dans cette direction, repoussant enfin assez de terre et de roche pour voir ce qui l’attendait.
Ce ne fut pas un spectacle l’emplissant de plaisir.
Il se tenait au pied d’une fosse géante. Des fourmis corrompues se répandaient sur tout. Leur domaine se situait clairement sous toute la clairière et même au-delà. Avec des fourmis si grosses, les tunnels devaient être encore plus grands. Dans des circonstances normales, le complexe serait resté sécurisé sous la surface. Malheureusement, la compagnie de la liche s’était avérée trop lourde pour le sol.
Ou y avait-il plus dans cet effondrement ? Venethrax avait essayé de comprendre l’esprit sournois des enfants de Toruk pendant tant de siècles, qu’il ne pouvait s’empêcher de noter son opportunité.
Alors même qu’il réfléchissait à cette possibilité, le seigneur liche se leva et trouva une grande partie du reste de sa compagnie luttant contre des ennemis corrompus. Les Quatre se tenaient dans un coin éloigné, dos à dos, abattant habilement toutes les fourmis s’approchant alors qu’ils harmonisaient leurs sens. Plus proche de Venethrax, Dracia frappait les fourmis avec une arme à chaîne tout en lançant un sort mettant les autres en pièces. Malgré tous ses efforts, les rangs apparemment sans fin affluaient vers elle, un problème qu’elle partageait avec les Quatre.
De Grendov, Venethrax ne remarqua aucun signe. Mais l’instant d’après, les pensées de l’acolyte touchèrent son esprit. Grendov avait réussi à s’accrocher au bord lorsque la colonie de fourmis s’était effondrée. Il n’était pas à l’intérieur.
Je regroupe nos forces au-dessus dès maintenant, mon seigneur.
Dépêche-toi, répondit Venethrax, conservant son attention sur les événements au fond du trou. Les guerriers ogrun frappaient les insectes. L’un des spectres chasseurs tirait sur une colonne, en détruisant plusieurs. Pourtant, des fourmis rampaient sur la forme du mort-vivant. Même un spectre chasseur n’était pas insensible à leur pouvoir draconiqe corrompu lorsqu’il était corporel.
Tout en écartant les petits ennemis de son armure, Venethrax libéra Fléau des Dragons. La lame surnaturelle s’enflamma au fur et à mesure qu’elle était dégainée. Il l’abattit sur d’autres fourmis, tuant des centaines d’entre elles d’un seul coup.
À courte distance, l’un des Léviathans se retourna pour essayer de repousser l’attaque sur son chariot. Le helljack tira plusieurs coups de feu, touchant l’un des ogrun. Alors que l’ogrun tombait, le ‘jack tira encore et encore, forçant les alliés à fuir les environs.
Un autre ogrun tomba à genoux, le corps couvert. Le guerrier, autrefois redoutable, agrippa sa bouche tandis que les fourmis affluaient. Il s’agita follement jusqu’à ce qu’il finisse par succomber, l’écume à la bouche et s’effondrant face première sur le sol.
« Lâchez-moi, bon sang ! » dit Dracia. Malgré son admirable travail avec l’arme à chaîne, la satyxis risquait toujours de subir le sort de l’ogrun.
Un craquement près de son poignet avertit la liche d’une nouvelle menace. Surpris, il découvrit que certaines fourmis avaient abandonné l’armure et avaient mordu sa main sans chair. L’acide formique amélioré brûlait ses os.
Venethrax ressentit également les dégâts sur son armure.
Il brûla les fourmis en amplifiant sa fournaise. Puis, plus déterminé que jamais, Venethrax fonça sur les autres assaillants, brûlant vivants des centaines d’insectes avec une pluie magique de liquide caustique. Des milliers de petits cris se joignirent aux sifflements sans fin.
Et pourtant, aux yeux de Venethrax, l’armée de la colonie semblait sans fin.
La liche se concentra. Talyn, en avant.
L’imposante forme de Talyn s’approcha de la liche. Sur son ordre, il cracha de l’acide. Le mortel panache retint temporairement les créatures.
À droite de la liche, un nécropantin s’effondra sous les incessantes attaquent des insectes, des parties de son corps à moitié dissoutes par d’immenses quantités d’acide contaminés par la corruption. Près du nécropantin, un autre ogrun chuta en hurlant. Il se tordit un instant de plus dans une ultime tentative pour évacuer des dizaines de fourmis de son corps.
Encore et encore, Fléau des Dragons tuait des centaines, voire des milliers de fourmis à chaque coup. Et d’autres se déversaient du sol, des parois et d’au-dessus. Venethrax se demanda à nouveau si cette colonie n’était pas un piège tendu par le dragon qu’il recherchait, un piège n’attendant que les curieux serviteurs de Toruk.
La vois de Grendov remplit son esprit. Monseigneur, j’ai réuni le capitaine ogrun et nous avons organisé suffisamment d’assistance pour vous aider à remonter à la surface. Si vous-
Une obscurité recouvrit l’effondrement. Une grande agitation au-dessus fit s’arrêter la liche dans ses efforts. Il chercha un signe de Grendov mais ne vit rien.
Dans un bruit sec, quelque chose s’écrasa à côté de lui. D’autres choses tombèrent à proximité.
L’ombre s’estompa. La source du bruit à côté de lui s’avéra être un ogrun, sans tête mais toujours par l’insigne de Venethrax. C’était le capitaine dont Grendov avait parlé.
Ce ne fut pas le seul corps. Plusieurs autres cadavres d’ogrun gisaient le sol, tous dans un état au moins aussi ravagé que l’officier. Un certain nombre de nécropantins étaient également empilés parmi le groupe de combattants, certains d’entre eux dans un état encore plus lamentable.
Entre les coups, Venethrax regarda le corps du capitaine ogrun. Quelque chose lui semblait étrange. Le cou, réalisa-t-il. Ce qui aurait dû être une blessure sanglante était à la place soigneusement cautérisée. Il serra les dents, en regardant vers le haut. Il fallait un puissant acide pour cautériser de cette manière, si puissant que même le venin des fourmis corrompues n’était pas à la hauteur - le type d’acide qu’il associait à un dragon ou au moins à un rejeton draconique.
Et si Grendov avait réussi à éviter le trou plus tôt, la force ayant privé l’ogrun de sa tête avait également projeté l’acolyte dans la section effondrée. Coincé sous la roche, Grendov gisait aussi immobile que l’un des cadavres. Venethrax ne pouvait pas atteindre Grendov, même s’il sentait que son serviteur vivait toujours, et qu’il n’y avait personne d’autre qu’il pouvait envoyer pour libérer l’acolyte.
Mais il y avait un serviteur qui pouvait apporter à Grendov une certaine défense. Venethrax sentit que l’Équarrisseur se redressait au fond de la fosse. Sur l’ordre de la lichen le bonejack prit position près de l’acolyte piégé.
Satisfait pour le moment, Venethrax retourna défendre sa propre position. Alors qu’il se battait, il entendit une voix s’élever au-dessus du vacarme.
« Et un autre, et un autre », commentait Kankur d’un ton clinique. Le nécrotech avait les quatre bras en action, mais surtout celui qui maniait une aiguille. Tel un scorpion, Kankur poussait encore et encore, empalant fourmi après fourmi en une rapide succession. Pendant ce temps, le couteau chirurgical tranchait les têtes des autres fourmis, parfois avec une telle précision que les corps continuaient à bouger quelques secondes de plus.
Un autre ogrun en fut chuta, le corps couvert de la tête aux pieds. Ses camarades restants s’étaient rassemblés en un groupe défensif, se tournant le dos les uns les autres. Bien que le plan ait du mérite, les fourmis continuaient à ramper sur les guerriers.
C’était le chaos. Si Venethrax ne prenait pas rapidement le contrôle de la situation, son expédition s’arrêterait ici.
Comme pour souligner ce point, un carillon d’alarme provenant de l’un des Léviathans résonna dans son esprit. Criblé d’acide, le helljack tourna en rond puis vacilla en avant comme s’il était étourdi. Venethrax senti des problèmes avec les connexions corticales du Léviathan. Les insectes corrompus avaient trouvé leur chemin dans son châssis et presque dans le cortex. Ils n’avaient pas percé de brèche dans sa coque extérieure, mais les conduits permettant de communiquer avec ses membres étaient compromis. Il ne pouvait pas se défendre.
Frissonnant, le Léviathan trébucha et bascula.
Talyn cessa de cracher de l’acide. Avec un son semblable à de la frustration, le Faucheur ouvrit le feu sur la mer de fourmis. Les tirs détruisant des légions d’insectes corrompus, arrosant plusieurs des autres défenseurs de morceaux de roche et de terre.
Alors que la liche appréciait la détermination du Faucheur, l’excessive réaction de Talyn distrayait encore plus ses camarades. Venethrax pris le contrôle du Faucheur mettant fin aux imprudentes explosions.
Plusieurs fourmis aussi grandes que le point charnu d’un ogrun arrachèrent un guerrier au groupe en diminution. Au moment où il fut privé de la protection de ses camarades, des centaines d’autres fourmis rampèrent sur son corps se tortillant. La brèche dans leurs défenses s’avéra fatale pour le reste des camarades de l’ogrun mort. Les fourmis se déversèrent dans l’ouverture, attaquant le reste des guerriers par-devant et par-derrière.
Fléau des Dragons dévasta des milliers de fourmis, mais Venethrax devait en faire plus pour empêcher le reste de son groupe – et lui-même – de tomber. Le seigneur liche s’arrêta à contrecœur, ce qui permit aux fourmis de remplir les espaces qu’il avait dégagés. Il essaya d’ignorer la vague d’adversaires corrompus s’approchant, tout en tenant Fléau des dragons au de sa poitrine et en se concentrant. Il n’avait jamais canalisé ce sort à travers l’épée, mais cela semblait l’unique option.
Par la pensée, Venethrax saisit les deux âmes récemment capturées du vaisseau cygnaréen. Alors qu’elles hurlaient d’agonie, il employa leurs essences pour restaurer sa force magique. Cet effort consuma ce qu’il restait des deux hommes morts, mais Venethrax n’avait pas le choix. S’il survivait, il pourrait en récolter davantage.
Le corps de la liche brilla alors qu’il canalisait sa volonté le long du tranchant de Fléau des Dragons. Les Feux de l’Enfer se propagèrent de la liche à sa lame, où ils coulèrent jusqu’à la pointe. La consommation d’énergie de Venethrax fut énorme, mais la liche s’en ficha.
Il pointa Fléau des Dragons vers les fourmis les plus proches. Les Feux de l’Enfer se jaillirent de la pointe de la lame, se déversant sur les légions. Ils drapèrent tout devant la liche, en l’espace d’un souffle – pour ceux qui respiraient – éradiquant toutes les fourmis auxquelles Venethrax faisait face.
Pourtant, il y en avait encore beaucoup, beaucoup plus.
Malgré l’épuisement croissant de son pouvoir, Venethrax tourna son épée vers la droite. À nouveau, les feux de l’enfer enveloppèrent les insectes, les tuant rapidement, quelle que soit leur taille.
Les feux de l’enfer enflammèrent la colonie effondrée. Enfin, Venethrax consolida sa position et repoussa les fourmis. S’armant de courage, le seigneur liche fit un pas en avant puis un autre.
Les fourmis corrompues cessèrent finalement leur attaque contre lui. Venethrax se fraya un chemin jusqu’à Dracia, sans se soucier de savoir si les feux de l’enfer pouvaient l’effleurer. Il supposait qu’elle préférait être blessée plutôt qu’être détruire.
Avec les insectes fous chassés, Dracia réussi finalement à reprendre son souffle. Ce fut l’unique moment de répit que son maître lui accorda.
« Récupère Grendov ! Que Talyn l’emmène. Suivez cette voie. Le seigneur liche amena Fléau des Dragons et les feux de l’enfer vers l’endroit où se trouvait l’acolyte.
« Oui, mon seigneur ! » Dracia craignait à juste titre Venethrax plus que la colonie corrompue. Risquant le contact avec les feux de l’enfer, elle se précipitât vers Grendov.
Venethrax renforça le lien avec le Faucheur puis ordonna à Talyn de suivre Dracia. Tandis que Talyn se mouvait, Venethrax jeta un regard autour de lui. À part Kankur, un Léviathan et trois ogrun tentant d’escalader le mur, il n’y avait aucun survivant visible.
Serrant les dents, la liche renforça son sort avant de balayer Fléau des Dragons de sorte que la lame surnaturelle couvre toutes les zones, sauf celles où Dracia et Talyn avait traîné Grendov en sécurité.
Les feux de l’enfer ravageaient la colonie. Les fourmis corrompues s’enfuyaient dans les murs et le sol. Bien qu’elle soit sur le point de s’effondrer, la liche poursuivait son attaque. Il tenta également de déclencher une pluie de sang, mais choisit de ne pas le faire tant que Dracia et les autres étaient encore dans le trou. Le seigneur liche avait besoin de ses serviteurs.
Un sifflement résonna dans sa tête. Venethrax entendit le bruit de plusieurs membres derrière lui. Trois massives fourmis attaquaient le seigneur liche depuis le haut de son dos. En employant le sort feux de l’enfer d’une manière si inhabituelle, il avait épuisé une grande partie de l’énergie de son bouclier magique. Il n’était pas sûr de pouvoir les retenir, maintenant qu’ils avaient fini.
Sa tension mentale augmentant, Venethrax attrapa aveuglément la première fourmi. Il la rata. À la seconde tentative, la fourmi vint à son aide, ses mandibules cherchant à briser les os de sa main en deux. Au lieu de cela, la liche projeta la fourmi accrochée en avant, assez fort pour desserrer son emprise. Elle atterrit juste devant Venethrax. Le seigneur liche l’écrasa rapidement de son massif pied, laissant une flaque de boue grise sous sa botte.
La deuxième atteignit la faille dans son champ de force. Il réussit à attraper une patte et à la tirer – seulement pour découvrir que les mandibules de la fourmi l’avaient attrapé. Venethrax tira plus fort. Malheureusement, cela ne servit qu’à laisser libre la déchirure des mandibules de la fourmi.
Il sentit la fourmi chercher à ramper à l’intérieur. Avec une grande frustration, la liche cessa finalement son sort feux des enfer. Des flammes brûlaient toujours dans son voisinage, mais elles n’étaient plus sous son contrôle. Le feu commença à se propager vers lui, en fait coupant sa voie de retraite.
Malgré cette nouvelle menace, Venethrax devait se préoccuper de s attaquant restants. Laissant tomber Fléau des Dragons, il attrapa la créature intruse à deux mains.
Cette fois, il arracha le corps par le thorax. La tête se balançât un moment, puis tombât. Jetant le corps tremblant, Venethrax chassa la dernière fourmi. Il la saisit avant qu’elle ne puisse grimper plus haut, l’écrasant entre ses mains, et essuya ses fluides vitaux de ses paumes.
Venethrax récupéra Fléau des Dragons. Accrochant son épée dans son dos, il se dirigea vers le mur de terre presque vertical à sa gauche, son seul espoir d’évasion. Il creusa profondément et commença à s’élever. Son emprise demeurait précaire, mais lentement il progressa.
En dessous, les feux de l’enfer se propageaient furieusement dans toutes les directions. Les cris aigus des fourmis mourantes atteignirent un crescendo, puis chutèrent jusqu’à un quasi-silence.
Une courte missive mentale de Grendov l’informa que Dracia et Talyn avaient non seulement sauvé l’acolyte de sa situation, mais qu’ils s’étaient échappés du trou avec lui et l’Équarrisseur. En ayant cela à l’esprit, Venethrax ordonna à Talyn de revenir et de l’aider.
Le bord supérieur du mur apparut. Venethrax tenta une nouvelle prise, mais la massive tête d’une fourmi traversa le mur juste au-dessus de lui. Avec un long sifflement, la fourmi s’abattit sur la liche, l’acide dégoulinant de ses mandibules.
Utilisant ses mains griffues comme les pitons d’un alpiniste, Venethrax poussa vers le haut. Quelques fourmis corrompues rampèrent hors du mur tandis qu’il grimpait, mais elles étaient minuscules, insignifiantes. La principale préoccupation de Venethrax était que le ur puisse supporter son poids. À mi-chemin, cette inquiétude atteignit son paroxysme lorsque la terre sous sa main droite s’effondra. Il faillit tomber. Seuls les rapides réflexes permirent à Venethrax de renforcer sa prise à temps.
Incapable de relâcher son emprise très longtemps sans tomber, Venethrax tenta de calculer une autre défense.
Il fut sauvé par une longue pointe qui transperça habilement la fourmi juste derrière la tête. Talyn regarda son maître. Il secoua d’abord le cadavre pour le libérer, puis étira la pointe pour que Venethrax puisse s’agripper.
Atteignant la surface, la liche se retourna pour inspecter les résultats des feux de l’enfer. La fosse où se trouvait la colonie brûlait toujours. Il n’y avait plus de cris, mais davantage de fourmis restaient cachées dans les bords extérieurs de la fosse en ruine où elles avaient fui.
Talyn visa le centre du trou et tira.
Une énorme explosion secoua la fosse. Des flammes s’élevèrent dans les cieux, résultat de la charge incendiaire que Talyn avait tirée. Des fragments de roches et de terre se détachèrent de chaque mur, ajoutant au chaos. Rien de ce qui avait évité les feux de l’enfer ou caché dans les murs ne viendrait les poursuivre.
Talyn tira une seconde salve, moins puissante, sur la colonie dévastée. Il se pencha pour jeter un coup d’oeil à l’endroit où il venait de tirer, puis, apparemment satisfait, s’éloigna du bord et attendit le prochain ordre de la liche.
Grendov, le visage toujours légèrement de travers, vint aux côtés de Venethrax. « Mon seigneur, pardonnez à mon- »
« Demande aux ogrun de préparer les torches et poussez ce qui reste de ces choses dans la fosse, puis veillez à ce que tout le monde se déplace à l’ouest ». La liche regarda le sol voisin. « Revenez me voir immédiatement après ».
Tandis que l’acolyte obéissait, Venethrax examina ce qui restait de ses forces. De nombreux ogrun et la plupart des nécropantins n’étaient plus. En plus de Grendov, Dracia et Kankur avaient survécu, mais Venethrax n’avait repéré qu’un seul des spectres chasseurs.
« Où est l’autre ? » demanda-t-il à la satyxis en indiquant le spectre restant.
« Je n’en ai aucune idée, mon seigneur. Il était en bas avec nous ».
Il fallait une grande puissance pour abattre un spectre chasseur. Le niveau de corruption infestant la zone était pire que ce que Venethrax avait soupçonné. En effet, il n’avait qu’à chercher les autres ‘jacks pour voir combien de dégâts de simples insectes – même s’ils étaient radicalement modifiés par la corruption – avaient causés à ses serviteurs personnellement entraînés. Il ne restait qu’un seul Léviathan. Sa colonne était réduite à moins de la moitié de ses effectifs, même si Kankur voyait ce qu’il pouvait faire avec les restes des autres pour augmenter la puissance des survivants.
Et pourtant, pas un instant le Limier de Toruk ne pensa à battre en retraite. Bien que désastreux, cet événement l’encouragea à penser que le but ultime de ses siècles de recherches était devant lui. Un dragon. Un nouveau dragon.
Force-moi à traverser un millier de colonies infectées, à affronter une légion d’ours corrompus, ou d’autres massives bêtes tordues par votre présence, Venethrax défia silencieusement le dragon invisible. Je te traquerai quand même.
Le seigneur liche inspecta les vestiges de la clairière. Il remarqua la forme de la colonie telle que définie par l’effondrement. Il observa le trou, puis les collines vers lesquelles ils se dirigeaient, puis Grendov. L’acolyte, sentant les besoins de son maître, se précipita vers lui.
La liche savait déjà la plupart de ce que Grendov avait vu, fait, et pensé ; l’esprit de l’acolyte lui était presque toujours ouvert. Il fouilla plus attentivement maintenant. Le seul survivant à avoir vu tout ce qu’il s’était passé depuis le haut, il n’avait pas vu grand-chose d’important. Grendov avait été renversé par-derrière, puis projeté dans la fosse par le coup du mystérieux attaquant. Mais suffisamment de fragments d’images passèrent du serviteur à son seigneur pour aggraver les soupçons de Venethrax. Il vit des griffes, des dents, des morceaux d’ailes.
« Grendov. Concentre-toi. Pense au moment où tu as été frappé pour la première fois. Réfléchis ».
Venethrax aurait pu tenter de prendre ce qu’il voulait de l’acolyte sans l’invoquer, mais le seigneur liche cherchait des informations minutieuses, un fragment de fragment, et préférait les obtenir sans potentiellement détruire l’esprit de Grendov. Ce n’était pas souci pour l’acolyte que son maître le préservait, mais une conscience aiguë de la valeur de Grendov s’ils devaient affronter la source de la corruption. Ils étaient déjà trop peu nombreux.
Grendov s’inclina puis leva les yeux. Son unique œil visible rencontra celui de Venethrax. La liche le fixa.
À nouveau, de brefs aperçus du bain de sang apparurent. Une ombre enveloppant tout. Des morceaux d’ogrun défilant. La vue de Grendov changeait alors qu’ils essayaient de se tourner. Dents. L’aile. Une griffe.
Et c’était tout. Les souvenirs de Grendov après cela consistaient à être coincé sous la roche.
Pourtant, ce fut suffisant. À partir des fragments, Venethrax put calculer la direction d’où venait le dragon. C’était le dernier élément dont le seigneur liche avait besoin pour ses calculs.
Il s’était trompé. Les collines vers lesquelles ils se dirigeaient étaient probablement un leurre. La forme de la colonie dictée par l’avancée de la corruption, l’aplatissement du terrain sur le côté des collines et le vol du dragon permirent à Venethrax de trianguler l’endroit qu’il cherchait.
C’est là, pensa-t-il avec triomphe alors qu’il regardait par-dessus Grendov, en direction d’une parcelle de terre légèrement arrondie parsemée d’arbres. C’est là que tu te caches.
La liche ne doutait plus de ses calculs. Venethrax dépassa la dévastation, le massacre d’une grande partie de ses forces étant maintenant un sacrifice digne de ce nom. Il savait où se trouvait sa proie. C’était tout ce qui comptait.
Grendov avait les restes de la force de la liche prête. Venethrax fixa l’acolyte. Cela débute. Tu connais ta place. Occupe-toi de la colonne.
Grendov s’inclina profondément.
La liche passa devant Talyn. Le Faucheur se plaça silencieusement derrière lui. Le Léviathan restant et l’Équarrisseur emboîtèrent le pas. Avec une grimace, la satyxis rengaina son arme et se dirigea vers Grendov.
Venethrax se fraya un chemin à travers la forêt. Talyn et le Léviathan restèrent silencieux alors que la liche s’approchait de la butte. La forêt elle-même était calme, réalisa le warcaster. Avant la colonie de fourmis, les choses avaient au moins eu un semblant de normalité, ici il était clair pour l’œil aiguisé, l’oreille sensible, que quelque chose avait changé.
Les premiers signes visibles de la corruption commencèrent à apparaître sur les feuilles, les troncs d’arbres et mêmes les rochers. Un mortel stupide aurait en premier pensé que ces traces étaient une sorte de lichen bizarre, mais pour Venethrax, chaque signe était comme si le dragon avait griffonné son nom. La seule frustration du seigneur liche était de ne toujours pas pouvoir lire ce nom, ne pouvait toujours pas dire qui était ce dragon.
Pourtant, il y avait des indices de quelques choses de familier, quelque chose que Venethrax mit un moment à reconnaître, ou du moins à croire qu’il l’avait fait.
Blighterghast. Il me rappelle d’une certaine façon Blighterghast. Cette preuve renforça sa théorie, que cette créature pourrait être liée au grand dragon des Montagnes du Mur du Dragon., l’un de rejetons les plus puissants de Toruk. Ce le surprenait un peu de voir la réalité corroborer ses spéculations les plus folles, ou même les pointer du doigt, même s’il lui manquait encore des preuves.
Le sentier serpentait à travers un lit de ruisseau asséché, puis remonta une petite pente. Le chemin s’avérait parfois difficile pour les deux imposants ‘jacks, et le groupe était épuisé, mais Venethrax continuait.
Son œil exercé suivait la corruption. La présence était de plus en plus forte. Il était sur la bonne piste.
Et puis ils arrivèrent à la grotte.
Bien que proche du sol, la bouche était non seulement plus qu’assez large, elle était en fait très haute, ce que Venethrax remarquait mieux en descendant. Pourtant, en la voyant et en pensant à l’emplacement, le seigneur liche soupçonnait que ce qu’il cherchait était plus petit que n’importe quel dragon dont il avait entendu parler jusqu’à présent. Soit c’était un descendant direct du Père des Dragons, toujours en train de se reformer et faire repousser son corps après une quasi-destruction, soit, comme il venait de le penser, un autre l’avait engendré, ce qui faisait de lui une deuxième génération.
Il n’y avait qu’un seul moyen de le savoir.
Venethrax fit un geste, et le Léviathan s’avança. À travers ses yeux, il étudia l’entrée pendant un moment puis l’envoya à l’intérieur. Venethrax lui permit de faire une douzaine de pas avant d’envoyer l’Équarrisseur. Une fois qu’il eut fait une douzaine de pas, la liche suivit. Talyn s’arrêta à l’extérieur, attendant des nouvelles de son maître.
La puissance de son champ d’énergie était poussée à ses limites. Cela pourrait être fatal s’il était pris au dépourvu. Le seigneur liche fit une pause à l’intérieur et échantillonna l’air avec ses sens mystiques, détectant les détails de sa composition. Il n’y avait aucune trace de chaire pourrie ou de matière fécale, mais cela ne signifiait pas que la grotte était inoccupée. Il pourrait y avoir une autre bâte que sa proie à l’intérieur, mais chaque fibre de Venethrax insistait pour que ce soit le dragon inconnu.
Le seigneur liche était bien conscient qu’il ne pouvait pas affronter un dragon en bonne santé, mais Toruk s’attendait à ce qu’il fasse tout son possible pour y parvenir. Venethrax avait navigué jusqu’ici pour prendre toutes les mesures qu’il pouvait de présence de ce mystérieux dragon, puis revenir intact pour rapporter à son seigneur ce qu’il avait appris. Bien sûr, si Vendredi découvrait un dragon très affaibli, comme il l’espérait, cela changeait complètement les choses. Revenir avec un athanc serait un inimaginable succès. Pourtant, d’après ce qu’il avait vu à travers les yeux du Léviathan jusqu’à présent, il semblait de plus en plus que le bête ayant habité ici était partie depuis longtemps.
Quelques pas de plus à l’intérieur, et tout changea. La visibilité au-delà du Léviathan se réduisit à deux ou trois verges. Un pressentiment frappa la liche et Venethrax dégaina Fléau des Dragons. Il avait l’impression qu’une autre présence planait tout près, une mortelle et puissante présence.
Il s’adressa à Talyn par la pensée. Avance vers-
Le plafond derrière Venethrax gronda soudainement. Des tonnes de roches et de terres s’effondrèrent sans avertissement à l’entrée. La liche se retourna juste à temps pour voir Talyn reculer pour éviter d’être prise dans l’effondrement. Malheureusement, le Faucheur était bloqué à l’extérieur, Venethrax et le Léviathan étaient emprisonnés à l’intérieur.
D’une pensée, le Limier de Toruk attisa la fournaise de l’armure. Le feu s’embrasa illuminant les parties les plus proches de la cavité. Lorsque cela se produit, la vérité concernant l’éboulement se révéla dans tout sa terrible splendeur.
Une forme monstrueuse tomba du plafond en ruine. Elle surplombait la liche et le ‘jack et rugissait avec une telle véhémence que Venethrax pensa qu’il pourrait retourner à Skell sourd, s’il survivait à cette mission. C’était un rugissement terrifiant, digne de n’importe quel dragon, sauf de Toruk lui-même.
Pourtant, même avec la menace se dressant au-dessus de lui, Venethrax ne pouvait s’empêcher d’être attiré par un point particulier. À travers les faibles rayons de lumière traversant les minuscules interstices de l’effondrement, il pouvait suffisamment distinguer de détails de la gargantuesque créature – peau noire écailleuse, gueule reptilienne et larges ailes coriaces. Ces sont tous les éléments de la proie chassée par Venethrax, autant de preuves que finalement il affrontait le mystérieux dragon.
Sauf que ce qui s’élançait vers lui n’était pas un dragon.
elric:
PARTIE TROIS
Un rejeton draconique. La chose pour laquelle Venethrax avait tant sacrifié, pour laquelle il avait voyagé jusqu’à cette terre désolée n’était qu’un rejeton draconique.
« Seulement » n’était peut-être pas le bon terme. Il n’y avait rien d’insignifiant dans ce rejeton draconique. En fait, alors qu’il tombait sur la liche et le helljack, Venethrax détermina qu’il représentait quelque chose d’inédit, à sa connaissance. C’était le rejeton draconique le plus ressemblant à un dragon qu’il avait jamais vu ou dont il avait jamais entendu parler, au-delà de tout ce qui se trouvait dans les volumineux récits de rencontres draconiques stocké aux Archives de Skell. La liche fit un rapide calcul basé sur sa propre taille et estima que la bête mesurait neuf mètres de haut et près de trente mètres de long, avec des ailes – actuellement à moitié déployées – qui s’étiraient probablement encore large que cette dernière mesure.
Aussi immense soit-il, le rejeton attaquant offrait à la liche de nouvelles opportunités. Combattre un vrai dragon aurait été impossible était donné l’état de son groupe et de son armure, mais contre un rejeton draconique, il aurait peut-être une chance. S’il triomphait, il obtiendrait de précieuses informations, ce qui rendrait cette expédition intéressante malgré sa tournure inattendue. Il se mit en position, requinqué par cette pensée.
Le rejeton approcha. Venethrax bondit juste au moment où la créature l’attrapait avec ses lourdes et acérées griffes. Sous l’ordre de la liche, le Léviathan s’avança et tira.
L’explosion ralentit suffisamment le rejeton draconique pour que Venethrax puisse se repositionner, mais rien d’autre. Il grogna. Tous les ‘jacks avait été armé d’une puissance de feu capable d’abattre un rejeton draconique. Une fois encore, il semblait que ce monstre était unique, qu’il ressemblait à aucune des bêtes que Venethrax avait combattues, étudiées ou lues.
Elle se détourna du Léviathan comme si le ‘jack n’était pas un problème ; Venethrax était son seul centre d’intérêt. Elle bondit après lui, rugissant alors qu’elle le poursuivait.
Bien qu’intimidé, Venethrax pris néanmoins une nouvelle position et prépara Fléau des Dragons. Les runes le long de la lame brillèrent, mais le rejeton draconique agissait comme si la légendaire épée de Venethrax n’était qu’une épingle. La créature se rapprocha de son petit adversaire.
Même s’il était pris dans la bataille, le seigneur liche continuait d’analyser tout ce qu’il voyait concernant le monstre. Bien qu’extérieurement semblable à un dragon, le rejeton draconique ne possédait pas certaines des puissantes protections de ce dernier. Il y avait des trous dans sa peau écailleuse, en particulier sur la partie inférieure où la mâchoire se connectait à son crâne. La tête elle-même était malformée, tout comme les membres. Le crâne avait une nette crevasse définie, et les mâchoires étaient tordues vers la gauche. L’une des pattes avant était plus courte que l’autre, et d’après le peu d’aperçu que Venethrax avait des griffes arrière, au moins l’un d’entre elles était plus un moignon qu’une patte. Il soupçonnait également que, aussi larges qu’elles soient, les ailes ne pourraient pas vraiment supporter le lourd corps en vol prolongé. Pourtant, cela importait peu – sa forme difforme était plus mortelle dans ses imperfections que la plupart des monstruosités dans la fleur de l’âge.
esse du monstre, Venethrax prépara Fléau des Dragons pour une frappe. Le rejeton se rapprocha de lui. Il plongea.
Le rejeton draconique déploya ses ailes et plana au-dessus, hors de portée de sa lame. Alors que Venethrax se retournait pour compenser, le rejeton baissa son aile la plus proche, frappant le seigneur liche et l’envoyant au tapis.
Fléau des Dragons échappa à l’emprise de Venethrax. Bien qu’elle n’ait pas glissé loin, être désarmé ne serait-ce qu’un instant était potentiellement mortel. Ce rejeton draconique ne fit rien comme ceux qu’il avait auparavant combattu. Son attaque révéla une certaine conscience non seulement de qui était Venethrax, mais aussi du danger que Fléau des Dragons pouvait représenter. Il agit avec ruse, semblant plus être un vrai dragon que la progéniture d’un autre.
Le seigneur liche le sentit faire une embardée pour attaquer à nouveau. Il serra les dents. Le rejeton draconique avait peut-être une inhabituelle ruse pour l’un de ses semblables, mais il faisait toujours face au dévoué serviteur de Toruk.
Maintenant, commanda-t-il.
Le Léviathan ouvrit le feu à nouveau. Alors que Venethrax s’était positionné pour faire face au monstre, il avait coordonné la localisation du ‘jack. S’il avait tenu le rejeton draconique à distance, le Léviathan aurait tiré sur le dos non protégé de la créature. Bien que cela ne se soit pas produit, le ‘jack était dans la position parfaite pour tirer sur une cible en approche.
Trois tirs rapides arrêtèrent le rejeton draconique en plein vole. Malheureusement, aucun des tirs ne réussit à toucher le dessous de la mâchoire ou à causer le moindre dommage au torse écailleux.
Mais Venethrax n’avait ordonné l’attaque du Léviathan que comme distraction. Lorsque le dernier coup fut tiré, la liche porta sa véritable attaque à travers l’arc nodal de l’Équarrisseur en attente. De vives flammes verdâtres jaillirent des runes tourbillonnantes dans l’air autour de son poing tendu, et ces flammes atteignirent le rejeton draconique en plein essor, mais le rejeton évita habilement l’attaque magique, comme s’il s’était préparé à un tel tour. Pire, s’éloignant de Venethrax, la créature se jeta sur le Léviathan par le haut malgré un tir de barrage de dernière minute dans sa direction. D’énormes griffes saisirent le helljack et le soulevèrent comme si le Léviathan ne pesait rien.
D’un coup sec, le rejeton draconique arracha le bras-canon. Le laissant tombé avec un évident mépris, la bête mordit le Léviathan.
Les énormes mâchoires du rejeton déchirèrent le ‘jack. Il recula, arrachant la majeure partie de la tête en fer du Léviathan. Puis, avec ce qui ressemblait à une intention délibérée, la bête creusa profondément dans le torse central. Le souffle suivant, le rejeton draconique retira ses griffes. Avec elles, un objet sphérique : le cortex du Léviathan.
La partie inférieure du ‘jack convulsa puis se relâcha. Le rejeton draconique jeta le cortex sur le côté, puis laissa tomer l’épave du Léviathan. Un grondement sourd s’élevant du fond de sa gorge, la créature regarda à nouveau Venethrax.
La liche ne put s’empêcher de penser qu’il y avait plus dans cette bête qu’un simple instinct animal. Ses actions semblaient dirigées.
Le rejeton draconique gratta le sol, arrachant d’énormes morceaux de roche et de terre, et projeta les débris sur Venethrax.
Esquivant la mortelle pluie, le seigneur liche avança. Son champ éloigna la plupart des rochers atterrissant sur lui ou à proximité, mais Venethrax fit de son mieux pour s’assurer qu’il ne se retrouverait pas sous aucun des plus gros morceaux.
Les griffes vides, le rejeton s’élança vers Venethrax. Elle battit des ailes en chargeant, son intention révélée par le nuage de poussée s’élevant autour de la liche. Venethrax n’avait pas besoin de respirer, mais il avait besoin de voir son adversaire. En quelques secondes, la visibilité disparue complètement.
Il écouta le battement d’ailes, mais la forme de la chambre faisant que le son se répercutait dans toutes les directions. Encore une fois, Venethrax ne put s’empêcher de penser qu’il faisait face à un ennemi plus rusé, pas seulement au rejeton lui-même. Les rejetons draconiques étaient des bêtes, des prédateurs animalisés.
Ce qui signifiait que le maître de la créature pouvait être proche. Peut-être trop près.
Une rafale de vent frappa Venethrax. Sans le poids de son corps armuré, il aurait été projeté à plusieurs mètres de l’endroit. Même là, le seigneur liche tint à peine. Venethrax garda son emprise sur Fléau des Dragons et taillada le rejeton draconique au passage.
Le rejeton draconique rugit de douleur. Son sang, épais et visqueux, se déversa sur Venethrax, et son champ d’énergie flamba. Un sifflement se fit entendre alors que les fluides éclaboussaient son environnement. Le seigneur liche remarqua la nature hautement acide du sang du rejeton draconique, un autre trait qu’il partageait avec Blighterghast bien connu pour son souffle caustique. Le rugissement du monstre empêcha la liche de se concentrer davantage.
Venethrax chercha son adversaire. Avec la poussière retombée, il ne lui pas fallut longtemps pour localiser le rejeton draconique, perché au sommet d’un massif rocher, du sang suintant de la blessure à son ventre.
La blessure n’était que superficielle, mais les dragons ne sont pas comme la plupart des créatures vivantes — leur autonomie et même l’emplacement de leurs organes vitaux varient énormément. Pour les tuer, il fallait souvent trouver et exploiter ces endroits vulnérables. C’était simplement une question de chaos organique non dirigé causée par la corruption draconique chez les créatures vivantes. Pourtant si les soupçons de Venethrax quant au dragon responsable de la création de ce rejeton avaient du mérite, le warcaster avait une idée de l’endroit où il devait frapper la prochaine fois.
Le seigneur liche envisagea de se tourner vers les sorts les plus puissants, mais la situation n’en était pas encore là. Malgré la précarité de sa situation, Venethrax avait des questions auxquelles il voulait des réponses. Puisqu’il s’agissait d’un rejeton draconique, où était exactement le dragon l’ayant créé ? Comment ce dragon a-t-il pu concevoir une bête aussi unique ? L’effort pour créer une telle manifestation contrôlée de corruption serait monumental, voire impossible même pour l’un des rejetons de Toruk.
Alors que ces pensées et d’autres lui traversaient l’esprit, le seigneur liche sentit de nouveaux yeux se poser sur lui. Tout en gardant Fléau des Dragons en ligne de mire, il jeta un rapide coup d’oeil sur sa gauche, où le fond de la grotte s’enfonçait à nouveau dans l’obscurité la plus totale.
Il n’y avait rien, du moins pas pour l’oeil perçant de la liche.
Le rejeton draconique profita de sa distraction pour attaquer à nouveau. Mais avant que la bête ne puisse l’atteindre, Venethrax s’était déjà positionné pour faire face à son assaut et le transformer en une attaque de son propre chef. La lame du seigneur liche rencontra les griffes sauvages du rejeton, ce qui provoqua un bref mais violent duel qui ne s’acheva que lorsque le dernier coup de Venethrax trancha la principale de ces griffes.
Mais la perte de la griffe s’avéra être une feinte. La longue queue hérissée du rejeton draconique surgit de derrière lui, renversant d’abord l’Équarrisseur puis frappant le seigneur liche tel un serpent.
Venethrax bondit avant que la queue ne l’atteigne. Alors qu’elle balayait sa précédente position, il se laissa tomber et la trancha avec Fléau des Dragons.
La lame incandescente ne fit qu’une bouchée de la pointe, l’envoyant glisser le long du moignon. Le rejeton draconique siffla et battit des ailes. Plus de poussière envahirent le champ de vision de Venethrax, mais cette fois il était préparé. Concentré, il dispersa la poussière d’un geste de la main, laissant le rejeton draconique visible.
Le rejeton se tenait simplement debout et le regardait fixement, comme s’il attendait que quelque chose se produise.
N’aimant pas du tout cette idée, Venethrax leva Fléau des Dragons – et faillit perdre sa prise lorsqu’une accablante léthargie le prit. Sa tête donnait l’impression que le rejeton draconique l’entourait de ses deux griffes et le serrait lentement mais sûrement.
Venethrax n’eut qu’à regarder sa main décharnée pour savoir ce qui lui arrivait. Le sang du rejeton avait pénétré son armure et humidifié la fournaise à nécrotite l’alimentant.
Venethrax. Vacilla. Il parvint à retrouver son équilibre en se concentrant sur la colère que lui inspirait sa propre faiblesse. Tu es le serviteur choisi par Toruk ! Pensa-t-il. Personne n’est maître de ton existence, à l’exception du Père des Dragons. Tu n’as pas le droit d’être victime d’un ennemi, surtout d’un ennemi aussi humble qu’un rejeton draconique.
Venethrax versa sa volonté dans son armure, exploitant le mékanisme générant son champ d’énergie pour brûler le sang altérant la fournaise. La léthargie s’estompa. Alors que son esprit s’éclaircissait, il se rendit compte une fois de plus du comportement étrange du rejeton. La bête devrait déjà être en train de l’achever. Pourquoi ne l’avait-elle pas fait ? Que voulait-elle ?
Il sentit quelque chose bouger sur sa droite. L’instinct poussa la liche à agir. Il amena Fléau des Dragons dans cette direction et y concentra toute sa puissance.
L’ennemi qu’il attendait n’apparut pas.
Puis une massive griffe s’abattit et le cueilli, épinglant les bras de Venethrax le long de son corps. L’attaque venant de la direction opposé laissa le seigneur liche momentanément étourdi. Pourtant, alors même que les mâchoires baveuses s’apprêtaient à lui arracher la tête, il se ressaisit suffisamment pour se concentrer. Son sort partit juste au moment où les dents acérées s’approchaient de son crâne. Venethrax n’avait jamais lancé feux de l’enfer à l’intérieur d’un ennemi, mais, là encore, il n’en avait jamais eu l’occasion, pas en combat. Pourtant, le seigneur liche expérimentait souvent des variations de ses sorts pour des circonstances aussi extrêmes.
Le rejeton draconique rugit tandis que l’intérieur de sa bouche grésillait et brûlait. Il vacilla et projeta Venethrax au loin. La liche s’écrasa au sol, mais son champ d’énergie absorba le plus gros de l’impact. Malgré tout, la force avec laquelle son adversaire l’avait projeté laissa Venethrax perplexe quant à l’ampleur des dégâts que son corps blindé pourrait supporter.
Même s’il toussait et hoquetait encore, le rejeton draconique semblait en bonne santé. La bête cracha du sang, puis secoua la tête comme si elle essayait d’effacer le sort de cette façon.
Cette fois, Venethrax avait conservé Fléau des Dragons malgré le choc violent. Il leva la lame et chargea le rejeton draconique pendant qu’il était encore distrait.
La bête le remarqua au dernier moment. Il l’atteignit- S’attendant à une telle réaction, Venethrax concentra toute sa volonté et sa puissance dans l’épée. Avec l’habilité d’un maître épéiste ayant des siècles d’entraînement et d’expérience sanglante, il abattit Fléau des Dragons sur l’appendice venant en sens inverse. L’incandescente lame traversa la patte du rejeton juste au-dessus de la griffe.
Le rejeton draconique hurla et secoua le membre blessé. L’intelligence que Venethrax avait aperçu dans les yeux du rejeton disparut. Quelle qu’ait pu être l’influence dominante la contrôlant, il sembla que la douleur l’avait chassée et remplacée par la rage.
Hurlant toujours, le rejeton draconique envoya sa queue endommagée s’écraser sur plusieurs stalagmites à proximité. Des tonnes de calcaire et de roche volèrent vers Venethrax, frappant son bouclier et son armure. Le rejeton draconique ne s’arrêta pas pour autant, sa queue se déplaçant pour frapper d’autres formations à mesure qu’elle poursuivait son attaque.
Venethrax lâcha Fléau des Dragons. Un bras protégeant ses yeux, le seigneur liche tomba à genoux. Le rejeton draconique continua à fouiller le sol de la caverne, balayant tout ce que sa queue trouvait sur la liche s’affalant.
De la bave et du sang s’écoulant de sa bouche, le rejeton draconique blessé se rapprocha du seigneur liche.
Maintenant, ordonna Venethrax. Maintenant, on bouge.
L’entrée détruite explosa vers l’intérieur, bombardant le monstre surpris d’énormes morceaux de pierre et de terre. Une seconde explosion suivit rapidement la première, ajoutant au carnage.
Talyn traversa l’éboulement, visant déjà le rejeton draconique grâce à un bref ordre de Venethrax. Le rejeton se retourna pour faire face à ce nouvel ennemi.
Venethrax taillada une des pattes du rejeton draconique, créant une blessure superficielle mais douloureuse.
En hurlant, le mastodonte se retourna vers la liche, qui avait exagéré l’étendue de ses blessures juste pour que Talyn puisse entrer dans la mêlée à ce moment précis. Venethrax avait été conscient de la possibilité qu’un effondrement soit utiliser comme pour le piéger – bien qu’à l’époque il ait supposé que ce serait l’œuvre d’un véritable dragon – et avait calculé comment employer au mieux ses réserves. Il n’était pas dupe. Seul contre un dragon en bonne santé, il n’aurait eu aucune chance de survivre, surtout s’il s’agissait de Blighterghast. Même face à un rejeton draconique de cette taille, il risquait fort de périr. Ainsi, alors même qu’il combattait son monstrueux adversaire, une partie de l’esprit de la liche s’était ouvert à Grendov, qui relayait tout ce que les autres avaient besoin de savoir.
En fait, même la nouvelle blessure que le seigneur liche avait infligée au rejeton draconique avait été une distraction supplémentaire. Cela empêcha la bête de remarquer les silhouettes s’écartant dans des directions opposées alors qu’elles passaient devant Talyn. Agitant une Fléau des Dragons ensanglantée d’avant en arrière, Venethrax avait provoqué le rejeton draconique et s’était assuré que le reste de son plan avait le temps d’aboutir.
Le fracas de roche provenant de la gauche du monstre l’alerta de la menace grandissante, mais il était déjà trop tard. À côté d’une Dracia souriante se tenait le Léviathan encore lourdement endommagé, réparé à la hâte par Kankur. Il tirait de sa seule arme en état de marche, un canon à pointes.
Guidés par les pensées de Venethrax et en grande partie par Grendov, les autres fidèles du seigneur liche s’étaient glissés derrière Talyn au moment où l’attention du rejeton draconique s’était tournée vers Venethrax. Ils s’étaient mis en position en quelques secondes.
Le rejeton draconique recula sous l’assaut inattendu du Léviathan. Talyn tira à nouveau, envoyant le monstre ailé trébucher dans une autre direction, où Grendov s’inclina devant lui.
« Salutations », murmura l’acolyte.
Trois nécropantins reconstruits et le reste de l’unité d’ogrun chargèrent le rejeton draconique, plaçant un filet de fer entre eux. La bête ouvrit grand la gueule.
Grendov découvrit son autre œil.
À première vue, on aurait pu croire que le vide le plus total régnait dans l’orbite derrière la chair. Seul un léger scintillement révéla la présence d’une gemme noire.
Des tentacules de ténèbres jaillirent de l’œil – de longs tentacules nerveuses qui, contre des ennemis mortels, et même certains moins mortels, donnaient vie aux plus sombres horreurs de Cryx. Contre un rejeton draconique, ces forces n’étaient pas aussi terrifiantes, mais elles pouvaient jouer leur mortel rôle. Les tentacules s’accrochèrent immédiatement sur le visage du mastodonte, cherchant à s’infiltrer par ses narines et sa gueule et finalement à pénétrer ce qui tenait lieu d’esprit au rejeton draconique.
Les ogrun et les nécroserfs lancèrent le lourd filet de fer. Il tomba sur le dragon aveuglé, et bien que le filet ne soit pas assez grand pour couvrir complètement la bête, son poids fut suffisant pour forcer la créature à momentanément se recroqueviller.
Grendov se couvrit à nouveau l’œil, ce qui fit disparaître les tentacules. Venethrax observa la scène avec une certaine satisfaction. L’infernal entraînement qu’il avait infligé à ses troupes les avait bien servis, du moins pour le moment. Le seigneur liche n’avait pas l’intention de crier victoire tant qu’il n’aurait pas la tête de la monstruosité et, avec un peu de chance, un indice sur son créateur. Dès que le rejeton draconique fut pris au piège, Dracia s’approcha et plongea sa lame dans le flanc de la créature. Ce ne fut qu’une petite piqûre, mas le but de Dracia n’était pas simplement de blesser. La satyxis avait enduit sa lame d’un puissant poison. Venethrax et elle l’avaient mélangé avant le voyage, mais il n’y avait aucun moyen de le tester au préalable. Venethrax avait concocté le poison uniquement sur la base d’expériences antérieures.
Pourtant, il semblait qu’il avait bien calculé. Le mastodonte s’effondra et ses mouvements ralentirent.
Venethrax s’élança pour porter le coup fatal, puis s’arrêta. Après tout ce qu’il avait été témoin de cette bête, cela le surprenait toujours que même l’assaut bien coordonné ait au raison du rejeton dragon si rapidement et si totalement.
Il fit signe au Léviathan et à la force d’ogrun d’avancer. Le helljack se déplaça docilement, les ogrun avec plus de prudence. Venethrax devait s’assurer que le filet était aussi sûr qu’il y paraissait. Pour ce faire, il demanda à l’une des nécrobombes de se rapprocher de la tête du monstre.
Le Léviathan pointa son canon à pointes vers le rejeton draconique. Le poids du visage maintenait la gueule du rejeton draconique vers le sol, mais la tête se déplaçait comme si elle suivait les mouvements du Léviathan – mieux qu’elle n’aurait dû le faire.
Venethrax regarda Grendov.
L’acolyte claqua des doigts. Le Léviathan et les ogrun commencèrent à reculer.
Le rejeton draconique se cabra. Le filet s’avéra finalement peu gênant. À la moindre expiation, le rejeton répandait un panache d’acide brûlant sur le filet, le Léviathan, le nécrobombe et plusieurs ogrun.
Partout où l’acide entrait en contact, le filet fondait. Le fer se ratatinait avant de finalement s’effriter, le tout en l’espace d’un seul souffle.
L’ogrun s’en sortit pas mieux. Les guerriers endurcis hurlèrent tandis que leur chair se consumait. Le Léviathan parvint à survivre, bien que l’acide ait rongé une grande partie de sa carapace. Venethrax n’eut pas besoin de lui ordonner d’ouvrir le feu.
Malheureusement, l’acide avait affecté le mécanisme de l’arme. L’arme et le bras du Léviathan se brisèrent dans l’explosion qui suivit. Le helljack chancela. Il aurait pu échapper à la destruction, mais avec une aisance que son étant précédent avait démentie, le rejeton draconique déchira ce qui restait du filet, puis s’abattit sur le Léviathan. Il déchira facilement la machine en ruine, écrasant finalement la section contenant son cortex.
Le seigneur liche attendit un moment de plus avant d’envoyer un ordre à une nécrobombe à proximité, qui explosa aussitôt.
L’explosion assomma le rejeton draconique. Venethrax nota lequel de ses autres serviteurs avait manœuvré le plus près du monstre. Quatre immédiatement attirèrent son attention : l’Équarrisseur, deux ogrun et Dracia.
Il prit une décision.
Son armure s’illumina plus que jamais. Un rayonnement d’un vert maladif en jaillit dans une vague aux proportions draconiques. Venethrax sentit l’épuisement immédiat, mais il poursuivit.
La vague déferla sur les deux ogrun et l’Équarrisseur et contourna de justesse Dracia. Les deux ogrun hurlèrent et l’Équarrisseur trembla violemment. L’ogrun se tordit à mesure que la corruption s’amplifiait. Des gémissements s’échappèrent du corps du ‘jacks alors que le rayonnement l’affectait également.
Talyn. La simple mention de son nom par Venethrax fut tout ce dont le Faucheur avait besoin pour comprendre ce que son maître désirait. Talyn visa et tira sur les ogrun peureux.
Les malheureux guerriers explosèrent, leur destruction ponctuée par le rayonnement révélateur du feu magique, la plus puissante des sorcelleries de Venethrax, appelées flammes funéraires. Deux grands nuages de cendres sombres se formèrent dans le sillage des redoutables flammes, qui enveloppèrent le rejeton draconique étourdi.
Talyn ne perdit pas le temps à tirer sur l’Équarrisseur tremblant. Le ‘jack explosa avec des résultats non moins cauchemardesques. Sur le côté, une Dracia pâle, son regard écarquillé sur son maître, recula en titubant devant la bête. Elle semblait bien consciente que Venethrax l’avait laissée en vie, mais ne l’avait pas épargnée.
Le rejeton draconique siffla et rugit et essaya de se dégager de la cendre. Sa peau grésillait et il se tordait d’agonie tandis que ses traits prenaient une couleur cramoisie brûlante à cause de la cendre chaude.
La bête réussit finalement à se cabrer et à déployer ses ailes. À la frustration du seigneur liche, la force avec laquelle il battait des ailes réussit à disperser une grande partie des cendres.
Pourtant, bien que le rejeton draconique ait réussi à éliminer la majeure partie de la cendre brûlante de son corps, sa forme écailleuse continuait de brûler. Il se débattait d’avant en arrière, cherchant un soulagement qu’il ne trouvait pas encore.
Venethrax ne demeura pas inactif. Dès que l’occasion se présenta, le seigneur liche s’élança sur le flanc non protégé de la bête. Il porta un coup de Fléau des Dragons. La légendaire arme trancha l’écaille et s’enfonça dans la chair tendre.
Oubliant ses autres proies, le rejeton draconique frappa Venethrax de sa griffe blessée. La liche s’écarta d’un bond, puis envoya un ordre à Talyn.
Le Faucheur tira son harpon. Le tir coup était dirigé vers le bas qui, à certains yeux, aurait semblé médiocre, jusqu’à ce qu’il perce l’autre griffe postérieure et la traverse. Plus important encore, le harpon s’enfonça dans le sol de la grotte.
Le rejeton draconique tenta de dégager sa griffe. Venethrax avait depuis longtemps amélioré la puissance de feu du canon à harpon, car la lance avait besoin d’une énorme vitesse pour faire plus que simplement rebondir sur la peau du dragon. Le mécanisme du treuil vrombissant, Talyn entreprit de rétracter le câble au bout du harpon. Le câble se tendit.
Avec les ogrun écarté, Grendov découvrit à nouveau son œil. Les tentacules se précipitèrent vers le rejeton draconique, comme s’il s’agissait d’entités distinctes et non une partie de l’acolyte. Dracia, du poison frais sur son épée, guettait la moindre occasion de frapper à nouveau.
Assailli de tous côtés et cloué au sol, le rejeton draconique encore brûlant s’accroupit et siffla. À moitié aveuglé par les flammes funéraires, il s’en prit à son entourage, parvenant à écraser un nécroserf, s’étant trop approché, d’un coup sec de sa queue mutilée. Le rejeton tira encore et encore sur sa griffe, le sol où elle était coincée, se fracturant lentement mais sûrement.
À ce moment, le dernier spectre chasseur se matérialisé à côté de la gorge du rejeton draconique. Le spectre tiré sur la gorge, réussissant à la toucher directement, bien que superficiellement, avant de se volatiliser à nouveau.
Le rejeton draconique se retourna, cherchant ce nouvel attaquant.
Venethrax s’approcha de l’autre côté. Le mastodonte le remarqua au dernier moment et essaya de s’adapter. Évitant les mâchoires claquantes, la liche coupa le membre antérieur le plus proche. Fléau des Dragons coupa deux autres orteils, puis entailla profondément le dessous de la griffe. Malgré le sang acide du rejeton draconique qui brûlait son armure et même les os lui restant, Venethrax se précipita sous la créature se débattant. Il balança Fléau des Dragons avec force, tranchant la peau du bas-ventre avec une telle énergie qu’il laissa une entaille cramoisie de plus de deux verges de long et dégoulinante.
La créature libéra son autre griffe, envoyant Talyn voler dans les airs. De gros morceaux de chairs restèrent attachés au harpon, mais la créature ne semblait plus se soucier de rien, si ce n’est de détruire l’ennemi qui lui avait fait le plus de mal.
Mais Venethrax ne se trouvait pas là où le rejeton l’attendait. Alors que Talyn heurtait un stalactite, Venethrax sauta sur le dos de la bête, tailladant l’aile la plus proche. L’arme déchira la membrane comme du chiffon, garantissant que la rejeton draconique ne prendrait pas l’ait de si tôt.
Le rejeton draconique se jeta sur Venethrax mais ne parvint pas s’approcher que pour être une menace. Il tenta de souffler sur lui, mais la liche était trop près de la tête pour qu’elle puisse l’atteindre.
Venethrax s’approcha de la nuque et leva son épée. Il abattit Fléau des Dragons, et bien que le tranchant s’enfonçât à peine pour faire le couler le sang, cela suffit à pousser le dragon à redoubler d’effort pour atteindre la frustrante petite bête se trouvant sur son dos.
Le spectre chasseur se matérialisa à nouveau, arme levée. Le rejeton draconique en difficulté se retourna juste avant le tir. La créature expira avant que le spectre ne puisse réagir.
Le spectre chasseur laissa échapper un cri lugubre et tomba en cendres. Au milieu de l’agitation, Dracia bondit, tranchant le membre le plus proche. La satyxis ne préleva qu’une petite quantité de sang, mais cela correspondait aux plans de Venethrax. Le rejeton draconique tourna la tête, cherchant à mordre, essayant de souffler sur la satyxis, mais elle avait déjà reculé hors de portée.
Les tentacules de Grendov s’enroulaient maintenant autour de la gorge de la bête, et bien qu’elles soient faites d’ombres, elles se resserraient douloureusement. Le rejeton draconique s’acharna sur elles, mais des griffes passaient à travers.
Talyn ouvrit à nouveau le feu, visant la gorge. Au dernier moment, le rejeton draconique réussit à souffler sur les tentacules qui, malgré leur état incorporel, se dissipèrent immédiatement. L’action fit également changer la bête de position, juste assez pour que la salve du Faucheur frappe son épaule à la place. Talyn fut récompensé par un sifflement de douleurs, mais ce n’était pas la blessure espérée.
Le rejeton rugit si fort que le bruit ébranla plusieurs stalactites. Elle se cabra, le torse couvert de des propres fluides vitaux brûlants, dont une grande partie se répandit sur le seigneur liche. Venethrax ignora les dommages causés à son corps. En fait, à cet instant, il se délectait de la bataille. C’était pour cela qu’il avait été choisi. Certes, ce n’était pas un véritable dragon qu’il affrontait – un heureux coup du sort, il en était toujours conscient – mais ce monstre était un indice sur le mystérieux mastodonte – un morceau de celui-ci, pour ainsi dire. Le rejeton draconique détenait de nombreux secrets qui conduiraient très probablement la liche à ce que lui et son maître recherchaient.
Pour accéder à ces secrets, tout ce que Venethrax avait à faire était de le tuer.
Il connaissait désormais toutes ses faiblesses. Lame prête, Venethrax attendit que la bête enragée tente de l’écraser d’un coup de griffe. Venethrax leva Fléau des Dragons en arc de cercle lorsque la griffe s’approcha. Cette fois, il trancha ce qui restait des orteils griffus. Les doigts ensanglantés tombèrent de chaque côté de lui. Comme Venethrax l’avait prédit, la nouvelle blessure poussa le rejeton draconique rétracta le membre mutilé, évitant ainsi à la liche d’être écrasée.
Venethrax ne resta pas pour autant sur place. La liche s’était déplacée avant même que le rejeton draconique n’ait fini de retirer sa griffe. Il atteignit l’une des pattes arrière et enfonça Fléau des Dragons dans la partie inférieure, coupant à travers le tissu conjonctif.
Le rejeton draconique faillit basculer, mais elle se mit à quatre pattes, ou presque, sur ses membres abîmés. Venethrax s’était échappé de sous son corps. Toujours en mouvement, il fit ce qui aurait semblé être un choix suicidaire pour certain, en affrontant la bête de face.
Parce que Venethrax était si proche, l’instinct poussa le rejeton draconique à se jeter sur lui plutôt qu’à cracher de l’acide. Une fois de plus, les calculs de Venethrax, basés sur ses recherches s’avérèrent exacts. Il accueillit la morsure, regardant les mâchoires se tourner sur le côté pour l’attraper. Le rejeton draconique se souvenait manifestement assez bien de ce qui s’était passé la dernière fois et savait que le sort de brûlure de Venethrax aurait beaucoup mois d’effet avec la tête tournée comme elle l’était.
Mais Venethrax n’avait pas l’intention de répéter sa précédente attaque, Fléau des Dragons était l’unique outil dont il avait besoin. Le sort avait déjà fait son œuvre ; l’intérieur du gosier du rejeton était à vif, sensible.
Parfait pour Fléau des Dragons
Venethrax entendit Dracia haleter lorsqu’il la bouche du rejeton se refermer sur lui. Plaçant la grande épée au niveau de sa poitrine, le seigneur liche laissa le haut de la gueule de la monstruosité venir à lui.
Les runes le long de la lame flambant d’un vert brillant, Fléau des Dragons brûlait dans la palais. Venethrax tordit la lame alors qu’elle s’enfonçait.
En gémissant, le rejeton draconique s’éloigna tant bien que mal. Venethrax tenait à peine l’épée. Des crachats et du sang coulaient partout, brûlant tellement son armure, qu’elle commençait à ressembler à la carapace de Talyn. Il sentait que la fin était roche, mais peut-être pas celle du rejeton draconique.
Il n’attendit pas que le dragon se rétablisse. Venethrax avait appris tout ce qu’il pouvait du monstre. Il était temps d’en finir. La bête balançait la tête d’avant en arrière, essayant en vain de trouver un moyen de soulager ses souffrances toujours croissantes. Les flammes avaient déjà brûlé une grande partie de sa peau écailleuse, atteignant la chair tendre en dessous. Ses ailes battaient follement, mais l’une d’entre elles étant abîmées, le rejeton draconique ne pouvait même pas se soulever. Le seul avantage du battement d’ailes était qu’il empêchait les forces de Venethrax de s’approcher. C’était une petite victoire, car la liche n’avait plus besoin de personne que lui-même.
Il brandit Fléau des Dragons, puis cria : « Tu veux mettre fin à ton agonie, créature ? Tu la trouveras ici, sur la pointe de cette lame ! »
Sa voix grave résonna dans la grotte. Le dragon furieux pencha ta tête à la recherche de la liche. En voyant Venethrax si proche, il inspira. Le rejeton s’appuyait maintenant sur la seule arme ne lui ayant pas fait défaut.
« Merci », murmura le seigneur liche.
Il poussa la puissance de son armure à son maximum, s’élançant vers la gorge exposée que Talyn n’avait pas réussi à atteindre. Le dragon s’aperçut de son approche. Il cessa de respirer et tenta de l’avaler à nouveau.
Mais le rejeton draconique se déplaça trop tard. Venethrax enfonça la pointe profondément dans sa gorge exposée.
La bête parvint à émettre un gargouillis. Elle recula en luttant pour respirer. Venethrax n’eut pas besoin de retirer l’épée. D’autres fluides s’écoulèrent de la fente que Fléau des Dragons avaient taillé. Alors qu’il s’éloignait du rejeton se tordant, le seigneur liche s’émerveilla que cette créature ait pu survivre aussi longtemps avec autant de blessures.
Le rejeton draconique trébuchait d’avant en arrière. Ses yeux injectés de sang perdirent leur concentration. Ses ailes battaient faiblement. La bête pouvait à peine lever la tête.
Venethrax changea de position. Malgré son état, le rejeton draconique mourant le sentit. La tête pivota, les mâchoires s’ouvrirent à nouveau. Luttant, les poumons se gonflèrent.
Avant que la créature ne puisse souffler sur lui, le seigneur liche passa sous la tête et planta Fléau des Dragons sous la mâchoire. La lame surnaturelle perça les écailles, la chair et les os.
La bête noire tomba dans une attaque qui arracha Fléau des Dragons de Venethrax. La griffe mutilée passa à quelques centimètres de Venethrax, qui la laissa passer calmement en observant son épée et son adversaire.
Le rejeton draconique laissa s’échapper un autre long soupir puis se laissa tomber sur le côté. La queue oscilla deux fois avant s’immobiliser. Le mastodonte réussit à relever la tête une fois de plus, puis finalement, la laissa retomber.
Venethrax s’approcha doucement. Il dégagea Fléau des Dragons de sous la mâchoire du cadavre géant.
Une petite explosion secoua la grotte. Talyn rengainé son arme. De la fumée s’éleva de ce qui avait été les narines du rejeton draconique. La liche pensa à réprimander le Faucheur, puis laissa passer.
Malgré l’apparente victoire, et le savant en Venethrax cherchant à s’emparer de l’animal pour l’étudier, le danger ne s’était pas éteint avec la bête. Venethrax pointa du doigt l’endroit ou Talyn venait de tirer. « Notez la courbure de la mâchoire là-bas. Le bord arrondi des écailles. Chacun des enfants de Toruk porte des marques uniques ». Utilisant Fléau des Dragons, il fit un geste vers l’aile en ruine. « L’arc de l’aile. L’emplacement exact de celui-ci sur le dos du rejeton draconique. Tous les indices possibles quant à savoir qui a créé… »
Le seigneur liche eut l’impression que quelque chose les observait à nouveau. Avant même qu’il ait pu se tourner vers les zones sombres de la grotte, une voix semblable à celle d’un millier de serpents émergea. « Si intelligent, le petit étudiant, mais il devrait s’épargner des efforts avec le jouet du maître. S’il cherche un nom pour le maître, il peut l’avoir ».
Venethrax resserra sa prise sur son arme. Il connaissait le nom. Il le connaissait trop bien.
« Oui, c’est clair. Il sait déjà. Allons-nous le dire ensemble, liche ? Allons-nous le dire ? »
Faisant toujours face à son interlocuteur, Venethrax acquiesça. « Oui, je connais votre maître. Je connais Blighterghast ».
« Un nom si glorieux, n’est-ce pas ? Blighterghast. Grand, magnifique Blighterghast ».
Venethrax se tourna enfin vers les ombres. Là où il n’y avait que les ténèbres, se tenait maintenant ce qui semblait n’être qu’un manteau et une capuche animées. Une main à peine enveloppée de peau – une main humaine – pointa la liche. Un rire creux résonna dans la grotte.
Oui, la liche connaissait bien ce nom. C’était à cause de Blighterghast qu’il se tenait icià à cause de Blighterghast que Toruk avait convoqué Venethrax et en avait fait son chasseur en chef. C’était Blighterghast qui, à peine deux siècles après la création de l’Empire du Cauchemar, avait détruit le prédécesseur de Venethrax.
La chose devant Venethrax, c’est ce que l’on pourrait appeler l’Écho de Blighterghast. Parfois, un dragon asservissait des mortels pour les soumettre à sa volonté, les employant comme les acolytes servaient les seigneurs liches. Exposés à la corruption, et à l’esprit étrange du dragon, ces mortels devenaient invariablement fous, si la corruption ne les tuait pas avant qu’ils ne puissent être utiles. Pourtant, certains se portaient volontaires, par espoir, par misère ou par vénération. Par choix ou contre son gré, ce serviteur humain du dragon était devenu un tel messager. Blighterghast touchait chacune de ses pensées.
« J’ai longtemps observé comment le nouveau jouet de Toruk furetait, cherchant telle ou telle trace ! Un jouet beaucoup plus intrigant que le précédent, qui manquait d’imagination, de qualités divertissantes et d’espoir de survivre face à moi lorsque nous nous sommes enfin battus ».
Ce n’étaient pas mots exacts de Blighterghast, mais plutôt une traduction dérangée du dédain du dragon. Pourtant, servir de canal à la volonté de Blighterghast impliquait une certaine proximité. Il se demanda à quel point le dragon pouvait être proche. Pour contrôler le rejeton draconique, et maintenant cet émissaire, il semblait probable qu’il soit très proche.
Un rire grinçant s’échappa de l’Écho. « Je vois ton esprit courir dans une douzaine de directions au moment même où nous parlons ! Mon maître est-il proche ? Mon petit couteau suffit-il. Ah, ce test est bien plus intéressant que le précédent, qui s’est terminé de façon si rapide et décisive ».
Venethrax secoua la tête. Tout ce que Blighterghast avait dit indiquait qu’il avait organisé toute cette expédition – et toutes les recherche qui l’avaient précédée – comme un moyen d’évaluer le Limier de Toruk. Le seigneur liche voulait nier qu’il pouvait être manipulé ainsi, mais soudain il voyait comment chaque mouvement, chaque indice l’avait conduit ici, exactement au moment où Blighterghast le désirait. Comment expliquer autrement que la corruption se soit répandu juste assez pour être détectable, ou que les rejetons draconiques semblait avoir anticipé l’arrivée de Venethrax ? Tant d’autres petites choses se mettaient en place, si elles étaient bien le fruit de la manipulation de Blighterghast.
« Tu ne devrais pas te sentir si bête », poursuivi l’Écho. « Je t’ai observé de près. J’ai vu l’invasion à venir. Si tu viens me chercher, je serai prêt ».
La liche sentit un frisson parcourir son corps immortel. Il sentit que ces derniers mots n’étaient pas traduits par l’esprit fou du mortel comme les autres, mais qu’ils venaient plus directement du dragon. D’autres pièces du puzzle se mirent en place dans son esprit. Les préparatifs de Daeamortus et de Terminus, les mouvements des flottes, la guerre à venir, Blighterghast avait observé et soupçonné que ces efforts étaient dirigés directement contre lui, le seul dragon assez audacieux pour demeurer à proximité de Cryx. C’est lui qui avait mené l’alliance de la progéniture de Toruk lors de la révolte ayant banni le Père des Dragons, et c’est lui qui avait prédit la répétition de cet affrontement. En vérité, même si le Cryx n’avaient pas l’intention de s’attaquer immédiatement à Blighterghast, il s’attaquerait à son repaire en temps voulu.
« Tu tomberas », dit le seigneur liche. « Nous finirons par te faire échouer, et ton athanc rejoindra ton père, comme il devrait l’être ». Alors même qu’il s’exprimait, Venethrax calcula que l’égocentrisme de Blighterghast laissait entendre qu’il était encore possible de s’échapper. Les dragons étaient extrêmement prudents, une caractéristique pouvant être exploitée. Si Blighterghast avait organisé cette rencontre pour tester le seigneur liche et jauger ses capacités, la destruction immédiate de Venethrax ne devait pas être son objectif.
La folie revint dans le ton de l’Écho lorsqu’il prononça : « j’ai vu tout ce qui m’intéresse en ce qui te concerne, petit pantin. Lors de notre prochaine rencontre, vous tomberez, oui, périrez, ainsi que les armées de Toruk, son empire et tous ses plans.
Venethrax s’élança. Lui et Fléau des Dragons brillaient d’une énergie magique. Le seigneur liche atteignit l’Écho de Blighterghast avant que la forme encapuchonnée ne puisse réagir. Venethrax décrivit un arc de cercle au-dessus de la poitrine de la silhouette.
Dans la lueur ardente, Venethrax entrevit le vrai visage de l’Écho – un visage humain, certes, mais plus grotesque que la liche ne l’avait imaginé. La corruption du dragon avait totalement pris le contrôle, ne laissant que peu de peau tachetée sur un crâne étroit.
Il fit pivoter Fléau des Dragons, décapitant l’Écho de Blighterghast. Alors que Venethrax regardait les deux parties du corps se séparer, il pensa à la façon dont il avait probablement rendu service à l’humain – une honte, en fait.
Pourtant, à peine avait-il tué le serviteur de Blighterghast qu’un sifflement s’échappa de la direction de la tête. Venethrax se retourna et vit les yeux noirs enfoncés le fixant. « Ce corps n’a pas d’importance… » Sur ces paroles, les yeux s’obscurcirent et tout sentiment de la présence du dragon s’estompa.
Serrant les dents, Venethrax se tourna vers les autres. « Nous partons. Immédiatement. Prenez autant du rejeton que vous pouvez en transporter ».
Ils ne remirent pas en cause son urgence. Ils ne s’étonnèrent pas non de l’immobilité soudaine qui s’empara de la liche l’instant d’après.
Venethrax se connecta au navire, pour donner à Jediah le seul objectif qui restait à l’autre acolyte. La liche pouvait imaginer la figure de proue remuer, le bois se détachant du long du visage vulpin de Jediah.
Commence les procédures d’évacuations, ordonna Venethrax au capitaine à travers l’acolyte déchu. Nous rapporterons du matériel pour la recherche.
Ses ordres transmis, la liche renferma Jediah sous la figure de proue. L’acolyte fit une brève tentative pour demander grâce, mais la liche le fit taire.
Son attention à nouveau fixée sur la grotte, Venethrax jeta un coup d’oeil par-dessus son épaule. Le sentiment d’inquiétude qu’il avait ressenti depuis son entrée ne le quittait pas, malgré la destruction de l’Écho.
Il se tourna vers Talyn qui, comme toujours, attendait à proximité, la tête penchée sur le côté.
« J’ai besoin que tu portes quelque chose que ne peut pas être endommagé », dit-il au Faucheur.
elric:
La raison de l’expédition étant désormais susceptible de les chasser, les survivants de Venethrax reprirent le chemin du retour en moins de la moitié du temps qu’il fallut pour atteindre la grotte. Le reste de la force de débarquement les rejoignit peu après.
La méfiance de Venethrax ne se relâcha pas, même une fois de retour à bord de la Griffe. Il grinça des dents lorsque les fragments découpés dans le rejeton draconique furent ramenés à terre. Aussi importants que soient ces fragments, ils n’étaient pas à la hauteur de son véritable objectif.
Alors que Talyn disparaissait sous le pont, Venethrax jeta un coup d’oeil au ciel. Il ne vit aucun dragon, mais demeura catégorique sur le fait que le navire devait partir dès que possible.
Lorsque le capitaine donna l’ordre de lever l’ancre, la liche commença enfin à se détendre.
Une corne d’alarme retentit.
Les équipages d’artillerie coururent vers leurs positions sur le côté bâbord, faisant face au rivage. Venethrax sentit qu’il faisait demi-tour, mais un court ordre mental empêcha le Faucheur de revenir sur le pont. Venethrax avait besoin du helljack pour se débarrasser de son fardeau.
Les cornes continuaient de beugler. Dégainant Fléau des Dragons, Venethrax se dirigea vers le bastingage. Dracia était déjà là, une main sur le bastingage et l’autre empoignant son épée.
Elle ne dit rien alors que son seigneur s’approchait, ne le regarda pas. Venethrax avait compris. Comparé au spectacle qui s’offrait à eux – aussi lointain soit-il – même un seigneur liche pouvait sembler insignifiant.
Plus à l’intérieur des terres, une forme énorme et ténébreuse se posa sur la plus haute des collines. C’était une créature gigantesque qui éclipsait le rejeton draconique et presque toutes les créatures que Venethrax avait vues, à l’exception de Toruk lui-même. Elle avait des ailes coriaces, chacune plus large que le navire, et un puissant corps qui réduirait le Griffe en petits bois s’il se posait dessus. Sa gueule pourrait engloutir tout le monde à bord en même temps. Une longue rangée de plaques s’étendait du sommet du crâne à l’arrière de sa queue. Son ventre était ocre et la toile de cuir de ses ailes avait une teinte orangée, le tout brillant comme s’il était éclairé de l’intérieur. L’air autour du dragon scintillait, que ce soit sous l’effet de sa chaleur, de sa corruption ou des deux.
Certains des canons tirèrent, mais ils étaient hors de portée. Même si Blighterghast avait été assez proche pour être touché, les tirs n’auraient fait que l’ennuyer. S’il le voulait, Blighterghast pourrait les anéantir totalement. Le dragon le faisait remarquer à Venethrax, qui l’appréciait beaucoup. Cependant, le dragon devait considérer qu’il s’agissait peut-être d’un piège, qu’une force cryxienne plus importante pouvait être à l’affût, que Toruk en personne pourrait se révéler s’il s’exposait. Ces suppositions étaient tout ce que Venethrax avait pour conserver l’espoir qu’il ne serait pas anéanti dans les prochains instants.
Le dragon déploya ses ailes et s’éleva dans les airs. Aussi soudainement qu’il était apparu, Blighterghast disparut derrière les collines.
Dracia leva les yeux au ciel. « Monseigneur, que faisons-nous ? »
« Nous partons comme prévu », répondit-il calmement, « en supposant que Blighterghast ne change pas d’avis et ne revienne pas nous achever ».
Ce serait de la folie que d’essayer de retrouver le dragon maintenant. La liche ne ferait que s’attirer les s’attirer les foudres du dragon. Blighterghast passerait à l’étape suivante de son jeu contre le Père des Dragons et ceux qui le servaient. Pour l’heure, Venethrax retournerait dans son château, étudierait et attendrait son heure.
Le navire mit les voiles, l’équipage étant plus que désireux de retourner dans l’empire. Si Venethrax estimait que ce n’était pas le moment de se battre, qu’il en soit ainsi.
Alors qui continuait à fixer la colline vide, le seigneur liche sentit sa confiance augmenter. Blighterghast aurait pu se montrer plus rusé, plus puissant, pour le moment, mais il avait fait une erreur en laissant Venethrax survivre. Certes, il l’avait fait pour envoyer un message au Père des Dragons, mais Blighterghast n’avait pu regarder au-delà de son arrogance et de se demander pourquoi Toruk avait choisi Venethrax endosser le rôle de chasseur.
Le Père des Dragons dans sa sagesse avait vu les échecs de son premier choix. Venethrax avait été choisi parce que Toruk avait trouvé en lui un moyen de corriger ces défauts. Le Père des Dragons savait que son Limier ne serait pas parfait – quelle créature l’était, à part Toruk ? - mais il
en avait choisi un qu’il pensait capable de s’adapter, d’apprendre.
Un bref contact de Talyn dans son esprit lui indiqua que le Faucheur avait sécurisé son fardeau. Plus précieux que l’or, plus précieux que les morceaux du rejeton draconique, la tête et le corps de l’Écho de Blighterghast attendaient d’être disséqués et examinés. Pour le dragon, la perte n’avait été qu’un pion de plus, une expression de plus de son mépris pour les efforts de la liche.
Venethrax jura qu’en plus de passer en revue chaque mouvement que Blighterghast avait fait pour l’attirer ici, il découvrirait tous les secrets que le corps pourrait révéler. Il ordonnerait au seigneur exhumateur de Cryx et à ses pairs de l’étudier, en appliquant les arts de la nécromancie médico-légale. À Cryx, on pouvait forcer les morts à parler à nouveau. Cet émissaire avait été touché directement par l’esprit de Blighterghast, avait été rendu fou par ce contact. Tout ce qu’il savait des secrets du dragon, ils l’extrairaient. La liche démontrerait au dragon pourquoi Venethrax avait été choisi pour traquer les enfants traîtres de Toruk.
Lors de leur prochaine rencontre, ce serait Venethrax qui déterminerait le jeu et déciderait de son issue.
elric:
À PROPOS DE L’AUTEUR
Richard A. Knaak est l’auteur à succès du New York Times et de USA Today pour The Legend Of Huma, WoW : Wolfheart, et près de cinquante autres romans et de nombreuses nouvelles, y compris des œuvres dans des séries telles que Warcraft, Diablo, Dragonlance, Age of Conan, ete son propre Dragonrealm. Il a scénarisé un certain nombre de mangas de Warcraft avec Tokyopop, comme la Sunwell Trilogy, et également écrit du background pour des jeux. Ses œuvres ont été publiés dans le monde entier et dans de nombreuses langues.
Outre « Fléau des Dragons », ses publications les plus récentes comprennent Shade – un tout nouveau roman de Dragonrealm mettant en scène le sorcier tragique , The Horned Blade – le dernier roman de The Turning War - et Dawn of the Aspects, le dernier de la série à succès World of Warcraft. Il travaille actuellement sur plusieurs autres projets, dont d’autres Dragonrealm et le début d’une nouvelle série de fantasy urbaine Black City Saint, qui sera publiée par Pyr Books en mars.
Partageant actuellement son temps entre Chicago et l’Arkansas, il est joignable via son site web : wwww.richardaknaak.com, où plus d’informations sur cette trilogie peuvent être trouvées. Bien qu’il ne puisse pas répondre à tous les e-mails, il les lit. Rejoignez sa liste de diffusion pour recevoir les annonces électroniques des prochaines sorties et apparitions. Rejoignez-le également sur Facebook et Twitter.
elric:
Texte en entier :)
Merci à Cyriss-Adept pour son aide
Navigation
[*] Page précédente
Utiliser la version classique