Auteur Sujet: Roman - La Colère du Père des Dragons  (Lu 19030 fois)

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Roman - La Colère du Père des Dragons
« le: 23 décembre 2019 à 16:06:43 »
LA COLÈRE DU PÈRE DES DRAGONS

ZACHARY C. PARKER

SOMMAIRE

    • AVANT-PROPOS
    • PROLOGUE
    • CHAPITRE 1 : CONSTANCE BLAIZE
    • CHAPITRE 2 : KRUEGER
    • CHAPITRE 3 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 4 : SAERYN
    • CHAPITRE 5 : KRUEGER
    • CHAPITRE 6 : SAERYN
    • CHAPITRE 7 : CONSTANCE BLAIZE
    • CHAPITRE 8 : SAERYN
    • CHAPITRE 9 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 10 : KRUEGER
    • CHAPITRE 11 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 12 : SAERYN
    • CHAPITRE 13 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 14 : BROGAN CORLEY
    • CHAPITRE 15 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 16 : SAERYN
    • CHAPITRE 17 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 18 : SAERYN
    • CHAPITRE 19 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 20 : LORTUS
    • CHAPITRE 21 : CONSTANCE BLAIZE
    • CHAPITRE 22 : LORTUS
    • CHAPITRE 23 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 24 : NIDOBOROS
    • CHAPITRE 25 : LORTUS
    • CHAPITRE 26 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 27 : SAERYN
    • CHAPITRE 28 : LORTUS
    • CHAPITRE 29 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 30 : SAERYN
    • CHAPITRE 31 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 32 : KRUEGER
    • CHAPITRE 33 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 34 : SAERYN
    • CHAPITRE 35 : KRUEGER
    • CHAPITRE 36 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 37 : LORTUS
    • CHAPITRE 38 : BLIGHTERGHAST
    • CHAPITRE 39 : VICTORIA HALEY
    • CHAPITRE 40 : KRUEGER
    • CHAPITRE 41 : LYLYTH



AVANT-PROPOS

Tout le monde aime les dragons. Et par aimer, je veux dire que nous avons peur d’eux et que nous somme excités de les voir en action. Que se soit dans les livres, les films ou les jeux, nous espérons toujours qu’ils seront aussi effrayants et impressionnants que notre imagination le souhaite. Chez un dragon, nous voyons une créature aussi gigantesque et primordiale qu’un dinosaure, mais douté d’une vive intelligence, d’une immortalité virtuelle et le pouvoir de brûler et de consumer le monde, s’il n’est pas contrôlé.

   Dès le début, lorsque nous avons créé le cadre des Royaumes d’Acier, nous nous sommes efforcés de créer des dragons dignes de ce nom, les rendant non seulement puissants, mais aussi extraterrestres. Nos dragons sont des créatures inconnaissables qui sont plus des dieux que des êtres vivants. Au cœur de chacun se trouve un cristal, un athanc – leur essence même. Il s’agit d’une source d’énergie inépuisable générant des radiations néfastes et corruptrices pour la vie et déformant et modifiant tout ce qu’elle touche. Tant que l’athanc perdure, un dragon peut refaire son corps encore et encore.

   Cela fait d’eux des créatures fascinantes mais aussi périlleuses à exploiter, tant dans le cadre qu’en tant qu’écrivains ! Nos dragons sont restés en grande partie en marge de notre environnement. Toruk, le Père des Dragons, leur source et créateur est le dieu et l’empereur de l’Empire du Cauchemar de Cryx, mais il se repose dans son palais, invisible pour le monde extérieur depuis des siècles. Sa progéniture a été enfermée dans une impasse de guerre froide pendant seize siècles, tous les autres dragons étant prêts à répondre à l’appel à l’action si leur père faisait un geste à leur encontre. Cela a maintenu ces créatures dans des endroits éloignés, vigilantes mais immobiles. Naturellement, le mieux est l’ennemi du bien. Vous ne pouvez pas avoir des monstres aussi fascinants et intéressants et ne pas les utiliser. Nous avons tenté le diable.

   Cette nouvelle décrit un tumultueux et bouleversant affrontement pour le continent, ayant mis longtemps à venir. Nous avons débuté à pousser nos dragons pour les incorporer dans notre livre de jeux de figurines en 2008, dans les pages de HORDES : Métamorphose, à ce moment-là nous avons arpenté une voie qui aurait des conséquences désastreuses pour tout le monde. Le tour de montagnes russes qui occupe les pages de « La Colère du Père des Dragons » a des racines dans un certain nombre de nos histoires au cours des huit dernières années, et ce fut un vrai plaisir de voir toutes ces pièces enfin réunies dans cette conclusion bourrée d’action.

   Zach a fait un excellent travail avec l’une des taches d’écritures les plus intimidantes que nous ayons jamais confiées à quelqu’un. Cela a été doublement rendu difficile par la nécessité de rendre l’histoire satisfaisante et autonome, une tâche qu’il a accomplie au-delà de toutes mes attentes. Cela dit, une petite mise en garde s’impose probablement pour les nouveaux lecteurs, juste pour qu’ils sachent qu’ils sont sur le point de plonger tête première dans un conflit déjà bien engagé.

   Cela ne devrait décourager personne de faire le grand saut, surtout si vous aimez les dragons, et surtout si vous voulez voir des dragons chasser des trains. Préparez-vous pour une folle aventure.

Douglas Seacat.
Rédacteur principal et Continuité


PROLOGUE

Le nécroserviteur atterri sur les rues pavées de Skell au moment où le crépuscule s’installait autour de la capitale cryxienne telle un linceul. La paire d’ailes insectoïde dépassant de sa carapace crânienne avait laborieusement œuvré afin de transporter la machine sur la mince bande d’océan séparant les Îles Scharde du continent. Et les composant qui leur permettaient de fonctionner avait lâché, usés jusqu’à la corde. Les ailes du serviteur se tortillaient maintenant inutilement dans leurs articulations prises mouvements sporadiques et saccadés. Les jambes métalliques, arachnoïde, s’étendant du bas de son crâne sans mâchoire portaient maintenant le serviteur parcourant les rues sinueuses avec un claquement rythmé.

   Des bâtiments monolithiques composés de pierre noire indigène s’élevaient pour s’évanouir dans le ciel nocturne, et les chants des sous-diacres du Père des Dragons se déversaient des temples de la ville, même à cette heure tardive. La machine continuait d’avancer, indifférente aux allées et venues des personnes en rue. Des personnes encapuchonnées observait le serviteur à son passage, et tous lui offraient un large passage, car tous pouvaient reconnaître la machine comme un serviteur du Seigneur Liche Malathrax, maître-espion de l’Empire du Cauchemar. Le vent nocturne sifflait en traversant les orbites du crâne du serviteur, et des rafales de gravillons et de cendres s’accrochaient et vibraient à l’intérieur de crâne de la machine.

   Dans son petit esprit, le serviteur détenait une collection du maître-espion en personne détaillant les événements récents. De nombreux s’étaient élevés et chu avec les plans des seigneurs liches au fils des ans, mais la machine transportait un message n’ayant plus été entendu depuis des millénaires.

   Ce que le Seigneur Toruk, le Père des Dragons, cherchait de tout son être avait été retrouvé et risquait maintenant d’être perdu une fois de plus. L’athanc d’un dragon désincarné était liberté sur le continent.

   Le messager slalomait et sinuait avec les rues jusqu’à ce que la plus grande cathédrale du Père des Dragons se dresse enfin, d’innombrables braseros et torches ouvrant la voie, chacun brûlant d’une flamme verte éternelle. Les pistons de ses fines jambes métalliques sifflèrent tandis que le serviteur grimpait les marches noires deux à deux. Des piliers d’une hauteur supérieure à toute structure face au temple, semblait s’agrandir au fur et à mesure que la machine grimpait, et dans l’espacement entre chaque, quelque chose se déplaçait dans l’ombre tel un cauchemar toujours renouvelé. Une structure beaucoup plus imposante dominait la montagne au-dessus. Le grand palais du Seigneur Toruk méprisait tout le monde et c’est là que le noir dieu surveillait son royaume de cendre et d’effroi. Et alors que le serviteur effectuait la difficile ascension vers le temple où le seigneur liche servant de grand prêtre de Toruk le recevrait et entendrait son message, la machine ne pensait qu’à accomplir son objectif – transmettre un souvenir d’un grand esprit à un autre. Il ne pouvait pas savoir ou se soucier que les souvenirs qu’il transportait susciteraient la colère d’un dieu.


CHAPITRE 1 : CONSTANCE BLAIZE

« Aucun signe de problème au-dessus », dit une voix sévère mais familière. L’aumônier guerroyeur Brogan Corley descendit les escaliers branlants dans la cale. Le prêtre était un vétéran parmi les défenseurs de l’Église, le visage marqué par l’âge. Corley avait servi sous les ordres de Constance Blaize durant de nombreuses années, à la fois comme officier et comme conseiller spirituel, et elle était reconnaissante de l’avoir à ses côtés maintenant.

   « Un répit bienvenu après ces derniers jours », dit Blaize, les yeux fixés sur l’énorme appareil cryxien dominant la cale du navire.
   C’était un arrangement compliqué de machines et de pièces mobiles. Une boîte en acier de deux mètres de côté planait au centre d’une série d’anneaux métalliques en rotation. Ces anneaux créaient un champ lumineux autour de la boîte et semblaient être actionnés par la douzaine de machines à vapeur boulonnées à un chariot, formant la base. Les moteurs fonctionnaient pour produire suffisamment d’énergie pour maintenir le confinement mystique créé par la boite. Personne à bord du vaisseau ne pouvait prétendre comprendre totalement le mécanisme ou son fonctionnement. Elle regarda les énormes anneaux en fer noir entourer la boîte de leur manière hypnotique.

   Blaize déclara : « le Seigneur Général Stryker a demandé que nous déplacions l’artefact à Fort Hook, et j’ai l’intention de le faire. Cependant, je ne veux pas que cette chose demeure à bord une minute de plus que nécessaire. » Une traînée verdâtre de fumée s’élevait des nombreuses cheminées de l’engin. Plutôt que de brûler du charbon, chacun des moteurs avait été modifié par Cryx pour consommer à la place de la nécrotite, une immonde matière semblable à du charbon, formée sur les sanglants champs de bataille ou d’autres endroits où les vivants sont morts sous la torture. « Ces fumées toxiques sont déjà assez nocives – nous devons faire attention à ce que personne d’autre n’y soit trop exposé. Morrow sait quels autres dangers cet artefact recèle. » Elle avait ressenti quelque chose de puissant et malveillant à l’intérieur de la boîte, une présence impie qui l’avait incité à recommander de prendre l’engin à Cryx plutôt que de le détruire, de peur qu’ils ne libèrent quelque chose emprisonné à l’intérieur. C’était sur sa prémonition qu’ils s’étaient embarqués dans cette expédition.

   « La foi nous protège contre un tel mal », déclara Corley. Il tendit le cou pour suivre la fumée alors qu’elle s’élevait vers le haut, vers le ciel ouvert. « Tout comme la sagesse de garder la cale du navire ouverte. »

   « Je me demande s’il était sage de risquer autant d’âmes de mes frères et sœurs dans l’inconnu. Je peux nous avoir égaré. »

   « C’est un risque que nous sommes tous prêts à prendre au nom de Morrow », déclara Corley. « Nous avons confiance en vos instincts.

   « La machine tombe en panne, Corley », déclara Blaize.

   « Quoi ? Tu es sûr ? »

   « Ce champ d’énergie qu’il crée, ce ne pas le même que lorsque nous nous en sommes emparés. Quelque chose a changé. » Lorsque Blaize aperçu le chariot pour la première fois, durant la bataille sur les rives du Fleuve de la Langue du Dragon, le champ d’énergie entourant la boîte et les anneaux avaient une teinte argentée. Maintenant, l’énergie du champ brillait d’un jaune maladif. De temps en temps, la rotation des anneaux ralentissait, et l’intensité de la lumière vacillait avant de se rétablir. « Il s’affaiblit. Je peux sentir un poids sur mon esprit, comme une présence sombre luttant pour être libre. » Elle fixa durement la machine cryxienne, comme si elle pouvait percer son voile de mystère avec son regard.

   Corley resta silencieux pendant quelques instants, puis Blaize le sentit poser une main maillée sur son épaulière. « Tes premiers instincts étaient justes. Morrow voulait que nous prenions cet artefact au cryxien. Nous devons croire que nous avons la force de porter ce fardeau, par sa grâce. »

   Blaize prit une profonde inspiration, sentant la conviction de Corley restaurer la sienne. « Comme toujours mon vieil ami, ta foi nous accorde à tous de la force. »

   Il y eut un cliquetis sur le côté lorsqu’un mékanicien adjoint jeta une clef et émergea de derrière un Centurion bosselé. Son front était trempé de sueur et de multiples taches de graisse piquetaient son visage et ses avant-bras. « Par les Dents de Thamar ! » s’écria le mékanicien. « Maudites modifications du Sancteum ! Ils devraient s’en tenir à la prière et laisser les machines aux professionnels ! » Elle donna un bon coup de pied à l’imposant warjacks avec sa botte. Elle réalisa que l’aumônier guerroyeur et le Chevalier du Prophète étaient présents et l’avaient écouté quand elle se retourna pour les trouver juste derrière elle. Son visage devint rouge et ses yeux s’agrandirent. « Je veux dire … Oh, merde …. » Balbutia-t-elle.

   Blaize leva les mains. « Ne t’inquiète pas, Reynolds. Nous avons entendu pire. J’ai même proféré une ou deux grossièretés dans le feu de l’action. »

   « Juste dans le feu de l’action, hein ? » dit Corley, un soupçon d’hilarité dans la voix.

   « Oui, h bien, merci m’dame », dit le mékanicien, toujours clairement troublé. Elle fit un signe à la paire de Centurions, qui comprenait celui qu’elle avait venait de botter. « Ils sont peut-être pas bon pour la parade, mais ces deux-là sont aussi prêts au combat que je le peux. Ils auront besoin de passer du temps dans un atelier pour réparer les dégâts sous-jacents plus profonds. »

   « Excellent. Je n’ai aucun doute que nous aurons besoin de leur force. » Blaize étendit son esprit et toucha chacun des cortexes, se donnant un moment pour savourer leur puissance et leur disponibilité.

   De l’autre côté de la soute, Gallant, le warjack personnel de Blaize, émis un grondement sourd et d’occasionnelles rafales de vapeur alors qu’il était inactif. Comme les Centurions, le blindage de Gallant était aux couleurs de l’Église de Morrow. Bien que bâti originellement sur le châssis d’un Cuirassier cygnaréen, Gallant avait été fortement modifié par les mékaniciens et les forgerons du Sancteum. Son épée et son bouclier étaient ornés de sigles et d’embellissements signifiant sa place d’honneur au sein de l’arsenal de l’église. Une paire de chaînes retenait une copie de Prières pour la Bataille au sommet de la coque de Gallant, une version plus grande du même tome portée par les défenseurs de l’église. C’était le texte sa cré de tous les chevaliers morrowéens, y compris des Précurseurs et des Chevaliers du Prophète, contenant les écrits de Morrow ainsi que la Trinité Martiale des ascendants – Katrena, Markus, Solovin. Gallant avait été construit pour incarner les philosophies de combat de ces saintes figures, son cortex en avait été imprégné, faisant du warjack autant un frère de bataille qu’une arme de guerre.

   Blaize avait conservé ses warjacks ici, près de l’artefact cryxien, pour s’assurer qu’il était protégé par des gardiens incorruptibles. Mais le fait était que la plupart de ses warjacks avaient également été endommagés lors de la dernière bataille, et Reynolds s’était occupé de les restaurer.

   Cette bataille le long du Fleuve de la Langue du Dragon avait impliqué une force plus grande commandée par le Seigneur Général Coleman Stryker, mais à la fin, il avait confié à Blaize le commandement du navire, dont ils s’étaient emparés, jusqu’à sa destination. Sous sa direction, ils avaient traversé la ville fluviale de Port Bourne, récemment assiégée, ne s’arrêtant que brièvement pour se ravitailler en charbon avant de descendre le Fleuve Banwick sur lequel ils voyageaient actuellement.

   La vue de leur approvisionnement en charbon rappela à Blaize une de leurs préoccupations. Un tel carburant était suffisant pour maintenir approvisionnés les chaudières de ces warjacks, mais ne suffirait pas pour les étranges machines cryxiennes alimentant le champ de confinement. Ils avaient presque épuisé la réserve d’abjecte nécrotite contenue dans la cale du navire. Les cryxiens avaient l’intention d’amener cette machine jusqu’à Cryx, ils devaient donc avoir un autre navire chargé de se carburant ou s’attendre à se réapprovisionner en route.

   D’après ce que Blaize savait de la nécrotite, ce carburant pouvait brûler beaucoup plus longtemps et plus efficacement que le charbon. Les warjacks cryxiens qui en dépendaient avait des réserves de carburant plus petites mais pouvaient fonctionner plus longtemps sur le terrain. Mais combien de temps encore ses chaudières pourraient chauffer, personne ne pouvait le deviner. Tout ce qu’elle pouvait faire était de prier que leurs trémies en contiennent suffisamment pour maintenir le champ jusqu’à ce qu’ils atteignent leur destination finale. Le fleuve avait été assez difficile et présentait déjà des obstacles, car leur bateau n’avait pas été construit pour cette route. Tout retard auquel ils étaient confrontés menaçait de compromettre le mécanisme qui, selon elle, gardait quelque chose d’impie emprisonné et les protégeait aussi de son influence. Elle ne pouvait pas imaginer un autre but, malgré toutes ses prières et contemplation.

   Corley s’éclaircit la gorge, tirant Blaize de ses pensées. Elle lui dit : « Très bien, remontons. Réfléchir sur cette machine, dans le noir en respirant des vapeurs de nécrotites, ne fera rien pour améliorer les choses. »

   Corley acquiesça. « De plus, cela fera du bien au fidèle de voir votre visage. Tout le monde à besoin d’un guide à suivre.

   « Probablement », déclara Blaize. Ils sortirent tous les deux de la cale. Une dizaine de chevaliers Précurseurs arpentaient le pont, frères et sœurs armurés par leur foi. Les pionniers patrouillaient également de la proue à la poupe. La plupart de l’infanterie de l’armée régulière avec Blaize lui avait été prêtée par Stryker après la bataille du fleuve, et ils s’étaient bien intégrés à ses propres forces ecclésiastiques, les hommes s’étant facilement d’accord. Néanmoins, Blaize avait enterré plusieurs de ses propres hommes après la dernière bataille, et elle n’était pas la seule à les pleure. Ce serait un faux pas que se cacher quand ses chevaliers avaient besoin d’elle. Alors qu’ils atteignaient le haut de l’escalier, Blaize observa par-derrière elle le cube planant, et elle ne pouvait se départir de l’effroi contenu dans sa poitrine. Elle murmura une prière, sollicitant que les chaudières continuent de tourner un peu plus longtemps. Juste un peu.


CHAPITRE 2 : KRUEGER

Krueger le Seigneur des Tempêtes lévitait au milieu des imposants obélisques du Roc de l’Ortie, sa lourde cape noire ondulant et battant autour de sa forme élancée à cause de la puissance contre nature qui le maintenait en l’air. Il avait choisi cet endroit au coeur des Montagnes du Mur du Dragon pour son isolement et sa conjonction exceptionnelle avec les lignes de force de l’Immoren occidental – une conjonction de pouvoir clé pour achever le plan qu’il avait mis en place il y a si longtemps quand il avait fait son pacte avec le dragon Blighterghast.

   Son corps tournait en de lentes rotations lorsqu’il se concentrait, mais il n’était que vaguement conscient de sa propre forme physique. Concentré sur les préparatifs en cours, son esprit était submergé par la puissance des lignes de force qui s’écoulaient sous le site. Il avait pris beaucoup de risque en suivant sa ligne de conduite actuelle, défiants les trois Tout-Puissants – les pllus hauts dirigeants du Cercle Orboros – pour lesquels il avait presque été condamné à mort, mais ses plans étaient sur le point de se concrétiser. Pas moins de deux douzaines de druides vêtus de noirs ajoutaient leurs pouvoirs élémentaires aux préparatifs, et la moitié autant de constructs en pierre animés rodaient parmi les rares arbres entourant le cercle de pierres sacrées.

   Un bruit, comme le craquement du granit, gronda sur le site. Un éclair de lumière empli le cercle de pierres, mettant brutalement les obélisques en évidence, obligeant Krueger a se protéger les yeux. Lorsqu’il baissa la main, Lortus, un tout-puissant de l’ordre, flottait devant lui.

   Le tout-puissant était un homme maigre, d’apparence presque fragile, bien que Krueger savait que rien ne pouvait être plus éloigné de la vérité. Une cicatrice noire balafrait la moitié du visage et du cou du druide, vestiges d’une ancienne exposition à la corruption d’un dragon. Les possessions méridionales du Cercle, y compris les Montages du Mur du Dragon, appartenait au domaine de Lortus, et son mécontentement à l’idée de retrouver Krueger menant un rituel non autorisé sur son territoire était évident à son renfrognement. Il regarda autour de lui, faisant le point sur les nombreuses capes noires et sylves sous les ordres de Krueger.

   « Quel est le sens de ce rassemblement ? » Exigea Lortus. « Les lignes de force sont en proie à la corruption, et je vous trouve ici, là où vous ne devriez pas y être.

   Krueger croisa le regard du tout-puissant. « J’ai fait tout ce qu’on m’a demandé de faire pour réparer les lignes de force. Même maintenant, je m’efforce de porter un coup fatal à nos ennemis.

   Lortus se moqua. « Ne cherche pas à me traiter comme les imbéciles qui te suivent. Tu ne sers aucune cause, mais uniquement ton propre pouvoir. »
   Krueger fronça les sourcils, son front tatoué de rides profondes de colère. « Je fais ce que vous n’osez faire », déclara Krueger, d’une voix grognant dangereusement. Débordant de puissance alors qu’il était relié au lieu saint et entouré de tant de sylves, Krueger était convaincu que même Lortus ne pouvait s’opposer à lui ici et maintenant. « Vous avez tous connaissance du danger que représente Everblight – les dommages que sa simple existence cause au corps d’Orboros. Vous savez mieux que quiconque d’entre nous que la seule façon d’arrêter un dragon est d’en retourner les autres de son espèce contre lui. Pourtant, vous et les autres refusés de prendre des risques, de prendre les mesures audacieuses et décisives nécessaires à la victoire. »

   « C’est comme cela que tu t’excuses d’avoir corrompu les lignes de force avec la corruption du dragon ? » Les yeux de Lortus brillaient de colère.

   Krueger croisa les bras et le fixa. « Vous n’avez aucune idée de ce que j’ai fait. Ce que j’ai sacrifié parce que vous manquez de force de conviction. Toutes mes actions visent à promouvoir les objectifs supérieurs de notre ordre, des objectifs que la plupart d’entre vous semblent avoir oubliés. »

   La foudre zébra soudainement les cieux, provoquée par la colère bouillonnante de Krueger. Les mains de Lortus se dirigèrent vers les poignards de combat qu’il portait à la taille. Ne voulant pas provoquer une confrontation violente, Krueger fit redescendre sa colère, reprenant le contrôle des immenses forces naturelles le traversant. Bien qu’il avait confiance en sa position actuelle, Krueger savait qu’un affrontement avec Lortus ne ferait que mettre en périls son rituel.

   Lortus regarda Krueger, fixant intensément quelque chose sur un sommet de montagne voisin. Krueger suivit le regard du tout-puissant vers un homme voûté, emmailloté de noir, appuyé lourdement sur un bâton blanc. Bien que la distance soit grande, le Seigneur des Tempêtes reconnut immédiatement la personne comme étant l’émissaire du dragon Blighterghast. Krueger n’avait parlé au dragon en personne qu’une seule fois, et sinon, c’était à travers l’émissaire que leurs arrangements avaient été pris – conversations rendues désagréables par les plaies ouvertes et l’odeur de décomposition qui émanait du serviteur du dragon, sont corps pourrissait suite à une exposition prolongée à d’intenses énergies corruptrice.

   « Ton orgueil t’a aveuglé à se point que tu ne remarques pas qu’en nous défiant tu es devenu l’esclave de Blighterghast ? » Demanda Lortus. « Je t’avais prévenu que ne pas provoquer les dragons. Tu as bravé mon conseil à chaque fois. »

   « J’ai choisi ma destinée. Et j’ai l’intention de l’intention de la mener à son terme. »

   Lortus fixa Krueger pendant un long moment. Alors qu’il allait s’exprimer, un flash lumineux et un coup de tonnerre retentirent, et un errant encapuchonné apparut et s’approcha de Lortus, la tête baissée. « Pardonnez l’intrusion, Tout-Puissant. Votre présence est requise par Mohsar et Dahlekov pour des affaires urgentes concernant le Dominion Oriental. »

   L’expression de Lortus s’est aigrie. « Merci » dit-il à l’errant, puis tournant à nouveau vers Krueger. « Écoute mes paroles, Seigneur des Tempêtes. Je ne te préviendrai plus. » Sur ce, le tout-puissant disparut dans un tourbillon de vent et d’éclair, le sol au-dessus duquel il avait plané étant maintenant carbonisé par son départ.

   Quelles que soient les affaires qui l’avaient fait rappelé, Krueger ne pouvait espérer que Lortus serait occupé pendant un bon moment. Il reprit ses préparatifs. Le rituel approchait.
« Modifié: 02 février 2022 à 17:37:08 par elric »
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

Si vous constatez des fautes d'orthographe et/ou de conjugaison, des phrases à remanier pour une meilleur compréhension.
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Re : La Colère du Père des Dragons
« Réponse #1 le: 23 décembre 2019 à 16:07:06 »
CHAPITRE 3 : VICTORIA HALEY

Se déplaçant côte à côte avec une demi-douzaine de rangers et accompagnée de warjacks, le Major Victoria Haley se sentait à nouveau elle-même. Cela faisait trop longtemps qu’elle n’avait pu remplir son rôle d’officier et de warcaster cygnaréen, et le simple fait d’avoir accompli son devoir lui procurait une grande satisfaction. Elle tenait sa lance mékanique, Echo, bien en main, et sa nouvelle armure à énergie voltaïque – façonnée par l’Artificier Général Sebastian Nemo en personne – bourdonnait agréablement à ses oreilles, lui rappelant le retour de ses talents de warcaster et son amitié avec l’artificier grisonnant et excentrique. Bien que l’hiver 609 AR soit arrivé, le temps des contreforts les plus septentrionaux du Mur des Dragons restait doux, et la combinaison de l’air frais et de l’odeur de pin sur le sentier qu’elle parcourait actuellement contribua a englobé toutes les parties de vie que son esprit libre avait manquées au cours de l’obscurité des dernières semaines, quand elle avait été empoisonnée et au seuil de la mort.

   Le souvenir de sa mort et de sa miraculeuse renaissance l’a amenée à inconsciemment observer son bras droit récemment restauré. Elle l’avait perdu lors de la bataille contre sa sœur jumelle corrompue, Deneghra, il y a près de cinq ans. Pourtant, grâce à une transformation mystique qu’elle n’appréhendait pas encore entièrement, elle l’avait retrouvé, ainsi que ses pouvoirs et sa vie.

   Une seconde chance et un autre bras n’étaient pas les seuls choses qu’Haley avait gagné en frôlant la mort. Ses pouvoirs nouvellement éveillés lui avaient apporté une nouvelle perception du monde et de l’écoulement du temps.

   De temps à autre, elle remarquait que les fils du destin devenaient visibles. Des brins de lumière dorés s’étendaient de la poitrine de chaque ranger, tous menant le long du sinueux sentier et à travers les possibilités s’étendant devant eux. Haley avait appris, par endroits, que ces fils souvent se ramifiaient, représentant éventuellement des choix posé par leur propriétaire. Ici et là, d’autres fils des rangers quittaient le sentier ou faisaient demi-tour, mais ces alternatives s’estompaient à mesure que le groupe progressait. La nature exacte des choix qui entouraient les individus et ce qui finalement décidait du choix demeurait un casse-tête pour Haley, et depuis qu’elle avait acquis cette vision parfois peu fiable, elle avait passé un certain temps à essayer de déduire exactement comment cela fonctionnait et s’il s’agissait d’un avantage ou d’une distraction.

   C’est cette nouvelle vision qui l’avait obligé à entreprendre la mission qu’elle effectuait actuellement. Au réveil, elle avait eu le pressentiment de grandes ténèbres sur les Montagnes du Mur du Dragon et su immédiatement qu’elle devait y faire face. Essayer d’expliquer la nature de la menace qu’elle avait perçue avait été presque impossible, mais elle avait acquis suffisamment de respect pas son service militaire et son indéniable talent arcanique pour avoir convaincu ses supérieurs d’autoriser cette expédition. La vérité était qu’elle n’avait pas été déclarée apte pour le service actif, de sorte que ses supérieurs estimaient qu’un voyage à l’intérieur du pays était préférable à l’envoi au front. En conséquence, sa demande pour la mission avait approuvé sans trop d’histoire.

   Deux ‘jacks accompagnaient la petite équipe de rangers et des pionniers du SRC – son Lancier personnel, Thorn, et un Cuirassier cabossé surnommé Poêlon. Thorn avait servi sous les ordres de Haley contre le Cryx le long de la Côte Brisée au cours des premières années de sa carrière, et elle en était venue à compter sur le warjack avant tout.

   Poêlon était très apprécié des pionniers du Cygnar, qui avaient surnommé le ‘jack au cours d’un hiver particulièrement rude passé à combattre les khadoréens à la frontière septentrionale. Les bois de chauffage étaient difficiles à trouver, le peloton de pionniers auquel Poêlon avait été affecté eut la brillante idée d’employer la chaudière du Cuirassier pour préparer ses repas, les « talents » culinaires du ‘jack étaient devenus célèbres parmi toute la compagnie. Cependant, bien que Poêlon ait pu être un excellent compagnon et une aide culinaire pour ses camarades, Haley trouvait le cortex de la machine quelque peu lent par rapport à d’autres de son acabit. Le warjack lui faisait penser à un vieux boxeur ayant subi un ko de trop sur le ring.

   Un chariot de charbon tracté par des chevaux et le contingent de rangers constituaient le milieu de la colonne, ces derniers se relayant régulièrement pour s’aventurer dans les bois environnants ou pour repérer de potentielles menaces. Arlan Strangewayes, l’un des mékaniciens les plus célèbres de Cygnar, accompagnait également le groupe, son armure personnalisée émettant un sifflement occasionnel de vapeur. De la fumée s’échappait de la pipe coincée entre ses dents. Son ajout avait été une aubaine inattendue, ce qu’elle prit comme un signe que ses supérieurs ne devaient pas être trop sceptiques quant à sa mission. Soit cela, soit ils protégeaient simplement le précieux matériel installé sur Thorn.

   Le chemin qu’ils parcouraient était sinueux et envahi parla végétation, rien de plus qu’une ancienne piste de gibier et loin de la route principale la plus proche. Tout comme le Fleuve Banwick qu’elle suivait, l’itinéraire était une ligne vagabondant et irrégulière menant fermement vers le sud, sur le difficile terrain des Montagnes du Mur du Dragon. Haley avait brièvement envisagé de prendre un bateau pour descendre les eaux agitées du Fleuve Banwick, mais avait finalement écarté cette idée en faveur d’une randonnée terrestre. Contrairement à la Langue du Dragon, les eaux du Banwick n’était pas accueillante pour les bateaux fluviaux, ses eaux étaient agitées et parsemées de rochers.

   Sachant que le temps était essentiel, Haley consacra une grande partie de sa capacité arcanique à maintenir une bulle de dilatation du temps. Sous son influence, le groupe parcouru le chemin rapidement, non pas parce qu’ils se déplaçaient réellement plus vite mais plutôt à cause de l’accélération du temps dans leur voisinage direct. Dans la plupart des cas, l’altération de l’écoulement du temps demeure inaperçu pour les personnes concernées. Ce n’est que lorsqu’ils se concentrent sur des branches éloignées se balançant au vent ou sur un écureuil se précipitant d’arbre en arbre que le pouvoir d’Haley devenait évident, car tout semblait se déplacer au ralenti.

   Un sifflement hydraulique signala l’approche d’Arlan Strangewayes, la pipe fumante en bouche et une clé massive reposant sur une épaule armurée. «  Je ne peux pas dire que cela semble correct, de marcher vers le Mur du Dragon pendant que le reste de l’armée se bat dans les Bois d’Épines »,dit Arlan, « mais je suis sûr que vous avez vos raisons. »

   Haley fit un signe de tête. « je comprends ce que tu ressens. Mais parfois, les ennemis surgissent à plusieurs endroits à la fois. On va là où on doit être. C’est tout. Tu devras me faire confiance. »

   Strangewayes tira sur sa pipe et exhala un nuage de fumée. « Je suppose que cela à voir avec Constance Blaize et le bateau capturé ayant traversé Port Bourne. »

   « En partie, oui », déclara Haley. Arlan avait plus d’esprit que tout les mékaniciens. « Tu es évidemment au courant de l’affrontement entre Stryker et Terminus ? Après la défaire du seigneur liche, les troupes de Stryker ont récupéré quelque chose. Un artefact que Cryx a tenté de faire passer en contrebande sous notre nez. Il a chargé Blaize de le protéger. Je ne peux pas expliquer exactement comment je sais ce que je sais, mais Blaize n’est pas prêt pour le combat qui s’en vient. Elle a besoin de notre aide. Elle a méchamment dérangé un nid de frelons. »

   Le mékanicien ôta la pipe de sa bouche et tapota des cendres sur le sol. « Tu as vu ça ? Une sorte de vision ? » Son ton était sceptique, mais pas complément méprisant.

   « Quelque chose comme ça », déclara Haley. « Je peux voir les possibilités, les résultats potentiels. » Ses paroles n’étaient pas convaincantes même lorsqu’elle les prononçait. C’est pour cette raison qu’elle en avait dit le moins possible aux autres. Contrairement à certains de leurs ennemis, la plupart des cygnaréens étaient des gens pratiques, préférant la logique et la rationalité aux présages mystiques. Elle n’aimait pas être placée en position de prophète. Cela lui rappelait désagréablement ce qu’elle avait entendu dire de l’Annonciatrice du Protectorat – une femme qui envoie des armées à la mort sur la base de conversations privées avec un dieu. « Appelez ça un pressentiment, si tu désires. »

   Strangewayes hocha la tête, en réfléchissant à la déclaration. « Je ne peux pas prétendre le comprendre, mais je te connais assez bien pour te donner le bénéfice du doute, » Il offrit un sourire qui rassura Haley sur sa décision de le renseigner sur ses motivations. Strangewayes était aussi équilibré que possible, quelqu’un quelle considérait comme un ami, et elle était heureuse de pouvoir partager ses pensées sans le fardeau des grades et des règlements. Haley sourit à son tour, et les deux marchèrent ensemble en silence.

. . .

   Ils continuèrent sans un mot pendant une bonne heure, jusqu’à ce qu’un soudain sentiment d’appréhension s’installe dans l’esprit d’Haley. Bien qu’aucun indice visuel n’ait accompagné cette sensation, cela ressemblait en quelque sorte aux ténèbres vers laquelle ils marchaient, et elle prépara sa lance, Écho. Elle leva une main pour arrêter la colonne de la troupe marchant derrière elle. Pendant un moment, elle se contenta d’écouter, le vent bruissant les branches de pins et les chevaux qui, de temps en temps, piaffaient.

   Elle savait que ses pionniers derrière elle étaient désorientés par le soudain arrêt – ses rangers surveillaient le périmètre et n’avaient pas donné l’alerte. Elle donna un coup de sifflet aigu et attendit que les rangers lui répondent le signal de fin d’alerte. Seul le silence lui répondit.

   Strangewayes se pencha pour lui parler, peut-être pour lui poser une question, lorsqu’un cri de surprise monta du milieu des arbres du flanc gauche. Mais il fut rapidement interrompu. Un pionnier. Haley se tourna vers le groupe, mais le reste des pionniers étaient déjà en mouvement, se positionnant derrière les troncs d’arbres et le fusil pointant le dense sous-bois. Avec l’espacement étroit des arbres, tout ce qui était là serait sur eux avant qu’ils ne le remarquent.

   Thorn prit une position défensive aux côtés de Haley, et Poêlon se positionna juste au-delà des pionniers, prêts à intercepter toute menace et à délivrer une frappe de son marteau disruptif. Soudain, des coups de feu et le bruit de plusieurs corps se précipitant à travers le bois environnant retentit. Avant que quiconque ne puisse réagir, plusieurs rangers ensanglantés surgirent des bois, courant comme si le Ver Dévoreur en personne était derrière eux.

   Quelque chose de gros derrière la lisière des arbres bondi en avant, juste derrière les rangers en fuite, brisant les branche et les jeunes arbres sous ses pas. Le sol trembla, et l’instant suivant, l’ennemi jaillit. La peau blanche bleutée s’étendait sur de puissant muscle, au sommet duquel reposaient des couches d’écailles sombres. La créature s’avança en poussant un rugissement de sa mâchoire aux crocs acérés, la créature émergea, tranchant à travers le sous-bois avec les imposantes faux qui composaient l’ensemble de ses avant-bras. Le crépitement des coups de feu emplirent l’air tandis que les pionniers tiraient, mais les balles rebondirent sur l’armure écaillée comme des moucherons sur un buffle.

   « Rejeton draconique », murmura Haley, bien que personne ne l’entendit.

   Poêlon se dirigeait déjà vers la créature, et Haley envoya sa volonté pour guider la frappe de son marteau disruptif, mais la bête fut plus rapide qu’elle ne l’avait prévu. Avant que le Cuirassier ne puisse achever le mouvement de balancier de son marteau, le bras en forme de faux du rejeton draconique s’abattit pour cisailler le bras droit du warjack au niveau du coude. L’huile et le fluide hydraulique s’échappèrent du bras comme un jet artériel alors que le bas et le marteau tombaient à terre. Avant que Haley ou le ‘jack ne puisse réagir, la deuxième serre-faux frappa le châssis de Poêlon et perça sa coque blindée avec une horrible facilité, perforant la chaudière du warjack. De la vapeur bouillante sous pression jaillis de la plaie en sifflant.

   Deux plus petites créatures sortirent du sous-bois, se déplaçant à quatre pattes comme des félins en chasse. L’un deux fouetta de sa queue barbelée en passant, entaillant le dos d’un ranger. L’autre s’élança directement vers Haley, et fit un saut. Du coin de l’œil, elle put voir Thorn se déplacer pour intercepter le nouvel arrivant, mais les plus petites bêtes étaient encore plus rapides que celle qui combattait Poêlon. Instinctivement, elle tendit sa main libre et des runes s’épanouir. Thorn réduisit l’écart, jaillissant grâce au flux du temps arcanique , et la bête entra en collision avec le lourd bouclier du ‘jack. La créature se tenait fermement contre le bouclier, ses griffes ripant dessus.

   Le second rejeton draconique félidé se jeta sur le pionner le plus proche et arracha la gorge de l’homme d’une unique morsure. La bête trembla lorsque les balles des compagnons du soldat tombés labourèrent les parties exposées de son corps, mais elle continua à déchiqueter l’homme jusqu’à ce qu’Arlan Strangewayes abatte toute la masse de sa clef, brisant le dos de la créature.

   L’alarme parvient à Haley par le biais de sa connexion avec Poêlon, et elle se retourna pour voir la bête aux serres-faux élever celles-ci et s’abattre sur le Cuirassier. Les serres jumelles cisaillèrent le châssis et dévastèrent les mécanismes internes de la machine. Avec ses dernières forces, Poêlon porta un dernier coup, un solide crocher du gauche au visage de son adversaire, avant de s’effondrer contre celui-ci. La bête se débarrassa de la faible étreinte de Poêlon, envoyant la machine s’écraser au sol.

   Avec le Cuirassier hors service, la bête se retourna vers Strangewayes. Le mékanicien venait d’extraire sa clé du dos brisé de warbeast mineur quand il leva les yeux pour remarquer la monstrueuse créature charger dans sa direction. Le sang d’Haley se glaça lorsqu’elle réalisa que le mékanicien serait mit à mort. Avec Poêlon hors de combat et Thorn autrement engagé, elle n’avait plus de machine pour arrêter l’avalanche de dents et de griffes. Elle fit un pas en avant, la lance à la main, et le monde autour d’elle sembla ralentir. Elle regarda avec horreur la mâchoire de la bête s’ouvrir au point presque de se décrocher, et les faux de ses bras s’abaisser sur Strangewayes alors même qu’il portait sa clé pour bloquer le coup. Il allait mourir ici, pensa-t-elle, tout comme le reste de ses hommes, au cours d’une mission planifiée à la hâte, basée uniquement sur son intuition. Leur sang serait sur ses mains.

   Alors que les faux achevaient leur mouvement, le corps d’Arlan s’est soudainement estompé, devenant incorporel. La bête chargea à travers le mékanicien, trébuchant de confusion après avoir traversé sa cible. Arlan trébucha également sur le côté, miraculeusement toujours en un seul morceau, sa clé levée défensivement mais sans jamais avoir été touchée par l’ennemi. Sa pipe tomba de sa bouche béante pour répandre ses cendres sur le sol.

   Haley sentit la présence d’un autre warcaster dans son esprit, et elle éprouva le sentiment particulier de reconnaissance lorsqu’elle se tourna pour voir une femme vêtue de bleu cygnaréen flottant au-dessus du sol, à proximité. La femme était également incorporelle, les arbres visibles à travers sa forme fantomatique. Une cape flottante traînant derrière la femme éthérée. Derrière, Haley vit une armure voltaïque qui, bien que semblable à la sienne, comprenait des éléments qu’elle n’avait jamais vus auparavant. Une série de bobines plus larges s’étendaient du dos de la femme telle des ailes bleues crépitantes. La nouvelle venue avait les cheveux gris, son visage nettement plus âgé. Malgré les lunettes masquant ses yeux, Haley se reconnut dans le visage de l’étrangère. La silhouette inclina la tête vers Haley, comme si elle attendait ses ordres, mais ne dit rien. Elle ressentit un éclat d’un souvenir, quelque chose de son expérience de mort imminente. Elle avait déjà vu cette personne auparavant.

   Le rejeton draconique aux bras-faux rugit et se redressa, enfonçant ses pattes griffues dans la terre pour le propulser, tandis qu’elle lançait une seconde charge sur Strangewayes, qui semblait maintenant être de chair et de sang une fois de plus.

   « Bouge ! » Cria Haley. Elle se précipita à la rencontre de la bête chargeant, la lance tendue devant elle. Même si elle ne comprenait pas comment, on lui avait donné une seconde chance de sauver la vie du mékanicien, et elle n’était prête à rester là sans rien faire, même si cela signifiait sacrifier sa propre vie dans l’effort. Elle glissa sur un genou, Écho penchée vers le haut, dans l’espoir d’empaler la bête sur son propre poids, même si elle savait que cet acte l’écraserait probablement malgré la protection supplémentaire de son armure de warcaster. Se préparant à l’impact, elle poussa un cri de guerre, les yeux écarquillés par la détermination plutôt que par la peur.

   Elle sentit l’arrivée d’un autre warcaster et une autre vague de familiarité. Cette fois, elle ne fut pas surprise lorsqu’une autre silhouette chargea depuis les arbres. C’était une jeune femme, les vêtements en lambeaux et chargés de la poussière du chemin. Une tresse de cheveux doré vola derrière elle alors qu’elle courait les paumes des mains ouvertes, des éclairs se formant autour de ses doigts écartés alors que des runes bleues flamboyaient. Le cœur d’Haley s’arrêta. Cette fois, elle était certaine que le visage était le sien depuis des années – un reflet qu’elle connaissait aussi intimement que sa propre âme.

   L’Haley du passé lança son propre cri de guerre avec un coup de tonnerre, et un projectile arcanique frappa la bête déchaînée en pleine poitrine et l’a projeté en arrière, entrer en collision avec des troncs d’arbres et briser ceux-ci. La bête hurla dans un mélange de douleur et de rage, et la jeune femme incorporelle poussa l’attaque, se précipitant pour délivrer une série de frappes télékinétiques alors qu’elle balançait ses poings dans le vide. La peau armurée et épineuse se fendit et se meurtrit sous les coups, et la bête poussa un dernier souffle avant de s’immobiliser, sa langue pendant mollement sur le côté de sa bouche.

   Ensemble, les soldats restants se joignirent à Thorn pour s’occuper des dernières bêtes. L’escarmouche était terminée. Les survivants se rassemblèrent autour des spectres transparents dont l’arrivée soudaine avait empêché de nouvelles pertes. Haley le savait, les autres non : les deux formes spectrales étaient des itérations d’elle-même, comme tirées des brumes du temps. La fille était un fantôme de sa jeunesse, lorsque ses pouvoirs venaient de s’éveiller. Elle se tenait debout, résolue, et avec une attitude presque arrogante. La femme plus âgée, qu’elle reconnaissait, devait provenir d’un avenir possible – l’Haley âgée projetait sagesse et expérience. Elle continua de flotter au-dessus du sol comme si elle était à l’aise. Que cela soit dû à ses pouvoirs ou une quelconque technologie de son armure. Haley n’aurait pu le dire.

   « Morrow me préserve », déclara Strangewayes, bien qu’Haley n’ait jamais vraiment pensé qu’il puisse être un homme particulièrement religieux. « Sauvé par des fantômes. »

   « Pas des fantômes » déclara Haley, examinant la version plus jeune d’elle-même. Les yeux de la jeune fille étaient débordaient d’indignation et de colère, résultant d’une profonde douleur, ç une époque où ceux qui l’avaient élévé avaient cherché à étouffer son pouvoir, à lui faire honte de ses talents. Haley s’avança pour toucher l’apparition, et son jeune moi sauta hors de portée. Il y avait de la volonté en son sein, mais Haley sentit que la fille obéirait à ses ordres mentaux au combat, tout comme Thorn le pourrait. Ensuite, elle observa la version plus âgée d’elle-même, une femme semblant encore vigoureuse et forte, ses cheveux étant prématurément devenus gris. Ce visage avait-il dix ou vingt ans de plus que le sien ? Elle n’en était pas sûre. « Ce sont des projections. Des échos. Des versions de moi issus du flux du temps. Le passé et le futur. »

   Haley atteignit les projections avec sa volonté. Passé était un livre ouvert, son histoire personnelle et familière. Futur, d’un autre côté, était une énigme. Il y avait une barrière, un linceul qu’Haley ne pouvait lever, mais une puissante connexion les unissait encore. Elle n’était pas censée connaître son possible avenir. De même, Hley pouvait y sentir des talents arcaniques encore inexplorés. D’une pensée, elle voulut que Futur passe à l’action.

   Futur leva ses paumes vers le ciel et les runes d’un sort s’épanouir autour d’elle. Dans l’instant qui suivit, un exploit encore plus miraculeux que le sort ayant sauvé Strangewayes d’une mort certaine se répandit dans le groupe. Les rangers survivants s’exclamèrent, car le temps semblait s’être inversés pour leurs camarades tombés au combat. Du sang jaillit du sol, des os se reconstituèrent, des blessures se refermèrent aussi rapidement qu’elles s’étaient ouvertes, la chair retrouvant son état originel. Lorsque les dernières traces de violences furent effacées, les rangers jadis tués ont ouvert les yeux et se sont assis, clignant des yeux comme pour évacuer un mauvais rêve.

   La tâche achevée, Haley tituba et s’appuya contre un arbre. Bien que Futur ait invoqué la magie, Haley avait ressenti l’écoulement, une sourde pulsation débuta dans ses tempes. Elles étaient des extensions d’elle, et c’était sa propre réserver de puissance qu’elles puisaient. Alors qu’elle se reprenait, Futur et Passé disparurent, retournant à l’endroit où son esprit les avait d’abord invoqués.

   « Major ? » S’inquiéta Strangewayes, en tapotant l’épaulière d’Haley.

   « Je vais bien. J’ai juste besoin d’un moment. » Elle se redressa, en
s’appuyant sur Écho. En observant les rangers accueillir les morts revenus à la vie, cela lui rappela à quel point elle en savait peu sur l’étendue de son nouveau contrôle sur le temps. Elle en déduisait que le stress du combat et surtout la menace imminente concernant la vie de Strangewayes lui avait permis de manifester ces autres moi. Intuitivement, elle sut que ce pouvoir était semblable à celui qui lui avait redonné la vie quand elle avait été empoisonnée. Les projections avaient disparu pour l’instant, mais elle était certaine de pouvoir faire les faire revenir quand elle en aurait besoin. Maintenant, elles étaient des outils et des armes au sein de son arsenal, semblables à la lance qu’elle maniait et aux warjacks qu’elle contrôlait.

   Strangewayes l’observa un moment avant de s’approcher de Poêlon, face contre terre, s’arrêtant à mi-chemin pour récupérer sa pipe au sol. Les dernières minces volutes de vapeur s’échappèrent en gémissant du châssis du Cuirassier. « Je ne prétends pas avoir la moindre idée ce qui se vient de passer », déclara Strangewayes, « mais il y a-t-il la moindre chance que tu puisses me faire une faveur et retaper Poêlon ? Cela m’épargnerait du temps et de nombreux maux de tête. Non ? C’est bien ce que je pensais ? »


CHAPITRE 4 : SAERYN

Saeryn fonçait à travers la forêt dense. Ses longues jambes pompant et ses muscles brûlant d’effort, elle se frayait un chemin à travers sur le sol inégal et le feuillage épais. Son corps avait été poussé bien au-delà de ses limites normales il y a quelques jours. Pourtant, elle était bien plus qu’une mortelle. Elle puisait dans l’éclat de l’athanc dans sa poitrine, sentant son pouvoir brûler en elle comme un soleil, une source illimitée de vitalité et de force. Son pouvoir pouvait la restaurer, même lorsqu’elle était affamée et épuisée. Elle aborda un ruisseau à pleine vitesse, sautant avec agilité d’une pierre lisse et humide à l’autre. Elle pouvait sentir l’esprit du dragon la presser, impatient et avide. Le bateau était proche. Son trophée prix était proche.

   Des dizaines de rejetons draconiques se précipitaient à ses côtés à travers les arbres, poussés par la même imposante volonté. La sœur jumelle de Saeryn, Rhyas, était à ses côtés. De temps en temps, l’une des jumelles envoyait un harceleur ailé par-dessus les arbres, employant son lien avec le rejeton draconique pour surveiller son objectif.

   « Allez sœurette », cria Saeryn, l’excitation la remplissant à l’idée d’être celle qui revendiquera ce trophée monumental pour Everblight. « Cette gloire sera uniquement la nôtre. »

   Rhyas prit de la vitesse et une bonne longueur d’avance sur le peloton. Pendant des semaines, la légion d’Everblight avait poursuivi le fragment d’athanc détenu par les forces cryxiennes. Suite à l’affrontement entre Cryx et Cygnar, l’athanc avait changé de mains. Bien que leur proie soit différente maintenant que d’autres possédaient l’éclat, leur objectif était le même.

   La présence d’Everblight emplissait l’esprit de Saeryn d’une manière intrusive et incontournable. Le dragon observait à travers ses yeux et ceux de sa sœur, consumé par le désir d’atteindre son trophée. L’éclat d’Athanc, enfoui au plus profond sa poitrine, un morceau d’Everblight en personne, se mit à vrombir et à rayonner son pouvoir corrupteur dans tout son corps. Elle préférait quand l’attention du dragon était ailleurs ; elle ne savourait pas cette synergie comme le pouvaient certains warlocks d’Everblight. Elle détestait que tous ses mouvements soient actionnés par un marionnettiste invisible, même aussi puisant que le dragon.

   À cet égard, Saeryn avait son propre secret. Alors que le dragon pouvait envahir la conscience de ses warlocks à volonté, Saeryn avait appris à compartimenter une partie de son esprit, le protégeant de l’influence d’Everblight. Grâce à leur lien unique en tant que jumelles, elle pourrait également protéger l’esprit de sa sœur de la même manière, bien que Rhyas n’en soit pas consciente. Si elle le souhaitait, Saeryn pourrait exclure le dragon. C’était un exploit qu’aucun autre warlocks ne pouvait même imaginer, encore moins accomplir. Jusqu’à présent, elle n’avait fait étalage de ce pouvoir, sachant qu’une telle trahison aurait des conséquences. Saeryn gardait cette capacité secrète, réservée à une plus grande nécessité, et cherchait à réprimer son irritation face à l’envahissante conscience d’Everblight.

   « Et Lylyth et Bethayne ? » Demanda Rhyas, sa voix se projetant dans l’esprit de Saeryn via leur lien télépathique. « Et pour Kallus ? Ne devrions-nous pas les attendre et frapper en force ? »

   « Ces cygnaréens finiront par être renforcé ou trouvé un abri plus sûr », répondit mentalement Saeryn. « Nous n’avons pas le temps d’attendre ceux qui ont pris du retard. »

   « Comme tu le dis, ma soeur », dit Rhyas. Sa confiance dans le jugement de sa jumelle était, comme toujours, absolue.

   Le groupe de chasse atteignit une crête surplombant le Fleuve Banwick, permettant de voir le bateau des cygnaréens.
   Finalement à portée de frappe après avoir attendu si longtemps, Saeryn se prépara à la réaction d’Everblight. Elle avait déjà ressenti la poussée d’exubérance du dragon ? Elle savait combien cela pouvait être écrasant pour les sens des mortels. Mais quand le sentiment parvint, rien n’était positif.

   Un soubresaut de douleur et de désorientation la fit tomber à genoux. Sa tempe se mit à palpiter et une lumière blanche enveloppante aveugla sa vision. Son athanc vrombissait profondément dans sa poitrine, et Saeryn sentit quelque chose de très rare depuis qu’elle était sous l’emprise du dragon.

   La peur.


CHAPITRE 5 : KRUEGER

D’épais tourbillons de nuages sombres obscurcissaient les hauteurs des Montagnes du Mur du Dragon pendant que Krueger canalisait la puissance des éléments dans les pierres dressées environnantes et les invisibles lignes de forces en dessous. Le foudre et la pluie fouettaient les sommets, débutant lentement et se transformant en un tumultueux orage. Un banc de brouillard se formait entre les pierres et autour du Seigneur des Tempêtes, et au milieu de sa présence obscurcissante se trouvaient les formes en lévitation des capes noires subordonnées ayant prêté serment à Krueger. Les bras de chaque silhouette encapuchonnée étaient tendus, les paumes vers le haut, la puissance statique dans l’air circulant à travers leurs corps volontaires alors qu’ils servaient de conduits. L’énergie scintillante passait de pierre en druide et de druide en pierre, créant un cercle de pouvoir croissant. Krueger planait au centre du cercle, l’oeil de la tempête au-dessus tout autant qu’en dessous de lui.

   Si les druides étaient des conduits, Krueger était le point focal. Les énormes forces qui se rassemblaient autour d’eux s’élevaient à l’intérieur des lignes de force, créant une pression que le Seigneur des Tempêtes ne pouvait éternellement retenir. Le moment venu, la puissance se précipiterait à travers les nombreux kilomètres de lignes de forces, submergeant tout, amplifiés par les subtiles traces de corruption laissées par les dragons.

   Au-delà du cercle, la silhouette tachetée de l’émissaire de Blighterghast observait, son visage cicatrisé tourné vers le ciel. Des gouttes de pluie ruisselaient sur les plaies de son visage. Quelque part, le dragon Blighterghast regardait à travers les yeux de l’homme et surveillait la scène, désireux de conclure le rituel et de lancer la chasse au warlocks d’Everblight.

   Les runes gravées sur les antiques piliers prirent vie, projetant une aura verte sur le banc de brouillard mouvant, et rayonnant de chaque pierre, un frémissement constant d’énergie pouvait être ressentit. Des images fantomatiques se formaient et se dissipaient dans la brume, l’une s’effondrant dans la suivante aussi vite qu’elle se formait. Sur une image, un groupe de tharn sauvages vêtus de fourrures et de cuirs pourchassaient un sanglier. Sur une autre, des agriculteurs cygnaréens labouraient un champ. Une autre image montrait un trollkin affrontant des dizaines d’hommes-gators, aussi vite que l’affrontement est apparu, il a disparu, laissant derrière lui des pics enneigés et un train grondant sur sa voie. Des portions de lignes de forces corrompues par les dragons s’étendaient à travers tout l’Immoren occidental, et Krueger pouvait sentir la connexion de tout son être.

   Sa robe voletait derrière lui alors que la tempête s’intensifiait et que le rituel approchait de son apogée. Un éclair frappa un pic voisin et projeta des éclats de pierre débouler le long de la montagne. Le barrage retenant le pouvoir collecté fut libéré et un déluge d’énergie traversa les lignes de forces. Une impulsion vola depuis le cercle de pierres dressées, projetant une ondulation à travers le brouillard environnant et dissipant les images s’y étant formées. Dans son esprit, Krueger regarda l’impulsion balayer l’Immoren occidental à la même vitesse que les errants, telle une pierre projetée dans un étang envoyant une série d’ondes sur la surface auparavant calme.

   Le brouillard s’est dissipé, et la pluie torrentielle a ralenti jusqu’à devenir une bruine. Durant un instant, il n’y eut que le silence relatif. Krueger ne bougea pas, et par son exemple, ses disciples gardaient la même impassibilité, attendant patiemment. Le doux battement de la pluie marquait les lentes secondes.

   Une par une, les réverbérations de l’impulsion revenaient à Krueger et aux pierres dressées, chacune envoyée par l’un des fragments immortels de l’athanc, qui autrefois avait été Toruk. Certaines provenaient de Blighterghast et les autres dragons de son alliance, chaque pierre de coeur en eux créant un puissant écho. Pourtant, il existait d’autres échos, plus petit, des notes plus faibles au sein de la symphonie corrompue. C’étaient les réverbérations des éclats divisés de l’athanc partagé d’Everblight. Leur signal initiait la chasse qui mènerait à leur perte.


CHAPITRE 6 : SAERYN

Aveuglée et rampant à quatre pattes, Saeryn était submergée par les émotions de ses compagnons warlocks, télégraphiées à travers kilomètres via l’athanc en elle. La peur, la confusion, et la panique l’ont frappée tel le ressac. Aussi terribles que soient ces sentiments, elle savait que le pire était à venir. La cacophonie mentale était si écrasante qu’elle la rendait malade. Et elle savait qu’Everblight ressentait la même chose à cet instant, tous étaient exposés et vulnérables.

   Des coups de feu retentirent au loin. Durant le moment de confusion, les cygnaréens sur le bateau avaient repéré les harceleurs survolant le fleuve. Saeryn essaya d’atteindre les bêtes avec son esprit, mais elle eut du mal à établir le contact. Alors que sa vision s’éclaircissait, elle se relava et fit le point sur ses forces. Quoi qu’il se soit passé, chaque créature liée à Everblight avait subi la similaire expérience déconcertante.

   Saeryn se tourna vers sa sœur. Rhyas s’était relevée, mais se tenait la poitrine là où reposait son propre éclat d’athanc. Sa mine était tendue, et elle respirait difficilement.

   Rhyas secoua la tête. « C’était quoi ? »

   « Je ne sais pas. » Le jacassement mental confus des autres warlaocks prit de l’ampleur à mesure que la perturbation se dissipait et que leur lien se renouvelait. Saeryn expulsa la nuisance hors de son esprit.

   Une autre série de coups de feu retentit, et le dernier harceleur dégringola des airs. Dans leur désorientation, les rejetons draconiques s’étaient exposés. Les cygnaréens savaient maintenant qu’ils étaient poursuivis. Toute chance de surprise avait disparu.

   Malgré cela, Saeryn n’était pas prête à abandonner son trophée.

   Elle était prête à mener la charge le long de la pente plantée de pins lorsqu’un rugissement assourdissant retentit à travers les contreforts du Mur du Dragon supérieur. C’est alors que le but de l’impulsion ayant frappé son éclat d’athanc devint clair. D’une manière ou d’une autre, l’alliance des dragons avait découvert un moyen de localisée l’essence fracturée d’Everblight.

   Saeryn ressentit l’angoisse du dragon à cette révélation ; elle s’abattit sur elle écrasante comme une montagne. Vint le point de non-retour, était-il plus sage de fuir dans les terres sauvages et de survivre ou s'abattre sur le navire à l'ancre toutes griffes et lames dehors, et de s’emparer du pouvoir de s’opposer aux siens ?

   La voix d’Everblight pris la décision à sa place alors qu’elle parlait depuis le fondement de l’esprit de Saeryn.

   RÉCUPÉRER L’ÉCLAT.
« Modifié: 07 janvier 2020 à 14:56:58 par elric »
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

Si vous constatez des fautes d'orthographe et/ou de conjugaison, des phrases à remanier pour une meilleur compréhension.
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Re : La Colère du Père des Dragons
« Réponse #2 le: 23 décembre 2019 à 16:08:12 »
CHAPITRE 7 : CONSTANCE BLAIZE

Blaize se précipita vers la balustrade du navire et regarda par-dessus bord pour voir les rejetons draconiques s’effondrer dans la rivière et disparaître sous la surface. Les pionniers balayaient le ciel avec leurs fusils, à la recherche d’autres menaces. Ce qui inquiétait Blaize, ce n’était pas les rejetons draconiques qu’ils avaient repéré au-dessus du navire, mais plutôt le rugissement qu’ils avaient entendu peu après.

   « En approche ! Côté tribord! » Cria un chevalier Précurseur.

   À ce moment-là, deux monstrueuses créatures ailées s’envolèrent des falaises voisines. Un ensemble de quatre ailes propulsait les bêtes dans les airs et des queues barbelées attachées à leurs corps serpentiformes. Blaize avait déjà rencontré des rejetons draconiques et les reconnus comme étant des séraphins, la mort ailée apportant poison et feu.

   Un vacarme éclata sur le pont à la vue des rejetons draconiques approchant. Blaize était déjà en mouvement, se déplaçant parmi l’équipage et criant des ordres. « Aux armes ! Faites chauffer les chaudières, et remontez-les ‘jacks. Méfiez-vous des abordages ! »

   Une douzaine de fusils aboyèrent lorsque les pionniers prirent positions derrière la balustrade et ouvrirent le feu sur l’ennemi. L’un des séraphins fit une embardée et plongea hors de vue tandis que des balles déchiraient la fine membrane de ses ailes et perforaient sa chair. La seconde horreur frôla le côté du navire et de sa gueule cracha un torrent de flamme bleue qui consommèrent plusieurs pionniers. Ceux qui s’enflammèrent s’effondrèrent ou sautèrent du pont en criant pour éteindre les flammes dans le fleuve.

   D’un cri aigu, le séraphin blessé revint à la vue et mitrailla le pont, crachant des flammes. Les chevaliers Précurseurs cuisirent à l’intérieur de leur armure et les membres de l’équipage furent engloutis dans un brasier bleu. L’odeur de chair carbonisée emplit l’air.

   Le marin à la barre du navire avait été pris dans l’incendie et s’était transformé en torche humaine, ses bras battant en vain alors que sa peau craquelait et noircissait. Dans sa panique mortelle, il est tombé sur la roue, l’abattant fortement vers la droite en s’effondrant. Le navire a soudainement fait une embardée. Le vaisseau s’est soulevé et a basculé dans un angle alarmant alors qu’il se dirigeait vers la rive rocheuse et les personnes à bord se sont battues pour garder leur équilibre.

   L’impact, souligné par le bruit du bois se brisant, fit basculer tout le navire. La coque se fissura et se déforma lorsque le vaisseau entra en collision avec le promontoire de pierre bordant la rivière. Les parties supérieures cisaillèrent la balustrade et certaines parties du pont. Le navire s’inclina encore plus, s’affalant sur les rochers sur lesquels il s’était empalé, et seule la vaste expérience de combat des défenseurs les maintint organisé et debout, même s’ils n’étaient pas moins désespérés.

   La voix de l’aumônier guerroyeur Corley retentit par-dessus les cris des mourants s’adressait aux chevaliers Précurseurs. « Formez des murs de boucliers ! Les bêtes font la repasse ! »

   Le cliquetis monotone du monte-charge signalait l’arrivée des warjacks de la cale. De la fumée s’échappait de leurs énormes chaudières et leurs yeux brillaient d’une intensité lumineuse. Gallant se précipita sur le pont, à côté de Blaize et prit une position protectrice à côté du warcaster pendant que les Centurions se déplacèrent pour protéger les pionniers survivants. Une fois leurs réparations terminées, ils étaient prêts à livrer une nouvelle glorieuse bataille au nom de Morrow. Le mékanicien Reynolds avait pris le monte-charge aux côtés des warjacks et rejoignait maintenant les défenseurs, une clé dans une main et un pistolet dans l’autre.

   Les pionniers tiraient aussi vite qu’ils pouvaient recharger tandis que les séraphins tournaient dans le ciel et bombardaient le navire en tandem. Les rejetons draconiques descendirent bouche béante, avec l’intention d’inonder à nouveau le pont de flammes. Les balles déchiquetèrent les créatures, causant des blessures encore plus horribles, mais les bêtes s’approchèrent.

   Des runes jaillirent autour de la main tendue de Blaize, et une explosion de lumière sainte engloutit les abominations ailées. Leur chair corrompue fumant et flétrissant ; elles entrèrent en collision avec le pont, glissant et roulant sur les planches. L’aumônier Corley et ses chevaliers Précurseurs s’abattirent sur une bête avec leurs masses bénies pour terminer le travail tandis que Blaize ordonnait à son Centurion d’embrocher l’autre avec sa massive lance à piston.

   Une fois les séraphins achevés, Blaize se précipita vers la balustrade brisée, juste à temps pur remarquer une douzaine de rejetons draconiques de formes et de tailles variées émerger des arbres et charger le navire échoué. Deux nyss corrompus se déplaçaient parmi eux. L’un des elfes pâles brandissait une épée, et l’autre une lance, et Blaize était certaine que ces guerriers menaient l’assaut- les rejetons draconiques répondaient à leur volonté.

   Elle donna un ordre mental aux Centurions et les positionna pour recevoir la charge. Les Précurseurs formèrent des rangs devant, formant à nouveau un mur de boucliers, prêts à repousser les rejetons draconiques arrivant en sens inverse.

   L’aumônier Corley se tenait à côté de Blaize avec son propre bouclier prêt. « D’abord les cyxiens, maintenant ceux-ci. Quelle que soit notre relique, les malfaisants dissimulés dans chaque recoin d’Immoren en ont pris note. »

   « Raison de plus pour laquelle elle doit rester entre nos mains », répondit Blaize.

   Les rejetons draconiques grimpèrent sur les rochers et sur le côté du navire en une vague de chair et de dents pour s’écraser sur le mur de boucliers des Précurseurs. Bien que les bénédictions de Morrow aient aidé leur cause, les chevaliers étaient grandement surpassés. Les tranchantes serres faisaient tomber les boucliers et les queues barbelées fouettaient la ligne de défenseurs pour ouvrir les gorges et décoller les têtes des corps. Des rangées de dents pointues broyaient à travers les armures, et une flamme bleue émanant des bouches draconiques boursouflait les visages et gauchissait l’acier.

   Les deux warjacks Centurion se replièrent et servirent d’ancrage au mur des chevaliers, leurs imposants corps mécaniques protégeant les flancs des assauts. Les bêtes martelèrent leurs massifs boucliers, leurs attaques s’avérèrent sans danger tandis que les Centurions ripostèrent avec leurs lances et embrochèrent les horreurs corrompues, les épinglant sur le pont.

   Gallant avait adopté une approche plus proactive, dépassant les Précurseurs et, sous la direction de Blaize, barbotant dans l’ennemi avec son épée et son bouclier. Les larges coups de l’arme bénie du warjack s’enfonçaient dans les rejetons, éviscérant les torses et propulsant les membres sur le pont du vaisseau accompagné de leurs derniers spasmes de vie. Les yeux du ‘jack brillaient de jaune, comme s’il savourait un tel châtiment, et l’ichor noir qui éclaboussait son châssis s’écoulait de son armure comme s’il était repoussé par les rites sacrés lui ayant été conféré.

   « Tenez bon ! » Cria Blaize. Des runes se matérialisèrent autour d’elle – elle ressembla la force sainte puisée du pouvoir des âmes des mourants. Ensuite, elle l’employa pour protéger ceux qui combattaient, formant une aura chatoyante autour d’eux, la magie alimentée par les énergies purifiées des défunts.

   Soutenus par le sacrifice des premières victimes, les Précurseurs avancèrent, intervenant avec leur masse et leur bouclier dans la cohue de rejetons draconiques.

   « Surveillez votre gauche ! » cria Blaize.

   Les armes bénies des chevaliers s’abattirent pour briser l’épaisse armure de carapace de leurs ennemis, et les prières à Morrow s’élevèrent sur la ligne. Parmi eux, un chevalier scanda ligne après ligne l’Enkheiridion – leur tome le plus saint – et les paroles de leur foi semblèrent apporter force et courage aux chevaliers luttant. Peu de temps après, le pont était inondé du sang de bête et d’homme, et l’affrontement structuré se transforma en une rixe générale.

   Au milieu du chaos, l’une des nyss creusa un sanglant sillon à travers les Précurseurs avec sa longue lame incurvée. Un pionnier tenta d’empaler la forme tournoyante avec sa baïonnette mais la nyss manœuvra à l’intérieur des défenses de l’homme et l’éventra d’un seul mouvement fluide.

   Une lance dépassait du dos d’un autre Précurseur proche, et le chevalier s’effondra pour révéler la deuxième nyss. Des cornes dépassaient de sa tête et des écailles de dragon marquaient des parties de ses bras. En voyant Blaize, elle invoqua un sort et projeta un jet d’acide éclabousser le bouclier et l’armure du warcaster éroder ses défenses avec un chuintement continu.

   « Warlocks », dit Blaize entre ses dents. Ignorant l’acide, elle chargea en avant, le bouclier levé et la lance inclinée pour embrocher la lanceuse de sort avant que la nyss ne puisse davantage contribuer au combat.

   Un crépitement attira l’attention de Blaize, la surprenant. À sa source, une jeune femme traversait le pont du navire, sa tresse de cheveux dorés se balançant sous l’effet de rafales d’énergies arcanique s’échappant de ses poings. La nyss furent tout aussi surprises ; elle se retourna uniquement pour être frappée par une explosion d’énergie cinétique la projetant en arrière sur les planches ensanglantées. La jeune femme la poursuivit, ses poings sur le point de lancer une autre frappe, et elle n’accorda même pas un coup d’oeil à Blaize.

   Une autre silhouette familière – revêtue d’une armure de warcaster voltaïque exotique – flottait au-dessus de la balustrade. Elle lança immédiatement des projectiles mystiques sur les rejetons draconiques. Même si son visage était dissimulé sous une capuche et des lunettes et que ses cheveux étaient gris, elle ressemblait toujours au Major Victoria Haley, du moins dans l’esprit de Blaize. Sa confusion s’aggrava quand une autre silhouette – celle qu’elle savait être le Major Haley – est montée à bord, accompagnée d’Alan Strangewayes et d’une équipe de rangers et de pionniers.

   Une sphère d’ombre dissimula la cible de Blaize, et lorsque l’effet prit fin, Blaize se retrouva face à face avec l’épéiste plutôt que la sorcière. Avec une vitesse vertigineuse, la nyss frappa l’épaulière de Blaize avec sa lame, la faisant tourner et la déséquilibrant. Une seconde frappe menaça de décoller la tête de Blaize de ses épaules, et elle leva de juste son bouclier afin de détourner le coup. L’acier tinta contre l’acier. La nyss sonda les défenses de Blaize, la repoussant sur ses talons. Alors que la nyss était légèrement armurée, sa vitesse et sa technique compensaient largement cette vulnérabilité.

   Blaize donna un ordre mental à Gallant ; le rugissement la chaudière du «’jack envahi l’air alors qu’il se dirigeait vers l’insaisissable lanceuse de sorts. Le nyss esquiva le coup du ‘jack qui fit éclater les planches sous ses pieds. Elle répondit en envoyant un grand rejeton draconique aux mâchoires puissantes et plusieurs bras sur Gallant s’abattre sur Gallant, et ensemble la bête et la machine dégringolèrent par-dessus les portes cargo ouvertes et disparurent dans les profondeurs de la cale.

   Partout sur le navire, les défenseurs étaient assiégés. Pour chaque bête tuée, deux soldats de Blaize gisaient morts ou mourants. Les Centurions étaient cabossés, l’un ayant perdu la fonction de son bras de bouclier et l’autre be possédant qu’une amplitude de mouvement limitée. Et tandis que Blaize pouvait encore sentir le cortex de Gallant dans la cale en dessous, elle ne pouvait pas établir le contrôle du warjack dû à la distance. Même l’Aumônier Corley, qui avait fracassé le crâne d’un rejeton draconique félidé avec sa masse et aidé à abattre plusieurs autres bêtes tout en dirigeant ses chevaliers, reposait maintenant sur un genou, un saignement ruisselant d’un côté de sa tête, sa respiration irrégulière.

   « Il semble que vous avez besoin d’aide », dit Haley, par-dessus le staccato des tirs des rangers alors qu’ils se concentraient sur le rejeton draconique restant, ajoutant leu soutien aux explosions mystiques de la femme plus âgée. Haley se positionna dans le dos de Blaize, dégainant son canon à main et ouvrant le feu en même temps.

   « Je ne veux pas être considérée comme ingrate, mais aux dernières nouvelles, vous étiez en convalescence à l’infirmerie de Port Bourne », répondit Blaize. « Et nous somme loin de Port Bourne. »

   « Le temps pour les explications viendra plus tard », répondit Haley. « En ce moment, je pense que nous avons des questions plus urgentes à régler. »

   L’épéiste nyss s’était rétablie et s’en prenait maintenant à la jeune femme aux poings cinétiques, chaque combattant esquivant et manœuvrant hors de portée de l’autre. C’est alors que Blaize remarqua que la fille ressemblait aussi au Major. Comme si elle avait amené une sœur plus âgée et plus jeune pour se battre à ses côtés.

   Il se passait quelque chose d’étrange, Blaize en était certaine.

   La danse martiale continua un petit moment avant que la seconde warlock nyss ne frappe un chevalier avec sa lance et une invocation de runes n’entoure sa main. Un miroitement de force mystique se répandit dans l’air et découpa la jeune femme, et au lieu de saigner à mort, elle disparut tout simplement.

   Les nyss s’approchèrent alors de Haley et de Blaize ensemble – les mouvement de l’une étant comme une prolongation de l’autre, comme si elles avaient combattu l’une à côté de l’autre toute leur vie. Haley pointa sa lance sur la lanceuse de sorts à cornes tandis que Blaize s’occupait de celle avec l’épée. La nyss donna un coup de pied à la base du bouclier de Blaize, le poussant vers le bas, et en même temps porta un coup d’épée haut pénétrant le champ d’énergie et touchant l’épaule de la warcaster. Du sang coula sur le bras de Blaize et s’amassa dans son armure, mais elle ignora la blessure et continua à frapper. Elle parvint à toucher son adversaire, entaillant profondément la chair de la nyss. Cependant, dès que la blessure apparue, elle se referma – à proximité, l’un des rejetons draconiques s’effondra sur le pont après qu’une blessure similaire ouvre ses chairs.

   Autour d’eux, le cours de la bataille changea, même si l’ennemi était loin d’être mis en déroute. Il ne restait plus qu’une pognée de rejetons draconiques, mais leur nature sans peur ne leur permettait pas de battre en retraite à moins que leurs maîtres ne leur en donnent l’ordre. De même, la foi en Morrow permettait aux chevaliers respirant toujours de combattre, et avec l’aide des renforts, ils gagnaient lentement du terrain.

   Un rugissement se réverbéra alors sur les collines – profond et puissant comme celui que Blaize avant entendu juste avant le début de l’assaut. Le son même sembla faire réfléchir les warlocks et leurs bêtes. Une ombre tomba sue le navire, et les combattants des deux camps levèrent les yeux pour remarquer une silhouette ailée, de la taille d’un pic de montagne, éclipser le soleil.

   Blaize eut un haut le cœur tandis que le dragon piquait, sa massive gueule ouverte, prête à engloutir le navire et tout ce qu’il contenait.


CHAPITRE 8 : SAERYN

Saeryn ressentit colère impuissante alors que la gueule béante du dragon qu’elle savait être Charsaug s’abattait sur elle. Elle était si proche du but ultime. Mais maintenant, rester c’était mourir.

   Agissant comme une seule femme, Saeryn et Rhyas se sont rapidement désengagés de leurs adversaires. Sautant du navire échoué, le duo a couru aussi vite que possible du dragon se rapprochant. Pendant qu’elles couraient, Saeryn pouvait sentir les pensées de ses compagnons warcasters à travers l’athanc d’Everblight. La prise de conscience la frappa tel un éclair.

   Charsaug n’était qu’un élément d’un effort coordonné plus vaste. Au sein de tout l’Immoren occidental, les warlocks d’Everblight se sont retrouvés assaillis par les dragons, poursuivis par des mâchoires puissantes et des flammes jaillissantes. L’impulsion ayant frappé l’athanc divisé d’Everblight avait indiqué l’emplacement de chacun de ses warlocks. Ces dragons alignés avec Blighterghast, tel Charsaug, se mirent à dévorer ces warlocks désormais exposés et leurs athancs.

   Saeryn et Rhyas se sont faufilés à travers l’épaisse couverture de la forêt, poussant leur physiologie renforcée par la corruption jusqu’à ses limites. Derrières elles, Charsaug a écrasé les arbres et a enflammé des parties du paysage. Chaque battement de ses massives ailes a propulsé un ouragan surchauffé contre leur dos. Saeryn craignait qu’il n’y ait pas d’échappatoire. Il n’existait aucune arme capable de le dissuader de les poursuivre, aucun moyen d’échapper à sa vision prédatrice.

   Il n’y avait rien d’autre à faire que de courir.


CHAPITRE 9 : VICTORIA HALEY

Le dragon traqua les nyss, et Haley le regarda disparaître.

   Se retournant, elle descendit dans la cale du navire aux côtés de Blaize, Strangewayes et de son sergent ranger. Là, elle découvrit un désastre. Comme sur le pont supérieur, le sang et les entrailles des bêtes et des hommes tués étaient éparpillés dans un spectacle nauséabond de sang. Gallant avait survécu à la chute et se tenait dans un coin, des fuites de vapeur s’échappant de la tuyauterie endommagée et de l’huile fuitant d’autres endroits de son châssis cabossé.

   La cale avait été complètement brisée par les rochers pointus sur lesquels elle s’était échouée. Le navire gîtait dangereusement d’un côté à cause de l’eau s’engouffrant à travers la coque endommagée. Des caisses et des fournitures flottaient, plusieurs ayant été éventrées par l’impact. Leur contenu était éparpillé à la surface de l’eau montante. Bien que la parte de fourniture soit inquiétante, c’est l’artefact cryxien qui attira l’attention de Haley.

   « Vous disiez qu’il y avait une douzaine de moteurs à vapeur, mais je ne l’imaginais pas si grand », dit Haley, en regardant le chariot et les anneaux et le cube qui planaient au-dessus. Ils se mirent à écarter les débris et à dégager la machine. Déjà l’eau approchait les moteurs. Ce ne serait qu’une question de temps avant que la rivière ne les avale. Même la nécrotite ne pouvait pas brûler sous l’eau. L’odeur de la fumée de la nécrotite était forte, et la puanteur faisait pleurer Haley alors qu’elle travaillait à nettoyer le bordel. Elle savait que de telles fumées pouvaient être mortelles quand on les respirait trop longtemps. Blaize demanda à Gallant de l’aider pour les plus grandes pièces, et après un important effort, le groupe réussit à ramener le chariot dans a la partie sèche de la cale.

   « Il a subi des dommages quand vous vous êtes échoué », dit Strangewayes. Il montra du doigt deux moteurs à l’arrière du chariot ayant été écrasés lors de l’impact avec la paroi. Là où les autres moteurs brillaient d’une lumière verte intense ces deux moteurs n’émettaient qu’une faible aura.

   « J’étais déjà inquiet de sa défaillance », déclara Blaize. « Cela n’aide certainement pas. »

   « La puissance qui circule dans le champ de confinement est considérable », déclara Strangewayes en examinant les nombreux moteurs du chariot. Il avait rallumé sa pipe après la bataille et une traînée de fumée le suivait maintenant lors de son inspection.
« Regardez-ici », dit-il en montrant du doigt. « À l’origine, il brûlait du charbon. On dirait une conception rhulique, puis convertie en cryxienne. Ils ont pu s’en tirer avec un certain degré de redondance, car la nécrotite brûle si fort et si longtemps. Ce sont essentiellement des turbines arcaniques simples. Pourrait se débrouiller avec deux fois moins de moteurs, la plupart du temps. Je dirais qu’à l’origine c’était prévu pour un stockage prolongé plutôt que pour le transport. Les cryxiens l’ont découvert et en ont modifié la conception pour répondre à leurs besoins. Avec un approvisionnement en carburant adéquat, les moteurs restants devraient pouvoir maintenir le champ. »

   « Et s’il n’y a plus d’approvisionnement en carburant ? » Demanda Blaize.

   « Strangewayes ouvrit une des trappes à carburants et regarda à l’intérieur un moment avant de la refermer Il déplaça sa pipe au creux de sa bouche et exprima. « Deux heures. Peut-être trois. Certainement pas plus de quatre. »

   Morrow nous protège », déclara Blaize. « D’abord des rejetons draconiques, puis un vrai dragon, et maintenant çà. »

   Haley s’appuya sur Écho et réfléchit à leur situation. Elle attrapa un morceau de charbon au sommet d’une caisse voisine. « Tu dis que les moteurs ont été modifiés pour brûler de la nécrotite. Ne pourrions-nous pas pelleter du charbon dans les moteurs. »

   « Ça ne brûlerait pas assez fort », répondit Strangewayes. « Pas après les changements qu’ils sont apportés. Les trémies modifiées sont trop étroites et les fournaises trop petites pour contenir suffisamment de charbon. Il y aurait eu moins de redondance dans l’ancien système – ils auraient eu besoin de plus de moteurs en marche à la fois. Nous ne pouvons pas simplement pas revenir en arrière. Nous ne produirions pas assez d’énergie. »

   « Arlan, tu es l’un des meilleurs mékanicien d’Immoren occidental. Dis-moi que tu es capable de tenir cette réputation », dit Haley.
   « J’ai une idée », déclara Strangewayes, « mais vous ne l’aimerez pas. »

   « Haley jeta le morceau de charbon dans la caisse. Tu veux dire, par opposition à la façon dont je suis amoureux de l’idée que cette machine infernale, conçue pour contenir une cargaison méconnue mais sans aucun doute sinistre, va défaillir alors que nous somme coincés au milieu d’un fleuve alors que nous sommes assaillis de toutes parts par des dragons et des rejetons draconiques ? »

   « Assez juste », déclara Strangewayes, ignorant son sarcasme. « Les armures traditionnelles des warcasters emploie du charbon
pour alimenter une turbine arcanique. Les turbines warcaster sont bien meilleurs pour convertir l’énergie de la vapeur en puissance mystique que celles que nous avons ici. Cher à fabriquer et à entretenir, mais remarquablement efficace. »

   Les sourcils de Blaize se froncèrent. « Suggérez-vous qu’on retire la turbine arcanique de mon armure et qu’on l’utilise pour alimenter le champ ? »

   « Je ne peux pas faire de promesses, mais je pourrais utiliser vos turbines pour installer un champ de confinement temporaire. Il ne sera pas aussi puissant que celui que nous avons maintenant, mais il nécessitera beaucoup moins de carburant, et il sera portable pour les voyages par voies terrestre. » Haley n’avait pas pensé à quel point le navire était gravement endommagé, mais elle réalisa que l’évaluation de Strangewayes était exacte. Le fleuve devenait de plus en plus agité qu’il s’enfonçait dans le Mur du Dragon. L’idée de rafistoler le bateau et de continuer le voyage n’était pas réaliste. Sur le pont, Blaize avait informé Haley de l’ordre de transporter l’artefact vers une forteresse située à l’ouest de Gare-Pointacier dans le Mur du Dragon. Le plan avait été d’atteindre Orven par bateau et de prendre le train à partir de là. Selon son estimation, ils n’étaient pas si loin de la ville.

   Blaize pointa du doigt l’énorme cube suspendu au-dessus d’eux. « Ne me dites pas que vous voulez retirer cette chose de champ de confinement. Je ne peux pas vous dire ce qu’il y a à l’intérieur, mais je peux vous dire que c’est dangereux. Celui qui s’est donné la peine de l’emprisonner de cette façon l’a fait pour une bonne raison. »

   « Dans quelques heures, ça n’aura plus d’importance », dit Strangewayes. À moins que vous n’ayez une réserve de nécrotite sécrétée quelque part, ces moteurs vont s’arrêter. On fait face à une courte interruption sur le terrain ou à une interruption permanente. »

   Haley observa l’expression sinistre sur le visage d’Haley. Elle savait que l’ordre chevaleresque avait inculqué certaines croyances à maintenir, et elle pouvait comprendre son refus d’offrir à l’artefact un quelconque degré de liberté. Elle plaça une main sur l’épaule de Blaize. « Nous comprenons tes préoccupations, mais je fais confiance à l’évaluation d’Arlan. S’il dit qu’il y a une chance de recréer le champ, je pense que c’est lui qui le fera. Et s’il dit que nous n’avons pas d’autre option viable, je le crois aussi. »

   Blaize pinça l’arête de son nez avec exaspération. « Combien de temps faut-il pour atteindre Orven à pied ? »

   Un des rangers d’Haley s’avança, un bout de tissu ensanglanté enroulé autour de sa tête. « Orven est à moins de trente kilomètres de notre position actuelle si nous coupons à cours via un col que nous connaissons. Il est généralement enneigé à cette époque de l’année, mais l’hiver a été doux. Je parie qu’il est ouvert. Si on arrive à éviter tout retard, on pourra arriver au coucher du soleil au rythme fixé par le Major Haley. »

   Haley évita le regard interrogateur de Blaize. « J’ai les moyens de hâter notre voyage. C’est compliqué, mais c’est comme ça que vous a si rapidement rejoint. »

   Blaize resta un moment à considérer le plan improvisé. Enfin, elle déclara : « J’ai promis de veiller à ce que l’artefact soit en sécurité à Fort Hook. Si vous dîtes que c’est notre meilleure chance, alors qu’il en soit ainsi. Capitaine Strangewayes, combien de temps avant que vous ne puissiez produire le champ portable depuis ma turbine ? »

   « Une heure environ. Mais j’aurai besoin d’aide. »

   « Reynolds peut vous aider. » Déclara Blaize.

   Haley regarda la cale en ruine et pensa à la forme noire du dragon s’étant éloigné. « Fais le plus vitre possible, Arlan. Je préférerais être parti d’ici avant que ce dragon ne décide de revenir et de voir ce qui avait intéressé ses proies en premier lieu. »

   « Bien vu, Major », répondit Strangewayes, se grattant pensivement le menton. « Disons trente minutes. Reynolds ! » Aboya-t-il « Au boulot ! »

. . .

   Haley garda les yeux sur le cube en lévitation au centre de la cale. Des grincements et des cliquetis s’élevaient du générateur avec, à l’occasion, un crachotement de fumée noire. La lueur verte était faible et les moteurs brûlaient leurs dernières réserves.

   Strangewayes se tenait à califourchon sur la machine cryxienne, tirant des leviers et actionnant des interrupteurs en vue de l’arrêt du champ d’énergie. Les moteurs endommagés étaient morts, et de temps en temps, la couleur du champ d’énergie passait de son jaune maladif à un blanc translucide et vice versa. La turbine arcanique de l’armure de Blaize avait été convertie avec la chaudière à vapeur y étant attachée pour générer un nouveau champ d’énergie. La warcaster avait revêtu à nouveau son armure. Dépourvue de la puissance de la turbine arcanique, l’armure n’avait plus à la fois son champ d’énergie et les propriétés de compensation de poids qui l’accompagnaient. En bref, ce qui avait été autrefois une tenue de mékanique la plus avancée des Royaumes d’Acier était maintenant une encombrante carapace, mais clairement Blaize avait été conditionnée pour la supporter. Plutôt que de faire léviter le cube, le générateur improvisé serait fixé au cube lui-même, bien qu’il reste à voir s’il sera efficace ou non. Pour le tester, il faudrait d’abord désactiver le champ existant de l’artefact.

   « Ça y est », déclara Strangewayes, serrant la poignée d’un levier et offrant un sourire triste qui aida a atténué la tension. « Je vous conseille à tous de vous tenir à l’écart. »

   Haley s’avança, pataugeant dans l’eau accumulée au sein de la cale. « Attends. Laisse-moi faire. » Le mékanicien ouvrit la bouche pour protester, mais s’arrêta net, sachant qu’il ne pouvait rien dire qui puisse la faire changer d’avis. Il hocha la tête et s’éloigna pour se tenir avec les autres. Sa propre armure de warcaster et son champ d’énergie lui offrait une plus grande protection que toute autre personne présente. Se tenant si près de la machine, Haley pouvait sentir son énergie vibrer entre ses dents. Le cube menaçant tournait lentement sur son axe diagonal, et elle se demanda quels secrets il recelait. Même avec le champ dressé, elle pouvait sentir l’ombre en son sein, un pouvoir attirant chaque brin de destin en lui.

   Avant qu’elle ne puisse en parler, Haley tira le levier vers le bas dans la rainure du panneau. Il y eut un long sifflement, comme un train pouvait en expulser en s’arrêtant, et la lueur des moteurs s’éteignit. Le champ de confinement vacilla et disparut, et l’instant d’après, le cube chuta. Il entra en collision avec l’un des moteurs désormais inertes en tombant, l’un de ses bords arrachant un tuyau et bosselant le moteur. Il heurta le sol inondé en éclaboussant, pivotant sur un angle avant de s’effondrer sur l’un de ses côtés et de propulser une vague frapper les jambes des observateurs et les parois de la coque.

   Un profond ressentiment s’empara d’Haley, et le simple fait de regarder le cube libéré la mit sur les nerfs. L’air lui-même semblait plus épais, et respirait demandait maintenant un effort supplémentaire. Aussi robuste que le cube puisse paraître, il ne protégeait pas complètement le monde extérieur de ce que l’attendait à l’intérieur. Le moteur nécrotite tintèrent doucement en refroidissant, et un silence oppressant emplit la cale. Sous son armure, Haley sentit son sang se glacer. Elle dirigea sa volonté dans son propre champ d’énergie, le poussant à sa puissance maximale.

   « Je peux le sentir », déclara Blaize avec une appréhension dans la voix. Elle recula d’un pas. « Quelque chose autour de nous. » Elle fit le signe du Rayon.

   Haley s’éloigna du panneau de contrôle et se dirigea vers le cube pour l’examiner de près pour la première fois. Tout l’extérieur de l’objet était en acier, ses faces étaient lisses et non rivetées, les arrête étaient tranchantes et sans signe de soudure. De fines gravures, à peines discernables même à quelques mètres de distances, avaient été soigneusement sculptées sur les surfaces. Alors que la douzaine de moteurs nécrotites avait oeuvré à contenir les énergies qu’elle ressentait actuellement dans son environnement, Haley était convaincue que ces runes jouaient un rôle tout aussi important dans le confinement de ce qui attendait à l’intérieur. Une envie de voir le cube s’ouvrir s’enracina dans son esprit, et elle se força à se débarrasser de cette pensée soudaine.

   Si elle avait vraiment voulu ouvrir le cube, elle n’aurait pas pu dire comment si prendre. Il n’y avait ni prises ni poignées visibles. Elle leva un doigt pour tracer une des runes sur l’un des flancs. La forme éthérée de Futur se matérialisa à côté d’elle, et bien qu’aucun mot ne fut prononcé, Haley ressentit une pensée n’étant pas tout à fait la sienne. Lentement, elle plaça une main gantelée à plat sur le cube. Un éclair de lumière l’aveugla, et son dos s’arqua de sorte que son visage fixa les portes de chargement ouvertes au-dessus d’elle avant que tout autour d’elle ne s’évanouisse soudainement.

   Au début, elle se demanda si elle avait été aveuglée ou inconsciente, même si cette pensée suggérait que son esprit était toujours le sien, ce qui, selon elle, était un soulagement en soi. Alors qu’elle luttait pour comprendre ce qui se passait, le bruit de vent soufflait à ses oreilles, comme propulsé par un grand soufflet. Elle reconnut le son comme celui d’un battement d’ailes. Alors qu’elle écoutait le battement rythmique, un unique point de lumière intense transperça l’obscurité de sa vision. Lentement, la tête d’épingle grossit et s’améliora à l’horizon. Alors que son monde était à nouveau lumineux, les nuages et les sommets se formèrent. La terre et la mer s’étalaient en contrebas tel un parchemin sans fin, et Haley reconnu intuitivement l’étendue comme étant l’Immoren. Les mêmes rivières et chaînes de montagnes marquaient sa surface, mais les villes qu’elle voyait étaient inconnues et étranges, et la plus plupart des terres qu’elle reconnaissait étaient plutôt parsemées de huttes primitives. Elle ressentait de l’antipathie pour les mortels courant sur la terre. Elle fut frappée par une solitude aiguë, le sentiment d’être l’unique créature de son espèce. Elle ressentait une puissante envie de rectifier ce fait. Alors qu’elle planait à travers le monde depuis les hauteurs, Haley en vint à réaliser à qui appartenait l’esprit qu’elle partageait : le Seigneur Toruk, le Père des Dragons.

   Haley baissa les yeux sur sa poitrine écaillée. Elle sentit la puissance flamboyante de l’athanc en dessous. Avec ses grosses serres, elle s’ouvrit sa poitrine. Il eut une douleur, mais rapidement effacée par le désir de créer. Elle griffa son athanc, envoyant des éclats s’envoler à chaque coup. Chaque éclat formait un corps draconique, chacun étant une interprétation unique et un reflet altéré de sa propre image.

   Puis Haley se rendit compte qu’elle n’était plus avec Toruk, mais qu’elle regardait plutôt sa forme gargantuesque.

   De la singulière essence de Toruk, elle se sentit devenir une alors que la chair se formait autour d’elle, et un puisant corps façonné pour canaliser les énergies de sa propre pierre de cœur. Celui qui était leur créateur rugit depuis le haut et exigea leur attention. Il leur ordonna de lui obéir, de l’adorer. Mais ce n’était pas de la crainte ou de l’humble obéissance qu’ils ressentaient, mais de la rage et de l’indignation. Comment un être osait-il leur imposer des exigences ! Le feu dans leurs athanc s’embrasa et ne se démentait pas. Toruk avait commis une grave erreur. Des couronnes de flammes et de fumée obscurcir la vision d’Haley alors qu’ils se dressaient contre leur créateur. Les griffes ont mutilé les ailes membraneuses et les dents ont déchiré la chair. Du sang et du feu pleuvait du ciel alors que Toruk dévorait plusieurs descendants rebelles, récupérant leur essence. Puis les autres s’enfuirent, se dispersant aux quatre coins du monde.

   Le temps fit un bond en avant et Haley commença à se présenter sous le nom de Nidoboros. Blessé dans son corps et son orgueil, elle se terra sous les montagnes et chercha la chaleur de la terre, où elle pourrait panser ses blessures dans la solitude jusqu’à ce que le cri de guerre retentisse à nouveau. À travers son impérissable pierre de coeur, elle sentait ses frères et savait que chacun était chassé tour à tour. Poursuivi jusqu’à ce que Toruk, leur père, les dévore un par un. Et malgré leurs combats, Toruk conserva la majorité de ses forces.

   Des siècles s’écoulèrent dans l’obscurité alors que les blessures d’Haley guérissaient, et quand elle retrouva sa pleine forme, elle sortit de terre et s’envola. Pendant que les autres se battaient, elle insistait sur le fait que Toruk pouvait être vaincu. Seule, elle affronta Toruk. Elle démontrerait à ses semblables que leur créateur n’était pas invincible. Avec ses griffes tranchantes et des rafales de flammes, elle lutta avec Toruk à travers le continent. Elle espérait susciter le courage des autres de son espèce et était prête à risquer son anéantissement pour y parvenir. Elle réussit à porter un coup dur, et ils ont vu le sang séculaire se répandre à travers les terres tel un raz-de-marée. Malgré la blessure, Haley sentit les mâchoires de Toruk se resserrer sur sa gorge, et d’une torsion du cou, le jeune dragon se brisa. Son corps devint mou. Le monde s’assombrit, mais les visions ne prirent pas fin. Son athanc resta au sein de son corps, et à travers lui, elle sentit les autres dragons se joindre trop tard pour affecter sa propre chute, mais distrayant Toruk et l’emmenant avant qu’il ne puisse la consommer. Par la suite, elle fut oubliée.

   Encore une fois, il y eut l’obscurité. Et puis, la chair morte et les tendons furent arrachés pour permettre à la lumière du jour de briller sur les surfaces cristallines de l’éclat d’athanc. Une vieille carogne avec des griffes de fer à la place de doigts agrippa la pierre de coeur et l’arracha de son corps. Des images défilèrent : son athanc déposé dans un sac en tissu, le long voyage vers les sommets glacés proches de la civilisation naine – dont certains rejoignirent la vieille carogne après avoir répondu à son appel – et une chambre souterraine sous la glace. Ensemble, ils forgèrent un coffre. D’épaisses couches de métaux différents formaient ses parois extérieures, les mêmes parois qu’Haley touchait à l’heure actuelle. L’athanc était placé à l’intérieur, et le cube de métal scellé. Les couches de métal contribuèrent pour beaucoup à contenir les énergies corruptrices qu’elle utilisait pour percevoir le monde. Une nouvelle sorte d’obscurité recouvrit ses sens, et quelque chose comme le sommeil arriva.

   Bien que le cube fût en grande partie scellé, un filament tenu demeurait en contact avec les autres athancs. Après un temps indéterminé, elle sentit les autres dragons provoquer le combat, maintenant dirigés par Blighterghast et inspirés par son sacrifice. Ils rassemblèrent leurs forces et lancèrent une attaque coordonnée contre leur père. Leur bataille enflamma les cieux, et à la fin, le Père des Dragons retraita, se retirant dans les îles de Cryx pour former son nouvel empire.

   Ensuite, même ce contact fut rompu, et sa prison totale. L’esprit d’Haley ruminait inlassablement et éternellement avec rien d’autre qu’une ininterrompue solitude et l’écho de ses propres pensées. Jusqu’à ce que quelque chose commence à se fissurer dans sa prison, une lueur vacillante provenant de l’extérieur. Des écheveaux de son essence corrompue se sont glissées, laissant entrevoir un monde nouveau et inconnu. La prison avait été endommagée, et le monde était en mouvement. Non, elle était en mouvement, attirée vers son créateur au final. Au milieu de ces brefs flashs de lumière du monde extérieur, un espoir inattendu se dessinait – de petits mortels avaient vaincu les serviteurs de Toruk, des êtres simples qui manquaient de pouvoir et de compréhension. Son propre visage la regarda alors que le champ s’arrêtait et elle sentit sa chair humaine s’appuyer contre le côté d’un cube en acier.

   La vision ne s’arrêta pas là. Le présent s’effaça, et à sa place se substituait un paysage en flamme. Une ville bâtie dans les montagnes brûlait tandis que les flammes léchaient ses fondations de pierre. Des douzaines de silhouettes couraient en criant depuis leurs maisons. Elle vit une tour d’horloge au centre de la ville, qui s’élevait au-dessus de toutes les autres structures. Une silhouette solitaire s’accrocha au toit de la tour alors que les flammes montaient plus haut. Les cendres tourbillonnaient au vent, et la scène se transforma en terrains brûlés. Au milieu du chaos, Haley pouvait voir les formes traîne savate des morts réanimés. Un fermier embrochait un avec une fourche avant qu’un autre le traîne au sol. Le paysage était un champ de ruine calciné. De la fumée et des braises brûlantes emplissaient l’horizon comme si tout le Cygnar, peut-être tout l’Immoren occidental, était la proie d’un incendie. Des coups de feu retentirent, et un train blindé chargé d’armes lourdes traversa les terres désolées.

   L’image se reforma et Haley vit l’une des warlocks nyss qu’elle avait rencontrés lors de l’affrontement à bord du navire. Dans cette vision, elle tenait un objet cristallin sous un bras, et Haley reconnut l’athanc de dragon actuellement contenu dans le cube. L’athanc pulsait d’énergie. Un regard d’agonie marqua le visage de la nyss. Les cornes sur son front avaient presque doublé de taille, et des piquants ressortait maintenant de ses bras. Elle par-dessus son épaule, comme si elle regardait une poursuivant, puis s’enfuit.

   Il y eut un sentiment de chute, et tout à coup Haley de retour dans son propre corps et trébucha loin du cube. Elle cligna des yeux et secoua la tête et le cale gorgée d’eau devint nette. Strangewayes était à ses côtés, agrippant son bras pour l’aider à garder l’équilibre.

   « Doucement », déclara Strangewayes. « On dirait que tu viens de voir un khadoréen de bonne humeur. »

   « Un dragon », dit Haley. « Le cube est une prison pour l’athanc d’un dragon. »


CHAPITRE 10 : KRUEGER

« Tu caches quelque chose. » Les mots venaient de l’émissaire du dragon. On pouvait percevoir le souffle de l’homme et ses dents jaunies, mais Krueger savait qu’à travers lui il parlait à Blighterghast en personne.

   « Quelle raison aurais-je de vous tromper ? » lui répondit Krueger. « N’êtes vous pas satisfait de nos résultats ? Everblight est exposé et en fuite. Bientôt, il ne saura plus qu’un souvenir. »

   « En effet, votre rituel a révélé Everblight, mais ce n’est pas uniquement ce qu’il a révélé. Charsaug a détecté une autre réaction à votre impulsion sur le fleuve traversant le Mur du Dragon. Que savez-vous de cela ? » Les yeux de l’émissaire étaient emplis d’une intensité néfaste exigeant la prudence. S’il devait perdre la confiance du dragon, sa vie serait perdue.

   Krueger savait de quoi parlait l’émissaire. Le Cercle s’était beaucoup intéressé à l’athanc de dragon en liberté traversant lentement le continent, mais révéler son existence menacerait de faire dérailler ses efforts. Leur Ordre avait oeuvré et risqué beaucoup pour garder cet athanc hors d’atteinte d’Everblight, sachant qu’il le régénérait et le nourrirait. Les recherches de Krueger sur la question avaient suggéré que sa prison mystique l’empêcherait de réagir à l’impulsion corruptrice. Quelque chose avait dû changer. La dernière chose qu’il voulait était que les dragons de l’alliance de Blighterghast soient distraits par ce nouveau trophée.

   « Mon rôle est dans l’initiation pas dans la chasse. Je laisse la poursuite à mes supérieurs. Everblight est divisé et dispersé, et nous le verrions tous les deux détruit. Un rituel de cette ampleur n’a jamais été tenté auparavant. Il y aura forcément des irrégularités. Je conseille d’ignorer l’anomalie, au moins jusqu’à ce que l’ennemi contre lequel nous planifions soit vaincu.

   L’émissaire étudia Krueger, semblant regarder au-delà de ses yeux et dans son âme. Krueger sentit son corps rongé par la douleur alors qu’une vague de corruption concentrée le frappa. Pourtant, ce n’était qu’un écho de ce qu’il avait ressenti en présence directe de Blighterghast, et il avait appris à l’endurer. Il resta résolu alors même que ses poumons brûlaient et il sentit sa peau se ratatiner. Il savait qu’il pouvait frapper l’émissaire d’un unique coup de foudre, mais cela reviendrait à risquer de provoquer la colère de Blighterghast.

   « Vous jouez un jeu dangereux », déclara l’émissaire après un moment. « N’oubliez pas que vous continuez à exister uniquement parce que vous m’êtes utile. Irrite-moi et je ferai personnellement le voyage jusqu’ici pour réduite vos os en cendre. »

   « Compris », répondit Krueger en grinçant des dents. Il regarda l’émissaire se détourner et quitter le cercle de pierres, sa forme encapuchonnée se fondant dans le paysage escarpé. Ce n’est qu’à ce moment que Krueger laissa échapper un soupir de soulagement. Il reporta son attention sur le rituel, sentant déjà une nouvelle énergie se former dans l’air l’entourant. Des nuages de tempête s’amoncelaient au-dessus de lui et une fine couche de brouillard glissa sur les bases des piliers de pierres environnants. Ses druides avaient repris leurs positions, lévitant entre les pierres. La première impulsion avait déclenché la chasse. La seconde mettrait à genoux les serviteurs d’Everblight.
« Modifié: 11 janvier 2020 à 16:49:00 par elric »
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

Si vous constatez des fautes d'orthographe et/ou de conjugaison, des phrases à remanier pour une meilleur compréhension.
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Re : La Colère du Père des Dragons
« Réponse #3 le: 23 décembre 2019 à 16:09:55 »
CHAPITRE 11 : VICTORIA HALEY

« Quelle que soit sa maladie, elle refuse de répondre à mes efforts de guérison », dit Coley. Haley et Blaize regardèrent vers l’arrière de la colonne où les blessés s’étaient rassemblés et suivant le regard de l’aumônier en direction de la mékanicienne adjointe. Il avait raison. Le tien de la fille était grisâtre, presque pâle, et ses pas étaient lents et chancelant.

   Même accéléré par la dilatation du temps d’Haley, le chemin vers Orven était difficile. Leur itinéraire ne suivait pas une route bien établie. Ils avaient quitté les rives de la rivière et comptaient désormais sur la navigation des rangers pour les guider vers la ville. Une colonne de pionniers et de chevaliers Précurseur marchaient côte à côte tandis que Poêlon réparé portait le cube. La turbine arcanique bourdonnait doucement de sa place au sommet du cube, générant un faible champ d’énergie entourant la prison de métal. De retour dans la cale du navire, Strangewayes avait eu besoin d’aide pour installer le nouveau générateur de champ sur le cube et le faire fonctionner correctement. La mékano adjointe avait sauté sur l’occasion de servir aux côtés de Strangewayes, sa réputation ayant fait de lui une légende parmi les technophiles Le travail avait pris moins d’une heure, mais la mékanicienne adjointe semblait malade depuis.
   « Cela pourrait-il être dû à une exposition à la nécrotite ? Demanda Haley.

   « Non, j’ai déjà vu un empoisonnement à la nécrotite par le passé », déclara Blaize. « Aussi terrible que soient ses fumées, ses victimes guériront. Ce sont les effets de la corruption concentrée du dragon. »

   « L’athanc », déclara Haley. « Cela nous affecte probablement tous. »

   Blaize hocha la tête. « D’après ce que j’ai étudié, une corruption bénigne ne cause pas nécessairement de dommages durables et le corps se rétablit parfois avec le temps. Mais il est impossible de savoir quelles pourraient être les conséquences de ce type d’exposition. »

   Haley se concentra sur la mékanicienne adjointe jusqu’à ce qu’elle puisse voir le fil d’or qui dépassait de sa poitrine, flottant en direction vers laquelle ils se dirigeaient. Il était plus faible que les autres qu’elle avait vus, comme s’il pouvait disparaître à tout moment. Les fils de plusieurs Précurseurs et pionniers semblaient également affaiblis, leur teins semblant plus grisâtre et tirés que lorsqu’ils avaient quittés le bateau échoué.

   « Le champ d’énergie n’est pas assez puissant », déclara Haley. « La corruption draconique le traverse. » Elle demanda à ses troupes de se tenir à une plus grande distance de Poêlon et du cube qu’il transportait, mais il était impossible de savoir qu’elle pourrait être la distance de sécurité.

   Lors de ses batailles contre le Cryx, Haley avait vu d’innombrables individus atteints de corruptions, ceux perverti par la présence de Toruk même lorsqu’ils vivaient à des dizaines de kilomètres. On dit que la corruption de Toruk était telle une ombre sur tout le Cryx, atteignant même les îles les plus éloignées jusqu’à un certain point. D’autres dragons se tenaient dans des endroits éloignés, et les gens restaient à l’écart pour une bonne raison. Si ce qu’Haley avait vu dans ses visions était vrai, chaque athanc était l’essence concentrée d’un dragon, comme une âme immortelle rendue physique dans le cristal. C’était la source de leur corruption. C’était une énergie qui affectait et changeait tout ce qu’elle touchait, avec le temps. Elle avait entendu parler d’une corruption intense laissait des cicatrices permanentes, capables d’empêcher même les trolls de se régénérer. C’était une énergie intrinsèquement malveillante, comme la nécromancie, et peut-être liée à elle. Donc, ce n’était probablement pas une coïncidence si les morts-vivants dirigeaient le royaume de Toruk, un endroit où les vivants étaient des citoyens de seconde zone.

   « Nous serons bientôt à Orven », déclara Blaize. « Nous pouvons laisser les plus affectés derrière nous pour recevoir des soins avant de continuer par le train. »

   Haley secoua la tête. « Je crains d’apporter cet athanc dans une ville peuplée. »

   « D’accord, mais si nous progressons rapidement, nous pouvons limiter l’exposition. Même ce champ réduit aide, j’en suis sûr. On doit juste rapidement obtenir un train. » Blaize semblait plus optimiste que certaine.

   Haley réfléchit à ces morts, mais ce n’était pas uniquement une exposition à la corruption. Elle se rappelait les autres aspects de ses visions. Elles étaient comme un pressentiment de l’avenir, et elle était certaine que les rues qu’elle avait vues étaient celles d’Orven.

   Au cours de leur périple, les deux warcasters avaient parlés expériences inhabituelles, et Haley se souvint que Blaize avait mentionné ses propres visions, celles qui, selon elle, avaient été envoyées par Morrow. Si quelqu’un pouvait comprendre, ce serait Blaize.

   « Quand j’ai touché le conteneur sur le bateau, j’ai vu des choses », exprima lentement Haley. « Pas seulement du passé, mais aussi du futur. » Blaize la regarda attentivement, lui faisant signe de tête pour qu’elle poursuive. « Le Cygnar brûlait », poursuivit Haley. « Les villes. Les champs. Les morts se relevaient pour harceler les vivants, et le feu et les cendres avaient balayé les deux. Je sais que cela semble incroyable, mais je sais ce que j’ai vu. Le monde s’enflammait alors que les dragons guerroyaient au-dessus de nos têtes, apportant la destruction à tout. »

   « Prenez-le de quelqu’un qui sait », déclara Blaize, « les prophéties sur l’avenir peuvent être difficiles à interpréter correctement, même dans les meilleures circonstances, et mêmes celles qui sont déchiffrées avec succès peuvent ne pas toujours se réaliser. »

   « Ce n’est pas une prophétie », déclara Haley. « Je peux voir le flux et le reflux du temps. Je sais que ce que je vois est le futur, pas un présage mystique. »

   « Dis-moi donc, que me réserve mon avenir ? Où tes fils du destin me placent dans ce désastre imminent. »

   Haley examina le fil d’or qui s’étendait de la poitrine de Blaize et le regarda serpenter à travers les arbres et les pierres saillant devant eux. Lorsqu’elle se concentra, elle put voir l’obscurité qui se profilait à l’horizon, mais seulement maintenant elle les entourait de tous côtés comme s’ils marchaient dans l’oeil même d’une tempête. Quel que soit le choix de Blaize ou les autres aient fait, cela les menait dans l’obscurité totale qui les accompagnait maintenant. Elle ouvrit pour raconter ce qui se trouvait devant ses yeux, mais les mots ne venaient pas. Elle ne serait pas le choix du désespoir. Elle laisserait Blaize porter son étincelle d’espoir.

   Blaize sourit et offrit un rire qui prit Haley par surprise. « Les fidèles aussi reçoivent aussi des visions. Pourtant, même les messages délivrés par Morrow en personne ne sont jamais absolus ou certains. Il est appelé le Prophète, mais l’avenir n’est pas coulé dans le bronze. Il est en perpétuelle évolution, ce que je soupçonne que vous savez déjà. Votre propre pouvoir a provoqué de tels changements. Bien que chacun de nous nous ait un rôle à jouer, nous choix éclairent ces rôles. L’âme mortelle peut toujours bouleverser l’équilibre du destin, quelle que soit la pondération du résultat. Je ne me résignerai pas à la défaite. Il y a toujours de l’espoir. »

   Haley savait que les choix importaient et elle avait vu elle-même que l’avenir n’était pas déterminé. Quoi qu’il en soit, elle ne pouvait pas se résoudre à partager l’optimisme de sa camarade warcaster. L’obscurité vers laquelle ils se dirigeaient était tel un vortex dévorant duquel aucune lumière ne pouvait s’échapper. Blaize ne pouvait pas voir à quel point ils étaient près d’êtres avalés entiers.

   La nouvelle se répandit parmi les rangers qu’Orven était juste devant, et alors que le groupe arrivait au sommet d’une colline, la ville du Mur du Dragon Supérieur apparu. Les rues tentaculaires s’enfonçaient dans le flanc de la montagne et s’accrochaient à ses sommets tout en s’étendant vers les collines en contrebas. Les quartiers sud de la ville affichaient une architecture rappelant d’autres villes cygnaréennes avec leurs rues pavées et ses clochers. Les quartiers nord avaient plus en commun avec les villes de Rhul, marquée par des structures plus carrées et plus robustes faits pour la fonction et la forme. Ces quartiers représentaient l’une des plus grandes enclaves naines de Cygnar. Des murs bas entouraient la ville et, au-delà s’étendaient des camps miniers sans fin dont la population mixte rivalisait avec la ville elle-même. Un coup de sifflet aigu attira l’attention d’Haley sur une locomotive sur la voie d’Orven à Gare Pointacier, où se trouvait une autre importante enclave naine. Au-delà, Fort Hook attendait.

   « Un spectacle bienvenu », déclara Blaize. Elle posa ses mains sur ses hanches et regarda le paysage urbain. « Pas de dragons, et pas une structure rasée. Je prends ça comme un bon signe. » Elle fit un petit sourire à Haley et avança. Elle dit par-dessus son épaule. « Morrow favorise les audacieux, Major. Suivons le chemin de l’honneur. On va s’en sortir. »

   Haley resta un instant de plus, admirant la vue de la ville haute, et se demanda si elle n’était pas en train d’apporter la destruction à ses portes. Quelque part au moins, une tour d’horloge sonnait l’heure alors que les mineurs remontaient et que d’autres descendaient, la pioche à l’épaule. Alors que l’horloge carillonnait, Haley ne pensait à rien d’autre qu’au battement de grandes ailes au-dessus d’un monde cendreux et carbonisé.


CHAPITRE 12 : SAERYN

Malgré la puissance du dragon, Saeryn décida que Charsaug était incroyablement bête. Au début de la poursuite du dragon, Saeryn avait envisagé de se séparer de sa sœur pour assurer la survie de l’une ou de l’autre. Elle découvrait maintenant que leur dualité était leur plus grande défense. Les jumelles couraient en zigzag sous la couverture des arbres, changeant de cap et se croisant avant de se déplacer dans des directions opposées. Rhyas cacha le couple au sein d’ombres arcaniques, ce qui entrava encore plus la poursuite de Charsaug. Le dragon aurait pu être un exterminateur d’armées, mais contre une paire de nyss rapides et petites, il était facilement trompé et induit en erreur. Le dragon s’est également montré prompt à la colère, un trait que Saeryn s’employa à exploiter.

   Jusqu’à présent, elles avaient réussi à utiliser ces défauts pour maintenir l’équilibre. Là où elle n’avait vu aucune chance de survie, Saeryn voyait maintenant l’espoir. L’étrange impulsion mystique avait révélé sa position, mais l’effet s’était depuis estompé. Maintenant, le dragon devait compter sur son intelligence et ses sens pour les suivre.

   Il y avait un système de grottes à proximité qui s’enfonçait profondément dans le Mur du Dragon. Si la paire pouvait perdre l’attention du dragon durant un moment et se glisser à l’intérieur, Saeryn estimait qu’elles pourraient y échapper assez longtemps pour disparaître totalement.

   Grâce à la connexion partagée par Everblight, Saeryn pouvait sentir ses compagnons warlocks et savait qu’ils étaient eux aussi poursuivis par d’autres dragons. Tagrosh et Vayl avaient uni leurs forces dans le nord et menaient un essai de rejeton draconique dans ce qui semblait être un ultime macabre combat. Bethayne, Lylyth et leurs forces fuyaient également à travers le Mur du Dragon, et Kallus avait complètement disparu, bien qu’il reste à voir qu’il allait encore tenir bon. En théorie, il était le plus résistant de tous les warlocks d’Everblight, mais même lui pouvait être dévoré et absorbé.

   « On y est presque », dit-elle à sa sœur.

   Une fulgurante douleur et désorientation l’envahit. Elle trébucha, trébuchant sur une racine, et s’écrasa au sol. Son athanc tambourina dans sa poitrine et sa vision se voila à nouveau. Encore une impulsion pour les dévoiler !

   Aveuglée, elle se releva et se força à avancer. Elle se prépara aux flammes qu’elle s’attendait à voir la consumer tandis que Charsaug affinait sa position. Elle fracassa son épaule dans le tronc d’un arbre et se retourna, mais ne ralentit pas. La main tendue devant elle, elle avançait, les genoux fléchissaient sous elle. Peu à peu, sa vision revint.

   Une rafale de vent l’assailli par-derrière, et elle regarda par-dessus son épaule, remarquant la silhouette de Charsaug se déployer dans le ciel. Puis d’un battement d’ailes, le dragon partit, se déplaçant vers le sud-ouest en toute hâte.

   « Pourquoi s’enfuit-il ? » Demanda Rhyas, revenant au près de Saeryn.

   Alors que ses sens revenaient, Saeryn sentit quelque chose d’autre à travers son athanc. C’était comme un son qu’elle pouvait percevoir, une résonance qui s’harmonisait avec le cristal draconique dans sa poitrine. Charsaug l’avait ressenti aussi. « Il est à la recherche d’un plus grand trophée maintenant », répondit Saeryn. La nouvelle proie du dragon pourrait être un autre élu d’Everblight, bien qu’elle ne le pense pas. Quoi qu’il en soit, mieux vaut quelqu’un d’autre qu’elle ou sa jumelle.


CHAPITRE 13 : VICTORIA HALEY

En arrivant au porte d’Orven, Haley avait rapidement expliqué leur situation à l’officier supérieur, omettant les détails les plus susceptibles de provoquer la panique. Elle et son groupe suivaient maintenant le capitaine de la garde à travers les rue de la ville montagneuse, en direction de la gare de triage. Comme pour les tentaculaires camps miniers au-delà des murs de la ville, les rues d’Orven étaient bondées d’hommes et de nains. Entre le capitaine de la garde et les deux warcasters à l’avant, ainsi que les pesants warjacks, la foule s’écartait suffisamment longtemps pour laisser passer le groupe avant de reprendre ses droits. Beaucoup visages qu’ils croisaient étaient sales de suie provenant du travail dans les mines de charbon locales.

   En plus des apports industriels d’Orven, la ville était notoirement le lieu de naissance du Primarque Arius de l’Église de Morrow, et donc des dizaines de morrowéens en pèlerinage bondaient les rues aux côtés des mineurs et des marchands. Haley aperçut en passant une statue du primarque, une congrégation de personnes réunies autour d’elle. Elle pensa à la version plus jeune d’elle-même qui s’était manifestée sur le chemin et lors de l’affrontement à bord du navire. Elle se souvenait des jours qu’elle avait passés à vivre entre les murs de l’abbaye morrowéenne l’ayant accueillie après la mort de ses parents. Les religieuses avaient été assez gentilles, mais elles n’avaient pas compris ses pouvoirs naissants, et elle avait décidé de s’enrôler dans l’armée cygnaréenne à la première occasion. Elle gardait sa foi à sa manière, et elle supposait que cela suffisait pour Morrow.

   La vilel s’élevait avec le flanc de la montagne elle-même, et en se déplaçant vers le nord depuis la porte, ils gravirent une série de gradins, chacun plus élevé que le précédent. L’enclave naine occupait les plus hauts niveaux ; le capitaine de la garde expliqua que la moitié du complexe nain était souterrain. L’architecture des étages supérieurs était sensiblement différente, reprenant l’esthétique des villes de Rhul. Haley se rappela d’une leçon qu’elle avait reçue lors de sa formation à l’Académie Stratégique sur l’histoire de l’architecture en matière de guerre. Le peuple de Rhul s’était engagé dans des conflits périodiques et acharnés avec l’un des dragons, une créature appelée Scaefang. Cette menace était imminente que les nains avaient décidé de bâtir leurs villes fortifiées le plus au nord pour faire face aux monstres ailés. Des murs plus épais et de nombreux canons devinrent la norme, et ces caractéristiques étaient également présents dans la construction de l’enclave d’Orven.

   La gare de triage était située entre les quartiers sud et l’enclave naine au nord. Ici, les voies menant à la ville depuis l’est se divisaient en une série d’aiguillages et de plaques tournantes débordant de machines à vapeur et de wagons chargés de minerai arraché des entrailles de la montagne. Le capitaine de la garde s’excusa et partit à la rencontre d’un des chefs de train pour organiser leur transport vers la Gare-Pointacier et les régions montagneuses situées au-delà.

   Un sifflement retentit tandis qu’un train chargé de charbon commença à se déplacer, lentement au début, puis pris de l’élan. Alors qu’il sortait de la garde de triage, un spectacle bienvenu se révéla : un transport militaire cygnaréen, avec une locomotive nommée Dame Fracas-de-Guerre à sa tête, été stationnée derrière. Un soc en acier de 60 centimètres d’épaisseur et aussi haut qu’un warjack était monté à l’avant de la locomotive, et un blindage de masse égale plaqué tout le long du train. Des tourelles équipées de mitrailleuses, de canons et de tours-tempêtes étaient fixées au sommet des voitures à intervalles réguliers. Plusieurs des wagons ouverts étaient chargés de patrouilleurs-tempête capables de se détacher de Dame Fracas-de-Guerre pour un déploiement rapide si besoin.

   « N’est-elle pas la plus belle chose que tu as vue de la journée ? » Demanda Strangewayes avec un soupçon de crainte dans sa voix. Haley aurait soupçonné le sarcasme étant donné sa nature habituelle, mais savait par expérience que le mékanicien avait un véritable penchant pour les engins à vapeur. S’il n’était pas dans l’armée, il aurait probablement obtenu un emploi dans une des compagnies de chemin de fer.

   « On dirait qu’on a trouvé notre moyen de transport », dit Blaize.

   Haley hocha la tête. « Allez. Allons parler au mécanicien et convainquons-le que nous devons partir dès que nous sommes à bord. »

   Les forges-tempêtes et les pionniers parcouraient les toits des voitures, effectuant des vérifications d’équipement ou transportant des caisses de munitions. À côté du train, des dizaines de soldats cygnaréens se reposaient la tête sur le sac à dos, tentant de fermer les yeux. D’autres s’appuyaient contre le train et fumaient des cigares ou jouaient aux cartes sur des caisses en bois. Haley avait pris la Dame Fracas-de-Guerre à l’époque où elle avait combattu les cryxiens aux côtés de la Troisième Armée. Bien qu’armé jusqu’aux dents et capables de prendre des coups, la Dame Fracas-de-Guerre était principalement utilisée pour transporter des soldats cygnaréens entre Caspia et Guet-ponant. Orven était la dernière grande ville reliée par rail dans la partie occidentale, un point de rassemblement majeur.

   Quand ils trouvèrent le mécanicien, il criait des insultes sous les roues de la locomotive. Il serrait sa casquette d’une main, et son crâne chauve avait pris une teinte rouge correspondant à son visage. Une deuxième voix laissa échapper sa propre série d’injure sous le train, et un chiffon graisseux vola de l’obscurité pour frapper le chef du train au visage, ce qui ne fit rien pour améliorer le comportement de l’homme.

   « Pardon », dit Haley, attirant l’attention du mécanicien. Il leva les yeux vers elle avec dédain avant de réaliser qu’un warcaster s’adressait à lui et bondit sur ses pieds pour lui faire un salut bâclé. La plupart des trains à l’intérieur des frontières du Cygnar étaient détenus et exploités par des compagnies privées plutôt que par les militaires eux-mêmes, et leur équipage était composé d’employés de la compagnie. Le mécanicien était le chef d’équipage, responsable de la surveillance du fret, de l’intégrité des voitures et de la disposition des passagers. Le véhicule était sous sa finalement sous sa responsabilité ; il occupait un poste semblable à celui d’un capitaine de navire. Néanmoins, un transport militaire comme celui-ci avait des interactions régulières avec des officiers comme Haley, et il était dans son intérêt de coopérer.

   « Major », déclara le mécanicien, vérifiant l’insigne sur l’épaulière d’Haley. « Comment puis-je vous aider ? »

   « Nous avons une cargaison critique à transporter vers l’est. »

   « Quel genre de cargaison, Major », demanda le mécanicien.

   « Le genre qui a besoin de gros canon pour le protéger », déclara Haley. « À en juger par votre armement, je dirais que vous êtes le véhicule que nous espérions trouver. Il s’agit d’une situation hautement prioritaire. Nous pouvons à avoir à déplacer une partie de votre cargaison et de vos passagers si nécessaires. Nous devons partir immédiatement ». En tant que major et warcaster, Haley avait le pouvoir de faire de telles demandes.

   « Eh bien, je déteste vous décevoir, Major, mais pour le moment, nous n’allons nulle part. La Dame a des problèmes de moteur depuis tôt ce matin, et mes ingénieurs ont beaucoup de mal à la remettre en marche. Si je devais estimer, je dirais que nous n’irons nulle part pendant quelques heures au moins, peut-être plus. Vous être plus qu’invitée à patienter. »

   Haley tapota ses doigts sur le manche de sa lance et réfléchit aux options. Elle était sur les nerfs depuis ses visions sur le navire et ne tenait à rester assise trop longtemps à un endroit donné. L’image d’Orven en train de brûler hantait toujours ses pensées, sans parler des inquiétudes concernant la corruption. En prenant l’un des transports de minerai, ils pouvaient partir dans l’heure et éviter tout risque indu pour la ville, mais ces trains n’avaient que peu ou prou de défenses. En essayant d’accélérer leur départ, elle pouvait très facilement condamner toute la mission.

   « Très bien », dit-elle après un moment. « Strangewayes, vois ce que tu peux faire pour avancer le train. »

   « Avec plaisir », répondit Strangewayes, et le sourire sur visage dit à Hale qu’il le pensait.

   « Nous ne pouvons pas nous attarder ici », confia Haley à Blaize.

   « Je suis enclin à être d’accord. » Blaize continua à regarder l’impressionnant train de guerre. « Pourtant, tout bien considéré, je pense que vous faites le bon choix. »

   Avant que Blaize ne puisse s’éloigner, le beuglement des cors retentit et l’arrêta dans son élan. Il y d’abord le son d’un seul cor, distant et seul, mais peu après, un autre se joignit et un autre et un autre, chacun plus proche que le précédent et s’ajoutant au choeur. Le capitaine de la garde qui les avait escortés depuis la porte, précédemment engagé avec un autre mécanicien, passa en courant. Plusieurs autres hommes et femmes en uniformes suivirent, vérifiant la culasse de leurs fusils au passage. Une poignée de nain bien armé couraient dans la direction opposée, se dirigeant vers la l’enclave naine au nord.

   « L’alarme », déclara Haley. « Les sentinelles doivent avoir repéré quelque chose. Allons. »

   De l’endroit où ils se trouvaient, ils ne pouvaient voir au-delà des bâtiments environnants, alors Haley se hissa sur l’échelle sur le côté de Dame Fracas-de-Guerre. Blaize suivit de près. Du haut du train, elles pouvaient voir la porte sud et au-delà. Les gardes se précipitaient le long des murs de la ville et dans les escaliers pour prendre position. Dans les rues, la foule se pressait vers le nord, jusqu’aux étages supérieurs de la ville. La façon dont elle se déplaçait fit penser à Haley à la façon dont se déplaçaient. Ils grouillaient de cette façon, et cela alors qu’ils tentaient d’échapper à quelque chose de plus grand qu’eux.

   Un prédateur.

   Un rugissement balaya Orven telle une vague. À l’horizon, la forme indubitable d’un dragon approchait de la ville. De grandes ailes en cuir propulsaient sa massive forme dans les cieux sans effort, et une queue balançait de gauche à droite derrière lui tel un grand serpent prêt à frapper. L’esprit d’Haley se remplit des visions de l’athanc désincarné, et elle se maudit d’avoir apporté le coeur de pierre auprès des personnes qui habitaient ici à l’ombre de la montagne, dont les maisons et la vie étaient désormais en danger. L’obscurité qui l’avait entouré elle et son groupe se rapprochait, se resserrant comme un grand nœud coulant.

   En trois battements d’ailes, le dragon fut au-dessus des vastes camps miniers encerclant la ville. Il y eu une lueur brillante alors qu’il libérait un torrent de flammes de sa gueule, réduisant une foule de travailleurs e fuite en cendre. Deux battements de plus et il était au mur sud. Des coups de feu éclatèrent le long des défenses, mais l’effort semblait dérisoire comparé au rugissement du dragon. D’autres flammes consumèrent les défenseurs qui gardaient la porte sud, et d’un coup de queue, le dragon détruisit la tour de garde, projetant de la maçonnerie et des corps brisés dans les rues en contrebas. À l’aide de ses gigantesques griffes, le dragon cisailla le toit d’une auberge, puis – d’un seul coup de mâchoire – il dévora plusieurs gardes à cheval, et tout le reste.

   Des cris remontaient des étages inférieurs de la ville et les habitants d’Orven couraient pour sauver leur vie, bouchant les étroites rues. Au-dessus d’eux, le dragon déferla sur leur maison, baignant aveuglément des structures dans le feu. Les fenêtres éclatèrent sous l’effet de la chaleur, et de grandes colonnes de fumées s’élevèrent dans le ciel ouvert.

   « Le dragon de la rivière », déclara Blaize. Son visage s’allongea alors qu’elle regardait en direction de l’artefact. « Il doit en avoir après l’artefact. »

   « Oui », déclara Haley, « mais il ne connaît pas son emplacement exact. Sinon, la gare de triage serait en train de brûler plutôt que la ville. » Haley observa le long du train les différentes tourelles montées au sommet des wagons. « toi ! » Cria-t-elle à un forge-tempête demeurant figé alors qu’il regardait la destruction en contrebas. « Ces Patrouilleurs-Tempête, ils peuvent être détachés ? »

   « Oui, Major » Répondit le forge-tempête.

   « Veille à ce que ce soit fait. Envoi moi ton commandant. Que Morrow soit damné si nous assis sur nos culs pendant qu’Orven brûle. » Le forge-tempête se précipita pour exécuter ses ordres. Haley se pencha sur le côté de la locomotive et redescendit à l’échelle. Blaize l’accompagna.

   « Même avec nos propres forces combinées avec les soldats présents ici, nous n’avons aucun espoir de vaincre un dragon », dit Blaize, scrutant les feux qui brûlaient en contrebas.

   « Je ne prévois pas de le battre », répondit Haley. « Juste attirer son attention suffisamment longtemps pour permettre au citoyen de trouver un meilleur abri. »

   « Et comme sommes-nous supposés faire cela ? »

   Haley envisageait et rejetait désespérément les plans possibles. Elle devait éloigner le dragon de cette ville avec ses douzaines de milliers de personnes. « Nous lui montrons où se trouve la pierre », déclara Haley. « Nous l’employons comme appât pour l’éloigner d’Orven. Gare-Pointacier est totalement souterraine. Si on peut aller aussi loin, on a peut-être une chance.

   « Et s’il nous rattrape ? Demanda Blaize. « Que se passe-t-il lorsque le dragon obtient ce qu’il recherche ? »

   « Je suppose que tu ferais mieux d’espérer que Morrow veille vraiment sur nous aujourd’hui », répondit Haley. Elle s’accroupit et regarda Strangewayes et le mécanicien du chemin de fer sous la locomotive. « Encore combien de temps pour faire fonctionner la bonne dame ? Ne me réponds pas des heures. » Strangewayes essuya la sueur de son front et enserra sa massive clé contre un objet fixé sous le train. « Ce ne sera pas ma plus belle œuvre, mais je peux l’avoir prête à partir dans vingt minutes. »

   Haley haussa un sourcil en sa direction. « Capitaine, tu vois ce qui se passe derrière moi ? »

   Alors qu’il regardait derrière elle, ce fut au tour de Strangewayes de hausser un sourcil. « Peut-être quinze minutes, Major. Si cela ne te dérange pas que cela tienne avec de la salive et de la graisse ».

   « Quinze, c’est ça », dit Haley. « On va quitter sur les chapeaux de roue, inutile de dire. SI ce truc s’arrête de bouger, on sera tous morts avant qu’on puisse critiquer vos réparations. »

   « Compris », dit Strangewayes. Il replongea dans le travail avec une intensité.

   Haley hocha la tête avant de se diriger vers le Patrouilleur-Tempête le plus proche. « Eh bien, tu es déjà fienté la mort une fois », se murmura-t-elle, regardant la massive forme noire du dragon dévastant la ville. « Il est temps de doubler la mise. »

. . .

   Haley et Blaize s’accrochait à la plate-forme du Patrouilleur-Tempête pendant que la machine les transportait depuis le train aux rues d’Orven. Deux forges-tempêtes oeuvraient à la fois pour diriger le Patrouilleur et contrôler le flux d’énergie circulant dans son noyau. Sous les ordres d’Haley, ils avaient surcadencé les générateurs voltaïques et harmonisé leur sortie pour produire un effet plus puissant. La pression supplémentaire sur la machine allait entraîner un épuisement rapide du matériel, mais Haley ne s’attendait pas à ce que les Patrouilleurs-Tempêtes survivent en réchappent. Sa préoccupation principale était de faire suffisament de dégâts au dragon pour susciter sa poursuite.

   Chacun des six Patrouilleur-Tempête crépitait d’un excès d’énergie voltaïque qui poussait leur conception à ses limites. Pour éviter de grandes pertes d’une seule explosion de flamme, la force s’était divisée et se déplaçait maintenant dans les rues adjacentes en se rapprochant du dragon. Se déplacer en colonne aurait été imprudent – la bataille pourrait se terminer avant même d’avoir débuté s’ils n’étaient pas prudents.

   Haley avait insisté pour que Blaize reste derrière pour s’occuper des préparatifs nécessaires plutôt que de se mettre en danger sans sa turbine arcanique. Blaize avait cependant catégoriquement refusé, de sorte que l’Aumônier Corley avait accepté la responsabilité d’organiser les défenses du train à sa place. Les warjacks et les troupes cygnaréennes avaient pris position le long de Dame Fracas-de-Guerre lors de leur départ.

   Les nuages de tempête qui s’accumulaient s’étaient rassemblés et s’étaient encore assombris, et une fine pluie s’abattait sur la ville. Malgré la visibilité réduite, Haley était reconnaissante pour la pluie. Une bonne averse aiderait à éteindre les incendies, et déjà les turbines des Patrouilleurs-Tempêtes réagissaient à la météo alors que leurs opérateurs forges-tempêtes se préparaient à convoquer la foudre du ciel pour carboniser leur ennemi.

   Devant, une taverne explosa en une pluie d’éclats comme si elle n’était faite que d’allumettes. Lorsque les débris se dissipèrent, le visage du dragon se tenait au bout de la rue, ses yeux fixés sur le Patrouilleur d’Haley.

   « Feu ! » Cria Haley, et la machine vrombissant dans son dos émit une lumière bleue et un son aigu avant de projeter un projectile d’énergie voltaïque exploser dans la poitrine du dragon. Un cri de rage éclata. La bête ouvrit sa gueule au point presque de détacher sa mâchoire, et une lueur ardente s’épanouir dans sa gorge.

   « À gauche toute ! » Haley pointa du doigt une ruelle voisine, et la plate-forme sursauta lorsque le Patrouilleur s’élança dans celle-ci pour éviter le torrent de flamme qui consumait les magasins et fissurait les pavés sous l’intense chaleur. « Manœuvres d’évasions ! Voyez si vous ne pouvez pas nous amener sur son flanc ! » Haley s’arc-bouta, attrapa une poignée placée à proximité fixée à la mékanique tandis que le Patrouilleur se mettait en mouvement et concentra son esprit sur l’accélération de la machine. Augmenter la vitesse de quelque chose d’aussi gros nécessitait de considérables efforts, mais sous sa direction, les pistons des quatre jambes mékaniques du Patrouilleur cliquetèrent plus rapidement, faisant parcourir les ruelles sinueuses avec une hâte nouvelle. Une pluie de maçonnerie explosa derrière eux tandis que le dragon traversait les bâtiments environnants. Des briques claquèrent contre l’arrière du Patrouilleur, frappant l’orbe étincelant et tournoyant en son centre.

   Alors qu’ils se repositionnaient, les sons des autres Patrouilleurs chargeant et émettant des projectiles d’énergies noyait le grondement sourd de l’orage. Encore une fois, le dragon rugit, son ton était celui de la colère et de la frustration, et le son apporta à Haley un certain degré de satisfaction. Contrairement aux coups de feu, les épaisses écailles du dragon ne pouvaient simplement pas encaisser les dommages voltaïques.

   « Charsaug ! » Cria Blaize par-dessus le tumulte.

   « Quoi ? » Demanda Haley.

   « Je me souviens avoir lu un rapport de Viktor Pendrake sur son séjour dans l’Empire Skorne. Il mentionnait un dragon oriental qui correspond à cette créature. Le nom du dragon était Charsaug.

   « Je ne pense pas que ça importe », marmonna Haley, « à moins que nous voulions connaître le nom de la chose qui va tous nous tuer. »

   Elle se dirigea vers un autre coin, et à nouveau le dragon apparut. Des serres s’abattirent pour frapper l’un des autres Patrouilleurs-Tempêtes, fendant le noyau arcanique surmontant la plate-forme. Il y eu un bruit assourdissant semblable au chargement des armes des Patrouilleurs, mais plus intense, et l’instant d’après, la machine démolie explosa dans une lumière blanche aveuglante, projetant une impulsion d’énergie voltaïque. Là où se trouvait le Patrouilleur surchargé, il ne restait qu’un tas de métal tordu. De l’équipage, aucune trace.

   Les autres Patrouilleurs émergèrent des rues environnantes pour envoyer un tir voltaïque l’un après l’autre sur Charsaug et sous l’assaut combiné, le dragon tituba en arrière, écrasant une église et plusieurs maisons en reculant. Malgré les longs siècles d’existence du dragon, il ne semblait pas familier avec la douleur de l’éclair concentré, même s’il semblait plus désorienté et enragé que réellement blessé.

   « En avant ! » Cria Haley. « Poussons l’avantage ! » Sur son ordre, les forges-tempêtes envoyèrent la machine, en charge, dans la rue. L’électricité statique et l’odeur d’ozone brûlé saturaient l’air alors que les armes gémissaient et tiraient. Des arcs de foudre bleus parcouraient le dragon tandis que les Patrouilleurs pressaient et poussaient leurs systèmes d’armes surcadencés à faire leur travail.

   Charsaug frappa le Patrouilleur le plus proche avec sa queue et propulsa la machine et son équipage à travers un mur. Avant que l’équipage touche le sol, le dragon cracha des flammes qui carbonisa le second Patrouilleur au-delà de toute reconnaissance, provoquant une nouvelle surcharge et explosion.

   « Je dirais que nous en avons fait assez pour attirer son attention », déclara Blaize, faisant un signe de bénédiction pour les forges-tempêtes perdus. « Et si l’on se dirigeait vers le train tant qu’on le peut encore ? »
   Haley acquiesça et donna l’ordre de se replier. Un dernier projectile d’énergie jaillit de leur Patrouilleur, puis ils se précipitèrent à travers les rues, prenant une trajectoire irrégulière vers le train. Le bruit d’un autre Patrouilleur en phase critique provint de l’arrière et Haley déploya tous ses efforts pour augmenter leur vitesse.

   Un jet de flamme enflamma les bâtiments sur le côté droit de la rue et carbonisèrent le bord de la plate-forme du Patrouilleur. Une ombre éclipsa le Patrouilleur, et durant un instant la pluie cessa, bloquée par le corps massif du dragon alors qu’il passait au-dessus d’eux. La vitesse de Charsaug était étonnante, et tout ce qu’Haley pouvait faire était d’observer avec horreur le dragon pivoter  et se préparer pour autre passage.

   La rue était droite avec peu de couverture et les ruelles qu’elle croisait étaient beaucoup trop étroites pour le Patrouilleur-Tempête. Charsaug s’avançait, la gueule ouverte. Des flammes se formaient dans la bouche du dragon, et à ce moment-là, Haley eut l’impression de regarder une grande fournaise sur le point de cracher son ultime fin.

   Le boum tonitruant de tirs de canon éclata en une avalanche de sons, et au dernier moment, avant que la rue ne soit transformée en rôtissoire, une série de projectiles percuta Charsaug avec suffisament de force pour faire pirouetter le dragon dans les airs. Haley resta figée sur place, incertaine de ce qu’elle voyait jusqu’à ce qu’elle se souvienne des canons parsemant les murs de l’enclave naine aux étages supérieurs de la ville.

   Un autre tir de barrage poussa Charsaug pris de l’altitude pour tenter d’éviter les projectiles explosifs. Le Patrouilleur-Tempête de Haley fit un bond en avant et se dirigea à nouveau vers le train avec un élan supplémentaire de mobilité en provenance de l’esprit d’Haley. Des obus nains ratant leur cible pleuvaient sans discernement sur les vestiges enflammés du district sud, produisant des explosions secouant le sol et projetant des débris. Des parties de l’architecture environnante furent réduites en miettes et Haley mit toute sa volonté dans son champ d’énergie pour dévier les morceaux tournoyants.

   Au-dessus, Charsaug cerclait, se préparant pour un autre passage sur le Patrouilleur. L’ichor noirci s’écoulant le long de sa forme écaillée, mais il ne semblait que superficiellement blessé en plongeant. Le Patrouilleur atteignit une allée qui convenait à sa taille et s’écarta de la rue principale, deux de ses jambes chevauchant un mur avant qu’il ne se stabilise. Des flammes ravagèrent la rue derrière eux et lécha l’entrée de la ruelle. Le Patrouilleur tourna dans la rue suivante, couvert par les  flammes.

   Un grincement accompagné d’un certain nombre de bruits du noyau du Patrouilleur, et les forges-tempêtes échangèrent des regards inquiets. La pression si importante commençait à compromettre l’accu-tempête, mais ils ne pouvaient de permettre de s’arrêter avant d’arriver près du train. Un glissement de débris s’abattit sur la rue derrière eux, tandis que Charsaug se lançait à la poursuite du Patrouilleur, labourant les bâtiments, et le Patrouilleur lâcha explosion après explosion d’énergie voltaïque à son encontre. Ce qui suivit fut un jeu du chat et de la souris, le Patrouilleur disparaissant dans une ruelle puis la suivante pendant que Charsaug embrasait Orven et brisait tous les obstacles sur son chemin.

   « On y est presque ! » Cria Blaize par-dessus le grincement intense du noyau du Patrouilleur.

   « Maintenant, nous devons juste espérer que Strangewayes tienne parole » déclara Haley en regardant le train sans fumée suspicieuse juste par-dessus.


CHAPITRE 14 : BROGAN CORLEY

L’Aumônier Guerroyeur Corley parcourait le train en alternant les engueulades et les encouragements. Sous ses ordres, les chevaliers Précurseurs et réservistes cygnaréens étaient en positions défensives le long du train. Chaque tourelle étaient chargées de bande-chargeur fraîche et les forges-tempêtes qui n’étaient pas partis combattre le dragon du haut des Patrouilleurs-Tempêtes se tenaient maintenant prêts à côté des différentes tours-tempêtes parsemant les voitures. Un mélange de warjacks Sentinelle, Cyclone et Défenseur tournaient au ralenti dans les wagons couverts aux portes ouvertes, prêt à tirer sur toute menace qui se présenterait. Bien que Corley ai toujours eu davantage foi en un bras avec une solide épée et un ensemble de prières appropriées, il était néanmoins heureux de voir tant de redoutables machines d’efficacité à leur disposition.

   Une seule voiture restait scellée, à l’abri de l’agitation des combats, et c’est là que Corley avait ordonné que Poêlon et le champ de confinement de l’athanc demeure. Il avait espéré que les épaisses parois d’acier du wagon aiderait à protéger les autres de la corruption s’échappant du cube. Il saisit la poignée de la porte et la fit glisser juste assez pour passer, et Corley fut accueilli par l’arrière du ‘jack. Quand il était entré pour la dernière fois, la douce lueur de la fournaise de Poêlon avait partiellement illuminé l’intérieur sombre, qui restait alimentée au cas où ils auraient besoin de déplacer l’athanc. Curieusement, la fournaise du warjack était maintenant éteinte.

   Corley s’empara de sa masse et s’approcha prudemment. Le bruit du champ de confinement improvisé se diffusait à l’intérieur de la voiture, mais un autre bruit le supplantait. Un tintement répétitif, comme un marteau frappant une enclume retentissaient dans l’obscurité quelque part devant Poêlon.

   « Il y a quelqu’un ? » Demanda Corley en avançant. Ce n’est que lorsqu’il se déplaça sur le côté de Poêlon qu’il aperçut la mékanicienne adjoint.

   Son état s’était aggravé depuis le voyage vers Orven, sa peau attrapant une pâleur presque cadavérique. Son expression était vide avec des yeux cernés de noirs. Un filet de sang coulait sur la lèvre inférieure. Son exposition à l’athanc avait fait plus des ravages sur son corps. Corley était surpris de la voir ici, ne pensant pas qu’elle était capable de se tenir debout. Il l’avait vue pour la dernière fois étendue dans une voiture hôpital à l’arrière du train, inconsciente et mourante.

   Alors qu’il s’avançait, elle ramena son poing vers l’arrière, et il capta une lueur de métal avant qu’elle ne projette une clé contre le générateur du champ de confinement. Un bruit métallique rempli la voiture et la clé laissa une autre marque sur une série de bosses sur le boîtier du générateur.

   « Attends ! » Cria Corley, se déplaçant pour attraper la mékanicienne adjoint tourmentée, mais avant qu’il ne puisse s’en emparer, la clé s’abattit à nouveau, frappant cette fois la turbine arcanique avec assez de force pour éjecter le cylindre en rotation. Un énorme grincement s’échappa du générateur, et à l’instant d’après Corley plaquait la mékanicienne.

   La clé vola des mains de la mékanicienne adjointe et se fracassa sure le sol. Ses yeux étaient fous de rage, et elle grogna et se jeta sur lui. Corley projeta sa tête en arrière et ses dents claquèrent à quelques centimètres de son visage. Elle se mit à tousser et gratter l’armure de Corley avant de tomber inconsciente, un filet de sang noir s’écoulant du coin de sa bouche.
   Derrière eux, le grincement de la turbine arcanique s’intensifia un instant puis se tut. Avant que Corley ne puisse réagir, le bruit constant du champ de confinement cessa.

   Le silence qui s’ensuivait était comme celui d’un tombeau. Les seuls bruits étaient ceux de la respiration lourde de la mékanicienne et des battements de coeur de Corley dans ses tempes. Il fixa le générateur, priant pour qu’il redémarre d’une manière ou d’une autre, qu’il continue à contenir tout ce qui se trouvait à l’intérieur et les préserve tous.

   Il ne l’a pas fait.


CHAPITRE 15 : VICTORIA HALEY

Charsaug poussa un terrible rugissement et s’éleva dans le ciel d’un puissant battement d’ailes, laissant le Patrouilleur-Tempête derrière lui.

   « Pourquoi a-t-il … ? » Débuta Blaize mais s’interrompit en regardant Charsaug tourner en l’air et se diriger vers la gare de triage.

   Haley voulu que le Patrouilleur-Tempête se déplace rapidement, car la panique s’empara d’elle. « Il n’y a qu’une seule chose qui aurait pu attirer son attention », dit-elle.

   Les canons nains positionnés le long des étages supérieurs de la ville tirèrent sans relâche sur le dragon en piqué, mais il continua, refusant d’être détourné de son trophée.

   « Le train », déclara Blaize. « Un massacre s’approche. Le dragon va détruire la gare de triage et tous ceux qui s’y trouvent. Et nous perdrons l’athanc pour sûr. »

   Haley se maudit une fois de plus d’avoir amené l’athanc entre les murs d’Orven. La vie et les maisons de tant de personnes brûlaient autour d’eux alors qu’ils traversaient les rues, et elle frémit à l’idée de trouver le Dame Fracas-de-Guerre réduit à l’état d’épave, jonchée des corps des défenseurs du Cygnar. Elle sera les dents et força le Patrouilleur à avancer plus vire. Si ses soldats mouraient, elle mourrait avec eux.

   « En approche ! » Cria l’un des forge-tempête.

   Derrière le Patrouilleur-Tempête, trois des plus gros rejetons draconiques qu’Haley ait jamais vu survolaient les ruines du district sud d’Orven. Bien que leur taille ne puisse rivaliser avec celle de Charsaug, chacun était facilement aussi grand que n’importe quelle structure de la ville. Ils se déplaçaient avec la même menace gracieuse, et alors qu’ils passaient au-dessus de leur tête, Haley perçut les nyss chevauchant deux d’entre eux.

   « Les warlocks de la rivière », dit Blaize alors les rejetons draconiques passaient au-dessus d’elle, leur trajectoire de vol les menant clairement vers la gare de triage. « Elles sont ici pour l’athanc. »

   « Parfait », dit Haley. « Comme si un dragon ne suffisait pas. » Elle se retourna et cria, par-dessus les gémissements du moteur du Patrouilleur-Tempête, au contrôleur forge-tempête. « Amène-nous à la gare de triage. »

   Le forge-tempête sourit : « Rapide comme l’éclair, m’dame ! »

   Haley acquiesça, mais son front se plissa en regardant à nouveau les rejetons draconiques s’éloignant rapidement. Elle ne croyait pas que l’éclair serait assez rapide. Rien de ce qu’elle pouvait imaginer n’était assez rapide. »


CHAPITRE 16 : SAERYN

L’emprise de Saeryn sur l’échine de l’archange se resserra alors qu’elle survola la ville cygnaréenne se consumant. Bien que le rejeton draconique n’ait pas été créé comme monture, Saeryn avait déterminé que leur utilisation comme transport valait le risque de rattraper les cygnaréens suite à la débâcle sur le fleuve et à l’apparition soudaine de Charsaug. Pour soutenir leur attaque, Lylyth leur avait envoyé les archanges lorsqu’elles avaient décidé de passer devant les autres.

   Ces mêmes rejetons avait affrontés Charsaug une fois auparavant, et les blessures qu’ils avaient infligées avait suffi à raviver sa peur de sa mortalité. Saeryn ne pouvait qu’espérer que les rejetons susciteraient la même réaction dans le combat à venir. Alors qu’elle savait que détruire le dragon était impossible, elle avait juste besoin de le distraire assez longtemps pour sécuriser l’éclat.

   Elle aperçut un marcheur éclair cygnaréen seul se déplaçant dans la rue en dessous et reconnu celles de la plate-forme comme les warcasters qu’elle et Rhyas avaient affrontés plus tôt. Dans d’autres circonstance, elle aurait détourné le vol de son rejeton draconique pour engloutir la machine dans des flammes bleue et terminer leur précédent combat, mais le temps manquait.

   Devant elles, Charsaug se dirigeait vers la gare de triage. Alors qu’ils ‘approchait, un déluge de tirs et d’énergie voltaïque jaillit de tout le long du train blindé. Saeryn regarda Charsaug tressaillir et claquer des mâchoires. Le volume de puissance de feu fit son travail et l’envoya en orbite haute autour du site. Il fit le tour du train tel un grand vautour tournoyant autour d’un animal mourant.
   « Là », dit Saeryn, en montrant le train. « Ils doivent prévoir de lui faire quitter la ville. »

   Rhyas détacha son arme, Antiphon, et tint la lame devant elle. « Et maintenant ? »

   « Les cygnaréens ne tiendront pas longtemps avec Charsaug sur le dos », déclara Saeryn. « Nous devons faire diversion et leur donner une chance de le battre. Les aidez à conserver l’éclat aujourd’hui pour que nous puissions l’arracher de leurs doigts froids demain. Montrons à Charsaug pourquoi nous sommes les serres d’Everblight.
« Modifié: 20 janvier 2020 à 20:32:46 par elric »
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

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Re : La Colère du Père des Dragons
« Réponse #4 le: 23 décembre 2019 à 16:11:22 »
CHAPITRE 17 : VICTORIA HALEY

Le Patrouilleur-Tempête avait tremblé et était mort à deux pâtés de la gare de triage ; l’effort avait été trop important pour son noyau. Maintenant, Haley et Blaize sprintaient vers le crépitement des tours-tempêtes du train et le bruit des tirs de fusils et de canons. Une bataille aérienne se déroulait au-dessus d’elles. Plutôt que d’attaquer le train, les énormes rejetons draconiques qui était passée au-dessus d’elles tournoyaient maintenant autour du dragon, se relayant pour effectuer des frappes coordonnées et utilisant la maniabilité de leurs formes plus petites pour échapper aux mâchoires puissantes de Charsaug. Ils déchiquetaient les ailes de Charsaug et lui griffaient les yeux, dans le but de blesser les parties de l’anatomie du dragon les plus vulnérables et les plus vitales pour sa défense.

   « Par Morrow, que se passe-t-il là-haut ? » S’interrogea Blaize, en regardant l’affrontement qui s’ensuivit sous la pluie battante. « En premier les nyss essaient de nous tuer sur la rivière, maintenant elles nous défendent. »

   « Il est clair qu’elles pensent que nous sommes le moindre de leurs ennemis pour l’instant », déclara Haley, haletant alors qu’elles couraient vers la gare de triage. « Quels que soient leurs objectifs, je l’accepterai si cela signifie que notre train sort d’Orven sans être réduit en cendres. »

   Alors qu’Haley assistait subjuguée par la vue de la bataille se déroulant en l’air, les rejetons draconiques s’élevaient dans les cieux. Elle était étrangement ravie d’observer un être divin enfermé dans une bataille avec la progéniture d’un ennemi détesté, les deux parties se battant avec une férocité qui démentait leur ancienne rivalité, étrangement lui plaisait.

   Des entailles apparaissaient sur les flancs de Charsaug et à travers la membrane de ses ailes tandis que les rejetons draconiques, plus agile, utilisait leur nombre et leur maniabilité pour harceler le dragon beaucoup plus grand et plus puissant. Cela rappela à Haley comment une meute de loups attaquerait une créature beaucoup plus imposante.

   Malgré le carnage, Charsaug ne semblait pas affaibli. Ce qui aurait été une blessure dévastatrice pour une autre créature était presque insignifiante pour sa gigantesque forme. D’un coup de queue, frappa l’un des rejetons et le précipitât dans un entrepôt de la gare de triage en contrebas. De son souffle enflammé, il attrapa un autre rejeton draconique, l’intense chaleur carbonisant la moité de son corps et ratatinant l’aile de ce flanc.

   Alors que la bataille se déroulait, Haley et Blaize passèrent devant les derniers bâtiments entourant la gare de triage et se dirigèrent vers la Dame Fracas-de-Guerre. Des flammes et une fumée noire huileuse léchaient le ciel là où Charsaug avait projeté son effroyable souffle. Les cris des blessés et des mourants se mêlaient au rugissement des coups de feu dans une cacophonie apocalyptique. Les mitrailleuses au sommet des voitures bouffaient les ceintures de munitions alors qu’ils faisaient pivoter leurs tourelles dans un sens puis dans un autre, essayant de suivre la bataille au-dessus d’eux. Les tours-tempêtes étincelaient d’effet stroboscopique dû à l’énergie voltaïque et menaçaient de surcharger, et les pièces d’artillerie tonnaient leur réponse. Les warjacks projetaient des grêles de plomb dans le ciel, les canons de leurs armes rougeoyants.

   « Strangewayes ? » Cria Haley, ignorant le chaos de la bataille l’entourant. Elle se hissa sur le flanc de la locomotive et regarda dans la cabine. Des plaques d’acier et de la tuyauterie étaient posés sur le sol, et le mékanicien jouait du chalumeau. « Ne me dis pas que les réparations sont pas finies », dit-elle, en retenant un grognement de mécontentement.

   « Bien, je ne te le dirai pas », répondit Strangewayes, en gardant son attention sur le travail à accomplir. « Je suppose, d’après ce bon dieu de boucan que votre distraction ne s’est pas passée comme prévu ? » La sueur coulait sur son visage, et sa pipe était coincée dans sa bouche comme d’habitude, mais son contenu devenu froid.

   « Quelque chose est arrivé au champ de confinement », dit Haley. « Le dragon sait que l’athanc est ici. Écoute, lorsque tu seras faire bouger cette chose, n’attends pas les ordres. Sors-nous d’ici. »

    « Compris », dit Strangewayes. « Dis aux gars de garder cette monstruosité ailée éloignée du train encore quelques minutes, et je nous ferai partir. »

   Haley sauta de la locomotive. « Toi », dit-elle au médecin militaire à proximité. « Veille à ce que les blessés soient chargés dans le train. Nous partons. » Sans attendre de réponse, elle commença à longer le train.

   « Et maintenant ? » Demanda Blaize, en gardant le rythme aux côtés d’Haley.

   « Nous devons examiner l’athanc et évaluer la situation », déclara Haley.

   Elles repérèrent Brogan Corley se précipitant vers elles, une expression de détresse sur son visage.

   « Nous avons un problème », déclara Corley. « C’est Reynolds. Elle a saboté le champ de confinement. Elle a perdu la raison. »

   « Eh bien, cela explique pourquoi le dragon a perdu tout intérêt pour notre Patrouilleur », dit Haley. « Où est-elle ? »

   « Évanouie. Je l’ai attachée et chargée dans l’un des wagons de ravitaillement. Je l’aurais bien envoyée dans le wagon hôpital », indiqua Corley en désignant les voitures en flammes en bout de train, « mais nous l’avons perdu. »

   « Veille à ce qu’on s’occupe d’elle », dit Haley. « Et fait ce que tu peux pour les blessés. Nous devrions démarrer d’un instant à l’autre. »

   Corley fait un signe de tête brusque et s’éloigna pour exécuter ses ordres. Haley et Blaize continuèrent à longer le train, vers l’artefact et sa turbine arcanique endommagée.

   « Nous devons faire preuve de la plus grande prudence », déclara Blaize. « Si le champ est en panne, on ne sait pas comment l’athanc pourrait affecter l’équipage. Mon instinct me dit que ce n’est pas un hasard si Reynolds a perdu le contrôle. »
   « D’accord », répondit Haley.

   Elles atteignirent la voiture abritant la prison de l’athanc et montèrent à bord. Alors qu’elles se déplaçaient à l’intérieur pour inspecter les dégâts, la Dame Fracas-de-Guerre laissa échapper deux longs sifflement. Avec un sifflement de vapeur, le train se mit en branle.

   Ils étaient enfin en mouvement.


CHAPITRE 18 : SAERYN

Les archanges n’étaient pas habitués à transporter des cavaliers. Malgré les efforts concentrés de Saeryn et de Rhyas, les jumelles luttaient pour maintenir l’emprise mentale et guider les gargantuesques rejetons draconiques. Saeryn se cramponnait à l’échine de son archange tandis que la bête plongeait et piquait, évitant de justesses les puissantes mâchoires de Charsaug pendant qu’elle luttait pour prévoir les attaques.

   Les flammes bleues exhalées par les archanges tourbillonnaient sur les écailles de Charsaug, mais le souffle des rejetons draconiques n’eurent aucun effet. On ne peut pas en dire autant du souffle de Charsaug. Saeryn avait déjà été happée par les flammes, handicapant l’une des ailes de son archange. Bien que Saeryn ait été épargnée par le feu du dragon, sa proximité avait fait cloquer sa peau sous la chaleur. Elle transféra la blessure au troisième archange, celui qui ne portait pas de cavalier. Déjà, la bête de réserve avait été horriblement malmenée lorsqu’elle s’était écrasée contre l’un des bâtiments en contrebas. La peau de Saeryn avait guéri, mais une sensation de brûlure empestait les parties de son corps qui avaient été exposées.

   Elle fit faire à l’archange sans cavalier un large mouvement passant devant le visage de Charsaug pour distraire le dragon tandis qu’elle et Rhyas se rapprochaient par l’arrière. Les griffes de leurs archanges s’acharnèrent sur la membrane des ailes de Charsaug avant que le couple ne retraite rapidement une fois de plus, luttant contre la pluie battante pour gagner de l’altitude. Déjà, les ailes de Charsaug étaient zébrées de douzaines de coupures et de griffures, mais les blessures semblaient uniquement attiser la rage du dragon. Elles ne gênaient pas encore son vol. Par de grand battement d’ailes, il s’éleva vers le haut à leurs poursuites.

   Les tirs en provenance du train blindé en contrebas et des canons sur les murs éloignés claquaient et stridaient. Ils ciblaient Charsaug, mais Saeryn faisait serpenter sa monture autour de torrent de tir. Ensemble, elle et Rhyas se replièrent pour frapper les ailes de leur ennemi.

   Une combinaison de serres, de lames et de sorts créa de nouvelles entailles le long des ailes de Charsaug, et Saeryn ressentit une fierté alors qu’elles dégageaient hors de portée du dragon. L’archange sans cavalier n’eut pas autant de chance. Un torrent de flammes consuma le rejeton, blessé, lors de son passage, et à l’instant suivant, Charsaug d’un coup de griffe décapita le bête.

   Le train transportant l’athanc avait pris de la vitesse et maintenant s’éloignait de la garde triage. Du coin des lèvres, Saeryn eut un bref sourire. Le train partit, il ne lui restait plus qu’à retenir l’attention de Charsaug suffisament longtemps. Alors qu’elle observait une autre série d’obus explosifs rhulique marteler le flanc du dragon, son esprit se tourna vers la possibilité d’abattre le dragon ici et maintenant.

   Elle brandit sa lance, faisant signe à Rhyas de la suivre, et ensemble, elles se dirigèrent vers le dragon blessé sous le couvert de l’artillerie.

   Elles n’atteignirent jamais leur cible.

   Par-dessus le vent et la pluie, il y eut un rugissement n’appartenant pas à Charsaug, un rugissement éclipsant la fureur du tonnerre et des canons. Une avalanche d’écaille de couleur acier huilé traversa la tempête et une mâchoire aux dents tranchantes s’empara de l’archange de Rhyas avant broyer le rejeton en deux. Les deux moitiés de l’archange dégringolèrent, les entrailles suivirent derrière avec Rhyas en remorque chutèrent vers les rues pavées.

   Ashnephos, le jumeau de Charsaug, venait d’arriver à Orven.

   Saeryn contourna les restes de l’archange, plongeant après sa sœur en chute libre. Le sol se précipitait à sa rencontre, ses détails devenant de plus en plus visibles, mais malgré tout, elle exhorta l’archange à plonger plus vite. Ce n’est qu’au dernier moment que la bête se redressa brusquement. Saeryn attrapa Rhyas par le poignet, les deux bras pratiquement déboîtés par l’élan de sa sœur. Rhyas se balança sur l’archange et enroula ses bras autour de Saeryn.

   Les cendres et le feu transformèrent ce qui restait de la garde de triage en un véritable enfer, et Saeryn se pressa contre l’archange survivant alors qu’elle fuyait la colère de Charsaug et d’Ashnephos.


CHAPITRE 19 : VICTORIA HALEY

Haley se pencha hors de la voiture à temps pour remarquer les restes d’un archange tomber sans les rues en contrebas. Levant les yeux, elle fut surprise de découvrir qu’un deuxième dragon était responsable de la mise en pièces du rejeton draconique.

   Haley et les autres grimpèrent sur le toit du train pour avoir un meilleur point de vue. Entourés de forges-tempêtes, de pionniers et de Précurseurs, ils observèrent les dragons incinérer la gare de triage.

   « Asnephos », dit Blaize, en s’avançant. « Selon le récit du Professeur Pendrake, lui et Charsaug sont les restes du dragon Erdross. Il y a longtemps, les géants des Monts Dévoreurs de Soleil en Immoren oriental ont abattu un dragon. Lors de cette victoire, les géants ont cherché à détruire l’athanc en le brisant et en jetant les morceaux dans un volcan voisin. L’athanc ne fut pas détruit. Au contraire, deux dragons émergèrent à la place d’Erdross, chacun possédant la moitié de la force d’Erdross. Même diminués, ils demeurent une grande terreur, d’autant plus quand ils œuvrent ensemble. »

   « Je trouverais cela plus intéressant », déclara Haley, « si nous n’avions pas à les affronter tous les deux. »

   La Dame Fracas-de-Guerre prit de la vitesse, et les personnes à bord furent témoins des flammes de Charsaug enveloppant les locomotives immobiles et les gens traînant encore parmi elles. Ashnephos suivit par-derrière, ajoutant sa propre flamme à l’enfer. Contrairement aux autres dragons, le souffle d’Ashnephos laissa un unique nuage de cendres corrompues.

   Les personnes ayant échappé aux flammes maintenant chutaient au sol, les mains à la gorge, en quête d’air frais. Ensemble, Charsaug et Ashnephos balayèrent les épaves, s’entrecroisant et suivirent la voie que le Dame Fracas-de-Guerre parcourait maintenant.

   « Eh bien », dit Blaize, « nous sommes parvenus à attirer leur attention. Au moins une partie d’Orven est encore debout. »

   « Tenez bon ! » Haley héla ces pionniers et ces forges-tempêtes positionnés le long des voitures. « Nous ne sommes pas encore au bout de nos peines ! Quand ils seront au-dessus de nous, donnez-leur tout ce que vous avez ! Des rafales concentrées ! Laissez les tours-tempêtes se charger au maximum avant de tirer ! » Elle courut vers l’arrière du train, sautant d’un wagon à un autre en criant des ordres et de mots d’encouragements. Des ascenseurs installés à l’intérieur des wagons hissèrent les warjacks sur le toit et des bande-chargeur furent remontées. Elle sentit le cortex de Thorn en s’approchant. Une fois le ‘jack au-dessus, elle lui ordonna de la suivre. Elle atteignit la dernière voiture et s’arrêta. Les dragons se rapprochaient de Dame Fracas-de-Guerre, et l’avance prise par le train fondait à vue d’œil. Les roues avalaient kilomètres après kilomètres, mais pas assez rapidement. La Dame Fracas-de-Guerre approchait de sa vitesse de pointe et elles seraient rattrapées dans quelques instants.

   Haley se positionna au centre de la voiture. Les visions qu’elle avait vues ne montraient rien d’autre que de la destruction, mais elle devait croire qu’elle avait été épargnée de la mort pour une raison. Elle n’abandonnerait pas le train ou sa cargaison sans un dernier combat. Elle tomba à genou et posa une main contre l’acier froid du blindage de la voiture et planta Écho à ses côtés. Lors de son voyage sur le Banwick et à nouveau lors du voyage vers Orven, elle avait utilisé ses pouvoirs pour créer une bulle de temps, augmentant leur vitesse pour accélérer le voyage. Maintenant, elle se consacra à une tâche plus importante. Faisant appel aux réserves les plus profondes de sa volonté, elle se battit pour donner à la Dame Fracas-de-Guerre la vitesse dont elle avait désespérément besoin. Un par un, elle sentit le poids des voitures peser dans son esprit. Serrant les dents, elle poussa la magie bien plus loin qu’elle ne l’avait jamais fait auparavant. Elle ignora la sensation de son cœur battant plus vite dans sa poitrine et de son écho palpitant dans ses tempes.

   « Pont ! » Cria quelqu’un en faisant passer le mot. Le pont enjambait le Banwick et permettait au train de traverser le fleuve, mais il présentait aussi une faiblesse. Alors que le train blindé pourrait encaisser quelques dégâts de ses poursuivants, le pont lui ne le pourrait pas. Un coup mal placé et toute la structure s’écroulerait. Si Charsaug et Ashnephos rattrapaient le train avant qu’il n’ait achevé la traversée, tous ceux qui se trouvaient à bord seraient précipités sur les rochers en dessous et écrasés sous la masse de Dame Fracas-de-Guerre. Ils devaient aller plus vite.

   Haley redoubla d’efforts, sentant qua la tension faisait des ravages sur son corps. Une tension s’installa dans sa colonne vertébrale, et ses dents semblaient s’entrechoquer dans sa bouche Le battement dans ses tempes devint une aveuglante agonie. Tout ce qu’elle pouvait faire était de serrer la mâchoire pour faire taire la douleur. Bien qu’elle n’ait pas ressentit aucune augmentation de la vitesse depuis le toit du train, tout ce qui se trouvait au-delà ralentissait. La fumée qui s’échappait des cheminées de la locomotive semblait figée dans l’air derrière eux alors que son sort manipulait l’écoulement du temps. Le paysage rocheux de chaque côté de la voie ferrée laissait place à l’air libre, et le bruit du fleuve retentissait en contrebas. Ils traversaient le pont.

   Les dragons arrivaient, mais en dehors de la bulle temporelle, leurs mouvements semblaient lents, comme s’ils volaient à travers une liquide épais et visqueux. Les mitrailleuses les plus en arrière commencèrent à assaisonner leurs gigantesques formes tour après tour, avec eu d’effet apparent. Un projectile voltaïque tiré d’une tour-tempête voisine explosa sur le museau de Charsaug, provoquant plusieurs réactions. Charsaug s’éloigna, inquiété par les armes modernes, mais Ashnephos ne fut pas dissuadé. Les mâchoires du dragon se distendirent pour cisailler la moitié arrière de la voiture de queue dans un spectacle d’étincelles et de crissements métalliques.

   Les roues arrières disparurent avec la moitié arrière de la voiture, les restes rebondissaient et traînaient le long des rails, détruisant les attaches en bois et tordant les rails. Haley agrippa le bord supérieur de la voiture et lutta pour se mettre à l’abri du danger. Des cris retentirent en dessous d’elle, attirant son attention. Elle regarda par-dessus son épaule pour remarquer deux surveillants de train dégringoler à l’intérieur de la voiture et plonger vers la rivière en dessous, heurtant les poutrelles du pont alors en chutant.

   Une main saisit l’avant-bras d’Haley. « Allez », dit Blaize en tirant la voiture accidentée. « La Dame a besoin d’un autre coup de pouce avant que nous finissions tous carbonisés. »

   Blaize tendit la main, des runes s’épanouirent et une explosion de lumière frappa l’accouplement entre les voitures, faisant sauter la connexion sous une grêle d’éclats. Le wagon broyé et à moitié mangé tomba, heurtant les entretoises avant disparaître. Sans le poids mort, le train repris de la vitesse.

   En aval, Charsaug mitraillait le flanc du pont et lâchait des flammes sur les nombreux supports qui maintenaient les rails. Les entretoises crépitèrent en s’enflammant, et tout le pont gémit et se tressauta, menaçant de céder.

   « Bougez ! » Cria Haley. « Avancez ! Le pont ne tiendra pas ! »

   Ensemble, Haley et Blaize sprintèrent sur les voitures. Au fur et à mesure, Haley exhortait les soldats au sommet des voitures arrières à abandonner leurs postes et à courir. Il y eut un claquement sec, et le train sous eux s’inclina sur le côté avant de se redresser. La perturbation suffit à jeter plusieurs pionniers par-dessus bord et en envoyer d’autres rouler sur les toits. D’autres sons suivirent – comme le claquement d’arbres sur les genoux de géants – et tout le pont se déforma sous le train.

   Juste au moment où la locomotive atteignait l’extrémité du pont et roulaient à nouveau sur la terre ferme, le centre du pont s’effondra. L’effondrement se propagea dans les deux sens, les montant enflammés se brisant comme des allumettes alourdies. Haley et Blaize regardèrent en arrière, jute le temps de voir l’arrière du train commencer à chuter, ceux qui étaient encore à bord s’accrochant aux wagons pour leur vie.

   Se ressaisissant, Haley fit appel à ses pouvoirs sur le temps dans le but de ralentir l’effondrement du pont et de retarder la reculade du train. Ses muscles se tendirent et la tension mentale menaçait de l’écraser. Les wagons, les rails et les supports brûlants encombraient son esprit. Il y avait trop de chose à maintenir ensemble, leur masse combinée était trop grande à contrebalancer. Et pourtant, le désastre imminent commença à ralentir sous ses efforts. L’effondrement se déroulait à mi-vitesse sous ses yeux. Ces soldats qui n’avaient pas abandonné la partie arrière du train assez rapidement croisèrent son regard avec des expressions d’horreur, la bouche ouverte en de grands cris tandis que les voitures sous yeux tombaient.

   Au fond de son esprit, quelque chose exigeait qu’elle sépare les wagons chutant avant qu’ils n’entraînent le reste du train dans la rivière. Elle écarta cette idée et grinça des dents, essayant en vain de maintenir l’arrière du train assez longtemps en l’air pour trouver une solution. Elle avait réquisitionné la Dame Fracas-de-Guerre pour son propre usage, et elle refusait d’envoyer la moitié de l’équipage à la mort.

   La projection de Passé se matérialisa à côté d’elle et se précipita vers les voitures tombant. Encore une fois, elle semblait liée à l’état émotionnel d’Haley, évoquée par sa détresse. Des runes entouraient les mains de la jeune fille et un éclair de lumière les projectiles de lumière jaillissant de ses paumes. L’un des attelages du train explosa sous une pluie d’étincelles et d’acier tordu.

   « Non ! » Cria Haley, tendant une main gantée en directions des voitures perdues. Le pont signala sa fin avec le plus fort bruit jamais entendu, et la voiture sur laquelle Haley se tenait fut la dernière à toucher la terre ferme et elle regarda une demi-douzaine de voiture s’écraser sur les montants brûlants ou sur le flanc de la falaise, emportées par leur élan. Le Banwick n’était plus traversait que par de l’air, mais les cris des passagers condamnés suivaient le train. Haley ne pouvait dire si les cris étaient réels ou un produit de sa propre imagination.

   La colère brûlait en elle à cause de la nature téméraire de son jeune âge, mais au fond d’elle, elle savait que c’était ses propres pensées secrètes qui avaient convoqué Passé et l’avaient obligée à scinder le convoi. Avant que la culpabilité ne puisse l’envahir, Charsaug et Ashnephos revinrent en vue, se rapprochant de ce qui restait du train.

   Futur était apparue avec Passé et se rapprocha d’Haley, prêt à se battre contre les dragons se rapprochant. Passé se tenait immobile, ses pieds plantés fermement écartés et un sourire arrogant sur son visage tandis que Futur flottait en silence et suivait le train.

   Le relief montagneux du nord du Mur du Dragon s’élevait des deux côtés de Dame Fracas-de-Guerre, et les rugissements de Charsaug et d’Ashnephos résonnaient depuis les sommets jusqu’à ce que les montagnes rugissent avec eux. Des ombres ailées parcouraient les trombes de pluies et le fin col qui permettait le passage du train. Ils avaient traversé le Banwick avec l’athanc intact, mais près de cent kilomètres séparaient le train de la Gare-Pointacier. Seul un miracle leur permettrait d’atteindre la ville sous la montagne.

   Une fois de plus, Haley plaça sa main contre le blindage du train et accélérera le temps. Bien que la tension fut considérable, la taille réduite du train facilita l’acte, et elle sentit son influence prendre effet presque immédiatement. Le pouls d’Haley s’accéléra et le train tonna le long de la voie.

   Un affleurement au-dessus explosa sous une grêle de pierre et plu sur le train envoyant les défenseurs se cacher derrière la couverture qu’ils pouvaient trouver, et à travers les débris apparu Charsaug. Le dragon plongea dans le col peu profond et ce qui restait des défenses de Dame Fracas-de-Guerre ouvrit le feu.

   Thorn traversa la forme incorporelle de Futur avec sifflements et cliquetis pour se tenir devant Haley, son bouclier levé en position protectrice. La vue du warjack était rassurante, et Haley fit un signe de tête, plus destiné à elle-même qu’à Thorn ou les projections. Elle concentra ses pensées et tint la déformation entourant le train.

   Des éclairs d’énergie arcanique jaillirent du bout des doigts de Passé et traversèrent l’arc nodal de Thorn pour frapper Charsaug, le dragon fut touché par une série de coups. En réponse, Charsaug cracha d’autres flammes, Thorn se pencha pour protéger Haley avec son corps, tandis que les flammes traversaient les corps de Passé et de Futur sans danger. Le feu rôtit vivant un certain nombre défenseurs et explosant des caisses de munitions attendant d’être chargée sur les mitrailleuses. Une tour-tempête laissa échapper un gémissement aigu avant d’exploser, tuant ses opérateurs et arrachant le toit de sa voiture.

   L’instant suivant, Charsaug et Ashnephos soudainement virèrent sur l’aile, battant des ailes avec une telle puissance qu’ils générèrent un souffle d’air alors qu’ils cherchaient à prendre de l’altitude. Haley ressentit de la peur alors que la vision d’une noirceur imminente qui l’avait poussée à se lancer dans ce voyage la submergea soudainement.


CHAPITRE 20 : LORTUS

Lortus observait d’en haut les dragons jumeaux nés d’Erdross pourchasser ce qui restait d’un train cygnaréen à travers le Mur du Dragon. Charsaug l’Ombre sur la Montagne, dont les écailles étaient aussi noires qu’une nuit sans étoiles, baignait le train de flammes, déformant le métal des voitures blindées et transformant les défenseurs en cendres. Ashnephos, connu sous le nom de Fléau des Géants par les personnes d’extrême-orient, suivait de près, les serres et les écailles scintillant comme de l’acier aiguisé. Ceux qui étaient à bord du transport s’étaient vaillamment battus, mais Lortus n’avait aucun doute qu’ils seraient vaincus. Même avec leur technologie nouvellement développée, les forces de l’humanité se sont effondrées face aux légendes d’autrefois.

   Depuis sa rencontre avec Krueger, un chaos sans limite se déchaînait, comme il le craignait. Pour la première fois depuis plus de mille ans, l’alliance des dragons était passée à l’action. Cendres et fumées s’échappaient des forêts et des champs, des villes et villages ont été brûlés jusqu’aux fondations, et une intense corruption balafrait la terre, laissant des blessures persister et s’infecter. De ces attaques, le feu était de loin le plus indulgent. Là où les mortels ripostaient avec efficacité, ils répandaient le sang des dragons, un ichor empoisonné pouvant déformer le tissu même de la vie. Lortus avait vu des animaux de son domaine boiter dans les forêts et les vallons sur des pattes malformées, leur colonne vertébrale tordues par une exposition à une corruption intense.

   Comme Everblight était leur seule cible, les dragons ne faisaient aucun mouvement contre les villes des hommes. Les agents de la Traîtresse ne trouveraient pas de quartier entre leurs murs, et ainsi les civilisations couvrant la moitié ouest du continent ne comprendraient pas la destruction qui se produisait au-delà de leurs portes.

   « Je l’ai sous-estimé. J’aurais dû intervenir avant qu’il n’en arrive là », marmonna Lortus, tout en sachant qu’il n’avait pas suffisamment de forces armées pour contester le site tenu par le Seigneur des Tempêtes pour sa cérémonie. Le temps qu’il puisse rassembler sa propre armée, il aurait été trop tard. Peut-être aurait-il dû sacrifier sa propre vie pour abattre Krueger, bien que l’instinct de conservation soit une habitude si fortement ancrée que Lortus n’était pas sûr de posséder le courage nécessaire pour un sacrifice aussi désintéressé.

   Le tout-puissant serra fortement ses poings. Il avait passé de longues années de sa vie à observer le dragon Blighterghast dans le Mur du Dragon méridional. Comme le reste du conseil, il avait adapté une politique de non-implication avec les dragons, agissant uniquement pour limiter l’effet de leur corruption sur les lignes de forces et cherchant à décourager les autres de les contrarier. Dans l’ensemble, cette politique avait suffi – les dragons étaient immortels et patients, et ils étaient prisonniers dans une bataille de volonté avec Toruk, leur créateur. Ils n’agissaient que rarement, mais lorsqu’ils bougeaient, le désastre suivait invariablement. Les dragons ne mangeaient pas, ils ne procréaient pas, et leurs plans pouvaient prendre des siècles à se réaliser. C’était Blighterghast qui surveillait Toruk. Silencieux et vigilants, les yeux de Blighterghast demeurait sur le Père des Dragons nuit et jour, tout comme si Lortus gardait un œil sur lui. Maintenant, contre les avertissements de ses supérieurs, le Seigneur des Tempêtes avait pris contact avec Blighterghast et avait réveillé la puissance de nombreux dragons pour réprimer les actions d’un seul.

   En bas, les Jumeaux d’Erdross se relayaient pour attaquer les wagons en queue de train, parfois s’éloignant lorsqu’ils étaient coincés des éclairs ou des coups de feu. Des griffes tailladaient l’acier et des rafales de cendres et de flammes léchaient les défenseurs assiégés. Il est clair qu’une influence non naturelle agissait sur le train – il se déplaçait à une vitesse dépassant tout ce que Lortus avait vu auparavant. Une puissante magie déformait la réalité sur toute la longueur du train, le sauvant d’une annihilation instantanée. De son endroit à flanc de montagne, Lortus pouvait sentir que quelque chose d’autre se passait ici, quelque chose de très puissant. Alors que cette énigme approchait son esprit, une soudaine prise de conscience lui fit plisser les yeux.

   « L’athanc en liberté ? Ici ! » Le Cercle Orboros avait cherché en vain à empêcher ses ennemis de récupérer l’athanc du dragon désincarné. La dernière fois qu’il avait entendu parler de son emplacement, le Cygnar avait vaincu les cryxiens qui l’avaient précédemment en leur possession sur la Langue du Dragon, près de la frontière ordique, mais il n’avait pas connaissance de son sort. Le fait que les cygnaréens étaient assez stupides pour le transporter profondément à l’intégrité de leur frontière ne le surprit pas – sans aucun doute n’avaient-ils aucune idée des forces qu’ils provoquaient. Et maintenant, tout cela coïncidait avec la folle cérémonie de Krueger. Les dragons étaient passés à l’actions. Le plus grand appât qu’ils puissent imaginer était dans un train et en mouvement devant eux. La portée du potentiel désastre auquel ils étaient confrontés devint clair.

   Sans avertissement, Charsaug et Ashnephos s’élancèrent vers le ciel, abandonnant leur poursuite du train. Un silence feutré s’abattit sur le flanc de la montagne, et le vent se calma et arrêta de balancer les branches. Les chants d’oiseaux se turent dans leur gorge, et toutes les petites traces de vie que Lortus ressentait à traverser son lien avec la nature s’enfouirent sous terre ou s’enfuirent. Un sentiment de malaise envahit les lignes de forces et l’énergie s’écoulant par ces antiques artères de Caen se ralentit, comme si elles avaient été refroidies et rendues léthargiques. À l’horizon, un front orageux s’épanouissait avec des nuages aussi noirs que de la poussière de charbon. L’orage déferlait à une vitesse anormale, et le ciel semblait se déformer sous sa présence. Les nuages noirs s’amoncelaient, et en les regardant, Lortus pensa aux nuages mais aux cendres de rois morts depuis longtemps et aux cendres de civilisations réduites en poussière. Au centre de la tempête, un vissage effrayant paré d’écailles, de crocs, de griffes et d’un brasier funeste.

   « Toruk ! » Haleta Lortus. « Krueger, espèce d’idiot. » Le Seigneur de Cryx déploya ses ailes à leur pleine envergure, et le front orageux tourbillonna. Un brasier funeste entourait les yeux de la figure divine et ondoyait sous ses écailles. Avec un rugissement titanesque, Toruk secoua les fondations mêmes des montagnes. Le dragon s’avança et, alors qu’il passait au-dessus des terres, les aiguilles tombaient des pins et les ruisseaux bouillonnaient. Sa nécromantique corruption désolait le sol et corrompait l’air même. Le réveil de sa capricieuse progéniture avait attiré le Père des Dragons sur le continent pour la première fois en seize siècles.

   La guerre des dragons était de retour en Immoren.
« Modifié: 25 janvier 2020 à 13:24:41 par elric »
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

Si vous constatez des fautes d'orthographe et/ou de conjugaison, des phrases à remanier pour une meilleur compréhension.
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Re : La Colère du Père des Dragons
« Réponse #5 le: 24 décembre 2019 à 14:24:01 »
CHAPITRE 21 : CONSTANCE BLAIZE

Glacée par la terreur, Blaize regarda Toruk survoler le train et entrer en collision en plein vol avec Charsaug et Ashnephos. Sa terreur était si grade qu’elle n’entendait plus que ses battements de coeur dans ses oreilles tandis que le train se avançait en silence sous elle. Toutes les actions mortelles autour d’elles étaient en sourdine ; elle put voir un pionnier rouler sur le toit du wagon pour tenter d’éteindre le feu draconique le consumant, mais elle ne pouvait pas entendre ses cris. Les formes tournoyantes des dragons se battant au-dessus remplissaient sa vision. Le pionnier en flammes rampa devant Blaize et, dans un dernier effort, tendit une main noircie pour lui demander de l’aide avant de succomber aux flammes.

   L’émanation étouffante qu’était la corruption de Toruk frappa le train comme une vague. C’était la mort incarnée sous forme de puissance. Le long de voitures, les pionniers et les forges-tempêtes trébuchaient, pressant leur visage dans les creux de leurs coudes et s’agrippant l’emplacement de leurs armes alors qu’ils essayaient de demeurer debout. Seuls le warcaster et ses chevaliers étaient capables de tenir bon face à l’aura nécromantique, leurs âmes étant protégées par les symboles de Morrow ornant leur armure.

   Quelque chose bougea aux pieds de Blaize. Le cadavre du pionnier qu’elle avait vu brûler se contracta, agitant ses membres avant d’essayer de se relever avec des mouvements saccadés. De la chair carbonisée se détacha des os de l’homme, et alors que sa tête était tournée vers le haut, un feu brasier funeste verdâtre s’embrasa dans les orbites de l’homme, à l’endroit où s’étaient trouvés les yeux.

   « Tenez bon ! » Cria Blaize aux chevaliers Précurseurs environnants. Elle balaya son arme vers le bas et trancha le cadavre réanimé en deux. Alors même que le mort-vivant était abattu, un autre pris sa place. Une flamme verte bondit de son crâne et transforma ce qui restait de son uniforme en cendre. Tout le long de Dame Fracas-de-Guerre, les morts se levaient, poussé par le Père des Dragons à prendre les armes contre les vivants.

   La pluie tombait du ciel obscur et le toit des voitures devint glissant sous les pieds. À côté d’elle, Corley frappa l’un des morts-vivants avec son bouclier et suivi par un coup de masse qui envoya l’abomination dégringoler du train.

   Blaize pouvait entendre des coups de feu et des cris de l’intérieur des voitures, et elle redoutait de penser au carnage qui se déroulait dans ces espaces confinés. Tant que Toruk volerait au-dessus de leurs têtes, tous les morts se relèveraient pour servir la volonté du dragon et massacrer leurs anciens camarades. Il faudrait plus que de simples prières pour les préserver de ce sort.

   « Corley », dit-elle en décapitant l’un des réanimés, « voit que ceux qui n’ont pas encore été réanimés soient bénis par le pouvoir de Morrow. Nous devons en empêcher autant que possible de se transformer. Je m’occupe de la défense. »

   « Considère que c’est fait. Nous les enverrons retrouver Morrow à Urcaen. » Sur ce, Corley accrocha sa masse à une boucle de sa ceinture et pris à sa place son tome de Prières pour la Bataille, relié en cuir. « Avec moi », dit-il, faisant signe à deux chevaliers de le suivre. Ensemble, ils se dirigèrent vers un cadavre suspendu à une mitrailleuse proche, scandant des prières en chemin.

   Les coups de feu à l’intérieur des voitures atteignirent un crescendo puis se turent. Des dizaines de mains passèrent à travers les vitres et les portes des voitures couvertes, et sur le rebord du toit, leurs paumes ensanglantées tâtonnant pour trouver une prise. Blaize fit appel à son pouvoir pour faire jaillir une intense lumière sacrée au coeur des réanimés, purifiant leurs formes et ne laissant que des cendres. Elle avança péniblement dans la bataille avec sa Lance Solaire, les repoussant, mais d’autres morts arrivaient, se hissant sur les flancs des voitures ou escaladant les mécanismes des ascenseurs.

   Elle se retourna pour trancher les jambes d’un mort-vivant dans son dos et ramena son bouclier pour frapper le corps reversé. Des cris d’angoisse retentissaient de tous côtés, et a peine avait-elle réussi à se débarrasser de son ennemi avant qu’un autre ne lui démolisse son bouclier, essayant de lui arracher pendant qu’un autre cherchait à lui sauter à la gorge. À ce moment-là, elle était douloureusement consciente de l’absence de son champ d’énergie alors que des doigts osseux raclaient sa peau nue. Elle repoussa l’ennemi, l’embrocha et reprit sa position face à son impie adversaire suivant.

   À l’arrière du train, Haley demeurait accroupie alors qu’elle se concentrait sur la vitesse à accorder à Dame Fracas-de-Guerre. Les versions spectrales de la warcaster combattaient les morts-vivants avec frappes cinétiques et des éclairs de foudre. Thorn se tenait au-dessus de sa maîtresse, embrochant avec sa lance et repoussant les autres réanimés avec son bouclier. Le major avait fait un remarquable travail en préservant le train et en l’accélérant, mais sa posture courbée suggérait que l’effort ne pouvait plus durer longtemps.

   Blaize détourna son regard d’Haley et observa la distance la séparant de la locomotive. Le wagon contenant l’athanc était presque submergé. Gallant et l’un des Centurions morrowéen se tenaient de chaque côté de l’ouverture de l’ascenseur de chargement, et ensemble, les warjacks œuvraient à repousser la horde s’amassant autour d’eux.

   « Défendez l’éclat ! » Cria Blaize par-dessus le vacarme. « Reculez et formez les rangs ! » Avec les boucliers levés et les masses en mouvement, les chevaliers Précurseurs survivants se sont dirigés vers les warjacks assiégés et la précieuse cargaison. Blaize fendit en deux un réanimé et jeta un dernier coup d’oeil vers le Major Haley. Le groupe de morts-vivants l’entourant s’était agrandi, mais Thorn et les projections temporelles réussissaient à les contenir pour l’instant. Le hocha la tête et se dirigea vers les chevaliers, formant un mur de boucliers autour du wagon de l’athanc et récitant une prière pour le major au fur et à mesure.


CHAPITRE 22 : LORTUS

Alors que Toruk et les dragons orientaux s’affrontaient dans le Mur du Dragon supérieur, Lortus utilisa les différents sites de pierres levée de la région pour acquérir une perspective unique sur le combat à une distance sûre. Il put envoyer sa vision très haut dans les airs au-dessus d’eaux, en s’appuyant sur sa connexion aux lignes de force pour comprendre l’impact de cette bataille contre nature sur les terres les entourant. C’était l’un des plus grands outils des Touts-Puissants, mais dans cet affrontement, il se sentit impuissant à intervenir. Il n’était qu’un témoin devant des dieux en guerre.

   En remarquant Toruk, Charsaug et Ashnephos cherchèrent initialement à fuir, mais malgré leur plus petite taille, ils ne purent échapper à leur créateur. Les trois s’enfermèrent dans une danse de manœuvres aériennes, de serres et de flammes. Au-dessous du conflit titanesque, le train cygnaréen accéléra, se dirigeant vers sa destination.

   Charsaug et Ashnephos se précipitèrent à l’assaut, dents et griffes en avant, apparemment déterminés à déchirer les grandes ailes de Toruk. Les exhalations des dragons jumeaux bien que terribles lorsqu’ils se déchaînent sur le monde des mortels, ne signifient rien pour Toruk, et ils furent donc réduits au macabre art du combat rapproché. Alors qu’ils affrontaient la puissance de Toruk, leurs griffes cherchaient à trouver une prise et leurs dents leur permirent de goûter la chair de leur géniteur. Il était clair pour Lortus que, même ensemble, ce n’était qu’une question de temps avant que la paire de petit dragon ne soit submergée par leur géniteur. Lors de l’antique combat ayant chassé la première fois Toruk du continent, il s’était opposé à plus d’une douzaine de dragons, pour la plupart bien plus grand que ce duo.

   La queue de Toruk chopa Ashnephos à la taille, et la puissance du coup envoya le dragon s’écraser sur un flanc de montagne avec la force d’une météorite. La pierre et le sol explosèrent, des pans entiers de forêts s’effondrèrent sous le poids de la grande bête, et la secousse de l’impact se propagea à travers les racines de la montagne jusqu’à déclencher plusieurs glissements de terrain. Voir cet affrontement rappela à Lortus les mythes de Menoth affrontant le Ver Dévoreur à l’aube de la création, et comment au milieu de leurs batailles, les océans, les montagnes, les canyons et les lacs prirent forme.

   La frappe contre Ashnephos avait laissé une ouverture à Charsaug, et le jumeau saisi l’occasion, serra ses mâchoires sur la gorge de Toruk et fit couler le sang. Charsaug s’accrocha à Toruk, ratissant ses griffes sur la poitrine du dragon jusqu’à ce qu’il soit finalement affaibli pour s’affaler sur le sommet d’une montagne aussi facilement qu’un sur une camelle de sable au sol. Alors qu’il s’agissait d’une blessure mineure, elle étourdit Toruk et l’empêcha de conserver l’avantage. Depuis combien de temps la peu écailleuse de Toruk avait-elle été transpercée. Les deux jumeaux se rétablirent et cerclèrent, poussant des rugissements de défi.

   D’un unique coup d’aile, Toruk perça la couverture nuageuse et fut dissimulé par l’imposante tempête, un temps contre nature provoqué par son arrivée. Ashnephos ne tarda pas à le suivre. Par-dessus la voûte obscurcie, la bataille se poursuivait. Le rugissement de Toruk fut accueilli par un hurlement de rage révolté provenant d’Ashnephos. Les silhouettes ailées se fusionnèrent et disparurent au-delà du voile de nuages, alors que ses êtres immortels se faisaient la guerre dans l’ombre et sous une pluie torrentielle. La danse continua pendant un certain temps jusqu’à ce qu’Ashnephos explose la couverture nuageuse avec son dos tourné vers le sol, chutant vers le bas. Un autre flanc de montagne se brisa en amortissant sa chute. La terre ondula comme un tissu et faillit faire dérailler le train, qui ne resta sur ses rails que grâce à la volonté de la force mystique qui l’aida.

   Indigné par les dégâts infligés à son jumeau, Charsaug s’élança vers le ciel, prenant de l’altitude et se dirigeant vers le royaume de la tempête au-dessus. Lortus se raidit devant la futilité de l’action du dragon.

   Une massive ombre pris forme au-dessus de Charsaug, et lorsque Toruk traversa les nuages sombres, il était en position de piqué, les ailes serrées contre son corps pur lui offrir un surcroît de vitesse. Le Père des Dragons chuta comme une pierre, plaçant Charsaug directement sur son chemin. Sa gueule suffisamment ouverte pour dévorer un navire à vapeur en entier, et il frappa sa progéniture avec assez de force pour briser des aussi épais que des arbres. Les mâchoires de Toruk se serrèrent contre la gorge de Charsaug, et ensemble ils entrèrent dans un tournoiement mortel.

   Charsaug donna des coups de pied et de poings, ratissant Toruk de ses griffes alors qu’ils s’entortillaient, et pourtant il ne parvenait pas à se libérer. Les mâchoires de Toruk se resserrèrent, les dents, les dents pressant les écailles, et alors qu’ils s’approchaient du sol, Toruk donna une torsion. Le craquement des vertèbres se fit entendre sur les sommets, et les rugissements frénétiques de Charsaug l’Ombre de la Montagne se turent.

   Lortus ressentit une terreur primitive et profonde dans sa poitrine en regardant la scène se dérouler. C’est ainsi que le monde devait finir, remodelé à l’image de Toruk. Ses yeux restèrent figés alors qu’il observait l’équilibre ténu ayant maintenu les dragons enfermés dans l’inaction durant des siècles se terminer en quelques instants.

   Toruk remonta vers la tempête, le cadavre de son adversaire dans ses griffes, et lança un rugissement de triomphe avant de plonger profondément son museau dans la poitrine immobile de Charsaug. Du sang draconique noirci s’écoulait de la blessure et brillait comme du magma. Le Père des Dragons rejeta sa tête en arrière et referma ses mâchoires, engloutissant la pierre de coeur de Charsaug. Au fur et à mesure que la pierre était ingérée, les nombreuses blessures infligées à Toruk au cours de la courte bataille se refermèrent, et le brasier infernal qui enveloppait ses yeux et sa bouche s’enflamma avec une nouvelle intensité. La puissance du petit dragon était revenue à son créateur.

   Lortus détacha son regard que lorsqu’il sentit au loin d’autres sources de puissance. Il regarda les autres dragons planer par-dessus les sommets l’un après l’autre pour rejoindre Ashnephos. Ces dragons s’étaient dressés contre Toruk sous la direction de Blighterghast, chacun étant une légende à part entière, chacun étant connu par une litanie de noms acquis au fil des temps.

   D’abord vint Halfaug, connu dans le nord sous les noms de Givre Ancien, Dracoliche et Feu Froid. De grandes épines tapissaient son corps et ses écailles brillaient d’argent à noir alors qu’elle survolait les montagnes. À l’aube de l’Empire Khardique, elle fit la guerre à cette grande nation, faisant fondre ses lances et ses armures sous le mirage chatoyant de la chaleur qui la suivait. À ce jour, les habitants de l’Immoren septentrional parlent de la bataille entre Halfaug et le Roi Kossite Jovaska Descara et les milliers de soldats qui furent incinérés sur la toundra avant que le dragon ne se retire.

   Scaefang, le Mangeur d’Âmes, le Seigneur Noir, suivait de près, ses écailles noires comme de la poix et les yeux brillants de flammes violettes. Pour les habitants de Rhul, il était Scylfangen, et la terreur qu’il avait semée à l’intérieur de leurs frontières a inspiré une propension à l’architecture fortifié. Avec Sceafang, d’autres dragons moins connu de l’Immoren venaient. Gjorlburn le Glas, Umbargoven la Griffe et Horaurak des Neuf Pics Fumants poussèrent chacun une série de rugissements de terreur pour annoncer leur arrivée.

   D’où venaient-ils ? Lortus réfléchit à cette énigme, considérant qu’il était impossible que le vol seul les ait amenés ici si rapidement. C’était comme si la violence entre les dragons avait convoqué les autres, comme si un tout-puissant de Cercle Orboros avait retracé les lignes de force pour traverser une grande distance en un instant. En effet, Lortus senti l’écho de ces puissances dans les pistes derrière chaque monstrueux dragon.

   Enfin vint Blighterghast, le plus grand des descendants de Toruk et l’actuel champion des dragons, connu sous le nom de Bouilloire, Vieux Ravageur et Chaudière des Mers. Blighterghast qui longtemps avait été attentif dans son attente du retour de Toruk sur le continent, qui avait comploté avec Krueger pour rechercher et détruire Everblight. Et maintenant, c’est Blighterghast qui avait rallié les autres pour la bataille contre l’adversaire initial les ayant forcés à se réunir. La pluie sifflait lorsqu’elle heurtait les écailles d’ombre du dragon, s’élevant autour de lui dans un tourbillon de vapeur.

   Toruk jeta le cadavre de Charsaug – le sang bouillonnant toujours du trou béant dans la poitrine du dragon – et émit un rugissement semblable à celui de mille cors appelant au combat et au sang. La tempête s’intensifia, le vent et la pluie tombant comme un ouragan.
   Blighterghast répondit au cri par l’un des siens, Ses mâchoires s’ouvrirent pour révéler les crêtes dentelées d’innombrables crocs. Derrière son rugissement, les voix des autres dragons se firent entendre.

   Éventuellement, avant la mort de Pyromalfic des mains d’Everblight et avant que Charsaug ne soit tué par Toruk, l’alliance de Blighterghast avait une chance contre son créateur. Mais alors que Lortus contemplait l’aube de l’apocalypse, il savait avec certitude qu’il n’y avait plus d’espoir aujourd’hui. Il n’y avait que la suprématie de Toruk, le Père des Dragons, appelé par certains, le Dieu Aîné de Caen.


CHAPITRE 23 : VICTORIA HALEY

La Dame Fracas-de-Guerre était dans un état de chaos, ses voitures en feu et envahies par des réanimés cygnaréens tombés au combat. Haley planta Écho dans un pionnier mort-vivant. Avec un grognement, elle jeta le cadavre encore en vie par-dessus bord.

   Elle remonta les wagons un par un, se frayant un chemin vers celui contenant l’éclat d’athanc. Blaize avait pris les devants avec ces Précurseurs pour le défendre quand les morts s’étaient relevés. Haley était resté derrière pour aider les troupes cygnaréennes survivantes à se rallier contre eux. La corruption nécromantique du Père des Dragons semblait cependant impossible à stopper. Haley ne pouvait rien faire d’autre que de regarder les cadavres des soldats cygnaréens non-vivant abattre ses hommes, mourir puis ressusciter pour rejoindre la foule grandissante de morts-vivants.

   Le dernier de ses hommes étant maintenant parti, elle se fraya un chemin pour retrouver tout ce qui restait des forces de Blaize, seule, à l’exception de ses deux ombres, Passé et Futur, et de Thorn cabossé. Haley ressentit un moment de panique quand elle atteignit sa destination, abandonnée, à l’exception de quelques réanimés. À son grand soulagement, une inspection rapide de l’intérieur de la voiture, révéla que le coffre en métal contenant l’athanc avait été déplacé. Haley savait que la situation devait vraiment être sinistre pour que Blaize s’expose à l’athanc du dragon, peu importe à quel point ils étaient préoccupés par les crocs et les griffes.

   Au moment où Haley rejoignit Blaize et les Précurseurs, ils se déplaçaient en formation rapprochée, combattant les morts-vivants par l’avant et l’arrière, tout en progressant régulièrement vers la locomotive, qui risquait également d’être submergée. Seuls Strangewayes et une paire de Sentinelles se tenaient entre les morts-vivants et la locomotive. La question de la localisation de l’athanc fut résolue lorsqu’elle aperçut la forme de Poêlon en arrière, se déplaçant vers l’avant du train avec la prison de l’athanc serrée contre son buste avec son bras droit.

   « Tunnel ! » cria Strangewayes. Il fait basculer son énorme clé vers le bas et écrasa le crâne d’un soldat mort-vivant, envoyant du sang coagulé et des particules d’os dans toutes les directions. Le face à pic d’un flanc de montagne se profilait à l’avant du train, les rails disparaissant dans un tunnel creusé à sa base.

   Les chevaliers Précurseurs avançaient, s’occupant des morts-vivants entre eux et la locomotive à coups de masse et de bouclier. Haley envoya Passé et Futur incorporels dans les rangs des Précurseurs pour aider à dégager un chemin vers la locomotive. Pourtant, pour chaque mort-vivant abattu sur le toit, trois autres semblaient se frayer un chemin sur les flancs depuis l’intérieur du train.

   S’appuyant sur sa connexion avec son moi passé, Haley déclencha un torrent de force arcanique, créant une ouverture parmi foule de morts-vivants lui barrant la route vers Blaize. Avec Thorn à ses côtés, Haley se dirigea rapidement vers ses camarades.

   « Juste toi, alors ? » Demanda Blaize tandis qu’Haley prenait place parmi la formation assiégée de chevaliers.

   Haley acquiesça, ses yeux exprimant son horreur et son regret pour les pertes humaines.

   « Heureuse de voir que tu es toujours avec nous », dit Blaize. Haley fut surprise par la vague de gratitude qu’elle ressentit face à la sincère sympathie exprimée par Blaize. Pendant un instant, elle ressentit un léger soulagement face au poids de sa culpabilité.

   Avec l’ajout de la puissance arcanique d’Haley, le groupe atteignit les voitures de devant avec un minimum de pertes. Après avoir sécurisé leur position, ils regardèrent le reste du train. La Dame Fracas-de-Guerre était cabossée, enflammée, et envahie de morts-vivants. Ils avaient survécu à la poursuite depuis Orven, mais de justesse. La plupart des emplacements de canon étaient détruits, et ceux qui restaient étaient trop gravement endommagés pour tirer, même s’il y avait des hommes pour manipuler. De même, les tours-tempêtes avaient explosé en raison de surcharges critiques ou leurs délicats mécanismes internes avaient été dévastés par les forges-tempêtes réanimés.

   « Nous devons découpler les voitures », déclara Haley, résolue en entendant des morts-vivants supplémentaires remonter des voitures arrière. « Et nous devons le faire maintenant, avant d’atteindre Gare-Pointacier. »

   Haley braqua son canon à main sur les réanimés en approche et tira. « je vais avoir besoin de ce Centurion », dit-elle, en penchant le menton vers le warjack lourd peint aux couleurs de l’église. « Et de place. »

   « Je vais te le confier », dit Blaize, et Haley put sentir son esprit se détacher de son cortex. Puis la warcaster morrowéenne cligna des yeux. « Oh, mais le verrou de sécurité du cortex... »

   Haley compris le problème – bien qu’elle soit alliée à Cygnar, l’Église de Morrow utilisait ses propres verrous de sécurités et aurait une configuration mentale différente pour les ouvrir. « Montre-moi », dit-elle. Comme Blaize lui lançait un regard perplexe, elle dit avec confiance « Déverrouille le » et posa sa main contre le châssis du Centurion.

   Blaize fronça les sourcils mais obtempéra, le touchant également. Haley put sentir une configuration complexe de volonté et d’énergie pénétrer le cortex à l’intérieur du châssis, une séquence qui miroita dans l’esprit d’Haley comme une rémanence runique. « Confie-le-moi à nouveau », déclara Haley. Lorsque Blaize ôta son contrôle, Haley refléta cette configuration mentale dans les verrous, qui s’ouvrirent pour laisser son esprit prendre le contrôle. Ce fut comme copier une clef en l’enfonçant dans de la cire molle. Elle n’aurait pas pu l’expliquer à Blaize comment cela fonctionnait. Au lieu de cela, elle sourit seulement et dit : » Vas-y ! Je m’en occupe. »

   L’image rémanente de ce motif s’effaçait déjà de son esprit. Elle ne connaissait as réellement les signaux mentaux employés par les warcasters de l’Église de Morrow pour déverrouiller leurs cortexes et avait seulement emprunté le schéma de déclenchement. Elle avait depuis longtemps l’aptitude de briser les verrous de sécurité de cortexes – résultat de sa sensibilité aux énergies arcaniques et de son aptitude à fusionner avec la mékanique.

   Haley se pencha rapidement dans l’espace séparant leur voiture de la suivante. Un solide coup d’Écho brisa les broches logées dans l’accouplement et les crochets s’écartèrent. Lorsqu’Haley eut déconnecté les voitures au-dessus du Banwick, elles avaient plongé dans le fleuve alors que le pont s’effondrait sous elle. Cette fois, les voitures découplées continuèrent à rouler derrière, conservant la majeure partie de leur élan.

   Haley fit avancer le centurion et lui ordonna de planter la pointe de sa lance contre le flanc du wagon arrière et de faire levier pour séparer les deux moitiés du train. Centimètre après centimètre, les wagons s’écartèrent jusqu’à ce qu’un espace aussi large que la lance du Centurion se forme.

   Au sommet de l’autre voiture, une foule de réanimés s’était rassemblé, sifflant leur mécontentement d’être distancé de leurs proies. L’un sauté sur Haley, mais ses mains pourries furent déviées par son champ de force avec un éclair de lumière avant de tomber. Avec un écœurant craquement d’os, la créature fut aspirée sous les roues des voitures découplées et écrasée.

   « Je suis désolé », murmura Haley, en endurant la vision des morts alors qu’elle se hissait en haut de la voiture restante. Elle ordonna au Centurion de reculer, et après un élancement, il dévala l’espace et s’écrasa à l’avant de la voiture adverse. Le bras du bouclier du ‘jack s’était accroché au bord du toit, le laissant suspendu pendant un moment jusqu’à ce qu’Haley serre les dents et lui donne l’ordre mental au ‘jack de lâcher prise.

   Le Centurion heurta les roues dans une pluie d’étincelles et un hurlement de métal froissé. La première des voitures découplées dérailla et plana avant de se plier en portefeuille, entraînant avec elle la voiture suivante. De la poussière et des éclats de métal furent projetés dans toutes les directions, et les wagons déraillé se brisèrent en faisant des tonneaux, rebondissant et projetant les débris en tombant le long des rails. Le son était presque assourdissant alors que l’acier et le fer se brisaient sur la roche et la terre. Les morts-vivants furent broyés ou aplatis, laissant des traînées rouges entourant l’extérieur des voitures. La poussière tourbillonna tout autour du tumulte, et lorsque l’épave cessa ses tonneaux, elle se perdait déjà au loin.

   Haley se retourna et découvrit les regards des survivants poser sur elle. Ils avaient perdu des camarades, et maintenant, il n’y avait aucune garantie que les corps soient retrouvés. Il était impossible de savoir ce qu’il adviendrait de leurs âmes, libérées si près de Toruk. Il semblait tout à fait probable que beaucoup seraient condamnés à ne jamais passer à Urcaen, bien que les Précurseurs puissent probablement revenir pour faire ce qu’ils pouvaient. Ceux qui avaient été tués ici s’attendaient à un sort tout à fait différent lorsqu’ils étaient montés à bord de ce transport. De nouveau, elle se sentit coupable d’avoir amené l’athanc à Orven, mais que pouvaient-ils faire d’autre ? Quel que soit l’endroit où il allait, le destin le suivrait.

   Une série de profonds rugissement retentit au-dessus, et elle leva les yeux pour voir des ombres qui s’affrontaient et d’intenses flammes au milieu des nuages alors que les dragons rassemblés combattaient Toruk. Cette vision aurait dû servir de rappel des enjeux et diminuer sa part dans les choses, mais cette connaissance n’apaisa pas la culpabilité qu’elle ressentait. Elle ouvrit la bouche pour dire quelque chose à Blaize, mais aucun mot ne vint. Elles partagèrent un regard angoissé alors que le flanc de la montagne s’élevait et que le tunnel les engloutissait entièrement.


CHAPITRE 24 :NIDOBOROS

Ténèbres, ténèbres, depuis si longtemps je ne connais que les ténèbres. Depuis combien temps n’ai-je pas ressenti la puissance de ma chair ? De vent contre mes écailles et du feu brûlant dans ma poitrine ? Depuis combien de temps suis-je confiné dans cette prison et dénié de ma nature ?

   Nous ne ressentons pas l’écoulement du temps comme les créatures inférieures, et pourtant je suis obligé de l’affronter. Il n’y a rien pour marquer les années au sein de ce néant, mais maintenant la lumière a percé le vide éternel. Je peux enfin sentir les esprits des mortels à l’extérieur. Ce qui m’a été refusé est rétabli. Je sens leur peur, leur anxiété, leur … fragilité. Il m’appelle comme je les appelle. Ils sont et seront toujours des créatures si tristes et pathétiques. Si facilement manipulable, si facilement corrompus. Venez à moi, choses éphémères de chair et de pensée fugace !

   L’humaine dont l’esprit se nomme Reynolds est une simple marionnette, sa volonté s’ouvrant à moi d’un simple toucher. Un murmure dans son esprit et elle bondit pour obéir. Par elle, je concevrai mes moyens d’évasion. Je retrouverai ma glorieuse forme.

   Mon plan change. Je peux le sentir, mon satané créateur planant au-dessus de moi. Son existence continue me remplit d’une rage insoupçonnée depuis ma chute. Toruk, qui a exigé de ses enfants qu’ils s’inclinent et lui abandonne leur volonté. Toruk qui nous a chassés un par un lorsque nous avons refusé. Notre gloire suscitée ne doit pas être détruite.

   Je me souviens du jour où ma chair m’a été arrachée. Je me souviens avoir affronté mon créateur. J’étais le plus puissant d’entre tous, le plus grand de ceux engendrés par l’orgueil de Toruk. Aussi puissant que je l’étais, je savais que Toruk l’était encore plus. C’est moi qui ai compris le premier que nous devions nous unir contre lui. Ils le croyaient immortel et invulnérable. Notre dieu des dieux.

   Moi seul ai eu le courage de leur montrer, de m’élever avec mes griffes, mes crocs et mon feu/ J’ai porté un coup dur à mon père. J’ai ouvert la voie aux autres, et ils m’ont immédiatement oublié, aveuglés par leur arrogance. Puis il y a eu la noirceur de l’oubli, et le monde m’a été dissimulé.

   Je vois que mon exemple n’a pas été suffisant. Ils ne l’ont pas vaincu et n’ont fait que retarder l’inévitable. Toutes ces années perdues et ils n’ont rien appris. Je peux le sentir devenir plus fort. Ils le combattent, mais ils vont perdre. Ils sont plus faibles maintenant qu’avant. Moins nombreux.

   Même si je suis libéré de cette prison maintenant, il me faudrait des années pour retrouver ma forme et ma force. Il est trop tard. Toruk aura sa victoire.

   Et pourtant, Blighterghast approche. Il est maintenant leur champion, mais il ne suffit pas. Pas encore.

   Ma haine est forte, plus puissante qu’avant, amplifiées par les ténèbres sans fin dans lesquelles j’ai été jetée. Et j’ retournerai si c’est ce qu’il faut pour mettre fin à Toruk. Je trouverai un moyen. Je plierai et briserai ces créatures inférieures, et leur ferai mon offre. Toruk tombera.


CHAPITRE 25 : LORTUS

L’affrontement entre l’alliance des dragons et Toruk dériva à travers le Mur du Dragon, et Lortus suivit. D’un éclair, il se tenait dans un ancien site de pierre levée situé sur les sommets au-dessus de la colonie rhulique du Conclave Pointacier, la plus grande concentration de rhulfolk au-delà des frontières de leur patrie au nord. Ici, au-dessus des fortifications étagées nichées dans les montagnes, les dragons étaient arrivés pour voir leur bataille s’achever.

   En apercevant Toruk et les autres dragons, Lortus demanda des renforts, et les capes noires lui obéissant arrivèrent par un ou deux, apparaissant avec leur propre grondement faisant écho. Deux douzaines de druides se tenaient parmi les arbres voisins ou s’agenouillaient le long du rebord surplombant l’enclave. Ils attendaient avec impatience et de temps en temps l’un d’eux se tournait vers Lortus comme s’il attendait une instruction, mais le tout-puissant n’en donnait aucune. Dans une guerre entre dragons, le Cercle Orboros n’avait guère la possibilité d’exercer une influence directe. Lorsqu’ils agiraient, le moment devrait être choisi avec soin pour atténuer le mal que le Seigneur des Tempêtes avait déjà causé.

   Il avait regardé le train transportant l’athanc désincarné disparaître sous la montagne. Il se dirigeait vers la Gare-Pointacier. Cet éclat était l’une des rares pièces du conflit sur lesquels il était possible d’agir, et il saisirait l’opportunité s’il se présentait. Ils devaient d’une manière ou d’une autre protéger cet éclat des dragons. Lortus se demanda si son pouvoir lui permettrait de le bannir loin d’ici. Cela constituerait un grand péril – le réseau de ligne de force pourrait se rompre entièrement dans son état actuel d’affaiblissement. Surtout, il ne souhaitait pas que Toruk acquière plus de pouvoir. L’équilibre entre le Père des Dragons à sa progéniture était en train de basculer, et de bouleverser le destin de Caen également.

   La tempête annonçant l’arrivée de Toruk ne se calma pas. Elle s’intensifia même. Le vent et la pluie secouant les manteaux de Lortus et des autres druides. Des éclairs fendaient le ciel et fouettaient les sommets, envoyant des morceaux de roches brisées cascader sur les pentes. Sous la corruption concentrée des dragons, les montagnes et les rochers étaient devenus un paysage de cauchemar bordés d’arbres corrompus et de longues ombres. C’était une vision parfaite de l’apocalypse, pensa Lortus avec ironie.

   Alors que la bataille entre Toruk et les jumeaux d’Erdross avait été une bagarre désespérée, le conflit actuel était celui de manœuvres coordonnées et de tactiques d’harcèlements. Individuellement, aucun des dragons rassemblés ne pouvait s’opposer à Toruk, mais par la force du nombre et des manœuvres coordonnées, ils cherchaient échapper à la destruction et à écraser leur créateur.

   Gjorlburn et Umbargoven passèrent devant Toruk au niveau des yeux, ce qui incita le Père des Dragons à cracher un brasier funeste qui leur lécha la peau. Au même moment Halfaug se précipita pour planter ses griffes dans le dos de Toruk avant que de s’élancer hors d’atteinte. Ashnephos et Scaefang frappèrent également les ailes de Toruk en espérant gêner le mouvement du dragon aîné. Horaurak, blessé pendant la bataille, planait aux limites du combat, une série de larges entailles barrant sa poitrine à l’endroit où Toruk avait attrapé le dragon avec ses griffes. Tous les challengers procédaient avec prudence. Parmi eux, seul Blighterghast faisait exception.

   Durant seize siècles, Blighterghast avait veillé sur le Mur du Dragon et patrouillé la Côte Brisée, déterminé à affronter Toruk s’il s’aventurait à nouveau sur le continent. Maintenant, il attaquait avec une agressivité dépassant celle de ses frères et sœurs. Encore et encore, il se jeta sur Toruk, échangeant des coups et des morsures vicieux. Lortus avait passé de nombreuses décennies à regarder Blighterghast, mais n’avait jamais vu le dragon totalement déchaîné. C’était terrifiant et génial à voir. Blighterghast ne reculerait pas. C’était par sa volonté que l’alliance avait tenu. Et c’est maintenant lui qui dirigeait cette terrifiante bataille contre un ennemi supérieur. Son temps à observer le Cryx et méditer sur Toruk n’avait peut-être pas été perdu, car il semblait connaître et anticiper les mouvements du Père des Dragons, guidant les autres dans leur impossible danse.

   Toruk attrapa Umbargoven d’un coup de queue et envoya le petit dragon chuter, s’écraser à travers les murs et les structures de la colonie naine. Umbargoven se releva, secoua la poussière de ses ailes et se lança à nouveau vers le ciel, laissant derrière lui un cratère de ruine. Le schéma des dragons tournoyant avait été déséquilibré et était devenue erratique.

   Des cloches d’alarme retentissaient depuis que l’affrontement des dragons s’était déplacé à la vue du Conclave. Lortus pouvait voir des centaines de rhulfolk armurés se déplacer le long des remparts, mais jusqu’à présent, les canons de la colonie demeuraient silencieux. Même si la population évitait de provoquer les dragons ci-dessus, Lortus ne leur donnait pas de grands espoirs de survie. Les dommages structurels seuls s’avéreraient sans doute catastrophique.

   Lortus fut informé que le train avait atteint son tunnel avec sa cargaison toujours en remorque, un répit temporaire. Quelle que soit l’issue de cet affrontement entre Toruk et sa progéniture, le vainqueur chercherait sans aucun doute l’athanc désincarné sous la croûte de la ville. Il ordonna à l’un de ses subordonnés de surveiller les voies ferrées menant vers l’est. Si le train se traînait vers sa prochaine destination, il ferait tout ce qu’il pouvait pour réclamer l’éclat et le bannir loin d’ici puis déterminer son prochain mouvement. C’était un objectif sans espoir, mais c’était tout ce qu’il avait.
« Modifié: 17 mars 2020 à 21:02:37 par elric »
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

Si vous constatez des fautes d'orthographe et/ou de conjugaison, des phrases à remanier pour une meilleur compréhension.
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Re : La Colère du Père des Dragons
« Réponse #6 le: 24 février 2020 à 20:08:34 »
CHAPITRE 26 : VICTORIA HALEY

Ce qui restait de Dame Fracas-de-Guerre suivait les rails, toujours s’enfonçant, engouffrant kilomètres de pierre après kilomètres de pierre en plongeant dans les profondeurs. La lumière du monde extérieur s’estompant. Derrière eux, l’entrée du tunnel n’était marquée qua par un cercle de lumière décroissante. Périodiquement, les lanternes le long du mur du tunnel interrompaient l’obscurité. Ils se hâtaient avec rien d’autre que le bruit des roues de la locomotive sur les rails pour briser le silence.

   Haley s’effondra d’épuisement. La fatigue mentale requise pour faire avancer le train et la douleur envahissant ses muscles l’a rattrapé dans l’obscurité. Elle ferma les yeux, respira profondément, reconnaissante qu’ils aient atteint la sécurité – du moins pour le moment. De longues minutes s’écoulèrent, et dans son état de fatigue, elle se demande si leur descente en dessous de la montagne n’était pas sans fin. Peut-être qu’elle et toutes les personnes à bord de Dame Fracas-de-Guerre avaient péri et qu’ils voyageaient dans un sommeil sans fin. Peut-être était-elle maintenant parmi les réanimés, ou peut-être voyageait-elle à bord d’un train fantôme à Urcaen.

   À l’avant du train, une lumière commença à grossir, son illumination plus forte que les faibles lanternes. Alors que les rails du train poursuivaient leur trajectoire en courbe, la minuscule lumière s’intensifia, croissant rapidement. Dame Fracas-de-Guerre était arrivée dans l’énorme caverne éclairée au gaz qui abritait Gare-Pointacier.

   Des étais érigés depuis les profondeurs de la caverne maintenaient les rails dans les airs, et le train sembla glisser pendant un certain temps en plein ciel. Des échafaudages et des passerelles en fer se croisaient à intervalles réguliers, et des bâtiments de toutes sortes étaient perchés au-dessus et au-dessous, leurs structures état ancrées aux parois de la caverne. Des complexes configurations d’engrenages et de poulies soulevaient et abaissaient de nombreuses plates-formes grillagées tandis que tout autour d’elles, les bruits de l’industrie rebondissaient sur les imposants murs de pierre et résonnaient à travers la station en perpétuel réagencement.

   Le train s’arrêta sur une plate-forme soutenue par d’épaisses poutres en acier, poussa son dernier souffle de vapeur. Le quai bourdonnait d’activité. Hommes et femmes se dépêchèrent d’ancrer les passerelles en place et de désactiver les machines. Un impact secoua le complexe, et la pierre et la poussière dégringola du plafond de la caverne.

   « On dirait qu’ils confinent tout à cause de la bataille », déclara Haley, alors qu’elle et Blaize descendaient du train.

   Un autre impact détacha un morceau de pierre du plafond et percuta une passerelle en acier avant de plonger dans l’obscurité.

   Blaize regarda d’un air menaçant au-dessus d’elle. « Ça n’aura peu d’importance si la montagne entière s’effondre sur nos têtes.

   Haley regarda le plafond avec méfiance mais ne dit rien.

. . .
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   Haley se tenait derrière Strangewayes et le regardait examiner le générateur de champ de force endommagé monté sur le cube. Les nombreux tuyaux passant le long de l’appareil étaient bosselés et rompus. Le dernier souffle de vapeur s’était évacué en plein air avant d’atteindre Gare-Pointacier. La turbine arcanique avait subi le plus gros des dégâts et les métaux précieux qui formaient l’appareil étaient tordus au point d’être méconnaissables.

   Strangewayes inclinait la tête de tous les côtés, faisant des bruits de mécontentement dans sa gorge. « C’est le problème d’être le meilleur foutu mékanicien de l’armée. Vous faites des miracles pour fabriquer quelque chose et puis, quand avorton va le casser, les gens s’attendent à ce que vous le répariez à nouveau. »

   « Mais tu peux le réparer ? » Demanda Haley.

   Strangewayes lui lança un regard. « Je viens de dire que j’étais le putain de meilleur mékanicien de toute l’armée. Je peux le réparer avec les pièces appropriées. » Strangewayes ajouta doucement : « Peut-être. » Une pipe fumante se consumait entre ses dents. « Nous devons demander autour de nous et voir quel type de matériaux sont à portée de main. Je pourris peut-être employer les pièces de rechange de certains des équipements industriels utilisés dans les mines, mais les pièces prendront certainement plus de place. Il n’y a des limites à ce qui peut être fait sans une autre turbine arcanique, et je m’exprime avec certitude quand je fis que nous ne trouverons rien de tel ici. Comment ce s’est-il produit ? Vous m’avez dit que le champ s’est effondré avant que nous quittions Orven ? »

   « Saboté », dit l’Aumônier Corley.

   « Saboté ? » Strangewayes fit écho « Par qui ? »

   Avant que l’aumônier ne puisse répondre, le bruit du raclement du métal contre du métal attira l’attention de tous. Il eut un cri de rage, et Reynolds, la mékanicienne adjointe accompagnant Blaize et son équipage sur le Banwick, se précipita sur eux depuis le bas de la plate-forme, étant manifestement sortie de sous le train. Sa bouche était grande ouverte au milieu de son cri, et ses yeux avaient pris une teinte noire. Alors qu’elle courait, elle traînait derrière elle un morceau de tuyau, celui produisant une étincelle occasionnelle alors qu’elle se rapprochait.

   « Attention ! » Cria Haley. Elle prépara un sort, mais fut pas assez rapide. La mékanicienne abattit le tuyau sur le visage d’un chevalier Précurseur, brisant le nez de l’homme avec un craquement écœurant. L’instant d’après, les chevaliers environnants s’emparaient de la mékanicienne et lui arrachaient le tuyau des mains. Elle leur donna des coups de pied et se mit à mordre, essayant de leur ouvrir la gorge avec ses dents. Haley se souvint de l’apparence de la femme lors de leur voyage vers Orven, sa santé étant affectée par les fuites d’énergies corruptrices, mais ce n’était rien comparé à cela. Sa peau était devenue cendrée, et un certain nombre d’excroissances saillaient de ses bras. Normalement, des tels changements prennent beaucoup de temps, mais une exposition directe au sang du dragon avait accéléré la transformation. Un regard dans les yeux de la mékanicienne informa Haley que son esprit et son corps n’étaient plus siens. Lorsqu’elle cessa de se débattre, la mékanicienne ne regarda pas ses ravisseurs mais le cube de métal, les orbes noirs de ses yeux focalisés sur ses surfaces.

   « Eh bien, cela répond à la question de savoir qui », déclara Strangewayes alors que l’agitation se calmait. « Qu’est-ce qui ne va pas chez elle. »

   « Je dirais que l’athanc a modifié son esprit », déclara Blaize, en s’avançant pour examiner la jeune femme. « Elle n’est plus elle-même. Nous ne savons pas exactement comment ce genre de chose fonctionne, mais souvent, les personnes corrompues voient leur personnalité et même leur loyauté changer. »

   « Pouvez-vous la guérir de cela ? » Demanda Haley, en se tournant vers Blaize et Corley.

   « Non », répondit Blaize. « Ce n’est pas quelque chose d’aussi simple qu’une maladie ou une blessure. Cela aura pu affecter son âme même. À mois d’un miracle de Morrow, le mieux que nous puissions espérer serait de l’emmener loin de la source de corruption et de lui donner du temps. Elle ne sera probablement plus jamais la même. »

   Le plafond de la caverne trembla, et des débris tombèrent sur la plate-forme. Quelque-part au-dessus, un dragon laissa échapper un rugissement, et les tunnels de pierre réverbérèrent le son déformé vers eux, faisant écho le long des parois de la caverne. Le combat entre les dragons était intense.

   « Alors nous devrions le détruire », déclara Strangewayes, en tapotant les cendres de sa pipe. « Nous détruisons l’athanc. Si on a le choix entre reconstruire un champ qui pourrait ne pas fonctionner et se débarrasser de la chose, je dirais que le choix est simple. »

   « Si seulement c’était aussi facile », déclara Blaize. « Personne ne sait comment détruire une pierre de coeur de dragon. À ma connaissance, cela n’a jamais été fait. Les sceller ne sembla pas fonctionner non plus, pas qu’il y ait eu beaucoup de chances. Je suppose que celui-ci a été enfermé pendant la plus longue période que l’on ait jamais connue. »

   Reynolds interrompit leur conversation par une série de mots inintelligibles. Ses lèvres s’agitaient et claquaient, et ses yeux étaient maintenant fixés sur le plafond de la caverne plutôt que sur le cube. Elle s’exprimait d’une manière gutturale, et les chevaliers qui la tenaient par les bras échangeaient des regards inquiets.

   « Eh bien, si nous ne pouvons pas détruire le dragon, je dis que nous devrions réparer le champ de confinement, l’emmener au fond des mines et l’enterrer. » Les paroles de Strangewayes furent accueillies par plusieurs hochements de tête.

   La mékanicienne corrompue commença à prononcer ses mots étranges plus rapidement et s’en prit à ceux qui la tenaient. Il semblait à Haley que les actions de la mékanicienne n’étaient pas dénués de sens mais liées à leurs paroles. C’était comme si l’athanc écoutait et répondait par l’intermédiaire de Reynolds, semblable à la façon dont Haley pouvait agir à travers un warjack.

   « Nous ne pouvons pas », dit Haley, en articulant lentement ses mots alors qu’elle formait ses pensées. « Même si nous construisons un nouveau champ et l’enfouissons profondément, avertissons tout le monde, quelqu’un tombera inévitablement dessus. Il semble qu’il puisse étendre son propre esprit et attirer quelqu’un en bas. D’ailleurs, quel que le vainqueur de cette lutte entre Toruk et les autres dragons, le vainqueur viendra chercher la pierre de coeur. Et une montagne peut-elle arrêter un dragon ? »

   Strangewayes s’affaissa contre Dame Fracas-de-Guerre, les bras croisés sur sa poitrine. « Et alors ? On ne peut pas la laisser comme ça. Je pense que nous sommes tous d’accord sur ce point », dit-il en désignant la mékanicienne adjointe corrompue.

   Haley se dirigea vers la mékanicienne adjointe alors que ses vociférations atteignaient de nouveaux sommets. Bien qu’elle ne puisse pas comprendre les paroles, elle pouvait sentir l’émotion derrière eux. Il y avait de la rage, mais il s’agissait d’autre chose que de l’emprisonnement du dragon. Elle observa les yeux de la mékanicienne s’éloigner du plafond, et lorsqu’un rugissement particulièrement puissant se fit entendre au-dessus, la jeune femme prononça les paroles avec plus de conviction. Les pensées d’Haley revinrent au moment où elle avait touché le cube pour la première fois, et la série de visions que le bref contact avait projeté dans son esprit – une séquence d’images s’étendant dans le temps, suivant le sort de la pierre de coeur. Le nom de Nidoboros lui vint. Elle avait observé ce dragon affronter Toruk seul, sans espoir. C’était un champion dans son genre. Par son acte désintéressé, le dragon avait perdu son corps mais blessé Toruk, donnant à ses frères une raison de s’unir contre lui. Des crachats volèrent des lèvres de la mékanicienne possédée, et Haley se demanda à qui étaient destinés les mots de colère.

   « Toruk », marmonna Haley. À cette parole, la mékanicienne cessa ses diatribes et le regarda fixement, fronçant les sourcils. C’était une indubitable réaction au nom.

   Haley se tourna de la mékanicienne vers le cube, tenant sa main gantée à la surface de la prison avant de presser sa paume à plat dessus. La réponse fut hostile et immédiate. Cette fois, plutôt que d’être bombardée par une série de visions, Haley sentit une autre conscience s’avancer pour lutter avec la sienne, la surprenant par son agression. Seul son talent arcanique naturel et les années qu’elles avaient passées en tant que warcaster avaient renforcé son esprit ; chaque frappe guidée d’un warjack et chaque sort qu’elle avait lancé avaient développé et exercé ses pouvoirs mentaux. Ses récentes expériences n’avaient fait que renforcer sa volonté, et avec cette force mentale, elle tint l’entité à distance. L’esprit d’Haley s’enferma dans une lutte avec la volonté étrangère d’un dragon, chacun luttant pour la domination.

   Ralentissant sa respiration, Haley fit surgir une vague de souvenirs de champs de bataille lointains. Elle y combattit à travers d’innombrables nécroserfs, fendant leurs corps en décomposition avec Écho et lançant sorts après sorts sur les rangs des morts. Un Cœliaque explosa et répandit son acide sur une ligne de pionnier. Des warjacks peints aux couleurs du Cygnar, bleu et or, tonnaient à travers le champ de bataille sous le commandement d’Haley pour entrer en collision avec des helljacks alimentés à la nécrotite. Dans un autre souvenir, elle trancha sa sœur Deneghra en deux et regarda les moitiés de son corps tomber au sol. Un autre souvenir était entaché par le sang de ses parents lorsque les pillards cryxiens avaient tué sa famille.

   Haley avait passé toute sa vie à défendre les frontières de Cygnar contre les horreurs nées sur les Îles Schardes, toutes provenant de Toruk le Père des Dragons. Elle s’appuyait sur ces cauchemars maintenant, les canalisant à travers la connexion tendue qu’elle partageait avec l’athanc emprisonné. Les efforts du dragon pour prendre possession de son esprit vacillèrent, et elle en profita pour projeter une unique pensée forte, espérant qu’elle passerait à travers. NOS OBJECTIFS NE SONT PAS SI DIFFÉRENTS – NOUS AVONS UN ENNEMI COMMUN.

   La conscience du dragon se retira, la laissant à ses pensées, mais un lien de connexion demeura. Elle s’appuya contre le flanc du cube, sa respiration laborieuse. Blaize s’avança, mais Haley l’éloigna. Elle avait pris un risque considérable en entrant en contact avec l’athanc, et maintenant qu’elle avait établi un lien, elle n’avait pas l’intention de le perdre. Elle calma à nouveau sa respiration et ferma les yeux.

   L’esprit de Nidoboros était totalement étranger, les profondeurs de sa conscience un impossible labyrinthe. Haley devait garder le contrôle. Si elle enchevêtrait trop étroitement dans cette antique et inconnaissable entité, elle serait perdue. Un long silence remplit l’espace entre eux, et elle pouvait presque sentir le dragon penser. Des mots émergèrent des nombreux pans de l’esprit du dragon, mais ils étaient dans une langue oubliée, inconnue d’Haley. Ils apportèrent une série d’images brouillées, peut-êtres destinées à traduire leur signification.

   Des griffes et une flamme verte dansèrent derrière les yeux d’Haley alors qu’elle revivait l’antique affrontement contre Toruk, la mémoire du dragon véhiculait la haine et une détermination aveugle. Nidoboros laboura la chair de Toruk, libérant des fleuves de sang corrompu, mais le champion des dragons fut abattu. La vision changea. Plutôt que d’être consumé par l’obscurité, Haley regarda le corps de Nidoboros s’effondrer vers l’intérieur, se desséchant en un nuage de cendres mouvant pendant un certain temps jusqu’à ce qu’il se condense pour former le corps d’un autre. Le dragon nouvellement formé secoua la suie de ses écailles et se révéla être Blighterghast. Ressuscité des cendres, Blighterghast semblait non seulement revigoré, mais aussi changé. Les prouesses de combat se perpétuèrent dans un autre. Haley savait qu’elle ne regardait pas un événement passé, mais un futur possible, devant s’accomplir.

   Haley retira sa main de l’acier froid de la prison de l’athanc et regarda tout à tour chacun de ses alliés. « Je sais comment nous pouvons arrêter Toruk. Nous devons libérer l’athanc du dragon du cube. »

   « Quoi ? Pourquoi ? » Sursauta Haley.

   « Nous allons donner l’athanc à Blighterghast. » Ses yeux brillaient de la vision des champions du passé du passé et du futur unis pour arrêter le Père des Dragons. L’ombre de Toruk ne recouvrirait plus Immoren tel un linceul.

. . .

   Avec Haley et Blaize au premier plan, la colonne de chevaliers Précurseur et de warjacks naviguaient dans le tunnel principal, qui s’étendait de la Gare-Pointacier au Conclave Pointacier. Poêlon portant la prison de l’athanc, fermait la marche avec les autres ‘jacks à ses côtés.

   « L’enclave naine nous donnera accès à la surface », déclara Haley. « Ça ne devrait plus être loin. »

   « Et alors ? » Demanda Blaize.

   « En toute honnêteté, je ne sais pas » répondit Haley. « Je découvre au fur et à mesure. »
   Le tunnel s’élargit et céda la place à une petite caverne au centre de plusieurs tunnels se croisant. La pierre avait été travaillée, façonnée pour être plus attrayante à l’oeil, et des parties des parois supérieures avaient été sculptées pour créer une large mezzanine encerclant l’espace, un certain nombre de stalles avaient été érigées. À la lumière de la lutte au-dessus, la pièce semblait abandonnée, la nature éclectique des étals démontrait que les marchands rhuliques et cygnaréens avaient partagé l’espace, employant peut-être la caverne comme point central du commerce entre Gare-Pointacier et Conclave Pointacier. Il était clair que cette caverne avait servi de sorte de bazar.

   « Nous devons être proches », déclara Haley. Elle se dirigea vers le tunnel opposé lorsqu’un mouvement au niveau supérieur attira son attention. Elle pivota vers la source Écho prête.

   « Là-haut ! » Cria Blaize. De l’autre côté de la chambre, quelque chose d’autre se précipita sur le mezzanine et encore une fois, ce fut trop rapide pour qu’Haley puisse se concentrer dessus. Le reste des chevaliers Précurseurs entra et le rugissement des chaudières des warjacks se répercuta sur les murs.

   Une explosion d’activité signala l’assaut et les warlocks nyss corrompues du fleuve bondirent, des rebords, au milieu des chevaliers Précurseurs rassemblés. Des runes se formèrent autour du poignet de la porteuse de lance et un chatoiement d’air traversa un chevalier. Au même moment, la warlock à la longue épée décapité un soldat et continua son effusion de sang avec un roulé boulé latéral lui permettant de trancher les jambes d’un autre. Le sang éclaboussa la pierre et gicla sur les étals vides du marché.

   Haley fit appel à Passé et Futur, mais cette fois les jumelles étaient prêtes à affronter les projections temporelles. Une rafale de vent, tranchant comme un rasoir, fendit Futur au moment où elle se matérialisa, et la nyss brandissant l’épée abattit Passé avec une série de coups d’épée trop rapides pour être contrés. La lame amplifiée par les runes s’avéra capable de disperser la forme incorporelle de Passé.

   Blaize et Corley foncèrent tête baisée contre la warlock à l’épée, déterminée à empêcher la mort d’autres chevaliers, et Haley affronta l’autre. Les lances s’entrechoquèrent, se séparant et se heurtèrent à nouveau, les deux porteuses avançant et reculant alors qu’elles prenaient et cédaient du terrain. La colère s’empara de la warlock et elle s’avança avec une telle ténacité qu’Haley fut obligée de reculer sous l’assaut. Elle dut se fier à son instinct pour contrer la lance adverse avec Écho à maintes reprises. Haley ne s’était jamais considérée comme maître dans le combat de mêlée – ses forces étaient ailleurs – mais elle avait suffisamment d’entraînement et d’expérience durement acquise pour être assez habile lorsqu’elle combattait sur la défensive. Malgré la violence de l’attaque, Haley se rendit compte que ce n’était pas une attaque généralement portée par une ennemie martialement supérieure. Il s’agissait plutôt du dernier effort, tout ou rien, d’un individu désespéré.

   Déviant toujours les coups de lance de la warlock, Haley jeta un coup d’oeil au bazar et remarqua l’absence de rejetons draconiques. Haley en savait assez sur les warlocks des terres sauvages pour savoir qu’ils se fient à leurs bêtes, puisant leur puissance et leur vitalité mystique. Tout comme le manque de turbine arcanique de Blaize l’avait rendue vulnérable, l’absence de rejetons draconiques faisait de même pour celles jumelles. Avec ce fait à l’esprit, Haley appâta son adversaire, s’efforçant de détourner les attaques tout en n’offrant aucune des siennes. Au lieu de cela, elle concentra sa volonté sur le renforcement du champ de force généré par sa turbine arcanique. Elle se battait uniquement sur la défensive.

   Les attaques de la warlock se succédèrent à un rythme effréné, repoussant Haley et la forçant à céder du terrain à un rythme régulier. Les coups occasionnels rencontraient le champ de force d’Haley, provoquant des étincelles bleues avant d’être projetées sans danger sur le côté. Elles traversèrent le bazar à vive allure, leur jeu de jambes étant aussi rapide que leurs lances. Une fois Haley dos au mur, elle effectua un mouvement.

   Faisant confiance à son champ de force pour détourner la lance de la warlock, Haley se lança dans une soudaine série de coups prenant la nyss au dépourvu et la plaçant sur la défense. Écho s’avança, projetant la lance de la nyss sur le côté ou sans danger au sol avant de marquer coup sur coup. Haley se concentra sur la vitesse plutôt que sur la puissance – les coupures étaient superficielles, destinées à blesser plutôt qu’à tuer. Le cours du combat s’inversa et les deux adversaires foulaient le même terrain, mais la domination avait changé de côté. Écho taillada l’épaule de la warlock, la retournant et l’instant d’après, Haley fauchait la nyss avec Écho, la faisant tomber. Elle toucha le sol avec force et quand elle roula pour faire face à Haley, la warcaster pointait Écho sur sa poitrine. La botte d’Haley suivit, clouant davantage son adversaire.

   « Bouge plus », dit Haley, s’adressant plus à la nyss maniant l’épée qu’à celle sous sa botte. Elle regarda où Blaize et Corley se tenaient face à l’autre warlock. Tous trois étaient immobiles, observant attentivement l’endroit où Écho rencontrait le sternum de la nyss.

   Maintenant que les combats étaient terminés, Haley prit l’ampleur des pertes. Six chevaliers Précurseurs gisaient sur le sol de pierre, le sang s’accumulant autour de leurs corps mutilés. Sa colère s’enflamma, et elle combattit l’idée d’enfoncer Écho dans la poitrine de la nyss. La seule chose qui l’arrêta fut de savoir que cette nyss pouvait servir de moyen de pression contre sa redoutable compagne. Si Blaize avait eu accès à son propre champ de force, la situation aurait pu être moins périlleuse, mais Haley n’avait pas l’intention risquer de perdre la warcaster morrowéenne.

   « Dis à ta compagne de baisser son arme », siffla Haley, en appuyant plus fortement la pointe d’Écho dans la chair exposée de la nyss et en tirant une petite goutte de sang. Elle ne savait si elles parlaient le cygnaréen, alors elle s’assura que son intention était claire.

   Sans un mot, l’autre nyss baissa lentement son arme, mais elle ne relâcha pas la prise.

   « Pourquoi hésites-tu, cygnaréenne ? » siffla la nyss au sol, parlant bien la langue, mais avec un accent frappant.

   Haley fut surprise de réaliser de se rendre compte que ce n’était pas seulement la menace de l’autre warlock ; elle n’était pas sûre de savoir ce qui avait retenu sa main. Elle n’était pas entièrement certaine de la meilleure façon de désamorcer la situation. Avec précaution, elle recula Écho.

   « Haley », demanda Blaize, « que fais-tu ? » Sa propre arme était toujours pointé vers l’autre warlock, prête au coup de grâce.

   Haley ne répondit pas. Au lieu de cela, elle entrant dans un état méditatif révélant les liens dorés lumineux émanant de tout le monde dans la pièce – les liens du choix et du destin. Elle fut surprise de constater que chaque fil convergeaient sur la warlock devant elle, puis continuait au-delà d’elle comme un seul cordon plus puissant. D’une manière ou d’une autre, cette étrange, violente et corrompue créature reliait tous leurs destins. Haley se concentra pour suivre la seule ligne conjointe représentant leur futur commun le plus probable.

   La respiration d’Haley se bloqua lorsqu’elle réalisa où le fil menait.

   « Vous. Vous êtes la clef pour éviter la catastrophe qui s’abat sur nous. » Haley tendit sa main libre vers la nyss au sol.

   « Major », dit Blaize, l’inquiétude perçant dans sa voix, « tu sais ce que tu fais ? »

   La nyss accepta la main et se remit debout. En un éclair, elle saisit l’occasion de la distraction d’Haley pour attaquer. Alors qu’elle tirait sa lance en arrière avec un grognement, Haley se penchait vers elle. Elle tendit la main, la même qu’elle avait employée pour aider son ennemie à se relever et la plaça contre sa poitrine, et un éclair blanc engloutit sa vision.


CHAPITRE 27 : SAERYN

Saeryn se déplaçait pour frapper la warcaster, et la minute d’après, son esprit était envahi par une multitude d’images. C’était une sensation familière, semblable à celles quand Everblight fusionnait ses pensées aux siennes, mais elle sut tout de suite qu’il n’était pas responsable de cette situation.

   Les murs de la pierre de la chambre s’effondrèrent, et des champs de terre corrompues s’étendaient dans toutes les directions. Un nuage de cendres lui couvrit les épaules alors qu’elle pleuvait du ciel brûlé. Partout où elle regardait, des formes de morts-vivants clopinaient selon des schémas aléatoires et apathiques, cherchant à tuer tous ce qui pouvait être vivant. Le monde semblait aussi froid et mort que ces esclaves. De temps en temps, une rafale de feu verdâtre éclairait la couverture nuageuse obscurcie.

   Saeryn chercha l’esprit d’Everblight et rencontra le vide. Elle essaya de communier avec ses compagnons warlocks uniquement pour rencontrer le même résultat. Elle tapota sa poitrine, et ses doigts en sortirent chauds et rouges. Son éclat d’athanc, celui qui lui avait conféré tant de pouvoir et de force, avait disparu. À sa place se trouvait un trou béant, et sa peau était maintenant froide. Bien qu’elle ne ressente aucune douleur, elle pleura cette perte. D’une certaine façon, elle savait qu’elle avait perdu bien plus que cela. Everblight avait été détruit, effacé du monde avec tout le reste. Elle pouvait ressentir son absence dans ses os.

   Un vent violent souleva une épaisse couche de cendres en nuages tourbillonnants qui l’aveugla. Lorsqu’ils se calmèrent, Saeryn remarqua un corps niché dans la couche noire et grise recouvrant le sol. Rhyas. Ses mains étaient lacées sur la massive blessure dans sa poitrine où l’éclat d’athanc avait autrefois été logé, le massacre détruisant toute illusion qu’elle ne pouvait que dormir parmi les restes carbonisés du monde.

   Saeryn s’approcha de sa sœur et tomba à genoux, ressentant un vide vaste et froid. Un rugissement draconique emplit ses oreilles, et l’énormité de la taille de Toruk, le Seigneur de Caen, pouvait être remarqué descendant du ciel. Une tempête de brasier funeste faisait rage alors que le dragon remplissait sa vision et éclipsait tout. Le dieu des morts inspectait son domaine ravagé et obscurci. Alors que Toruk descendait sur elle, il ouvrit la bouche pour libérer une vague de feu qui dépouilla sa chair de ses os. Saeryn s’effondra, et son âme hurlante rejoignit les cendres flottant dans le vent. Le monde devint noir.

. . .

   Les yeux de Saeryn s’ouvrirent et durant un instant, elle ne sut ni où ni quand elle était. La chambre de pierre reprit forme autour d’elle, et elle regarda Haley dans les yeux. Sa lance était toujours dans sa main, mais n’avait pas frappé son ennemie.

   « Quelle ruse était-ce ? Demanda Saeryn. « Qu’est-ce que tu m’as montré ? » La vision était puissante et convaincante, aussi réelle que les quelques expériences que Saeryn avait vécues auparavant, comme le pressentiment de la venue de Thagrosh, le Prophète d’Everblight.

   « Pas une ruse. Une vision de l’avenir », répondit Haley. « Ton avenir. » La warcaster retira sa main de la poitrine de Saeryn. « C’est ce qui arrivera si Toruk remporte ici aujourd’hui son combat ci-dessus. »

   Les pensées d’Everblight envahirent l’esprit de Saeryn. Malgré leur connexion à travers son éclat d’athanc, il était clair qu’il n’avait pas partagé les visions que la warcaster humaine avait partagées avec elle. ACHÈVE-LA.

   EMPARE-TOI DE L’ÉCLAT. C’était un ordre clair.

   Normalement, Saeryn n’aurait pas hésité à obéir, mais les images que Haley lui avait partagées remplissaient son esprit. Sa main ne bougea pas. L’expression de Rhyas était sévère. Elle attendait que Saeryn ordonne comme elle le faisait toujours. Sa lame était sur le point de frapper Blaize et Corley, prêts à mettre fin à leur duel. Saeryn ne doutait pas que Rhyas puisse rapidement les vaincre tous les deux.

   « La vision », dit Saeryn, en s’exprimant lentement, « pourquoi devrais-je la croire. »

   « Si je n’y croyais pas de tout mon être, nous n’aurions pas cette conversation. Vous seriez morte et ta compagne te suivrait de peu », déclara Haley sans ambages. Saeryn pinça légèrement les lèvres, son doute apparaissant brièvement. Elle n’était pas convaincue qu’un tel résultat était à la portée de la warcaster. Pourtant, il ne faisait aucun doute qu’Haley ait renoncé à son avantage, préférant les paroles à l’action. « Écoute-moi. Le fait est qu’il n’y a qu’une seule façon pour chacun d’entre nous de survivre et pour que ce monde dure. Vous devez m’aider à apporter l’athanc à Blighterghast. »

   À la déclaration de la warcaster, la fureur d’Everblight éclata dans l’esprit de Saeryn. Chaque fibre du dragon exigeait la mort d’Haley. Les tempes de Saeryn palpitaient, et elle serra les poings alors qu’elle combattait l’ordre d’Everblight. Elle avait besoin d’un moment de clarté pour mieux évaluer la situation et raisonner son maître enragé.

   Sentant la résistance de Saeryn, l’attention d’Everblight se tourna vers Rhyas. Sur l’ordre du dragon, Rhyas se déplaça en direction d’Haley, ignorant les deux autres près d’elle. Elle baisa son arme sur le côté, se préparant à la frappe en diagonale vers le haut qui décapiterait la warcaster.

   La lame se leva, et avant qu’elle ne puisse considérer les conséquences de ses actions, Saeryn rassembla son pouvoir de sorcière et voulu échanger sa place avec sa jumelle. Une ombre entoura le couple, et quand L’obscurité s’estompa, ce fut Saeryn qui se tenait à côté d’Haley. Rhyas se précipitait, dans la mauvaise direction, avant de s’arrêter et de se retourner dans une confusion. L’instant suivant, Saeryn déclencha une protection qu’elle détenait en secret depuis ses premiers jours, depuis qu’elle était devenue pour la première fois une warlock d’Everblight. Elle concentra sa volonté sur une lame tranchante et sépara son esprit et celui de sa sœur d’Everblight. Alors qu’une brèche s’ouvrait entre les jumelles et leur maître, Saeryn savait qu’elle s’était engagée sur une voie immuable. Elle croyait que la warcaster – elles étaient menacées de destruction. Pour se sauver ainsi que Rhyas et Everblight, elle avait défié le dragon d’une manière qu’aucun de ses autres serviteurs ne pouvait. Le dragon pensait que son contrôle était absolu, et elle venait de démontrer le contraire. Elle était devenue une dévoyée. Ni Everblight ni ses compagnons warlocks n’étaient susceptibles de fermer les yeux sur cet acte.

   Alors que Rhyas se retournait, elle levait son épée pour renouveler l’attaque, mais ses mouvements étaient ralentis par sa confusion.

   « Attends, ma sœur ! » Saeryn leva la main. « Abaisse ta lame. Everblight a tort, et nous ne devons pas lui obéir. »

   Muette et en état de choc, Rhyas regardait sa sœur. Bien qu’elle n’ait pas abaissé Antiphon, elle ne faisait rien plus frapper non plus. C’est à ce moment-là que Saeryn savait que sa jumelle suivrait son exemple comme elle l’avait toujours fait.

   « Très bien », déclara Saeryn à Haley. Elle savait qu’elle avait pris au pari au-delà de toute autre dans leur vie, mais cela lui semblait juste. Sa propre certitude traversa sa connexion avec sa jumelle, l’apaisant. Rhyas ne comprenait pas encore l’énormité et l’irréversibilité de ce qu’elles avaient fait. « Nous écoutons. Dis-moi comment vous comptez changer notre destin. »


CHAPITRE 28 : LORTUS

Depuis la mort de Charsaug, il n’y avait plus eu de portes, mais les membres restants de l’alliance des dragons souffraient – leurs blessures ralentissaient tous leurs mouvements. Initialement, Lortus avait pensé que la magistrale orchestration de Blighterghast pourrait réellement prévaloir, mais maintenant Toruk avait le dessus. Avec une peur grandissante, il réalisa que cela resterait probablement ainsi. Chaque instant qui passait, Toruk semblait plus fort, tandis que l’alliance s’affaiblissait.

   Blighterghast avait subi le plus gros des blessures infligées par Toruk. De profondes entailles s’étendaient sur l’un de ses flancs, et des fragments d’os lui transperçaient les entrailles alors qu’il se déplaçait de façon imprévisible. Le brasier funeste avait déformé les écailles du dragon et ratatiné sa chair malgré la résistance naturelle de Blighterghast aux flammes. Ses ailes avaient également subi de larges entailles qui limitaient sa manœuvrabilité. L’oeil gauche du dragon avait laissé place à un cratère après un affrontement particulièrement horrible, il avait donc dû limiter son angle d’approche afin de compenser la perte partielle de la vue.

   Toruk était de loin indemne, mais le brasier funeste intérieur du Père des Dragons continuait de brûler. Il semblait puiser de la force dans chaque blessure qu’il infligeait à sa progéniture comme s’il siphonnait leur essence saignante pour restaurer la sienne. Chaque fois que les dragons adverses le percutaient, il les repoussait. Et chaque fois qu’ils se retiraient, ils subissaient des entailles et des os brisés supplémentaires. Blighterghast lança un grand rugissement, l’ichor noir sortant de sa bouche, et avec Ashnephos et Sceafang, il mena une autre charge hésitante. Tous trois, ils se lancèrent sur le Père des Dragons, et Blighterghast s’en prit à la gorge tandis que les autres cherchaient les ailes de leur créateur. Les dents et les griffes trouvèrent la chair, et tous ils pleurèrent du sang draconique, qui se mêla à la pluie pour tomber sur terre en grésillant comme de l’acide. La queue de Toruk attrapa Scaefang et le projeta sur le côté. Un coup de griffes ouvrit la cuisse Ashnephos et envoya le dragon cercler à une distance méfiante. Les mâchoires se refermèrent et se repositionnèrent dans l’espace entre Toruk et Blighterghast, alors même que les deux dragons se balafraient avec leurs griffes.

   Les deux dragons se séparèrent, chacun affichant de nouvelles blessures, mais cette fois, à la grande horreur de Lortus, Toruk changea de tactique et se mit à le poursuivit. Un brasier funeste vert jaillit de la gueule du Père des Dragons, et même Lortus qui se trouvait bien en contrebas put ressentit sa chaleur. Le corps de Blighterghast se boursoufla alors qu’il le consumait, ratatinant la membrane de ses ailes et réveillaient de plus anciennes blessures tandis que la chair se liquéfiait.

   Lortus regarda Toruk rattraper sans effort le plus grand de ses enfants. Le deux s’affrontèrent, se tordre dans tous les sens, et ensemble chuter vers le sol, se mordant et se griffant alors qu’ils se luttaient pour la domination. Dans les derniers instants avant l’impact, Toruk mordit profondément le cou de Blighterghast, ses dents tranchantes perçant les écailles et la chair. L’enclave naine se précipitait à leur rencontre et Toruk arracha une partie de la gorge de Blighterghast avant de se dégager de la mêlée. Blighterghast heurta les rues pavées de l’enclave naine avec une force explosive.

   L’enclave naine était enfouie dans la montagne en une série d’étages et de tunnels en nid d’abeilles à travers la pierre, et le poids et la vitesse de Blighterghast le fit traverser, étage après étage, l’architecture rhulique. L’écrasement des étages fut suivi d’une série de vibration qui fit s’effondrer les bâtiments et apparaître des lézardes le long des rues. Un cratère fumant, encerclé d’un brasier funeste, s’enfonçait de plus d’une trentaine de mètres dans les niveaux inférieurs de l’enclave. D’une pensée, Lortus se téléporta vers un pic surplombant l’enclave. Le sentiment de terreur grandissant en lui avait dominé son sentiment de conservation. Malgré le danger, il observa la tombe de fortune et vit Blighterghast ensanglanté et brisé. La force du dragon quittait son corps à fur et à mesure que son sang s’écoulait librement de sa gorge. Lortus eut un haut-le-cœur. C’était un coup dont l’alliance des dragons ne pourrait jamais se remettre.

   Au-dessus de lui, Toruk poussa un cri d’exultation et reprit de l’altitude pour rencontrer le reste de sa progéniture condamnée.

   « Krueger, imbécile », murmura Lortus en se retournant vers Blighterghast. « Tu nous as tous tués. »


CHAPITRE 29 : VICTORIA HALEY

En atteignant l’enclave naine, Haley avait anticipé les questions de la garnison locale sur le grand cube de métal que transportait Poêlon et les deux nyss corrompues qui voyageait avec eux, cependant, les quelques gardes rhuliques qu’ils rencontrèrent leur avaient signe sans commentaires, clairement trop choqués par les événements en cours pour remettre en question ou remarquer quoi que ce soit au-delà des insignes de rang dorés d’Haley. Elle avait appris par l’un de ces gardes, qui avait été très surpris, que la majorité des défenseurs de l’enclave avaient été déplacés vers les niveaux supérieurs pour faire ce qu’ils pouvaient, au cas où l’attention des dragons se porterait sur la colonie.

   Lorsqu’ils quittèrent les tunnels s’étendant sous la Gare-Pointacier et l’enclave, l’atmosphère avait considérablement changé. Comme le bazar, chaque chambre de l’enclave avait été sculptée dans la pierre. Les piliers et les gradins étaient ornés de statues de figures rhuliques d’autrefois. Il était facile d’imaginer qu’ils n’étaient plus du tout en Cygnar, si différente était cette communauté.

   L’enclave rhulfolk de Pointacier ne tourna pas pour se cacher. Chaque citoyen, quelle que soit sa profession était occupée à préparer la défense. Des marteaux et des armes à feu avaient été distribuées, des feux avaient été allumés et des armures enfilées. Alors qu’Haley et les autres continuaient vers la surface, ils suivaient les foules naines transportant des munitions pour l’artillerie et des seaux d’eau pour combattre les flammes. L’ensemble de la population s’activait devant l’urgence de la guerre.

   Un grand impact secoua les lieux, jetant plusieurs nains au sol. Haley s’agrippa à une poutre de soutien pour garder l’équilibre. Les supports craquèrent sous la contrainte, et un fracas assourdissant vint de l’arrière alors qu’une avalanche de pierres remplissait la chambre précédente. Il y eut un silence tendu alors que tout le monde retenait son souffle en prévision d’être enterré vivant. Après un moment de panique, ceux qui avaient été renversés se relevèrent et poursuivirent leur tâche. Le fait que l’effondrement ne se soit pas étendu témoigne de la qualité de l’ingénierie locale.

   « Qu’est-ce que c’était ? » Demanda Blaize. La warcaster s’était coupé le front dans le tumulte, et un filet de sang lui coulait dans l’œil, mais elle ne faisait pas attention à la blessure.

   « Je ne sais pas » répondit Haley. Elle entra dans un état méditatif et se força à regarder les ténèbres des courants temporels qui les entouraient. Elle était certaines qu’elle était directement liée à la lutte des dragons, et leur puissance et leur corruption étant suffisament importants pour changer le destin de tous. Même sous-terre, elle était consciente de la présence omniprésente des ténèbres. Et après le dernier impact, la présence semblait encore plus grande. C’était comme si elle était devenue solide et dense, alors qu’avant elle n’était qu’ombre et inconsistance. L’œil de la tempête s’était rétréci, et n’était plus qu’une flamme vacillante dans une nuit sans fin. Elle pouvait suivre les fils qui dépassaient de la poitrine des personnes qui l’entourait que de quelques mètres avant de les perdre de vue. Le temps manquait, et au centre de la lumière déclinante se trouvant la prison de l’athanc et Saeryn. Le seul espoir résidait dans une antique et imprévisible entité.

   « Vous ressentez quelque chose » dit Saeryn. « Vous ressentez un changement. »

   « Haley hocha la tête. « Notre chance de changer l’avenir nous échappe. Nous devons nous dépêcher. »

   « Peut-être devrions-nous extraire l’athanc », déclara Saeryn. « Nous pouvons parcourir plus de terrain sans attendre votre machine. »

   « Non », dit Haley. « Pas avant que nous le devions. Je n’exposerais pas l’enclave à encore plus de corruption qu’il n’est absolument nécessaire. »

   Saeryn et Rhyas échangèrent un regard. Clairement, Rhyas ne ressentait aucune empathie pour les nains, mais elle ne discuta pas. Ensemble, le groupe continua. Plus ils se rapprochaient de la surface, plus la boule au ventre d’Haley grandissait. Elle craignait qu’il soit trop tard.

CHAPITRE 30 : SAERYN

La lutte entre les dragons était en cours lorsque le groupé fit irruption dans les rues de l’enclave. Saeryn protégea ses yeux de la pluie battante avec sa main et examina les formes filantes des dragons au-dessus. Elle pouvait toujours sentir Everblight en elle – un sentiment de présence au sein de l’athanc qui lui conférait du pouvoir – mais le mur mental qu’elle avait dressé autour de ses pensées l’empêchait également d’accéder à ses connaissances. Et donc, elle ne put identifier chaque dragon avec la facilité d’autrefois. Pourtant, elle s’en souvenait suffisamment pour reconstituer le déroulement général de l’affrontement épique. Toruk était immanquable, une forme massive de noires écailles et de flammes vertes, ses ailes remplissaient les cieux. En regardant les autres grands dragons, elle réalisa qu’il y avait une absence très notable.

   « Lequel d’entre eux est Blighterghast, » Demanda Haley.

   Saeryn émit un bruit évasif et continua de balayer le ciel. « Je ne le vois pas. »
   « Regarde encore. »

   « J’en suis sûr. Il a fui ou a été tué. Il n’est pas là. »

   « Impossible. » Haley serra les poings et observa le ciel.

   Saeryn lança un regard noir à Haley, se demandant si elle n’avait pas eu tort d’épargner la warcaster de Rhyas. Elle prit une profonde inspiration et calma son esprit, laissant sa vision se concentrer sur les énergies corruptrices circulant autour d’elle avec une grande intensité. Sa magie était enracinée dans la corruption et puisée de l’athanc dans sa poitrine. Avec un peu d’effort, elle pourrait percevoir de telles énergies ici dans leur tapisserie naturelle. Le ciel était inondé de couleurs qui n’étaient pas des couleurs, chacune ayant une teinte légèrement différente. L’effusion de sang draconique en une telle quantité avait laissé d’innombrables ondulations d’altérations corrompues. La bataille était comme une danse de soleils sanglants gravitant autour d’un tourbillon de ténèbres qu’était Toruk.

   Saeryn regarda les montagnes les plus proches et l’enclave meurtrie. Elle remarqua une puissante brume d’énergie corruptrice recouvrant l’air au-dessus de la colonie. Même à travers les pierres des bâtiments les plus proches, les vagues de radiations corruptrices arrivaient. Elles semblèrent s’estomper pendant qu’elle observait.

   « Là », dit Saeryn, « au-delà de ces bâtiments. »

   « Toujours en vie ? » Demanda Haley.

   « Oui, mes affaiblis. Il bougerait s’il le pouvait. Toruk ne l’as pas dévoré, mais il viendra bientôt. » Elle regarda vers le haut, là où le Père des Dragons était clairement occupé par les autres, bien que leurs mouvements semblaient désespérés et frénétiques.

   « Assurons-nous d’arriver en premier ! » Déclara Haley. Elle sprinta vers en avant avec sa paire de warjacks suivant de près. Les doigts de Saeryn tressaillirent alors qu’elle résistait à l’envie de jeter un sort sur le dos de la cygnaréenne. Seule la vision de la destruction d’Everblight et du règne de Toruk calma sa main.

   Il semblait qu’elle avait besoin de la warcaster, du moins pour le moment. Les circonstances avaient tendance à changer rapidement au cours d’une bataille. Elle se demanda ce qui se passerait su elle pouvait absorber l’athanc maintenant et l’ajouter à son propre éclat. Elle avait été présente lors des luttes que Thagrosh avait traversées et n’était pas sûre de pouvoir supporter une telle transformation. Que se passerait-il si elle faisait cela alors que son esprit était coupé d’Everblight ? Le pouvoir l’amplifierait-elle seule, ou Everblight en bénéficierait-il alors qu’elle était intégrée ? Quoi qu’il en soit, elle n’était pas convaincue que leur plan devait se dérouler exactement comme la warcaster avait insisté. Elle resterait méfiante et prête à frapper à n’importe quelle occasion.

   Elle se mit à courir et suivit Haley vers le lieu de chute de Blighterghast.
« Modifié: 29 juin 2020 à 16:39:42 par elric »
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

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Re : La Colère du Père des Dragons
« Réponse #7 le: 24 février 2020 à 20:08:46 »
CHAPITRE 31 : VICTORIA HALEY

Il y eut un flou et le battement d’un manteau, puis les silhouettes capuchonnées de capes noires entourèrent Haley et les autres de tous les côtés. Certains se tenaient au milieu des décombres, et d’autres tournaient les coins des bâtiments et sur la rue pavée. Ils semblaient déplacés dans de tels environnements urbains malgré les sommets environnants. Ils s’appuyaient sur leurs vouges et guettaient de leurs visages encapuchonnés. Derrière eux, plusieurs formes se profilaient, telles des statues grossières en pierre et en bois avec des runes flamboyantes le long de leurs membres. Haley leva la main et stoppa ses warjacks et les autres survivants. Elle n’avait pas eu beaucoup de contacts avec les druides, mais elle savait qu’ils étaient dangereux.

   Un coup de tonnerre et un éclair prédirent l’arrivée d’une autre cape noire qui apparut devant Haley. Des arcs de foudre crépitèrent sur son corps avant de se dissiper dans les airs. La qualité de l’ornementation de la robe de l’homme et du torque d’or qui entourait le cou dénotait une autorité supérieure à celles des autres. Il ne portait aucune arme visible, mais sa puissance était palpable. Le gris ardoise de ses pupilles prêtait de la sévérité à son regard, et sa tête chauve et son visage anguleux ne faisaient qu’ajouter à l’effet. Un tissu cicatriciel corrompu s’accrochait à son cou et à son visage.

   « Je suis Lortus », dit le druide, fixant son regard sur celui d’Haley. « Veilleur des Montagnes du Mur du Dragon, un tout-puissant de mon ordre. Vous êtes assez loin. Remettez-moi l’athanc et quittez cet endroit. »

   Haley brandit Écho et jeta un coup d’oeil aux capes noires qui avaient commencé à faire le tour du groupe, leurs armes prêtes si elles rencontraient une résistance. Sa connaissance des hiérarchies druidiques était limitée, mais il était clair que Lortus appartenait à leur échelon supérieur, ce qui signifiait qu’il avait probablement d’énormes pouvoirs sur le monde naturel. Elle n’était pas certaine que c’était un combat qu’elle pourrait gagner, en particulier avec des forces aussi épuisées : Blaize n’avait toujours pas sa turbine arcanique et les warlocks n’avaient pas de warbeasts. Elle n’avait aucun moyen de mesurer la force des capes noires environnantes. Blaize et Corley se tenaient dos à dos, et Saeryn et Rhyas copièrent rapidement la paire.

   « Et alors ? Je vous donne simplement la pierre parce que vous l’exigez ? Je ne reconnais pas votre autorité ici. A quoi vous sert la pierre de coeur du dragon ? » Demanda Haley.

   « Cette affaire est bien au-delà de ton entendement. Ce que je fais avec l’athanc ne vous concerne pas », déclara Lortus. « Je demande seulement pas courtoise. »

   « C’est vous qui agissez par ignorance », dit Haley, sentant son tempérament monter. Elle n’était pas une personne à sous-estimer ou à ignorer. « Je peux voir l’avenir. Pouvez-vous prétendre la même chose ? Je sais ce qui se passera si nous échouons. Si l’un d’entre nous veut survivre, la pierre doit aller à Blighterghast. Tout autre voie mène à la mort et transforme l’Immoren occidental en désert de cendres. »

   Ses yeux se plissèrent lorsqu’il comprit ses paroles. Manifestement, il ne la croyait pas. « Personne ne peut voir l’avenir. Blighterghast est tombé. Rien de ce que vous pourriez faire maintenant ne changera cela. L’athanc doit être emmené loin d’ici, loin de Toruk. C’est notre seul espoir d’atténuer ce désastre. Je suis le seul à pouvoir y parvenir. Abandonnez l’athanc maintenant ou périssez. »

   « L’éloigner nous condamnera tous », insista Haley. « je sais ce que je dois faire. »

   « Ce que je ne peux pas me permettre », répondit Lortus.

   « Alors, nous sommes dans une impasse », répondit Haley, puisant dans sa puissance. Elle se prépara à prendre le contrôle de l’écoulement du temps et à lancer une attaque rapide, dans l’espoir de prendre l’initiative.

   Il y eut un crépitement de tonnerre et d’éclair sur le corps de Lortus tandis que le pavé sous ses bottes noircissait et fumait. Le tout-puissant n’avait aucun mouvement que Haley puisse remarquer et pourtant une paire de lames d’obsidienne incurvées apparut dans ses mains.

   Le tout-puissant bondit en avant, les lames dans un tourbillon de mouvement. Malgré son apparence vieillissante, il se déplaçait avec une rapidité surprenante, et il couvrit rapidement la distance qui le séparait d’Haley tandis qu’une bulle de distorsion temporelle l’enveloppe, accélérant ses mouvements et lui offrant la possibilité d’esquiver les premiers coups. Haleu recula et leva Écho au niveau du druide venant en sens inverse, bien qu’il se révélât presque aussi insaisissable malgré sa magie. Thorn s’avança pour se tenir à ses côtés. Elle se prépara à l’assaut d’ouverture, mais la morsure des lames d’obsidienne ne vint jamais.

   Il y eut un coup de tonnerre et un éclair alors que plusieurs des capes noires derrière Lortus étaient électrifiés, leurs robes fumant alors qu’ils s’effondraient sur le sol. Une massive rafale de vent frappa Lortus à la poitrine et projeta le tout-puissant à vingt verges en arrière, sur la facade d’un bâtiment adjacent, le corps du druide brisant la pierre. Haley et les autres se tournèrent vers la source de l’inattendue attaque et virent une autre cape noire, chauve amis plus jeune, ses pieds bottés et sa robe flottante planer au-dessus du sol. Il tenait devant lui une lance dentelée, la pointe braquée sur l’endroit où Lortus s’était tenu. Les armes prêtes, des constructs en pierre et des capes noires émergèrent des décombres dans le dos du combattant.

   « Lortus est à moi », dit le nouvel arrivant à ses forces, en regardant le tout-puissant pendant qu’il s’exprimait. Il jeta un regard à Haley. « Livrez l’éclat à Blighterghast. » Comme Haley et les autres ne partirent pas immédiatement, il ordonna : « Aller ! »


CHAPITRE 32 : KRUEGER

Krueger regarda l’étrange alliance de cygnaréens et de nyss corrompus se précipiter vers le cratère ou Bligterghast était tombé. Il projeta des éclairs sur les quelques capes noires qui se tournèrent pour les poursuivre Ses propres forces avaient rejoint le combat, et maintenant les rues en dessous de lui étaient remplies de druides mineurs qui se lançaient des sorts ou échangeaient des coups avec leurs voulges tandis que les massifs constructs frappaient les forces adverses à coups de poing de pierre. Ce n’était pas la première fois que Krueger allait à l’encontre de la volonté de l’ordre, mais attaquer ouvertement un tout-puissant était une étape qu’il n’avait pas encore franchie Il était regrettable qu’il ait dû en arriver là. Krueger avait espéré éviter de tuer les siens. Il était devenu un véritable loup solitaire, bien que son programme ressemble à celui du Cercle – si seulement ils pouvaient se résoudre à la voir. Le changement exigeait des risques qu’ils n’étaient pas prêts à prendre.

   Lortus s’élança dans les airs et se rapprocha de Krueger. « Arrogant comme toujours. Que comptes-tu faire. Me tuer ? »

   « Si je le dois », cracha Krueger. « Trop de choses dépendent de ça. Toutes les barrières doivent être levées. »

   « L’alliance des dragons se déchaîne sur Caen, les lignes de force subissent des dommages incalculables, et Toruk lui-même et revenu sur le continent pour la première fois depuis près de deux mille ans. Dans la recherche d’une solution pratique à nos problèmes, tu les as multipliés par cent ! »

   « Vos interminables demi-mesures m’ont forcé la main. Interviens et je te montrerai ma détermination. »

   Lortus secoua la tête, le visage solennel. « Lorsque le conseil à requis ton exécution, j’ai pris la parole pour te défendre. Clairement, je me trompais. Tu es devenu un fardeau, Seigneur des Tempêtes. » Le tout-puissant préparait ses lames d’obsidienne. « Je ne peux pas te laisser vivre. »

   Krueger pointa le bout fourchu de sa lance, Langue du Ver, vers son adversaire. « Qu’il en soit ainsi. »

   Le tout-puissant avança avec la vitesse et la ténacité des éléments qu’il commandait, pressant ses lames vers les points faibles de l’armure de Krueger. Krueger s’écarta, frappa l’une des lames d’obsidienne de travers avec Langue du Ver et se cacha de l’autre avec sa cape. Une explosion d’énergie le rattrapa dans le dos, propulsant une douleur dans sa colonne vertébrale et soulevant son corps dans les airs.

   Au moment, où Krueger récupéra, Lortus était monté plus haut dans le ciel et avant utilisé l’altitude pour appuyer l’attaque, plongeant avec ses lames allongées telle les serres d’un faucon. Un sort hâtif écarta Lortus venant en sens inverse, mais pas avant qu’une de ses lames ne morde l’épaule de Krueger, tranchant sans effort les muscles et les tendons et rendant le bras gauche du Seigneur des Tempêtes flasque. Une sylve, en dessous, explosa en une pluie de fragments de pierre et d’éclats tandis que Krueger redirigeait sa blessure à l’épaule et récupérait l’usage de son bras. Les forces adverses avaient moins de sylve, et il en était reconnaissant. Lortus était peut-être le plus récent des tout-puissants, mais son habilité et sa ruse ne devaient pas être sous-estimées.

   Les domaines de contrôle élémentaire de Lortus étaient similaires à celles de Krueger, ce qui ajoutait à la difficulté de l’affronter. Krueger pouvait utiliser le vent contre son ennemi, mais la foudre n’avait aucun effet. Mais par la même occasion, son adversaire faisait face au même défi. Lortus était bien plus mortel dans une mêlée serrée, cependant, et Krueger devait donc garder ses distances. Chaque fois que Lortus se rapprochait, il créait une nouvelle occasion pour Krueger d’être gravement blessé, surtout s’il le débordait.

   Lortus croisa ses lames et des runes fleurirent devant lui pour libérer un souffle concentré de force cinétique brute. C’était une magie que Krueger n’avait jamais observée auparavant, et il fut pris au dépourvu. Il subit le sort, cette fois-ci de face, et il sentit ses côtes se briser en éclats alors qu’elles absorbaient la force. Il chuta et frappa le toit d’une tour de guet rhulique, attirant les cris de surprises des nains qui cherchaient un abri à l’intérieur. Il roula sur le toit et repris ses repères, stoppant sa chute en concentrant son esprit l’acte de vol. Il dévia les dommages infligés à ses côtés et un construct et monta en flèche, chargeant et menant avec la pointe fourchue de Langue du Ver. Lortus accueilli le défi avec autant d’enthousiasme.

   Les druides volaient dans les airs, armes à la main, leurs manteaux flottant derrière eux, et lorsqu’ils se rencontrèrent, un coup de tonnerre retentit sur les remparts et couru le long des rues. Lame et lance s’affrontèrent dans une rafale de feintes et de coups, et la bataille entre les deux s’est transformé en autre chose : la rencontre de deux fronts d’orage. Des éclairs pleuvaient autour d’eux alors qu’ils se séparaient et se rejoignaient, manœuvrant avec la puissance des éléments tout en cherchant un avantage.

   Peut-être valait-il mieux que tu t’éloignes de l’ordre » dit Lortus moqueur. « Tu n’as pas la puissance et la maîtrise de soi pour devenir un tout-puissant. »

   Krueger serra les dents, un air renfrogné envahit son visage. Il lança Langue du Dragon sur son adversaire avec une férocité renouvelée. Au début, il ne voulait rien d’autre que de tromper Lortus jusqu’à ce que Blighterghast ait consommé l’athanc libre, mais l’idée de tuer le tout-puissant gagnait en popularité.


CHAPITRE 33 : VICTORIA HALEY

   « Quelle direction ? » Le souffle d’Haley était irrégulier et les mots ne venaient pas facilement. Alors qu’ils se rapprochaient de Blighterghast, l’air s’était alourdi par la présence de l’intense corruption du dragon. Sa puissance dépassait tout ce qu’ils avaient ressenti à proximité même de l’athanc non protégé. Le corps de ce dragon semblait émaner un rayonnement corrupteur comme la chaleur d’un haut fourneau. Son sang répandu amplifiait la saleté dans l’air.

   Une sensation de brûlure s’était profondément installée dans les poumons d’Haley comme si elle avait inhalé de la fumée d’un incendie, et l’odeur de soufre était omniprésente. Elle se déplaçait plus lentement et elle sentait que son contrôle sur l’écoulement du temps était devenu ténu. La corruption affectait son pouvoir. Les fils du destin n’étaient plus clairs à ses yeux et ce n’était qu’en se concentrant de manière forcée qu’elle pouvait faire appel à ses talents de warcaster. Cela lui rappela ce qu’elle avait ressenti lorsqu’elle avait été affectée par le poison cryxien qui l’avait privée de ses pouvoirs. Le souvenir des jours passés à l’infirmerie de Port Bourne lui revenaient en mémoire.

   « Nous sommes proches. » Dit Saeryn, semblant être exemptes des mêmes difficultés. Être corrompue semblait avoir ses avantages.

   Ils continuèrent à avancer sur quelques verges seulement quand Haley entendit le bruit de l’acier sur la pierre et se retourna pour trouver l’aumônier Corley à genoux, sa respiration laborieuse. Il pressait un point gantelé contre sa bouche pour étouffer une quinte de toux qui rapidement dégénéra et laissa sa lèvre inférieure éclaboussée de sang. « Trop proche pour les mortels normaux », déclara Saeryn avec indifférence. Elle regarda Corley d’un regard froid. « La présence de Blighterghast le tuera, je pense. Le mékanicien aussi. » Elle fit un signe de tête en direction de Strangewayes. Plus que jamais, Haley voulu frapper Saeryn au visage. Le comportement insensible de la nyss l’offensait, mais elle savait que Saeryn et Rhyas avaient encore leur rôle à jouer.

   « je vais bien », déclara Corley en se redressant et en se tenat droit. Pendant un moment, il parut stable, mais un autre accès de toux le frappa presque immédiatement – celui-ci pire que le précédent. Il était mal et son visage était devenu pâle.

   « Saeryn a raison », dit Harley, regardant Blaize, Corley et Strangewayes et détestant la façon dont les mots sonnaient pendant qu’elle les prononçait. « Sans champ d’énergie, vous trois n’y arriverez jamais. Vous n’irez pas plus loin. »

   L’indignation de Blaize était évidente. « Maintenant, attends une minute. Si tu penses- »

   Haley leva la main pour faire taire Blaize. « Ce sont mes ordres. » Elle savait qu’elle demandait beaucoup au Chevalier du Prophète. Techniquement, ils étaient de rang équivalent, tous les deux warcaster, et c’était la mission de Blaize dès le début. Haley espérait que son ordre permettrait à l’autre femme de se retirer sans perdre sa fierté ou son honneur.

   Blaize se pencha pour parler à Harley dans un murmure cassant. « Ces deux-là vous trahiront dès que tu leur tourneras le dos. »

   « Si elles ont l’intention de me trahir, nous avons déjà perdu », déclara Haley. « Tu en as assez fait. Faits sortir Corley d’ici pendant que tu le peux. »

   « Très bien. Un de ces jours, tu réaliseras que tu ne peux pas tout gérer seul. » Sur ce, elle se détourna et se déplaça pour aider Corley.


   Un sentiment désagréable s’installa au creux de l’estomac d’haley alors qu’elle repartait aux côtés de Saeryn et Rhyas. Elle avait perdu des alliés depuis qu’elle avait quitté Port Bourne et nombre d’entre eux étaient maintenant morts. Alors qu’elle se dirigeait vers le lieu de chute de Blighterghast, elle le faisait en compagnie de celles qu’elle ne connaissait pas et en qui elle avait confiance. Mais sa vision lui disait qu’elle devait se fier à ces nyss. Sinon, seuls Poêlon et Thorn restaient. Les ‘jacks suivaient de près, des gouttes de pluies s’évaporaient de leur châssis au contact, en de petites bouffées de vapeur.

   La température montait à chaque pas, et la chaleur craquelait les pavés comme si du magma coulait juste en dessous. Alors que d’autres parties de l’enclave étaient animées d’activités, le quartier où Blighterghast avait atterri était vide de vie, les remparts vacants veillant la veille silencieusement sur les rues mortes. Une profonde palpitation frappa les tempes d’Haley, et une douleur s’empara de son corps et s’installa dans ses articulations comme des éclats de verre se broyant contre les os. Maintenir sa connexion avec Thorn et Poêlon était devenu difficile, mais en aucun cas impossible, et elle surveillait les menaces à travers les yeux supplémentaires.

   Saeryn et Rhyas avançaient à grands pas, leurs corps corrompus habitués aux énergies rayonnant du dragon abattu. Le duo longea les murets et traversa des bâtiments en ruine avec le même mouvement unifié qu’elles avaient utilisée au cours de la bataille.

   Le cratère occupait l’espace d’un pâté de maisons de Corvis, et une lueur émanait de ses profondeurs. Des cendres et des étincelles s’échappaient du trou sans être gênées par la pluie, et une douce vapeur s’évaporait des tas de décombres environnants. Haley toussa violemment dans sa main jusqu’à ce que sa paume soit rouge et sa gorge sèche. Ses yeux brûlaient à cause de la fumée, et elle se battit pleurer des larmes.

   Du bord du cratère, elle pouvait voir les nombreux niveaux souterrains de l’enclave séparés et révélés comme les différents étages d’une maison de poupée pourraient l’être pour un enfant. Les contours des pièces exposées et des tunnels exposés brûlaient et s’effondraient vers l’intérieur, tiré vers le fond de la fosse béante autour de laquelle elles se blottissaient maintenant. De temps à autre, une dalle de pierre ou un support en bois se détachait et tombait bout à bout dans l’abîme enflammée. Au fond, se trouvait Blighterghast, son corps brisé par la longue bataille et sa chute subséquente.

   Des plaques d’écailles noires recouvraient le corps du dragon, et les espaces entre chaque plaque rayonnaient d’une lueur orange qui pulsait et s’estompait comme le lent battement d’un coeur. De grandes entailles marquaient le corps et les ailes de la créature divine et le sang provenait d’une blessure à son cou et s’était accumulé au fond du cratère. Du sang qui s’était figé, un certain nombre de rejetons draconiques particuliers s’étaient formés, leurs corps asymétriques. Du sang de dragon saumâtre s’accrochait à leur corps en brins épais et coagulés qui se détachaient aux derniers moments de la genèse.

   Des dizaines de petits et de grands dragons erraient sur le corps de Blighterghast, reniflant l’air chargé de cendres et étirant leurs appendices nouvellement formés. Certains de leurs membres étaient déformés et inutiles, mais les barbes, les serres et les dents ne manquaient pas. Ils ne montraient aucun intérêt à se frayer un chemin depuis les profondeurs du cratère ou à explorer les tunnels environnants. Haley se demanda s’ils servaient de dernière ligne de défense à Blighterghast dans son état d’affaiblissement.

   « Je ne m’attendais pas à cela », déclara Saeryn. Elle s’accroupit au bord du cratère et regarda les créatures malformées. « Nous ne l’avons pas vu lors de la bataille avec Prymalfic. Leurs imperfections sont omniprésentes. Ils sont inférieurs aux rejetons d’Everblight. »

   « Mais toujours dangereux. Il y en a trop », déclara Haley. Elle était douloureusement consciente de l’effet de la corruption sur son corps.

   « Plus nous attendons, plus ils se renforcent », répondit Saeryn. Pendant qu’elles regardaient, certains des rejetons nouvellement éclos se formait, de leurs membres poussaient de nouvelles barbes et des armes.

   Elle s’approcha du cube de métal contenant l’athanc, passant sa main sur le côté, à la recherche du mécanisme qui ouvrirait la prison.

   Haley saisit le poignet de Saeryn. « Attends. Il y a quelque chose que je dois faire en premier. »

   Saeryn se libéra de l’emprise d’Haley avec un regard meurtrier. « On n’a pas le temps. »

   Haley fit un signe de tête. « Un moment. » Elle retourna au cratère, les orteils de ses bottes suspendus de façon précaire au-dessus du rebord. Ses poumons continuaient de brûler et elle frappa un poing sur ses côtes pour protéger son corps de la douleur. Elle ferma les yeux face à la chaleur chatoyante et aux panaches de cendres, et avec toutes ses réserves mentales, elle projeta son esprit dans les profondeurs du cratère. La corruption pesait sur elle, menaçant d’étouffer son talent arcanique, mais elle le combattit.

   Elle était seule dans sa descente mentale, une plongeuse naviguant dans les courants de soufre et de cendres. Dans l’instant suivant, une conscience d’une terrible puissance se fixa sur elle, faisant pivoter son regard vers l’endroit où elle se trouvait en équilibre au bord du cratère. Elle avait atteint l’esprit de Blighterghast, et dans son était blessé, sa rage était absolue. Un pic de douleur traversa son esprit, et en un instant, le dragon passa à travers le crâne d’Haley. Elle put sentir une intelligence extraterrestre parcourir les événements des derniers jours comme s’ils n’étaient rien de plus que des pages dans un tome. Son corps s’était rigidifié et, durant un bref instant, elle crut qu’elle pourrait passer par-dessus le bord du cratère et tomber dans les décombres en dessous.

   La voix du dragon explosa dans son esprit avec une force insondable : ABANDONNE L’ATHANC OU MEURT. Comme Nidoboros l’avait fait à Gare Pointacier, Blighterghast menaçait de prendre le dessus sur son esprit. Elle aspirait à lâcher prise, à se livrer à Blighterghast, à se libérer de l’agonie.

   Une voix mentale lui parvint, douce et familière bien que ce soit la première fois qu’elle l’entendait. Elle reconnut l’oratrice comme étant Future. « Cela aussi, nous le supportons. Tu es plus forte qu’il ne le croit. » Chaque mot de la voix semblait insuffler à Haley la force même dont elle parlait, et du plus profond d’elle-même, elle puisait l’étincelle qui l’avait rendu spécial, avant même ces premières années à l’abbaye ou ses pouvoirs s’étaient manifestés. L’obstination de sa jeunesse s’était développée en elle, couverte de poussière et d’éraflures, et un sentiment de contrôle revint dans ses membres. Elle ouvrit les yeux et baissa les yeux sur son poing fermé, le poing qui n’avait été qu’une imitation mékanique de la réalité jusqu’à récemment. Je suis forte, pensa-t-elle. Je ne suis pas arrivée à ce point pour céder.

   L’ATHANC OU LA MORT, dit encore la mort, en faisant claquer ses dents dans leurs cavités.

   « Je ne le ferai pas », dit Haley, en prononçant les mots à voix haute alors qu’elle le pensait. « Si tu possèdes encore la force de me détruire, je te suggère de le faire. Sinon, je suis prêt à négocier. » Saeryn et Rhyas se tenaient à ses côtés, le regardant avec incrédulité. La tête de Saeryn était légèrement inclinée, comme si elle écoutait. De toute évidence, elle aussi pouvait entendre la voix mentale de Blighterghast.

   Un autre éclat de rage de Blighterghast inonda l’esprit d’Haley, menaçant de prendre possession, mais celle fois, elle était prête. Elle blinda ses pensées avec un mur de distorsion temporelle et opposa sa pleine capacité mentale aux efforts de Blighterghast. Sa barrière mentale tint.

   Les douleurs à la base du crâne se dissipèrent, tout comme les maux ayant affligé son corps. La concentration de l’énergie corruptrice avait diminué. Après une longue pause, la voix du dragon revint. « FAITS TA DEMANDE. RAPIDEMENT. »

   Haley expira un souffle qu’elle n’avait pas réalisé retenir et prit un moment pour organiser ses pensées. « Si nous vous donnons ceci, le Cygnar doit être protégé. Tu ne lui feras aucun mal, et tu interviendras si tes parents ou ton créateur s’y oppose. Si je t’aide dans ta guerre, tu dois devenir notre bouclier. D’accord ? »

   Il y eut un blanc, et Haley fut sur le pont de répéter ses demandes quand la voix du dragon lui emplit la tête. « C’EST FAIT. MAINTENANT, DONNE-MOI L’ATHANC. »

   « J’ai une autre exigence », dit Saerun, s’avançant vers le rebord, à côté d’Haley et regardant dans le cratère fumant. Haley sentit la température monter comme si quelqu’un avait attisé une fournaise, et une partie de la douleur revint dans ses articulations.

   ASSEZ DE CES JEUX, déclara Blighterghast.

   Haley regarda Saeryn puis Rhyas. Elle se calma, sachant que cette deuxième demande était susceptibles de provoquer la colère du dragon. Elle ne s’était pas attendue à ce que Saeryn s’insère dans les négociations, mais peut-être que l’attrait d’une telle opportunité qui l’avait incitée à coopérer.

   « Everblight et ses serviteurs ne doivent pas être blessés », entonna Saeryn. Un éclair de rage apparut dans ses yeux, trahissant les émotions bouillonnantes sous son extérieur calme. « Pas de représailles pour le mal passé. Pyromalfic oublié. Annule ta chasse et je te donnerai la pierre de coeur. »

   Une bouffée de chaleur rayonna depuis le cratère, et le sol sous les pieds d’Haley trembla. « Une intense pression s’exerça sur son crâne comme un étau, et sa vision se vacilla. Un coeur de hurlement draconique s’éleva des gorges des rejetons draconiques déformé.

   JE DÉVORAI LE CŒUR DU TRAITE MORCEAU PAR MORCEAU. SON SORT EST DÉCIDÉ.

   « Ce sont mes conditions », cria Saeryn, refusant d’être intimidé par la rage du dragon. Sa propre volonté devait être aussi puissante que celle d’Haley, car elle endura l’assaut. « Accepte ou péris. »

   JE REFUSE TES PETITES EXIGENCES, dit Blighterghast. Saeryn fit la grimace, et Haley sentit le dragon attaquer son esprit dans le but de prendre le contrôle, mais ils étaient toux deux conscients de sa tactique. Le dragon devenait de plus en plus faible.

   Haley redressa les épaules. « Alors, l’athanc va à Toruk », dit-elle en jetant un coup d’oeil à Saeryn et en lui faisant un bref signe de solidarité, ce que les nyss ignorèrent. « Et le sacrifice de Nidoboros ne servira à rien. Quelle honte, car c’est son courage qui vous a aidé à bannir Toruk du continent il y a si longtemps. »

   Un atre blanc se produisit, et Haley se demanda si les négociations étaient conclues ou si le dragon réfléchissait à ses paroles. Même si Blighterghast acceptait les exigences du Saeryn, Haley ne savait rien de la loyauté des dragons. Elle était forcée de reconnaître la très réelle possibilité qu’elle soit brûlée vive au moment où Blighterghast se rétablirait, accord ou non. Il ne restait cependant aucune option. Et au fond, Haleyait que le dragon serait en quelque sorte lié par ce pacte. Tous les fils du destin convergeaient ici.

   JE VAIS ÉPARGNER LE TRAITE, déclara Blighterghast. APPORTE NIDOBOROS.


CHAPITRE 34 : SAERYN

   La main de Saeryn erraient sur la prison de l’athanc, traçant des runes et exerçant une pression alors qu’elle cherchait le mécanisme libération. Elle pouvait sentir la conscience de Blighterghast s’attarder sur sa conscience, son impatience presque tangible. Les éclairs de la tempête donnèrent un relief très net aux runes du cube.

   Une partie de la surface du cube s’enfonça avec un clic audible sous son toucher, suivi du long sifflement de décompression. Saeryn recula, et les faces du cube se séparèrent, s’éloignant l’une de l’autre en lévitation. Le cube se brisa, révélant la forme cristalline incandescente de l’athanc en son centre.

   Les facettes de la pierre du coeur étaient d’un noir profond avec des bords qui scintillaient d’argent lorsque la pierre captait la lumière. Elle se souvint de la saisie de l’ahtanc de Pyromalfic lors de la Bataille du Château des Clés. Ensuite, ils avaient fui vers le nord, et elle avait escorté Thagrosh à travers les passages sombres et oubliés sous Ios. Là, elle avait vu le prophète souffrir alors qu’il luttait pour absorber l’athanc dans son propre corps au nom d’Everblight. C’était la première fois que quelque chose de ce genre était tenté – l’essence même d’Everblight était divisée et dispersée parmi ses warlocks, le morceau de Thagrosh était incomplet. Le dragon avait résisté à son anéantissement avec chaque once de sa volonté, et Thagrosh avait failli mourir au cours du processus, à peine capable de soutenir l’effusion d’énergies corruptrice. Debout, à côté de cet athanc immaculé, elle ressentait un pouvoir d’un calibre entièrement différent. Nidoboros était bien plus puissant que Pyromalfic, elle en était certaine.

   Saeryn effleura timidement l’athanc du bout des doigts, et une vague d’énergie corruptrice parcourut son bras et son corps. Des épines et des écailles fraîches menaçait de surgir dessous sa peau. Pour conserver sa forme, elle devait se concentrer. Elle utilisa sa capacité à canaliser ces énergies pour forcer la corruption étrangère à glisser sur sa peau mais pas à la pénétrer.

   Dans son était d’affaiblissement, Blighterghast ne pouvait pas lever la tête pour consommer l’athanc seul. La pierre devait être introduite dans le corps du dragon par l’une des nombreuses blessures, ce qui posait un nouveau problème. Les rejetons issus du sang du dragon n’était pas sous son contrôle, donc un warjack ne pouvait pas transporter l’athanc seul sans risquer la destruction de la machine par les rejetons hors de contrôle, pas les encombrantes machines ne puissent de toute façon gérer la descente. Elles devraient livrer l’athanc à Bligtherghast elles-mêmes, et elles devraient le porter.

   « C’est possible ? » Demanda Haley. La warcaster se tenait à distance, s’appuyant lourdement sur sa lance. Elle lui fallait tout sa volonté et tout son pouvoir pour résister à la fois ç la corruption du dragon abattu et de l’athanc exposé.

   « Oui », prononça Saeryn. « Nous le devons. » Ses paroles étaient remplies d’incertitude. Elle jeta un coup d’œil à sa sœur, qui regardait stoïquement dans le cratère, observant les rejetons de Blighterghast en bas. Elle avait prononcé peu de mots depuis que Saeryn avait décidé de séparer leur esprit de celui d’Everblight. Saeryn avait plus de mal que d’habitude à lire l’humeur de sa sœur. Leur relation avait été compromise auparavant, et finalement, elle s’était rétablie. Elle ne doutait pas qu’elles pourraient recommencer, mais ce n’était pas le moment de rester divisées. « Rhyas et moi partageront ce fardeau. »

   Rhyas fit un signe de tête, ne détournant pas le regard du cratère. « La force de corruption de l’athanc est trop grande pour une seule. »

   « D’accord », dit Haley. Elle rejoignit Rhyas au bord du cratère, agrippant son arme à deux mains malgré sa fatigue apparente.

   « Non », dit Saeryn. « Nous devons nous porter la pierre. Être à proximité pourrait suffire à vous tuer. »

   « Je n’ai pas l’intention de porter quoi que ce soit », répondit Haley, de la détermination dans sa voix. Deux projections éthérées prirent forme de chaque côté d’elle, des versions plus jeunes et plus anciennes d’elle-même. « Je vais gérer la défense. »


CHAPITRE 35 : KRUEGER

   Krueger menait avec Langue du Ver, la faisant passer à travers l’espace entre lui et son adversaire. Lortus avait continué à l’insulter, l’incitant à pousser son attaque, et bien que Krueger savait ce qu’il faisait, il était difficile de résister à l’envie de vaincre l’imprudent tout-puissant qui mettant tant l’accent sur les questions de rang et d’ordre. Beaucoup de choses avaient changé depuis que Krueger s’était engagé sur sa propre voie. Il était le Seigneur des Tempêtes, et il ne serait pas traité comme un inférieur.

   Lortus lev ses lames pour parer Langue du Ver et chercha s’approcher pour une ouverture, mais Krueger glissa hors de portée, flottant sur les courants de l’air et utilisant à son avantage la plus grande longueur de son arme. Le tout-puissant avait débuté le combat avec force, en infligeant plusieurs blessures graves très tôt, mais le druide aîné ne s’était pas impliqué dans la bataille aussi activement que Krueger ces dernières années, et son manque d’endurance commença à se manifester. Lortus serait contraint de céder du terrain lors de la prochaine attaque de Krueger, en faisant marche arrière à travers les torrents de pluie qui secouaient les deux formes flottantes. De temps en temps, le duo échangeait des rafales de vent ou de force arcanique qui envoyaient l’un ou l’autre se précipiter à travers un mur ou s’écraser dans les rues, mais ils se rétablissaient et revenaient au corps à corps.

   Il n’y avait aucun signe d’activité d’où les autres étaient allés affronter Blighterghast, rien n’indiquant que le dragon avait reçu l’athanc. Krueger ne pouvait pas prendre le risque de s’éloigner du Lortus pour en savoir plus. Dans le ciel, les dragons continuaient à se battre, mais ils étaient devenus frénétiques et défensifs, œuvrant principalement à échapper à leur créateur et n’encaissant que peu de coups en retour. La perte de leur chef les avait laissés dans le désarroi.

   Le coup d’une lame échappa aux défenses de Krueger et mordit son avant-bras, faisant couler le sang pendant un moment avant qu’il ne soit expédié vers une sylve. Le construct s’effondra, incapable de se maintenir après avoir encaissé autant de blessures similaires. Peu de ses créations en pierre demeuraient, mais maintenant toutes celles de Lortus avait disparu. L’escarmouche entre ses forces et les fidèles de Lortus ralentissait, chaque camp ayant subi des pertes. Elle allait bientôt prendre fin. Une ouverture lui permettrait de neutraliser Lortus, et il lui faudrait décider s’il était vraiment prêt à mettre fin à al vie du tout-puissant et à faire face aux conséquences qui en découleraient. En fonction de l’issue de Blighterghast, le fait que la cape noire vive ou meure n’aurait peut-être pas d’importance. Néanmoins, Krueger ne reculerait pas. Sa fierté obligeait Lortus à être brisé et humilié à ses pieds.
« Modifié: 22 juillet 2020 à 11:15:34 par elric »
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

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Re : La Colère du Père des Dragons
« Réponse #8 le: 24 février 2020 à 20:09:02 »
CHAPITRE 36 : VICTORIA HALEY

Le corps d’Haley n’était que douleur, chacun de ses pas l’élançait alors qu’elle descendait dans le cratère. Pour la plupart, les flancs étaient des chutes à pic, truffé d’extrémités effondrées de tunnels et de chambres exposées, trop raide pour grimper, mais après avoir examiné leurs options, le groupe avait repéré une série de pentes formées de dalles de pierre et de gravats compressés qui serpentaient vers le bas. C’était sur cette précaire trajectoire qu’Haley se dirigeait maintenant. Passé et Future se déplaçaient à ses côtés, et à une dizaine de pas derrière Saeryn et Rhyas, la pierre de coeur de Nidoboros tenue par Saeryn. C’était telle qu’Haley l’avait vu dans sa vision.

   Des vrilles de matière organique jaillissaient de l’athanc. Maintenant libéré de sa prison, l’athanc cherchait à reformer son corps. La chair de Saeryn ondulait et des épines traversaient sa peau avant d’être refoulée sous la force de volonté de la warlock. Rhyas s’appuya contre elle grinçant des dents alors qu’elle drainait l’excès de corruption de sa sœur et luttait pour expulser l’énergie dans leur environnement. Haley pouvait voir cette énergie s’élever en vagues irisées qui ressemblaient à un mirage de chaleur.

   Thorn et Poêlon avaient été laissés pour compte, le chemin était trop fragile et incertain pour que leur masse puisse s’y retrouver. Haley sentait que son lien avec les warjacks s’amenuisait à mesure que leur distance augmentait. La dernière pensée du cortex de Thorn avait été celle de l’anxiété. Sentant son combat, le warjack était mal à l’aise d’être séparé pendant cette période de danger. Haley avait rassuré la machine de son rapide retour, mais en vérité, elle n’était pas convaincue qu’elle ressortirait du cratère. La mort l’avait épargnée une fois, et elle se demandait si ce n’était pas le cas pour qu’elle puisse donner sa vie ici, en échangeant son existence pour la préservation de Cygnar.

   À la vue d’Haley dévalant l’éboulement, le rejeton draconique le plus proche siffla et cria, tournant sa tête sans yeux dans sa direction. Ils virent à elle par deux ou trois, sprintant, rampant, clopinant sous le fardeau de membre déformés. Passé courait en tête, son corps immatériel bondissant par-dessus les pierres échevelées, et tira sur un rejeton approchant en sens inverse avec des frappes cinétiques qui écrasèrent leurs corps grotesques en gerbes d’ichor noir et d’organes méconnaissables. Futur suivit avec des barrages d’éclairs bleus qui rebondirent d’un rejeton à l’autre.

   Un quadrupède à trois bras et deux têtes serpentines traversa Passé et Futur, et Haley puisa dans ses dernières réserves de sa force déclinante pour enfoncer Écho profondément dans la poitrine de la créature, en l’amenant sur le côté de la pente où il tomba en hurlant dans la foule de rejetons ci-dessous. Derrière elle, Saeryn et Rhyas se battaient pour contenir l’excès de corruption qui sévissait dans leur corps. La douleur déformait leur visage et elles se déplaçaient avec la démarche boiteuse des personnes âgées. Si les rejetons les atteignaient, elles n’étaient pas en état de se défendre – toute leur concentration était nécessaire pour conserver leurs formes intactes.

   Au moment où elles atteignirent le fond, les rejetons draconiques étaient devenus frénétiques, furieux de l’intrusion dans le lieu de repos de leur créateur. Peu importe que Blighterghast se réjouisse de leur approche – le dragon était si proche de la mort qu’il ne pouvait pas maîtriser ces protecteurs engendrés par le sang. Ils avancèrent avec des dizaines de voix hurlantes, clamant sur l’imposant cadavre du dragon et braquant des griffes et des membres qui se pliaient dans de mauvais angle.

   Passé et Futur avançaient à grand pas, leurs éclairs et leurs explosions cinétiques ouvrant un chemin à travers les rangs des rejetons. Haley embrocha une bête née avec des ailes inutiles et ensuite balaya le fer d’Écho à travers le cou d’une autre. Ses muscles lui faisaient mal et ses jambes menaçaient de ployer sous elle à chaque pas, et seule la vue de la proximité de Blighterghast la maintenait en mouvement.

   Haley sortit son canon à main et détruisit le rejeton qui avait traversé ses projections. Elle luttait pour rester debout alors qu’elle trébuchait sur le chemin accidenté, se concentrant sur le fait de mettre un pied devant l’autre pendant que Passé et Futur se battaient. L’effet de la corruption s’aggrava alors qu’elle s’approchait du corps du dragon tombé et des grandes mares de sang empoisonné qui s’était répandu.

   Un jet de bile provenant de l’une des nombreuses gueules dentelée frappa le champ d’énergie d’Haley, qui vacilla et s’évanouit. Un second jet recouvrit son armure. Des plaques d’acier se déformèrent et fondirent sous l’acide de la créature. D’autres rejetons heurtèrent Haley et l’envoyèrent s’étendre avant de sortir leur serres faucheuses sur la forme couchée. Elle roula à gauche et à droite, esquivant les coups. La terre et la pierre éclatait sous chaque impact. Une douleur atroce lui traversa la jambe tandis qu’un membre pointu lui perçait la cuisse et la conçoit en place. Elle aperçut Saeryn et Rhyas passèrent en courant. Les nyss ne lui accordèrent aucun regard en passant, continuant avec l’athanc serré entre elles.

   Une deuxième serre lui transperça l’épaule. Elle les trancha avec Écho avant de vaporiser la face d’une créature avec son canon à main. Ils arrivaient toujours, l’enterrant sous le poids de leurs formes poussant des cris perçants. Alors que la muraille d’horreur se refermait autour d’elle, elle aperçut Passé et Futur toujours entrain de se battre pour dégager un chemin, puis les rejetons lui bloquèrent la vue. Une de ses côtes se fendit et d’autres serres attaquèrent son corps. Son canon à main claqua sur la pierre et se perdit dans la masse. Le goût chaud et cuivré du sang emplit sa bouche.

   Son lien mental avec Passé et Futur disparut et elle sut que les projections avaient été submergées. La corruption concentrée étouffait sa magie, empêchant la formation de runes de sort, malgré tous ses efforts. Elle tranchait et poignardait l’avalanche de chair et dents, déterminée à mourir au combat. Sa tête tournait, et elle se battit pour rester consciente contre la corruption et la perte de sang. Son corps fonctionnait à l’instinct et à l’adrénaline. Elle attrapa un rejeton se précipitant en avant avec un coup de botte dans son poitrail et l’envoya par-dessus sa tête, tout en enfonçant la pointe d’Écho dans la gorge d’un autre. Mais le nombre de rejetons était trop important. Son monde devint des dents en aiguilles et des écailles.

   De quelque part au-dessus d’elle vint un cri de guerre. Un rejeton prêt à griffer son visage se retrouva sans tête. Une fontaine de sang jaillit de son cou et, dans l’instant suivant, les assaillants d’Haley reportèrent leur attention sur cette nouvelle menace.

   « Lumière de Morrow, accorde-moi la force », fut le cri. Un bouclier affichant la Radiance de Morrow s’avança et écarta un autre rejeton. La forme armurée de Constance Blaize suivait derrière. Elle balaya sa lame sur Haley dans un large arc de cercle qui cisailla les membres et infligea de profondes blessures à l’ennemi. Des runes apparurent devant le prêtre, et une explosion d’une lumière blanche repoussa les bêtes restantes les plus proches. Avant qu’elle ne puisse récupérer ses esprits, Haley fut tirée sur ses pieds et Blaize poussa son canon à main dans sa poigne

   « Tu ne devrais pas prendre l’habitude de désobéir aux ordres », déclara Haley avec un sourire douloureux. « Cela ne fait que créer des ennuis. » Elle jeta un bras par-dessus les épaules de Blaize et employa Écho pour se soutenir.

   « Et tu devrais arrêter de quitter l’infirmerie sans permission », répondit Blaize. « Foutons le camp. » Elle essaya de les diriger toutes les deux vers la partie supérieure du cratère, mais Haley ne bougea pas.

   « Attends ! » Cria Haley. « Regarde ! » Avec Echo, elle pointat Saeryn et Rhyas s’approchant du corps de Blighterghast. Plusieurs des petits et moins bien formés rejetons draconiques attaquaient les jumelles, qui n’étaient pas en état de se battre, la corruption de l’athanc les privant de leur force et de leur pouvoir. Les nyss se battaient dos à dos, mais étaient entièrement sur la défensive. Sans le soutien des versions temporelles d’Haley, elles avaient été bloquées et seraient bientôt submergées.

   « Oublie-les ! » Clama Blaize. « Elles t’ont laissée pour morte ! Qu’elles meurent par les serres de leur espèce. »

   Blaize n’était pas au courant de leur marché avec le dragon. « Elles ont toujours l’athanc ! Si nous les abandonnons maintenant, nous condamnons tout le Cygnar ! Il doit être livré ! »

   Blaize semblait partagée, mais acquiesça ensuite. « Par Morrow, j’espère que tu as raison ! »

   Haley se stabilisa, se tenant fermement à Blaize, et se concentra pour invoquer à nouveau les projections de ses autres moi. Après un moment de concentration, les spectres de Passé et Futur se sont matérialisée et se sont précipités sur les rejetons draconiques encerclant, délivrant des éclairs et des explosions d’énergies cinétique pour déchirer leurs plaques chitineuses. Les deux warcasters chancelèrent en avant et Haley se concentra sur le maintien de ses projections. Elle pouvait entendre les prières chantées par Blaize alors qu’elles étaient toutes deux entourées d’une lumière rayonnante, une aura sacrée qi semblaient tenir à distance la majeure partie de la corruption, peut-être uniquement par la force de la foi.

   Elles atteignirent les nyss encerclée alors que le dernier rejeton le plus proche était exterminé. Saeryn fit un signe de tête à Haley. L’athanc, sous le bras de Saeryn, n’apparaissait plus comme un cristal, mais plutôt comme une masse palpitante de chair draconique.

   « En avant ! » Cria Haley, sa voix faisant sursauter les jumelles épuisées. Elles atteignirent ensemble le cadavre inerte du dragon, et avec la dernière de ses forces, Saeryn enfonça la masse charnue contenant l’athanc de Nidoboros dans une blessure couvrant le flanc de Blighterghast. Pendant un moment, le haut de son corps disparu dans la plaie, mais sa jumelle l’aida à se détacher, et elle tomba à la renverse, haletante.

   Le changement fut si soudain qu’il en devint inquiétant. La lueur orange sous les couches, se chevauchant, des écailles noires de Blighterghast éclata et déclencha une vague de chaleur telle un fourneau autrefois froid qui se réveille. L’oeil restant du Vieux Ravageur s’ouvrit à nouveau.


CHAPITRE 37 : LORTUS

Lortus avait connu Krueger pendant la majeure partie de la vie du puissant, et il avait été trop facile d’exploiter ses faiblesses. Alors que le Seigneur des Tempêtes possédait un pouvoir considérable, il n’avait pas encore pleinement compris que les batailles dépendaient plus de la volonté et de la ruse que de la pure force mystique. Bien que Krueger ne manque pas de ruse, il était impatient et arrogant, ce qui pouvait être employé contre lui.

   Plutôt que de tenter de faire tomber Krueger d’un seul coup, Lortus avait adopté une approche plus longue, choisissant de mener Krueger sur le chemin de la victoire apparente. Il avait plongé, esquivé et pris une position défensive, tout en marquant des coups sûrs. Si Lortus avait perdu le dernier de ses propres constructs, la plupart de ceux de Krueger étaient également en ruine. Le Seigneur des Tempêtes continuait d’attaquer agressivement, pensant que Lortus était à sa limite et au bord de l’effondrement.

   Krueger se précipita, le bout de sa lance pointée sur la poitrine de Lortus. Plutôt que de l’écarter ou de se retirer selon le schéma qu’il avait répété plusieurs fois, Lortus fit rouler son corps le long de la lance, son mouvement étant incroyablement rapide. Ses lames d’obsidienne dépêchées devant lui, l’une haute et l’autre basse. Krueger esquiva la première, mais la dernière ouvrit une entaille le long de sa cuisse. Lortus continua sa manœuvre, et avant que Krueger ne puisse réagir, Lortus était derrière lui, enfonçant ses lames dans les plus du manteau du Seigneur des Tempêtes, chaque arme ayant goûtant la chair.

   Un coup de vent les sépara, mais Lortus ne tarda pas à se remettre, et alors qu’il se précipitait de l’avant derrière un éclair de lames d’obsidienne, il observa un regard d’horreur sur le visage de Krueger. Langue du Ver a été relevée pour dévier les coups, mais comme Lortus était entouré de glyphes irréguliés, les lames qu’il brandissait sont devenues floues, repoussant la lance et poursuivant pour frapper le torse exposé de Krueger. Les lames tranchantes glissèrent entre plusieurs de ses côtes en une succession rapide, chacune d’elles émergeant avec une goutte de sang frais. Dans la rue en contrebas, les derniers constructs de pierre se sont brisés, mais ce n’était pas suffisant. Une salive rouge vola de la bouche de Krueger et ses yeux s’écarquillèrent de douleur. Le puissant perdit la capacité de se maintenir en l’air et a dégringolé.

   Le craquement des os a été audible lorsque Krueger heurta le pavé. Son corps gisait brisé, une jambe pliée dans un angle bizarre. Un rouge profond se glissa sur le vert de sa robe et s’étendit vers l’extérieur de ses côtes. Ses yeux étaient écarquillés de surprise, fixant la pluie qui tombait. Sa poitrine se soulevait et retombait avec des respirations irrégulières, prouvant qu’il n’était pas encore mort.

   « Votre avantage s’est rapidement envolé », déclara Lortus, en survolant le corps brisé de Krueger. « Ne sous-estime jamais tes supérieurs. »
   Lortus se posa sur le sol et plaça la pointe d’une lame sous le menton de Krueger. La dernière des capes noires subordonnés avait été tué ou avait fui. Ils étaient tous les deux seuls.

   ‘Tu avais un tel potentiel. Je blâme l’entraînement de Mohsar pour ce que tu es devenu. » Regardant Krueger, Lortus ne pouvait s’empêcher de se voir lui-même, un jeune tout aussi sauvage et téméraire, également captivé par la puissance des éléments. Il resserra sa prise sur la lame et envisagea d’enfreindre les règles de son ordre en faisant trépasser Krueger. Cela faciliterait les choses. Ils avaient lui avait déjà fait un procès, mais Bois du Ver était intervenu.

   Alors qu’il débattait de la nécessité pragmatique de trancher la gorge de Krueger, un rugissement haut et fort a déboulé dans la rue et a secoué les murs et les bâtiments environnants. Lortus se figea. C’était un cri que le tout-puissant reconnu sans effort. Blighterghast était rétabli.


CHAPITRE 38 : BLIGHTERGHAST

Une vague de vitalité traversa Blighterghast alors que l’athanc de Nidoboros y adhérait et était absorbé par son propre corps. Une vague de regain corrompue traversa son corps. Les os se remirent en place et les entailles se soudèrent en un instant, effaçant les dégâts qui nécessiteraient normalement des siècles de récupération lente La vue revint dans l’oeil endommagé du dragon et la membrane de ses ailes retrouva sa gloire d’antan. En même temps, l’esprit et la perspective de Blighterghast semblait s’élargir, et une brume se dissipa tandis que ses pensées revenaient avec une clarté cristalline. Ses écailles se durcirent et ses membres se tendirent avec une force nouvelle. Il se releva au milieu du cratère et poussa un rugissement qui transportait la rage effrénée non pas d’un dragon mais de deux. Le feu intérieur qui couvait sous ses écailles s’enflamma avec plus d’intensité, et d’un coup d’aile, Blighterghast s’élança vers les cieux.

   Au milieu de la tempête qui faisait rage au-dessus, ses frères luttaient contre leur créateur, leurs formes se découpant par des éclairs alors qu’ils tournaient autour de Toruk et qu’ils entraient et sortaient des nuages sombres. Toruk cracha une flamme verte vers le bas, dans une tentative d’attraper la forme en chute libre de Scaefang, mais le petit dragon changea de cap et contourna les flammes. Halfaug et Umbargoven passèrent devant les énormes ailes du Père des Dragons, le ratissant avec leurs griffes avant d’être chassés par des coups de griffes. Il n’y avait eu aucune autre victime, mais même à distance, Blighterghast pouvait comprendre que l’alliance était en train d’échouer. Leurs mouvements étaient frénétiques et désordonnés, plus de fuite que d’attaque. Ce n’était qu’une question de temps avant que Toruk ne mette fin à l’un d’entre eux avec ses mâchoires et n’avale un autre athanc, se rapprochant ainsi de la réunification complète de son essence.

   Blighterghast gonfla ses poumons et lâcha un rugissement qui roula sur le monde comme une proclamation, longue et profonde et bruyante : Je continue de respirer, et tous ceux qui habitent la terre et le ciel trembleront devant ma puissance.

   Son cri résonna aussi à travers les athancs que chaque portait en lui, toux ceux qui étaient ses inférieurs obéissant à sa volonté directrice. Ils firent volte-face et rompirent leur ancien schéma d’attaque, se reformant en un nouveau de sa conception. Les ailes et les écailles traversèrent la pluie battante, et bientôt elles encerclèrent Blighterghast, offrant leurs propres cris triomphants. Les blessures qu’ils avaient subis depuis sa chute était importantes. Des brûlures et des lacérations profondes marquaient leurs corps, et des parties de leurs ailes étaient en lambeaux ou ratatinées par l’intense souffle de Toruk. Malgré tout, une vigueur renouvelée brûlait derrière leurs yeux, inspirée par le retour de leur champion. Ensemble, les sept se réunirent : Ashnephos, Halfaug, Scaefang, Gjorlburn, Umbargoven, Horaurak et Blighterghast lui-même.

   Sous la pluie, Blighterghast pouvait voir Toruk déployer ses ailes jusqu’à leur pleine envergure dans un spectacle de domination, les nuages sombres tourbillonnant derrière lui. Toruk poussa un rugissement à travers les cieux, et la lueur de la flamme verte illumina sa gueule dentelée.

   Blighterghast répondit au cri, et les dragons de l’alliance l’on rejoint d’une seule voix. De leurs gueules collectives, un choeur de rugissements assourdissants – celui de Blighterghast étant le plus puissant – secoua les remparts de l’enclave ci-dessous et noyait le grondement de Toruk. Le cri revigora leur force autrefois décroissante, et avec la puissance de Nidoboros brûlant en lui, Blighterghast mena la charge dans ce qu’il savait être leur bataille finale. Loin au-dessus de l’enclave rhulique, l’alliance des dragons et Toruk s’affrontèrent, griffes contre écailles, et le son résultant était celui des chaînes de montagnes en train de se rompre.

   Toruk vint à leur rencontre, ne voulant pas céder. Ils ratissèrent ses ailes et griffèrent ses écailles alors qu’ils étaient projetés de côté comme des fétus de pailles dans un grand vent. Seul Blighterghast avec l’essence de Nidoboros fusionnée avec la sienne, refusa de reculer. Les deux dragons roulèrent, mordant et tailladant, leur puissance dépassant de loin celle des autres. Une flamme verte jaillit des mâchoires de Toruk, et Blighterghast répondit de la même façon. Alors que les écailles de Toruk l’avaient auparavant immunisé contre les exhalaisons de sa progéniture, les flammes de Blighterghast provoquèrent un rugissement de surprise et d’agonie de la part de Toruk. Blighterghast n’hésita pas à baigner son créateur dans un feu dévorant. Quand ils se séparèrent enfin, ce fut Toruk qui rompit pour la couverture de la tempête.

   Avec des battements rapides de ses ailes, Blighterghast s’éleva et les autres dragons suivirent.

   Quelque chose dans le fond de l’esprit de Blighterghast, un souvenir qui n’était pas sien, l’a poussé à dévier sa route alors qu’il pénétrait d’épais nuages. L’instant d’après, une lumière verte illumina les nuages d’orages, et un cri de guerre annoncé une météorite de flamme verte et d’écailles noires alors que Toruk dévalait ce qui avait été la trajectoire prévue par Blighterghast.

   Prévenue par le changement de cap soudain de Blighterghast, l’alliance esquiva la ruse et tomba sur son créateur avec la férocité d’antan. Des griffes trouvèrent preneur et lui arrachèrent les ailes avant que Toruk ne les repousse. Sa queue rattrapa Umbargoven. La flamme verte repoussa Scaefang, attrapant Gjorlburn, déformant également ses écailles. Bien que les dragons de l’alliance subissent de nouvelles blessures au cours de cet effort, Toruk n’en sortit pas indemne. Le temps que Toruk s’en dépêtre, Blighterghast attendait.

   D’autres nouveaux souvenirs lui parvinrent, et il savait que ces aperçus des batailles passées étaient les souvenirs de Nidoboros, les expériences de l’ancien champion fusionnant avec les siennes. Sous les souvenirs se cachait une mémoire musculaire de toute une vie, et alors qu’il se dirigeait vers Toruk, il le fit avec une nouvelle compréhension de son ancien ennemi.

   Blighterghast entra à nouveau dans la mêlée. Il s’écrasa sur Toruk tel un marteau façonné à partir d’écailles durcies et renvoya le Père des Deagons, ses ailes battant pour retrouver l’équilibre. Toruk s’élança en claquant des mâchoires, cherchant à planter ses dents dans la gorge de Blighterghast comme il l’avait fait auparavant, mais cette fois, Blighterghast avait anticipé et esquiva l’attaque. Avant, les mouvements de Toruk semblaient trop rapides pour êtres anticipés, mais maintenant Blighterghast pouvait remarquer les indices qui trahissaient l’intention de son adversaire. Les yeux et les muscles tendus annonçaient chaque mouvement, et avec ces indices, Blighterghast gardait une longueur d’avance sur Toruk.

   Sa queue attrapa Toruk par le milieu, et ses griffes déchirèrent les ailes de Toruk. Des gouttes de flammes éclatèrent entre les deux, mettant à l’épreuve la résilience de leurs écailles. Pus important encore, ses actions et sa capacité à rester proche de Toruk et à s’engager pleinement créèrent des ouvertures pour les autres. Halfaug passa devant et ouvrit une autre longue déchirure le long d’une aile, et Ashnephos serra brièvement ses mâchoires à la base du cou de Toruk avant de battre en retraite.

   Toruk s’éloigna de Blighterghast et cercla avec prudence. Des mugissements furent échangés durant ce laps de temps. Pour la première fois depuis son retour sur le continent, Toruk faisait preuve de prudence. Blighterghast reconnu Toruk comme étant le plus fort, mais finalement, quand ils entrèrent en collision une fois de plus, c’est Blighterghast qui avait pris l’initiative. Des gueules parcourues de dents perforaient des écailles et mordaient profondément dans la chair, et le sang de chaque dragon éclaboussait les écailles de l’autre. Un sifflement aigu retentit alors que Blighterghast s’abattait sur Toruk. Le sang lui-même grésilla puissance caustique et s’enflamma en dévorant les écailles du Père des Dragons, et Blighterghast sut qu’il avait hérité d’un autre don de l’athanc de Nidoboros.

   Ignorant les griffures et les morsures que Toruk lui infligeait, Blighterghast intensifia son assaut, se concentrant sur l’armure que son sang caustique avait affaiblie. Une morsure qui aurait été autrement déviée frappa désormais les écailles fragiles de Toruk, et un cri strident de peur et de douleur jaillit du Père des Dragons. Blighterghast resserra sa prise au cri, enfonçant son museau plus profondément dans la poitrine de Toruk. Une flamme verte jaillit de la plaie béante et échauda le visage de Blighterghast, mais le dragon resta ferme. Jamais auparavant une telle blessure n’avait été infligée à Toruk, pas même à l’époque où Nidoboros volait par-dessus Caen. L’avertissement de Toruk fut clair. Les griffes du Père des Dragons se sont abattues et sont souffles enflamma les ailes et le dos de Blighterghast. Pourtant Blighterghast n’abandonna pas son emprise. Les autres dragons se joignirent à lui, serrant leurs propres mâchoires sur la gorge de Toruk et lui tailladant ses sinistres yeux. Leurs efforts combinés menaçaient de le submerger, et la soif de Blighterghast de consommer la pierre de coeur de son créateur l’emplit.

   Le tumulte d’écailles et de crocs s’écrasa sur le flanc d’une montagne. Ils roulaient, mordaient et grattaient. Les dragons de l’alliance perdurent leur emprise alors que Toruk frappait le paysage avec son corps dans un effort fou pour les déloger. Finalement, même Blighterghast fut éjecté du Père des Dragons, bien que son museau était nappé du sang de son créateur.

   Toruk s’envola, l’ichor noir et le brasier funeste suintaient de la blessure infligée à sa poitrine. Blighterghast brûlait d’un désir de consommer celui qui lui avait donné la vie, d’éteindre les flammes de Toruk et de se tenir au-dessus de son cadavre fumant alors qu’il rugissait vers le ciel triomphalement. La défaite de Toruk était à sa portée, tout comme l’athanc originel, la source à partir de laquelle sa propre pierre de cœur avait été sculptée.

   Blighterghast regarda Toruk non pas se précipiter vers la couverture nuageuse mais plein sud, vers la côte et les îles de Cryx au-delà. Il envisagea de se lancer seul à sa poursuite, mais au fur et à mesure que le temps passait, la douleur de ses propres blessures attira son attention. Ses ailes enduraient de nombreuses déchirures, ses flancs n’étaient qu’entailles et plusieurs de ses écailles avaient été arrachées. En regardant autour de lui, il vit que les dragons qui lui avaient juré fidélité n’étaient pas prêts à reprendre l’air. Chacun était gravement blessé, et leur combativité était épuisée pour le moment.

   Ils avaient gagné, mais à grands frais. La guérison prendrait du temps. Blighterghast était le moins esquinté d’entre eux, ayant été restauré par l’athanc donné lors de son pacte avec les mortels. Il n’avait pas oublié cela, ni les promesses faites à l’approche de la mort.

   Il se tint sur ses pattes postérieures et, avec une profonde inspiration, poussa un rugissement tonitruant. Alors qu’il se dirigeait vers la côte et Toruk en fuite, les autres dragons ajoutèrent leurs propres voix à son avertissement. Le continent était à nouveau interdit, et la veillée de Blighterghast reprendrait. Pourtant, au fond, Blighterghast savait qu’une partie de la menace était vide de sens, car les autres ne seraient pas prêts à se battre à nouveau pendant un certain temps. Seuls les propres blessures de Toruk et sa satisfaction d’avoir consommé Charsaug le tiendraient à distance. Il faudrait voir quel camp se récupérait le plus rapidement. La guerre n’était pas terminée, pas pour des immortels comme eux.


CHAPITRE 39 : VICTORIA HALEY

Haley, Blaize, Saeryn et Rhyas grimpèrent sur le rebord du cratère et s’effondrèrent d’épuisement, assis dos aux décombres. Le ciel s’était dégagé, et le soleil frappait leurs visages avec la chaleur d’une nouvelle vie. L’horizon avait changé. Non seulement plusieurs pics montagneux avaient été aplatis ou marqués par des impacts draconiques, mais la terre autour d’elles avait été souillée. L’oppression de la corruption des dragons devrait probablement perdurer un certain temps. Du sang draconique avait chu du ciel et s’était mélangé à la pluie. Ici et là, d’étranges masses s’étaient développées et pulsaient dans ce qui restait des rues de l’enclave.

   Les nyss étaient assises côte à côte, l’air sombre. Haley ne comprenait pas les détails, mais elle savait qu’elles étaient allées à l’encontre de la volonté de leur maître draconique pour accomplir la tâche. Toute l’affaire avait été une victoire douce-amère pour les jumelles. Quelque chose sur leur visage rappelait à Haley les réfugiés qu’elle avait vus fuir le Llael.

   Elle repensa à la première fois qu’elle avait rencontré les sorcières sur le fleuve, à la haine qu’elle avait ressentie pour elles. Leur relation avec les dragons faisait d’elles une menace pour tous ceux dont Haley s’occupait. Leurs corps corrompus et les rejetons qui les servait étaient une incarnation des forces malveillantes. Pourtant, Haley était assise avec elles maintenant, ne comprenant pas leurs engagements mais reconnaissant silencieusement leur sacrifice.

   « Ou irez-vous maintenant ? » Demanda Haley.

   « Loin », répondit Saeryn, même si son intention de s’éloigner n’était pas clair. Elle se leva, étirant ses muscles, et Rhyas se joignit à elle. Sur ce, toutes les deux ont commencé à marcher dans les rues en ruine, et sur le tas de décombres, se dirigeant vers le nord. Avant qu’elle ne soit hors de vue, Saeryn jeta un coup d’oeil par-dessus son épaule et fit un léger signe de tête à Haley. Haley renvoya le geste, puis la nyss corrompue disparu.
« Modifié: 28 juillet 2020 à 10:07:37 par elric »
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Re : La Colère du Père des Dragons
« Réponse #9 le: 24 février 2020 à 20:11:37 »
CHAPITRE 40 : KRUEGER

« Tu as eu raison de passer l’athanc à Blighterghast », déclara Lortus. « Je le vois maintenant. » Après avoir aidé son adversaire à se relever, le tout-puissant se mit aux côtés de Krueger. Depuis les sommets du Mur du Dragon, ils regardaient Toruk rapetisser au loin.

   « Alors, je vous suis reconnaissant pour votre moment de clarté », déclara Krueger, grimaçant en parlant. Après que Blighterghast se soit élevé, le tout-puissant avait rengainé ses lames et avait ensuite prêté son pouvoir pour aider à restaurer les pires blessures de Krueger. Le Seigneur des Tempêtes était toujours diminué et courbaturé, il avait une profonde douleur dans la poitrine et son visage était hagard, mais les dommages restants étaient superficiels.

   « Tu resteras toujours le responsable pour cet affrontement qui s’en produit en premier lieu. Même si ainsi, le résultat aurait été bien pire si nous avions agi comme je le pensais. Je te félicite d’avoir tenu bon, aussi malavisées que soient tes intentions initiales. Si tu nous aides à réparer une partie de ces dégâts, nous pourrons peut-être te rendre ta place dans l’ordre. »

   Krueger se leva et répondit : « J’ai toujours eu l’intention de restaurer ce que je pouvais. Il est regrettable qu’Everblight n’ai pas été détruit. Nous étions si proches. Krueger se sentait amer à ce sujet, en particulier à l’égard du dragon Charsaug pour avoir fait échouer ses plans juste pour chasser un athanc qui n’aurait jamais été le sien. Pourtant, ce dragon avait payé le prix ultime. Krueger aurait quand même souhaité que ce soit Everblight qui soit anéanti à la place. Il aurait simplement dû trouver un autre moyen.

   Lortus secoua la tête. « Tu es un homme difficile à pardonner. Mais, compte tenu des événements de cette journée, que la paix règne entre nous. Sache que je ne peux parler que pour moi-même. Tu devras chercher les autres tout-puissants si tu veux demander l’absolution pour tes autres transgressions.

   Krueger secoua la tête. « Cela n’arrivera pas. Je n’ai pas besoin de vos épreuves. Je suis ce que je suis. J’ai fait ce que je devais faire. Je ne demanderai pas pardon. »

   « Le fait de ne pas se présenter pour un jugement sur la question ne fera qu’entraîner de nouvelles complications. Il y aura des conséquences pour ce que tu as fait sur les lignes de forces. »

   « Je vais prendre cela en considération. »

   Lortus éclata d’un rire qui prit Krueger par surprise. « Têtu comme jamais. » Avec un coup de tonnerre et un éclair, le tout-puissant disparut du sommet, laissant Krueger seul avec ses pensées.


CHAPITRE 41 : LYLYTH

Lylyth regardait à travers le voile de sa vue sans yeux tandis que ses forces nettoyaient le cadavre de Charsaug. Les faucilles et les griffes tranchaient la chair et les écailles et sciaient les os. Les formes encapuchonnées d’acolytes glissaient parmi les rejetons draconiques et attachaient le butin aux plus grands d’entre eux pour les faire voyager. Les rejetons emportaient d’autres morceaux, comme un essaim de fourmis prélevant un animal mort pour leur colonie.

   Le sang coulait du dragon en de grands ruisseaux et dans des chaudrons d’aciers ornés, expulsant des tourbillons de vapeur lorsqu’il rencontrait l’air frais. Seul demeurait un trou béant dans la poitrine de Charsaug, là ou s’était trouvé l’athanc du dragon, mais la Légion ne laisserait pas la dépouille se perdre. Les os, le sang et les tendons allaient être réutilisés et donner une nouvelle vie à certaines des plus puissantes créations de l’armée d’Everblight, tout comme les archanges étaient nés des os de Pyromalfic.

   Les autres dragons avaient inexplicablement mis fin à leur chasse et s’étaient envolés, poursuivant plus ceux qui portaient l’athanc fragmenté d’Everblight. Leurs raisons n’étaient pas claires, bien que Lylyth ait vu Saeryn et Rhyas ramper loin du cratère creusé par Blighterghast. Elle était persuadée que Saeryn était responsable de leur sursis, mais Everblight s’inquiétait de leur apparente trahison.

   D’un pas prudent, Lylyth se déplaçait le long de ce qui restait du cou de Charsaug et en atteignant sa tête posée sur le gigantesque œil qui regardait toujours vers le ciel, ses pupilles dépourvues de toute intelligence animée. Elle sortit un couteau de sa botte. Elle savait que le pouvoir se tenait dans les yeux d’un dragon. Elle tourna le couteau vers le bas et, d’une main ferme, le détacha. Comme toujours, la Légion continuerait à vivre, et comme toujours, la chair et le sang des morts serviraient.
« Modifié: 28 juillet 2020 à 10:10:05 par elric »
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Re : La Colère du Père des Dragons
« Réponse #10 le: 29 juin 2020 à 16:44:27 »
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Chapitre 31
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Re : La Colère du Père des Dragons
« Réponse #11 le: 12 juillet 2020 à 15:29:07 »
MàJ

Chapitre 32

Le rythme de publication s'est écrasé.
Qu 1er au 20 juillet, je suis en CDD avec 1h30 de route aller et retour.
Je suis sur les rotules le soir et prend plus le temps de me détendre que de traduire.
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

Si vous constatez des fautes d'orthographe et/ou de conjugaison, des phrases à remanier pour une meilleur compréhension.
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Re : La Colère du Père des Dragons
« Réponse #12 le: 12 juillet 2020 à 15:52:06 »
T'inquiètes, c'est déjà super que tu t'y colles !
On ne te remercie jamais assez de tenir presque tout seul cette section  ;)
"On peut violer les lois sans qu'elles crient" Talleyrand

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Re : La Colère du Père des Dragons
« Réponse #13 le: 19 juillet 2020 à 15:06:45 »
MàJ

Chapitre 33
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

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Re : La Colère du Père des Dragons
« Réponse #14 le: 22 juillet 2020 à 11:16:22 »
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Chapitre 34 & 35
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

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Re : La Colère du Père des Dragons
« Réponse #15 le: 22 juillet 2020 à 16:25:32 »
Je suis à jour des lectures, c'est vraiment top !
Le doute détruit beaucoup plus de rêves que l'échec.

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Re : La Colère du Père des Dragons
« Réponse #16 le: 23 juillet 2020 à 18:18:51 »
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Chapitre 36
Citation de: Maître Yoda
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Re : La Colère du Père des Dragons
« Réponse #17 le: 26 juillet 2020 à 20:51:31 »
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Chapitre 37 & 38
Citation de: Maître Yoda
Trop gentil tu seras, dans le côté obscur tu l'auras.

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Re : La Colère du Père des Dragons
« Réponse #18 le: 28 juillet 2020 à 10:10:46 »
Texte en entier.
Bonne lecture  :)
Citation de: Maître Yoda
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Re : La Colère du Père des Dragons
« Réponse #19 le: 28 juillet 2020 à 21:45:54 »
Merci pour le taf accompli
J'ai dépensé 90% de ma fortune en boissons fortes, aventures sans lendemain et figurines d'occasion, le reste, je l'ai gaspillé.

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Re : La Colère du Père des Dragons
« Réponse #20 le: 29 juillet 2020 à 08:31:16 »
Merci pour le tout ! :)
"Bon bin, plus qu'à attendre de voir à quoi va ressembler le futur Cygnar..."

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Re : La Colère du Père des Dragons
« Réponse #21 le: 29 juillet 2020 à 14:38:41 »
En résumé, l'histoire est chouette, les personnages font des choses épiques.
Correctement travaillés, cela pourrait faire un scénario de Jdr.

Mais de manière globale, le cours de l'histoire des IK n'est pas fondamentalement changé, du pur PP  ::)
Citation de: Maître Yoda
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Re : La Colère du Père des Dragons
« Réponse #22 le: 29 juillet 2020 à 15:12:15 »
Et oui ! ;D
Complètement d'accord...
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Re : La Colère du Père des Dragons
« Réponse #23 le: 02 août 2020 à 00:10:05 »
Un grand merci pour le boulot abattu.
C’est le texte le plus intéressant que j’ai eu à lire jusque là !!
Le doute détruit beaucoup plus de rêves que l'échec.

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Re : La Colère du Père des Dragons
« Réponse #24 le: 02 août 2020 à 10:48:26 »
S'ils faisaient crever quelques personnages, ce serait cool.
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